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SALON DE 1884
nard, qui ne peut désormais affaiblir davantage son malade et sa
convalescente, sans les faire mourir, saura donner un peu plus de
santé à son docteur et à ses infirmières dont les physionomies par
trop anémiques doivent inspirer des pensées peu rassurantes aux
infortunés confiés à leurs soins.
Résumons notre opinion sur M. Besnard. Ce dyptique déco-
ratif est d’une originale conception. Le dessin des figures est ha-
bile, la composition en est très savante, et la tonalité générale est en
parfaite concordance avec le caractère du motif. Le mode d’in-
terprétation est celui qui convient à la compréhension toute mo-
derne du sujet.
Mais l’exécution en est insuffisante. Le modelé des chairs
doit être repris. Cette œuvre est inachevée. Nous ne demandons
pas que M. Besnard pousse le fini des détails jusqu’à nous faire
songer à la méticuleuse manière de Van Eyck, de Memling ou
d’Holbein, mais nous croyons qu’aucune influence féconde ne se
dégagera de cette œuvre si profondément personnelle tant qu’on
ne verra en elle qu’une très intéressante étude préparatoire.
M. Besnard n’est pas de ceux que l’ignorance du métier
oblige à rechercher une notoriété chimérique dans une inter-
prétation sommairement formulée, d’impressions vagues et
fugitives.
Si cet artiste possède un tempérament assez individuel pour
avoir su dégager ses tendances natives de toute entrave acadé-
mique, il est en même temps assez habile pour donner à ses
conceptions originales la forme complète qui leur convient.
M. Aimé Morot, ancien prix de Rome, comme MM. Doucet,
Comerre, Besnard, s’écarte lui aussi des chemins classiques, et
cherche à exprimer d’une façon très vivante des scènes de mœurs
contemporaines.
Il a choisi l’Espagne comme théâtre de ses observations, et
comme motif d’étude une course moderne de taureaux, sujet bien
des fois traité depuis l’époque où Charles V et Philippe IV lut-
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nard, qui ne peut désormais affaiblir davantage son malade et sa
convalescente, sans les faire mourir, saura donner un peu plus de
santé à son docteur et à ses infirmières dont les physionomies par
trop anémiques doivent inspirer des pensées peu rassurantes aux
infortunés confiés à leurs soins.
Résumons notre opinion sur M. Besnard. Ce dyptique déco-
ratif est d’une originale conception. Le dessin des figures est ha-
bile, la composition en est très savante, et la tonalité générale est en
parfaite concordance avec le caractère du motif. Le mode d’in-
terprétation est celui qui convient à la compréhension toute mo-
derne du sujet.
Mais l’exécution en est insuffisante. Le modelé des chairs
doit être repris. Cette œuvre est inachevée. Nous ne demandons
pas que M. Besnard pousse le fini des détails jusqu’à nous faire
songer à la méticuleuse manière de Van Eyck, de Memling ou
d’Holbein, mais nous croyons qu’aucune influence féconde ne se
dégagera de cette œuvre si profondément personnelle tant qu’on
ne verra en elle qu’une très intéressante étude préparatoire.
M. Besnard n’est pas de ceux que l’ignorance du métier
oblige à rechercher une notoriété chimérique dans une inter-
prétation sommairement formulée, d’impressions vagues et
fugitives.
Si cet artiste possède un tempérament assez individuel pour
avoir su dégager ses tendances natives de toute entrave acadé-
mique, il est en même temps assez habile pour donner à ses
conceptions originales la forme complète qui leur convient.
M. Aimé Morot, ancien prix de Rome, comme MM. Doucet,
Comerre, Besnard, s’écarte lui aussi des chemins classiques, et
cherche à exprimer d’une façon très vivante des scènes de mœurs
contemporaines.
Il a choisi l’Espagne comme théâtre de ses observations, et
comme motif d’étude une course moderne de taureaux, sujet bien
des fois traité depuis l’époque où Charles V et Philippe IV lut-