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Dacier, Émile; Vuaflart, Albert
Jean de Jullienne et les graveurs de Watteau au XVIII. siècle (Band 1): Notice et documents biographiques — Paris, 1929

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https://doi.org/10.11588/diglit.41975#0107
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ANTOINE WATTEAU.

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Les notices individuelles sont classées à l’italienne, c’est-à-dire dans l’ordre alpha-
bétique des prénoms, mais un index des noms propres permet de s’y retrouver aisément.
La biographie de Watteau est donc placée à Antonio; elle occupe 15 lignes de la page 83.
Nous la traduisons ainsi :
« Antoine Yateau, né à Valenciennes, alla à Paris très jeune et ayant fait la connaissance de Claude
Gillot, il forma entièrement sa propre manière sur celle de cet artiste; il essaya d’avoir une place à l’Aca-
démie royale de Rome, à laquelle il présenta plusieurs de ses œuvres qui furent applaudies par Charles
de La Fosse, alors Directeur de l’Académie de Paris, et par tous les professeurs. Antoine Coypel, présen-
tement premier Peintre du Roi, eut le plaisir de le présenter et il fut admis avec reconnaissance et dis-
tinction.
« Dans les œuvres de ce peintre habile se trouve une vérité prise dans la nature qui plaît infiniment;
les mouvements qu’il donne à ses personnages sont exquis, le dessin est correct, les expressions des têtes
sont extrêmement belles, les draperies et les plis sont bien disposés, le coloris est bon, avec une touche
moelleuse et ferme. Le tout est placé dans des paysages qui sont admirables et qui servent de fond à ses
tableaux d’inventions différentes, qui le font apparaître un peintre éminent, toujours infatigable dans
l’étude de la nature; un grand nombre de Cabinets sont ornés de ses ouvrages et beaucoup de ceux-ci se
voient en estampes. »
Il n’était pas indifférent de remettre au jour le texte imprimé du Père Orlandi, car il
fournit deux renseignements importants sur les circonstances, aussi singulières que
flatteuses, de l’entrée de Watteau à l’Académie en 1712. On savait par la notice de
Gersaint (1745) combien Charles de La Losse avait été bienveillant à l’égard du candidat.
Par contre, on ignorait le rôle prépondérant et vraiment amical joué par Antoine Coypel,
alors recteur-adjoint et à la veille d’être nommé premier Peintre du Roi : c’est lui-même
qui proposa Watteau au vote de ses collègues. Or, depuis 1719, les deux faits étaient
imprimés dans YAbecedario.
Le plus souvent le Père Orlandi cite ses sources : soit qu’il indique l’ouvrage où il a
puisé, soit qu’il désigne par les lettres M.S. les renseignements tirés de papiers manus-
crits; cependant pour un petit nombre de notices, notamment celles consacrées aux
artistes vivants non cités dans De Piles, aucune référence n’est indiquée. Celle consacrée
à Watteau est parmi ces dernières.
L’Autore al benigno Lettore se contente de dire qu’il a obtenu beaucoup de rensei-
gnements par lettres et que de bons amis l’ont aidé. Quel est donc le correspondant de
Paris qui lui a procuré les éléments des notices consacrées aux artistes français contem-
porains? Assurément, ce correspondant touchait de près à l’Académie de Peinture, car
les détails fournis sur leur vie académique sont d’une grande exactitude.
Nous pensons reconnaître cet informateur averti dans l’écrivain bien connu : Louis-
François Dubois de Saint-Gelais (1669-1737), l’auteur de plusieurs traductions d’ouvrages
italiens, de XHistoire journalière de Paris, 1116-1717, et de la Description des tableaux
du Palais-Royal publiée tardivement en 1722. Il avait été nommé en 1725 Historiographe,
puis Secrétaire de l’Académie de Peinture.
En effet, plusieurs des Vies d’artistes parues dans XHistoire journalière se retrouvent
en abrégé dans le dictionnaire du Père Orlandi, de même que certaines phrases de
XAbecedario touchant le talent de Watteau se reconnaissent dans la Description des
tableaux du Palais-Royal (Voy. à P année 1727). De tels rapprochements montrent à
l’évidence la collaboration des deux auteurs. Saint-Gelais s’était fait l’annaliste de la vie
artistique de Paris, négligée par les autres gazettes; il était donc admirablement placé
pour écrire une notice sur Watteau qui, bien certainement, eût trouvé place dans son
Histoire journalière, s’il n’avait reçu « l’ordre d’en rester là », selon l’expression des
 
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