Le premier fascicule du DEAF n’aurait pas vu le jour pour le XIIIe Con-
grès international de Linguistique et Philologie romanes qui se tiendra à Québec
au début de septembre 1971, et le projet d’un grand dictionnaire étymologique
de l’ancien français serait encore le rêve d’un avenir lointain, si je n’avais pas
pu profiter de l’apport scientifique, moral et pratique de mes amis Jean-Denis
Gendron et Georges Straka. Jean-Denis Gendron n’a pas pu jusqu’ici participer
— à son grand regret — à la rédaction, à cause de ses engagements multiples,
notamment à cause des travaux de la “Commission gouvernementale d’enquête
sur la situation de la langue française et sur les droits linguistiques au Québec”,
dont le Gouvernement du Québec lui a confié la présidence, mais il a su mettre
en chantier le travail d’équipe à Québec grâce au talent d’organisateur qui lui
est connu et assurer, par ses démarches auprès du Gouvernement du Québec et
du Conseil des Arts du Canada, d’importantes subventions, indispensables à la
réalisation d’un projet de recherche de cette envergure. Georges Straka a le
grand mérite d’avoir été, par son intervention à Bucarest, à l’origine de la
réalisation commune des deux projets. Depuis lors je n’ai cessé de discuter avec
lui toutes les questions méthodologiques, ainsi que d’innombrables problèmes de
détail qui surgissaient au cours de la rédaction. Malgré ses nombreuses obliga-
tions à Strasbourg et à Québec, il a trouvé le temps de rédiger lui-même quelques
articles de ce premier fascicule et j’espère vivement qu’à l’avenir un nombre
toujours croissant d’articles paraîtront sous sa signature.
3. Le DEAF et les dictionnaires
antérieurs d'ancien français
Il existe, on le sait, deux ouvrages lexicologiques de grande valeur pour
l’époque de l’ancien français: le Godefroy (10 vol., 1880-1902) et le Tobler-
Lommatzsch (en parution depuis 1925, actuellement au vol. 8, lettre R).
Le Godefroy, compilation considérable de la fin du 19e siècle, reste encore de
nos jours un ouvrage de consultation indispensable, une mine inépuisable de
matériaux, de passages extraits de textes littéraires et non littéraires, publiés et
manuscrits, s’échelonnant depuis les Serments de Strasbourg jusqu’au 16e siècle
et parfois même au-delà. Dans le corps de l’ouvrage, jusqu’au milieu du tome
8, il présente tous les mots et les sens qui ont vécu en ancien français et en moyen
français et qui n’existent plus en français moderne; le Complément (2 tomes et
demi) donne surtout des attestations anciennes des mots et des sens qui ont
continué à vivre en français moderne (de plus, il contient- des additions aux
volumes constituant le fond de l’ouvrage). Si le matériel est extraordinairement
riche, le côté philologique de l’ouvrage laisse beaucoup à désirer. Les définitions
sont souvent fautives ou très vagues et induisent en erreur (v. par ex. gorle
“bourse, gibecière, valise”, d’où les deux sens 1° “bourse, gibecière”, 2° “valise”
chez Greimas, Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du 14e siècle,
Paris (Larousse) 1969; en réalité le sens est “ceinture avec la bourse, bourse”,
XI
grès international de Linguistique et Philologie romanes qui se tiendra à Québec
au début de septembre 1971, et le projet d’un grand dictionnaire étymologique
de l’ancien français serait encore le rêve d’un avenir lointain, si je n’avais pas
pu profiter de l’apport scientifique, moral et pratique de mes amis Jean-Denis
Gendron et Georges Straka. Jean-Denis Gendron n’a pas pu jusqu’ici participer
— à son grand regret — à la rédaction, à cause de ses engagements multiples,
notamment à cause des travaux de la “Commission gouvernementale d’enquête
sur la situation de la langue française et sur les droits linguistiques au Québec”,
dont le Gouvernement du Québec lui a confié la présidence, mais il a su mettre
en chantier le travail d’équipe à Québec grâce au talent d’organisateur qui lui
est connu et assurer, par ses démarches auprès du Gouvernement du Québec et
du Conseil des Arts du Canada, d’importantes subventions, indispensables à la
réalisation d’un projet de recherche de cette envergure. Georges Straka a le
grand mérite d’avoir été, par son intervention à Bucarest, à l’origine de la
réalisation commune des deux projets. Depuis lors je n’ai cessé de discuter avec
lui toutes les questions méthodologiques, ainsi que d’innombrables problèmes de
détail qui surgissaient au cours de la rédaction. Malgré ses nombreuses obliga-
tions à Strasbourg et à Québec, il a trouvé le temps de rédiger lui-même quelques
articles de ce premier fascicule et j’espère vivement qu’à l’avenir un nombre
toujours croissant d’articles paraîtront sous sa signature.
3. Le DEAF et les dictionnaires
antérieurs d'ancien français
Il existe, on le sait, deux ouvrages lexicologiques de grande valeur pour
l’époque de l’ancien français: le Godefroy (10 vol., 1880-1902) et le Tobler-
Lommatzsch (en parution depuis 1925, actuellement au vol. 8, lettre R).
Le Godefroy, compilation considérable de la fin du 19e siècle, reste encore de
nos jours un ouvrage de consultation indispensable, une mine inépuisable de
matériaux, de passages extraits de textes littéraires et non littéraires, publiés et
manuscrits, s’échelonnant depuis les Serments de Strasbourg jusqu’au 16e siècle
et parfois même au-delà. Dans le corps de l’ouvrage, jusqu’au milieu du tome
8, il présente tous les mots et les sens qui ont vécu en ancien français et en moyen
français et qui n’existent plus en français moderne; le Complément (2 tomes et
demi) donne surtout des attestations anciennes des mots et des sens qui ont
continué à vivre en français moderne (de plus, il contient- des additions aux
volumes constituant le fond de l’ouvrage). Si le matériel est extraordinairement
riche, le côté philologique de l’ouvrage laisse beaucoup à désirer. Les définitions
sont souvent fautives ou très vagues et induisent en erreur (v. par ex. gorle
“bourse, gibecière, valise”, d’où les deux sens 1° “bourse, gibecière”, 2° “valise”
chez Greimas, Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du 14e siècle,
Paris (Larousse) 1969; en réalité le sens est “ceinture avec la bourse, bourse”,
XI