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https://doi.org/10.11588/diglit.4604#0014
EN ASIE MINEURE 13
bien plus efficace que ne l'eût été le fossé de l'Euphrate, qui,
dans la plaine d'Erzindjan, n'est qu'un fleuve de médiocre
importance.
Cette plaine est l'Acisilène des anciens, où s'élevait, au pied
de cimes perpétuellement blanches, le temple fameux d'Ériza
consacré au culte obscène de la déesse Anaïtis. Mais Erzindjan,
que nous atteignîmes le 4 juin, est une ville toute moderne, dans
laquelle il ne reste rien qui rappelle l'époque païenne. L'accueil
que nous fit le gouverneur de ce chef-lieu, Hadji Assaf Pacha,
nous engagea cependant à y prendre quelque repos.
Le 6 juin, traversant sous bonne escorte la passe du Sipikor,
(2250 mètres),où les neiges achevaient de fondre, nous rentrions
sur l'ancien territoire romain, et parvenions le lendemain à
Sadagh, autrefois Satala. C'est là que s'est trouvé pendant des
siècles le camp de la.XV°\égionApollinaris,et des ruines étendues
témoignent encore de l'importance de cette place d'armes, gar-
dienne de la frontière. Toutefois, les murailles qui restent
debout, ne paraissent pas antérieures à la restauration par
Justinien de ce poste avancé de l'empire, et les inscriptions
nouvelles qu'on nous montra étaient pour la plupart des épita-
phes chrétiennes. Nous levâmes un plan complet de ces ruines,
et visitâmes à quelque distance du village les restes de deux
fortins, qui paraissent avoir servi de postes d'observation.
De Sadagh, nous regagnâmes directement la côte en suivant
les défilés grandioses par lesquels passait sous les Romains,
comme elle le fait encore actuellement, la route militaire, qui
aboutit à Trébizonde. Le nom d'une des stations notées dans
l'Itinéraire d'Antonin, Zigana, s'est même conservé jusqu'à
présent. Après avoir franchi par un dernier col. au-dessus de
Zigana, la chaîne pontique (2080 mètres), nous descendîmes à
travers de hautes forêts et le long de coteaux tapissés de rhodo-
dendrons et d'azalées vers des pays moins incultes et des climats
moins âpres, et le 11 juin nous atteignions enfin la côte.
Quelques jours furent employés à visiter la ville de Trébi-
zonde, qui a conservé tant de souvenirs de l'empire des Comnène,
et les couvents grecs des environs, où une lettre que nous avions
obtenue de l'archevêché, nous assura l'hospitalité la plus libé-
rale. Les démarches obligeantes du consul de Belgique, M. Sassi,
bien plus efficace que ne l'eût été le fossé de l'Euphrate, qui,
dans la plaine d'Erzindjan, n'est qu'un fleuve de médiocre
importance.
Cette plaine est l'Acisilène des anciens, où s'élevait, au pied
de cimes perpétuellement blanches, le temple fameux d'Ériza
consacré au culte obscène de la déesse Anaïtis. Mais Erzindjan,
que nous atteignîmes le 4 juin, est une ville toute moderne, dans
laquelle il ne reste rien qui rappelle l'époque païenne. L'accueil
que nous fit le gouverneur de ce chef-lieu, Hadji Assaf Pacha,
nous engagea cependant à y prendre quelque repos.
Le 6 juin, traversant sous bonne escorte la passe du Sipikor,
(2250 mètres),où les neiges achevaient de fondre, nous rentrions
sur l'ancien territoire romain, et parvenions le lendemain à
Sadagh, autrefois Satala. C'est là que s'est trouvé pendant des
siècles le camp de la.XV°\égionApollinaris,et des ruines étendues
témoignent encore de l'importance de cette place d'armes, gar-
dienne de la frontière. Toutefois, les murailles qui restent
debout, ne paraissent pas antérieures à la restauration par
Justinien de ce poste avancé de l'empire, et les inscriptions
nouvelles qu'on nous montra étaient pour la plupart des épita-
phes chrétiennes. Nous levâmes un plan complet de ces ruines,
et visitâmes à quelque distance du village les restes de deux
fortins, qui paraissent avoir servi de postes d'observation.
De Sadagh, nous regagnâmes directement la côte en suivant
les défilés grandioses par lesquels passait sous les Romains,
comme elle le fait encore actuellement, la route militaire, qui
aboutit à Trébizonde. Le nom d'une des stations notées dans
l'Itinéraire d'Antonin, Zigana, s'est même conservé jusqu'à
présent. Après avoir franchi par un dernier col. au-dessus de
Zigana, la chaîne pontique (2080 mètres), nous descendîmes à
travers de hautes forêts et le long de coteaux tapissés de rhodo-
dendrons et d'azalées vers des pays moins incultes et des climats
moins âpres, et le 11 juin nous atteignions enfin la côte.
Quelques jours furent employés à visiter la ville de Trébi-
zonde, qui a conservé tant de souvenirs de l'empire des Comnène,
et les couvents grecs des environs, où une lettre que nous avions
obtenue de l'archevêché, nous assura l'hospitalité la plus libé-
rale. Les démarches obligeantes du consul de Belgique, M. Sassi,