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L’ARCHITECTURE PRIVÉE SOUS NAPOLÉON 111.
cratique; mais c’est moins des lois que des mœurs libres
du pays qu’il emprunte sa force véritable.
Chez nous, c’est tout le contraire; le fait social carac-
téristique de la France, c’est légalité. Depuis 89, le
principe de la hiérarchie des classes n’a plus les sympa-
thies de notre pays; il est même regardé généralement
avec inquiétude et suspicion, comme le corrélatif d’un
régime de privilège pour les uns -et d’injuste exploita-
tion pour les autres. Aussi, la société française n’offre-
t-elle pas à proprement parler des classes distinctes, mais
une seule classe formant une série ascendante et descen-
dante continue, depuis la pauvreté extrême jusqu’à l’ex-
trême richesse, depuis l’ignorance complète jusqu’à la
plus haute science, depuis le soldat jusqu’au maréchal,
depuis l’employé-expéditionnaire jusqu’au ministre, de-
puis le plus humble sujet jusqu’à la personne du Sou-
verain. Et pour passer des bas échelons de la société
jusqu’aux rangs les plus élevés, le trône excepté, le
Français ne rencontre d’autres obstacles que ceux que
lui imposent ses propres imperfections ou les trahisons
de la fortune.
Ces tendances contrastées ont exercé et exercent encore
leur influence sur l’architecture privée des deux pays.
En Angleterre il y a des classes de maisons comme il y
a des classes sociales. Non pas que le parallèle se pour-
suive mathématiquement terme pour terme : tant de
classes sociales et, en regard, les classes correspondantes
de maisons. Non pas. Dans un pays de liberté légale on
ne numérote pas les hommes et les classes de la société
comme les pièces d’un inventaire ; mais on numérote
fort bien les choses à leur usage ; et la loi anglaise qui
régit les constructions, le Building Act, distribue les mai-
sons en classes numérotées : chaque maison, suivant sa
classe, a des murs de telle épaisseur, etc., etc.
En France, où presque tout se réglemente, cette pré-
cision méthodique de réglementation de l’architecture
privée n’existe pas. La distribution par classes de toute
la série de nos habitations urbaines ne correspondrait à
rien de suffisamment réel dans notre existence. Il y a
cependant, pour faciliter tout au moins l’étude de cette
branche de notre architecture, un mode de groupement
de nos habitations non-seulement possible, mais facile
et utile. Il est fondé, non pas sur une hiérarchie déclassés
sociales qui n’existe plus, mais sur la nature présente des
choses, sur l’observation de nos habitudes et de nos
mœurs actuelles.
Tantôt, en effet, dans nos villes, une seule famille
occupe une maison entière; cette maison, distribuée en
vue de former un seul logement, se nomme un Hôtel,
comme se nommaient autrefois les résidences urbaines des
familles aristocratiques; quelquefois on ajoute à ce mot
l’adjectif privé, pour distinguer cette habitation de famille
des Hôtels publics, ouverts aux voyageurs, à tout venant.
Tantôt, au contraire, la même maison contient plusieurs
logements, un, deux, trois ou même quatre par étage,
occupés par des familles étrangères les unes aux autres :
c’est une Maison à loyer.
Les Maisons à loyer et les Hôtels privés, voilà notre
premier degré de classification des habitations pari-
siennes.
Quant aux maisons des environs de Paris, il n’y a
encore que des Villas. Ce sont des espèces d’hôtels sub-
urbains.
Les Hôtels, les Maisons à loyer et les Villas forment
trois catégories naturelles, en raison de la différence de
leur objet et de leur caractère.
Nous avons divisé chacun de ces trois groupes de mai-
sons en trois classes, répondant aux deux extrêmes et à
la moyenne des fortunes de ceux qui les habitent.
Nous avons donné huit exemples (VHôtels privés, vingt
et un de Maisons à loyer et quinze de Villas; en tout,
quarante-quatre monographies distinctes.
Mais les terrains à bâtir sont si variés de forme, et les
conditions particulières imposées à l’architecte diffèrent
tellement avec chaque nouveau propriétaire ou spécula-
teur, que pour avoir la chance de trouver dans une série
de spécimens d’habitations exécutées, un exemple un
peu analogue par son programme à ce qu’on se propose
de faire soi-même, il faudrait que ces spécimens fussent
bien plus nombreux.
11 était désirable, cependant, sans grossir cette publi-
cation outre mesure, de mettre sous les yeux du lec-
teur un grand nombre d’exemples de maisons exécutées.
Nous avons résolu ce problème en faisant suivre chaque
classe de monographies par un Parallèle de plans de
Maisons de cette classe, — généralement sur une feuille
double, — exposant ainsi aux regards, simultanément,
une grande variété de dispositions et d’agencements.
A la suite des monographies de chacune des trois
classes d’Hôtels, vient un Parallèle de plans d’Hôtels de
cette classe. Un Parallèle analogue complète chacune
des trois classes des Maisons à‘ loyer, et chacune des
trois classes des Villas.
Il y a donc neuf Parallèles de plans, de groupes et
de classes distinctes.
Par cette composition et cette distribution des matières
de notre ouvrage, le lecteur aura sous la main beau-
coup d’exemples à consulter, et il saura où les trouver
immédiatement.
ÉCHELLES ET ÉCRITURES DES PLANCHES.
Nos dessins sont à des échelles multiples ou sous-
multiples les unes des autres, et, sauf quelques rares ex-
ceptions, motivées par de bonnes raisons, les planches
reproduisant des sujets de même nature sont dessinées à
la même échelle, comme suit : Plans, à 0,n.005 pour
mètre; — Élévations générales, à 0ra.010; — Ensembles
de portes et fenêtres, etc., à 0m.050 ou 0m.100; — leurs
Profils, à OMOO ou à 0m,200. — La Menuiserie est le
plus souvent représentée à l’échelle de Om.25O pour mètre,
et nos Parallèles sont dessinés à l’échelle de 0m.0025.
PARIS. — J. CLAYE, IMPRIMEUR, , RUE SAINT-BENOIT. — (247)
L’ARCHITECTURE PRIVÉE SOUS NAPOLÉON 111.
cratique; mais c’est moins des lois que des mœurs libres
du pays qu’il emprunte sa force véritable.
Chez nous, c’est tout le contraire; le fait social carac-
téristique de la France, c’est légalité. Depuis 89, le
principe de la hiérarchie des classes n’a plus les sympa-
thies de notre pays; il est même regardé généralement
avec inquiétude et suspicion, comme le corrélatif d’un
régime de privilège pour les uns -et d’injuste exploita-
tion pour les autres. Aussi, la société française n’offre-
t-elle pas à proprement parler des classes distinctes, mais
une seule classe formant une série ascendante et descen-
dante continue, depuis la pauvreté extrême jusqu’à l’ex-
trême richesse, depuis l’ignorance complète jusqu’à la
plus haute science, depuis le soldat jusqu’au maréchal,
depuis l’employé-expéditionnaire jusqu’au ministre, de-
puis le plus humble sujet jusqu’à la personne du Sou-
verain. Et pour passer des bas échelons de la société
jusqu’aux rangs les plus élevés, le trône excepté, le
Français ne rencontre d’autres obstacles que ceux que
lui imposent ses propres imperfections ou les trahisons
de la fortune.
Ces tendances contrastées ont exercé et exercent encore
leur influence sur l’architecture privée des deux pays.
En Angleterre il y a des classes de maisons comme il y
a des classes sociales. Non pas que le parallèle se pour-
suive mathématiquement terme pour terme : tant de
classes sociales et, en regard, les classes correspondantes
de maisons. Non pas. Dans un pays de liberté légale on
ne numérote pas les hommes et les classes de la société
comme les pièces d’un inventaire ; mais on numérote
fort bien les choses à leur usage ; et la loi anglaise qui
régit les constructions, le Building Act, distribue les mai-
sons en classes numérotées : chaque maison, suivant sa
classe, a des murs de telle épaisseur, etc., etc.
En France, où presque tout se réglemente, cette pré-
cision méthodique de réglementation de l’architecture
privée n’existe pas. La distribution par classes de toute
la série de nos habitations urbaines ne correspondrait à
rien de suffisamment réel dans notre existence. Il y a
cependant, pour faciliter tout au moins l’étude de cette
branche de notre architecture, un mode de groupement
de nos habitations non-seulement possible, mais facile
et utile. Il est fondé, non pas sur une hiérarchie déclassés
sociales qui n’existe plus, mais sur la nature présente des
choses, sur l’observation de nos habitudes et de nos
mœurs actuelles.
Tantôt, en effet, dans nos villes, une seule famille
occupe une maison entière; cette maison, distribuée en
vue de former un seul logement, se nomme un Hôtel,
comme se nommaient autrefois les résidences urbaines des
familles aristocratiques; quelquefois on ajoute à ce mot
l’adjectif privé, pour distinguer cette habitation de famille
des Hôtels publics, ouverts aux voyageurs, à tout venant.
Tantôt, au contraire, la même maison contient plusieurs
logements, un, deux, trois ou même quatre par étage,
occupés par des familles étrangères les unes aux autres :
c’est une Maison à loyer.
Les Maisons à loyer et les Hôtels privés, voilà notre
premier degré de classification des habitations pari-
siennes.
Quant aux maisons des environs de Paris, il n’y a
encore que des Villas. Ce sont des espèces d’hôtels sub-
urbains.
Les Hôtels, les Maisons à loyer et les Villas forment
trois catégories naturelles, en raison de la différence de
leur objet et de leur caractère.
Nous avons divisé chacun de ces trois groupes de mai-
sons en trois classes, répondant aux deux extrêmes et à
la moyenne des fortunes de ceux qui les habitent.
Nous avons donné huit exemples (VHôtels privés, vingt
et un de Maisons à loyer et quinze de Villas; en tout,
quarante-quatre monographies distinctes.
Mais les terrains à bâtir sont si variés de forme, et les
conditions particulières imposées à l’architecte diffèrent
tellement avec chaque nouveau propriétaire ou spécula-
teur, que pour avoir la chance de trouver dans une série
de spécimens d’habitations exécutées, un exemple un
peu analogue par son programme à ce qu’on se propose
de faire soi-même, il faudrait que ces spécimens fussent
bien plus nombreux.
11 était désirable, cependant, sans grossir cette publi-
cation outre mesure, de mettre sous les yeux du lec-
teur un grand nombre d’exemples de maisons exécutées.
Nous avons résolu ce problème en faisant suivre chaque
classe de monographies par un Parallèle de plans de
Maisons de cette classe, — généralement sur une feuille
double, — exposant ainsi aux regards, simultanément,
une grande variété de dispositions et d’agencements.
A la suite des monographies de chacune des trois
classes d’Hôtels, vient un Parallèle de plans d’Hôtels de
cette classe. Un Parallèle analogue complète chacune
des trois classes des Maisons à‘ loyer, et chacune des
trois classes des Villas.
Il y a donc neuf Parallèles de plans, de groupes et
de classes distinctes.
Par cette composition et cette distribution des matières
de notre ouvrage, le lecteur aura sous la main beau-
coup d’exemples à consulter, et il saura où les trouver
immédiatement.
ÉCHELLES ET ÉCRITURES DES PLANCHES.
Nos dessins sont à des échelles multiples ou sous-
multiples les unes des autres, et, sauf quelques rares ex-
ceptions, motivées par de bonnes raisons, les planches
reproduisant des sujets de même nature sont dessinées à
la même échelle, comme suit : Plans, à 0,n.005 pour
mètre; — Élévations générales, à 0ra.010; — Ensembles
de portes et fenêtres, etc., à 0m.050 ou 0m.100; — leurs
Profils, à OMOO ou à 0m,200. — La Menuiserie est le
plus souvent représentée à l’échelle de Om.25O pour mètre,
et nos Parallèles sont dessinés à l’échelle de 0m.0025.
PARIS. — J. CLAYE, IMPRIMEUR, , RUE SAINT-BENOIT. — (247)