GAAIGNIER
Gdf, engaaigner PFont; la forme angigner Vita
Patr. s’accorde mal avec gaaignier, mais 1t.
INGENIUM est exclu du point de vue sémanti-
que) ♦ 1° v.a. “labourer, cultiver” (13es., Vita
Patr. ms.Chartres 333 Gdf; Digestes de Just.,
Gdf 3,162a; FEW 17,462b [cp. comme nom de
personne Jehanne engaaigne Taillel297M 391]).
2° v.n. “profiter (d’un acte de violence com-
mis par qn)” (ca.1255, PFont, Gdf 3,162a; FEW
17,466b).
• esgaiegner [?] v.a. “vaincre (qn)” (pic. déb.
13es., Ferg, Gdf 3,462b; FEW 17,466b [la défi
“gagner, conquérir” donnée par Gdf et le FEW
est inexacte; FergM p.122 v.25 donne quant le
gaaignai et conquis, les 2 mss. p.215: quant jes
gaiegnai P, gainnai A]).
Q regàaignier v.a. (regaaignier Chrestien; Barb-
Méon; BaudSeb, regdaigner Alise, regdagnier
VengAlS, regdaingner BeaumCout, regdagner
Mousket, regdaingier Aiol, regaeignier Perc, re-
gaegnier Mousket, hain. reguaegnier Mousket,
pic. regaanier JeuxPart, ragaanier dans le même
texte; flandr. rewaignier doc. 1246) [cp. *regaï-
mer sub gain1] 1° regaaignier ses membres
“recouvrer l’usage de ses membres” (Perc 3588,
TL 8,592). 2° “gagner ce qu’on avait perdu
(p.ex. de l’argent)” (Aiol 952; 1961; Mousket
3839; dep. 1549, TL 8,593; FEW 17,466a);
♦ v.abs. (Alise; VengAlS; BarbMéon, TL).
3° “faire du profit (en revendant une mar-
chandise)” (Douai 1246 [por rewaignier ne por
revendre avant}, Tailliar 140). 4° “reprendre
(une terre, une ville, etc.) à l’ennemi” (Aiol 952;
1961 [ou sens 2°?]; Mousket 10440;20518;29510;
BaudSeb; et dep. D’Aubigné, TL 8,593; FEW
17,466a). 5° “obtenir de nouveau (les faveurs
d’une femme)” (pic. mil.l3es., JeuxPart 88,23
[LamFerri à Jacques Bretel], TL 8,339; FEW
17,466b) [Gdf 6,555a donne comme mot-titre la
var. graphique ragaanier sur la base d’un ms.; le
FEW sépare, de même, regaaignier comme dé-
rivé et ragaanier comme composé; la défi “rega-
gner, recouvrer” de Gdf, reprise par le FEW, est
peu exacte; le passage est identique à JeuxPart
88,23 cité par TL sub ratraire avec la graphie
regaanier}.
£ gaaignepain m. (gaaignepain Crieries; Taille
1313M, gaaingne-pain Taillel297M 311;349;
gaignepain Taillel313M) 1° “ouvrier qui re-
çoit un très petit salaire” (fin 13es., Crieries;
Taillel297M 311;349; Taillel313M, TL 4,9;
FEW 17,467a) [cp. gdaignemaaille}. 2°
— GAAIGNEPAIN.
9 gâaignemâaille m. (gaaingnemaaille Tail-
lel297M 265;329;377; gaaigne-maaille Tail-
lel297M 372; Taillel313M, gaignemdaille
Taillel313M, gaigne-maille LMest, Tail-
lel313M, gangne maille 1333) “ouvrier qui
reçoit un très petit salaire” (LMest; Tail-
lel297M; Taillel313M; doc. 1333, Gdf 4,192c;
TL 4,8; [FEW 17,466b ne cite que deux formes
modernes du Rouchi; cp. gaaignepain ci-dessus,
gagne-obole ci-dessous, gagne-denier 1515 -
19es., gaigne-journée Cotgr 1611, gagne-petit
OudC 1640 et dep. Verlaine, gagne-liards 1703,
FEW 17,466b-467a]).
0 gaaigne-obole m. (gaaigne-obole doc. 1326,
gagne-obole doc. 1344) “ouvrier qui reçoit
un très petit salaire” (SeineM. 1326; champ.
1344, Gdf 4,192c; FEW 17,466b) [cp. gaaigne-
maaille}.
# gaaigne-biens “?” (Taille 1296M 270 [La com-
paignie des gaaigne-biens}).
a gaaignecheval adv. (a gdaignecheval Baud-
Seb, a gaignecheval RenContr) “très vite, à
toute bride” (ca.1330 - ca. 1350, RenContr;
BaudSeb, TL 4,8; FEW 17,466b); ♦ peut-être
faut-il rattacher ici l’expression adverbiale en
gaigne “vite, aussitôt” (13e? - 14es., MirND
ThéâtFr 443; MirNDPersP 25,1324, Gdf
4,204a; TL 4,42; FEW 23,246b), ♦ “aussitôt,
volontiers” (MirND ThéâtFr 448, Gdf 4,204a;
TL 4,42) [v. AuberiT 261; EnfOgS p.3O2], - Bal-
dinger.
[GAAILLE f. [Mot cité sans définition par Gdf
4,195a de DameBatM 245 [MontRayn], mais les
éd. ib. IV 276 disent l’avoir créé eux-mêmes
parce que le vers du manuscrit unique (Con sil
aus est par gue a aille) est incompréhensible; v.
aussi DameBatR p. 18, et Rychner, Fabliaux II
p.92 (il lit: com si ausestpar gue a aille en décla-
rant lui aussi le vers incompréhensible. *Gaaille
en tant que mot refait est donc à supprimer.] ]
- Baldinger.
GAB m. [Anord. GABB “raillerie, moquerie”,
mot apporté par les Vikings et gardé prob. à
cause de sa nuance spéciale dans le domaine
affectif (cp. honte, honnir, escharn, escharnir
d’origine frq.). Le verbe gaber continue prob.
l’anord. GABBA “railler, se moquer de, cons-
puer”. La famille, d’une grande vitalité au
moyen âge, perd son importance avec le déclin
de la chevalerie. Gab a pénétré en occitan dès la
fin du 11e siècle (alim. gab, fin 1 les., Kraemer
74), gaber dès le 12es. (apr. gab “plaisanterie,
raillerie; menace; bruit, tumulte; louange, flatte-
rie, vantardise, fanfaronnade”, gabar “plaisan-
ter; railler; menacer; louer, vanter”, se gabar “se
moquer; se vanter, se louer”). Du galloroman
ont été empruntés it. gabbo “raillerie, moquerie,
plaisanterie”,gabbare “tromper (impliquant une
nuance de raillerie, moquerie)”, acat.gaZ? “raille-
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Gdf, engaaigner PFont; la forme angigner Vita
Patr. s’accorde mal avec gaaignier, mais 1t.
INGENIUM est exclu du point de vue sémanti-
que) ♦ 1° v.a. “labourer, cultiver” (13es., Vita
Patr. ms.Chartres 333 Gdf; Digestes de Just.,
Gdf 3,162a; FEW 17,462b [cp. comme nom de
personne Jehanne engaaigne Taillel297M 391]).
2° v.n. “profiter (d’un acte de violence com-
mis par qn)” (ca.1255, PFont, Gdf 3,162a; FEW
17,466b).
• esgaiegner [?] v.a. “vaincre (qn)” (pic. déb.
13es., Ferg, Gdf 3,462b; FEW 17,466b [la défi
“gagner, conquérir” donnée par Gdf et le FEW
est inexacte; FergM p.122 v.25 donne quant le
gaaignai et conquis, les 2 mss. p.215: quant jes
gaiegnai P, gainnai A]).
Q regàaignier v.a. (regaaignier Chrestien; Barb-
Méon; BaudSeb, regdaigner Alise, regdagnier
VengAlS, regdaingner BeaumCout, regdagner
Mousket, regdaingier Aiol, regaeignier Perc, re-
gaegnier Mousket, hain. reguaegnier Mousket,
pic. regaanier JeuxPart, ragaanier dans le même
texte; flandr. rewaignier doc. 1246) [cp. *regaï-
mer sub gain1] 1° regaaignier ses membres
“recouvrer l’usage de ses membres” (Perc 3588,
TL 8,592). 2° “gagner ce qu’on avait perdu
(p.ex. de l’argent)” (Aiol 952; 1961; Mousket
3839; dep. 1549, TL 8,593; FEW 17,466a);
♦ v.abs. (Alise; VengAlS; BarbMéon, TL).
3° “faire du profit (en revendant une mar-
chandise)” (Douai 1246 [por rewaignier ne por
revendre avant}, Tailliar 140). 4° “reprendre
(une terre, une ville, etc.) à l’ennemi” (Aiol 952;
1961 [ou sens 2°?]; Mousket 10440;20518;29510;
BaudSeb; et dep. D’Aubigné, TL 8,593; FEW
17,466a). 5° “obtenir de nouveau (les faveurs
d’une femme)” (pic. mil.l3es., JeuxPart 88,23
[LamFerri à Jacques Bretel], TL 8,339; FEW
17,466b) [Gdf 6,555a donne comme mot-titre la
var. graphique ragaanier sur la base d’un ms.; le
FEW sépare, de même, regaaignier comme dé-
rivé et ragaanier comme composé; la défi “rega-
gner, recouvrer” de Gdf, reprise par le FEW, est
peu exacte; le passage est identique à JeuxPart
88,23 cité par TL sub ratraire avec la graphie
regaanier}.
£ gaaignepain m. (gaaignepain Crieries; Taille
1313M, gaaingne-pain Taillel297M 311;349;
gaignepain Taillel313M) 1° “ouvrier qui re-
çoit un très petit salaire” (fin 13es., Crieries;
Taillel297M 311;349; Taillel313M, TL 4,9;
FEW 17,467a) [cp. gdaignemaaille}. 2°
— GAAIGNEPAIN.
9 gâaignemâaille m. (gaaingnemaaille Tail-
lel297M 265;329;377; gaaigne-maaille Tail-
lel297M 372; Taillel313M, gaignemdaille
Taillel313M, gaigne-maille LMest, Tail-
lel313M, gangne maille 1333) “ouvrier qui
reçoit un très petit salaire” (LMest; Tail-
lel297M; Taillel313M; doc. 1333, Gdf 4,192c;
TL 4,8; [FEW 17,466b ne cite que deux formes
modernes du Rouchi; cp. gaaignepain ci-dessus,
gagne-obole ci-dessous, gagne-denier 1515 -
19es., gaigne-journée Cotgr 1611, gagne-petit
OudC 1640 et dep. Verlaine, gagne-liards 1703,
FEW 17,466b-467a]).
0 gaaigne-obole m. (gaaigne-obole doc. 1326,
gagne-obole doc. 1344) “ouvrier qui reçoit
un très petit salaire” (SeineM. 1326; champ.
1344, Gdf 4,192c; FEW 17,466b) [cp. gaaigne-
maaille}.
# gaaigne-biens “?” (Taille 1296M 270 [La com-
paignie des gaaigne-biens}).
a gaaignecheval adv. (a gdaignecheval Baud-
Seb, a gaignecheval RenContr) “très vite, à
toute bride” (ca.1330 - ca. 1350, RenContr;
BaudSeb, TL 4,8; FEW 17,466b); ♦ peut-être
faut-il rattacher ici l’expression adverbiale en
gaigne “vite, aussitôt” (13e? - 14es., MirND
ThéâtFr 443; MirNDPersP 25,1324, Gdf
4,204a; TL 4,42; FEW 23,246b), ♦ “aussitôt,
volontiers” (MirND ThéâtFr 448, Gdf 4,204a;
TL 4,42) [v. AuberiT 261; EnfOgS p.3O2], - Bal-
dinger.
[GAAILLE f. [Mot cité sans définition par Gdf
4,195a de DameBatM 245 [MontRayn], mais les
éd. ib. IV 276 disent l’avoir créé eux-mêmes
parce que le vers du manuscrit unique (Con sil
aus est par gue a aille) est incompréhensible; v.
aussi DameBatR p. 18, et Rychner, Fabliaux II
p.92 (il lit: com si ausestpar gue a aille en décla-
rant lui aussi le vers incompréhensible. *Gaaille
en tant que mot refait est donc à supprimer.] ]
- Baldinger.
GAB m. [Anord. GABB “raillerie, moquerie”,
mot apporté par les Vikings et gardé prob. à
cause de sa nuance spéciale dans le domaine
affectif (cp. honte, honnir, escharn, escharnir
d’origine frq.). Le verbe gaber continue prob.
l’anord. GABBA “railler, se moquer de, cons-
puer”. La famille, d’une grande vitalité au
moyen âge, perd son importance avec le déclin
de la chevalerie. Gab a pénétré en occitan dès la
fin du 11e siècle (alim. gab, fin 1 les., Kraemer
74), gaber dès le 12es. (apr. gab “plaisanterie,
raillerie; menace; bruit, tumulte; louange, flatte-
rie, vantardise, fanfaronnade”, gabar “plaisan-
ter; railler; menacer; louer, vanter”, se gabar “se
moquer; se vanter, se louer”). Du galloroman
ont été empruntés it. gabbo “raillerie, moquerie,
plaisanterie”,gabbare “tromper (impliquant une
nuance de raillerie, moquerie)”, acat.gaZ? “raille-
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