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CHAPITRE V
de ces mêmes événements, seront immédiatement élargis, s’il n’existe point contre eux de
charges relatives à la conspiration du 13 vendémiaire dernier. »
Puis, déclarant que sa mission était remplie, elle se séparait au cri de : Vive la
République !
David était rendu à la liberté et terminait sa carrière politique avec cette Convention
dont il avait eu l’honneur de faire partie. Fidèle à sa promesse, il retournait à ses pinceaux
qu’il ne devait plus quitter jusqu’à sa mort.
Avant de poursuivre notre récit, jetons un coup d’œil sur la période qui vient de
s’écouler, et essayons de porter un jugement sur l’homme dont nous venons de rapporter
les actes et les paroles.
Par la direction de son esprit et la nature de son talent, David était destiné à
embrasser avec ardeur les idées libérales. L’artiste qui avait conçu les Horaces et le Brutus
devait s’enflammer à l’idée de voir renaître les vertus civiques dont il s’était plu à
retracer les grands traits.
Il se propose d’abord de ne pas sortir du domaine de l’art où son génie, développé par
l’étude, lui assigne la première place. C’est ainsi qu’il se prépare à reproduire et à consacrer
sur la toile le Serment du jeu de paume, ce grand acte qui sert de prologue au drame de la
Révolution.
Mais bientôt les passions politiques éclatent comme les plus furieuses tempêtes.
Les meilleurs, les plus froids esprits, s’y lancent les premiers et les masses violemment
remuées les suivent avec transport.
Excité par ses amis, acclamé par ses élèves et par ces artistes à la tête desquels il
vient de combattre l’Académie, cédant à ses propres sentiments, David nommé député
alla se placer au milieu de ses collègues les plus énergiques et les plus exaltés.
L’Assemblée cependant lui confie avec sagesse la mission pour laquelle il était
naturellement désigné, celle de diriger les arts et d’y faire briller cette liberté pour
laquelle elle combattait.
Ce qui est noble, généreux et élève l’humanité séduit David. La résistance de Lille,
le martyre de Lepelletier animent et sa voix et ses pinceaux. Bientôt il rêve pour les fêtes
de la Liberté des pompes qui surpassent celles de la Grèce ; mais au milieu de ses travaux
il songe à renverser cette « Bastille Académique », qu’il regarde comme le principal
obstacle à la pratique de la liberté dans les arts. S’il attaque l’institution et l’esprit qui la
dirige, il respecte les hommes; il se rappelle qu’il a eu l'honneur d’être accueilli par eux
avec bienveillance, et qu’à leur tête est un vieillard qui l’a initié à sa noble carrière et s’est
toujours intéressé à lui.
David, nous l’avons vu, n’était pas orateur. C’est par des interruptions, des apostro-
phes violentes qu’il donne essor à la passion qui l’agite. On les lui a amèrement et
cruellement reprochées, et cependant comment ne pas les comprendre et les excuser,
lorsqu’on voit ce qui se passe dans nos assemblées actuelles, et qu’on se reporte à ces
séances terribles où la liberté et la vie de chaque représentant étaient enjeu.
Mais quelle distance de ces manifestations à l’exécution ! A-t-il jamais essayé de la
CHAPITRE V
de ces mêmes événements, seront immédiatement élargis, s’il n’existe point contre eux de
charges relatives à la conspiration du 13 vendémiaire dernier. »
Puis, déclarant que sa mission était remplie, elle se séparait au cri de : Vive la
République !
David était rendu à la liberté et terminait sa carrière politique avec cette Convention
dont il avait eu l’honneur de faire partie. Fidèle à sa promesse, il retournait à ses pinceaux
qu’il ne devait plus quitter jusqu’à sa mort.
Avant de poursuivre notre récit, jetons un coup d’œil sur la période qui vient de
s’écouler, et essayons de porter un jugement sur l’homme dont nous venons de rapporter
les actes et les paroles.
Par la direction de son esprit et la nature de son talent, David était destiné à
embrasser avec ardeur les idées libérales. L’artiste qui avait conçu les Horaces et le Brutus
devait s’enflammer à l’idée de voir renaître les vertus civiques dont il s’était plu à
retracer les grands traits.
Il se propose d’abord de ne pas sortir du domaine de l’art où son génie, développé par
l’étude, lui assigne la première place. C’est ainsi qu’il se prépare à reproduire et à consacrer
sur la toile le Serment du jeu de paume, ce grand acte qui sert de prologue au drame de la
Révolution.
Mais bientôt les passions politiques éclatent comme les plus furieuses tempêtes.
Les meilleurs, les plus froids esprits, s’y lancent les premiers et les masses violemment
remuées les suivent avec transport.
Excité par ses amis, acclamé par ses élèves et par ces artistes à la tête desquels il
vient de combattre l’Académie, cédant à ses propres sentiments, David nommé député
alla se placer au milieu de ses collègues les plus énergiques et les plus exaltés.
L’Assemblée cependant lui confie avec sagesse la mission pour laquelle il était
naturellement désigné, celle de diriger les arts et d’y faire briller cette liberté pour
laquelle elle combattait.
Ce qui est noble, généreux et élève l’humanité séduit David. La résistance de Lille,
le martyre de Lepelletier animent et sa voix et ses pinceaux. Bientôt il rêve pour les fêtes
de la Liberté des pompes qui surpassent celles de la Grèce ; mais au milieu de ses travaux
il songe à renverser cette « Bastille Académique », qu’il regarde comme le principal
obstacle à la pratique de la liberté dans les arts. S’il attaque l’institution et l’esprit qui la
dirige, il respecte les hommes; il se rappelle qu’il a eu l'honneur d’être accueilli par eux
avec bienveillance, et qu’à leur tête est un vieillard qui l’a initié à sa noble carrière et s’est
toujours intéressé à lui.
David, nous l’avons vu, n’était pas orateur. C’est par des interruptions, des apostro-
phes violentes qu’il donne essor à la passion qui l’agite. On les lui a amèrement et
cruellement reprochées, et cependant comment ne pas les comprendre et les excuser,
lorsqu’on voit ce qui se passe dans nos assemblées actuelles, et qu’on se reporte à ces
séances terribles où la liberté et la vie de chaque représentant étaient enjeu.
Mais quelle distance de ces manifestations à l’exécution ! A-t-il jamais essayé de la