GANT
GANSELE f. [Dans EnfOgH ms.F (lem.l4es.),
vers 5957: Grans fu la noise contreval la praiele.
Ez vous Ogierpoingnant une gansele, Ou poing le
bran a la fine alemele-, les autres mss. donnent
vaucele “vallon”. Henry fait la remarque sui-
vante: « La variante gansele (avec un n tout à fait
net) est-elle autre chose qu’une bévue de F?
Faut-il lire gausele (qu’on rattacherait d’ailleurs
difficilement à gautfi Confusion avec gacel,
“marais”? ». En lisant gausele, l’explication la
plus simple serait d’y voir une var. de vaucele,
étant donné la confusion toujours latente de
g-, gu-, w-, v- dans le Nord (cp. gai, gast, ga-
rait1, etc.) bien que nous n’ayons encore
aucune attestation de *gaucele. Un rattache-
ment à -*• gaut est improbable. Quant à
-> gacel “marais”, son champ onomasiologi-
que “lieu humide” comporte des mots qui se
rapprochent de *gausele: dial, wausse “eau ré-
pandue, inondation sale et boueuse”, gaucer
“mouiller, salir”, etc. (v. Hubschmid ZrP
69,280-282 [croisement de *wâttjan (:*wattja,
-> gacel) avec *waldjan (:*walda, v. gaude)]
et FEW 17,550b [croisement de *wattja avec
abfrq. *WALGJAN FEW 17,489b; rejette la
proposition de Hubschmid.]), mais les attesta-
tions de ces mots se situent toutes dans le Sud-
Est du domaine d’oïl.] - Môhren.
GANT m. [Abfrq. *WANT “moufle, mitaine”
(du germ. *VANTUZ assuré par anord. vçttr,
suéd. vante, bail, want m., wante f., néerl. want)
qui a passé, prob. parce que les Romains ne
connaissaient pas ce type de gant, en galloroman
du Nord où son existence est attestée vers le
milieu du 7es. par le moine it. Jonas de Bobbio:
tegumenta manuum quos Galli wantos vocant
(Vita Columbani I 15,5; dans ce texte le mot
désigne les gros gants dont se servait saint Co-
lomban dans les travaux des champs et des forêts
pour protéger ses mains, G.Roques TraLiLi 9).
Les formes latinisées wantus, gwantus, guantus,
gantus, fréquemment attestées pendant tout le
moyen âge (doc. 915; 1007; 1053; etc., DC
6,904a-b) à côté de wanto, -onis (doc. s.d., DC
3,579c;6,904a), s’employaient parallèlement à
manica (851; 861; 863; 867; 868; 875, CartRe-
don; DC 4) et chirotheca, ciroteca (ca.931, Cart-
Redon; doc. 1294; etc., DC 2; Gay 1,759). Le
sens primitif de “gros gant chaud sans sépara-
tion pour les doigts, sauf pour le pouce” semble
avoir été pris par moufle dès le 8e s. (on distin-
guait dès lors “wantos in aestate, muffulas in
hieme vervecinas” doc. 817, Gay et FEW
16,577a,n4; v. aussi mufflas — hantscoh, uuanz
= irhiner GlKass, FoersterKoschw7 41,117-
118; FEW 16,576b; afr. mofle dep. 13es., TL
6,192; FEW 16,575a), ainsi que par mite, mitaine
(dep. ca.l 180, TL 6,100; FEW 62,177a), de sorte
que wantus, afr. gant a sans doute commencé à
désigner de bonne heure un gant plus léger cou-
vrant chaque doigt séparément. Au moyen âge,
les gants étaient faits de différentes matières et
pouvaient être différemment parés et avoir diver-
ses formes; ils étaient très usités par les deux
sexes et dans toutes les classes sociales; spéciale-
ment solides, ils faisaient partie de l’habillement
du fauconnier et, faits en mailles de fer ou en
lames de corne du fanon de baleine, de l’armure
d’un chevalier (sens 1°; pour les différents types
de gants et leur emploi, v. Quicherat, Hist. du
costume en France, et Gay; v. aussi Goddard
127-128; NystrômMén 199 et 330 et Douët-
NArg gloss.). C’est par l’usage très commun des
gants que s’explique prob. l’emploi du mot
comme expression qualitative de négation pour
marquer, dans ne prisier (ou ne valoir) un gant
(ou deux gants), la piètre estime en laquelle on
tenait qn ou qch. (sens 2°; cp. ne prisier une cive,
une nois, un denier, Dreyling, Die Ausdrucks-
weisen der übertriebenen Verkleinerung; Foulet-
Synt § 413; pour un emploi semblable de mo-
fle, v. TL 6,113); gant s’employait aussi très sou-
vent, sans aucune nuance péjorative, comme
symbole de quantité, d’espace ou d’objet très
petit (sens 3°). Par ailleurs, conformément à la
vieille loi salique, les Francs avaient l’habitude
d’offrir une paire de gants en symbole de la re-
mise d’une terre, et de ce fait, gant (de même 1t.
wantus, chirotheca, manica, afr. mitaine) était
aussi, dès le début, un t. juridique de l’investi-
ture: la transmission des gants, généralement
pliés, symbolisait la cession de terres et de fonds
par l’ancien possesseur et la prise en possession
de l’acquéreur (sens 4°; DC 3 sub investitu-
RA; 6,904; Tilander StN 20,14; BW5; sur l’expr.
tradere per guantonem et guasonem - un mor-
ceau de gazon découpé avait la même significa-
tion symbolique - v. DC 7,411; FEW
17,507b; 17,545b); de là se sont développés pro-
gressivement les sens de “prix de la cession d’une
terre” (sens 9°), puis de “gratification, récom-
pense, pourboire” (sens 10°; v. surtout Tilander
StN 20, 15-16) d’une part et, d’autre part, toute
une série d’emplois fig. avec les sens de “confir-
mation ou gage d’un don, d’une promesse, d’un
serment, d’une action” (sens 5°), de “symbole de
la délégation du pouvoir” (sens 6°), de “marque
de soumission” (sens 7°; mit. guantum “tutela,
protectio” en 1174, DC 3,579c); enfin, le gant
constituait aussi le gage d’un combat, ce qui a
donné naissance au sens symbolique de “défi”
(sens 8°). D’après G.Paris (Chanson de Roland,
extraits, note 104), le gant était “le symbole de
05
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
121
122
GANSELE f. [Dans EnfOgH ms.F (lem.l4es.),
vers 5957: Grans fu la noise contreval la praiele.
Ez vous Ogierpoingnant une gansele, Ou poing le
bran a la fine alemele-, les autres mss. donnent
vaucele “vallon”. Henry fait la remarque sui-
vante: « La variante gansele (avec un n tout à fait
net) est-elle autre chose qu’une bévue de F?
Faut-il lire gausele (qu’on rattacherait d’ailleurs
difficilement à gautfi Confusion avec gacel,
“marais”? ». En lisant gausele, l’explication la
plus simple serait d’y voir une var. de vaucele,
étant donné la confusion toujours latente de
g-, gu-, w-, v- dans le Nord (cp. gai, gast, ga-
rait1, etc.) bien que nous n’ayons encore
aucune attestation de *gaucele. Un rattache-
ment à -*• gaut est improbable. Quant à
-> gacel “marais”, son champ onomasiologi-
que “lieu humide” comporte des mots qui se
rapprochent de *gausele: dial, wausse “eau ré-
pandue, inondation sale et boueuse”, gaucer
“mouiller, salir”, etc. (v. Hubschmid ZrP
69,280-282 [croisement de *wâttjan (:*wattja,
-> gacel) avec *waldjan (:*walda, v. gaude)]
et FEW 17,550b [croisement de *wattja avec
abfrq. *WALGJAN FEW 17,489b; rejette la
proposition de Hubschmid.]), mais les attesta-
tions de ces mots se situent toutes dans le Sud-
Est du domaine d’oïl.] - Môhren.
GANT m. [Abfrq. *WANT “moufle, mitaine”
(du germ. *VANTUZ assuré par anord. vçttr,
suéd. vante, bail, want m., wante f., néerl. want)
qui a passé, prob. parce que les Romains ne
connaissaient pas ce type de gant, en galloroman
du Nord où son existence est attestée vers le
milieu du 7es. par le moine it. Jonas de Bobbio:
tegumenta manuum quos Galli wantos vocant
(Vita Columbani I 15,5; dans ce texte le mot
désigne les gros gants dont se servait saint Co-
lomban dans les travaux des champs et des forêts
pour protéger ses mains, G.Roques TraLiLi 9).
Les formes latinisées wantus, gwantus, guantus,
gantus, fréquemment attestées pendant tout le
moyen âge (doc. 915; 1007; 1053; etc., DC
6,904a-b) à côté de wanto, -onis (doc. s.d., DC
3,579c;6,904a), s’employaient parallèlement à
manica (851; 861; 863; 867; 868; 875, CartRe-
don; DC 4) et chirotheca, ciroteca (ca.931, Cart-
Redon; doc. 1294; etc., DC 2; Gay 1,759). Le
sens primitif de “gros gant chaud sans sépara-
tion pour les doigts, sauf pour le pouce” semble
avoir été pris par moufle dès le 8e s. (on distin-
guait dès lors “wantos in aestate, muffulas in
hieme vervecinas” doc. 817, Gay et FEW
16,577a,n4; v. aussi mufflas — hantscoh, uuanz
= irhiner GlKass, FoersterKoschw7 41,117-
118; FEW 16,576b; afr. mofle dep. 13es., TL
6,192; FEW 16,575a), ainsi que par mite, mitaine
(dep. ca.l 180, TL 6,100; FEW 62,177a), de sorte
que wantus, afr. gant a sans doute commencé à
désigner de bonne heure un gant plus léger cou-
vrant chaque doigt séparément. Au moyen âge,
les gants étaient faits de différentes matières et
pouvaient être différemment parés et avoir diver-
ses formes; ils étaient très usités par les deux
sexes et dans toutes les classes sociales; spéciale-
ment solides, ils faisaient partie de l’habillement
du fauconnier et, faits en mailles de fer ou en
lames de corne du fanon de baleine, de l’armure
d’un chevalier (sens 1°; pour les différents types
de gants et leur emploi, v. Quicherat, Hist. du
costume en France, et Gay; v. aussi Goddard
127-128; NystrômMén 199 et 330 et Douët-
NArg gloss.). C’est par l’usage très commun des
gants que s’explique prob. l’emploi du mot
comme expression qualitative de négation pour
marquer, dans ne prisier (ou ne valoir) un gant
(ou deux gants), la piètre estime en laquelle on
tenait qn ou qch. (sens 2°; cp. ne prisier une cive,
une nois, un denier, Dreyling, Die Ausdrucks-
weisen der übertriebenen Verkleinerung; Foulet-
Synt § 413; pour un emploi semblable de mo-
fle, v. TL 6,113); gant s’employait aussi très sou-
vent, sans aucune nuance péjorative, comme
symbole de quantité, d’espace ou d’objet très
petit (sens 3°). Par ailleurs, conformément à la
vieille loi salique, les Francs avaient l’habitude
d’offrir une paire de gants en symbole de la re-
mise d’une terre, et de ce fait, gant (de même 1t.
wantus, chirotheca, manica, afr. mitaine) était
aussi, dès le début, un t. juridique de l’investi-
ture: la transmission des gants, généralement
pliés, symbolisait la cession de terres et de fonds
par l’ancien possesseur et la prise en possession
de l’acquéreur (sens 4°; DC 3 sub investitu-
RA; 6,904; Tilander StN 20,14; BW5; sur l’expr.
tradere per guantonem et guasonem - un mor-
ceau de gazon découpé avait la même significa-
tion symbolique - v. DC 7,411; FEW
17,507b; 17,545b); de là se sont développés pro-
gressivement les sens de “prix de la cession d’une
terre” (sens 9°), puis de “gratification, récom-
pense, pourboire” (sens 10°; v. surtout Tilander
StN 20, 15-16) d’une part et, d’autre part, toute
une série d’emplois fig. avec les sens de “confir-
mation ou gage d’un don, d’une promesse, d’un
serment, d’une action” (sens 5°), de “symbole de
la délégation du pouvoir” (sens 6°), de “marque
de soumission” (sens 7°; mit. guantum “tutela,
protectio” en 1174, DC 3,579c); enfin, le gant
constituait aussi le gage d’un combat, ce qui a
donné naissance au sens symbolique de “défi”
(sens 8°). D’après G.Paris (Chanson de Roland,
extraits, note 104), le gant était “le symbole de
05
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
121
122