GESTIR
*GESTIR
sent, que deux attestations. L’it. gestire conserve
uniquement le sens de “faire des gestes” (dep.
Machiavel, déb.l6es., Battaglia), tandis que les au-
tres langues romanes ignorent ce verbe, même
l’occitan qui connaît pourtant son dérivé gest (v. 5
ci-dessous).] {giestie p.p. Pères; mfr. gectir inf.
Tardif) ♦ 1° v.a. “épuiser par les plaisirs de
l’amour” (mi!.13es., Pères25 13648 [éd. Lecoy en
préparation] var. ms. BN fr. 1039 [Et tant l’avez
anuit giestie Que mise l’avez hors de vie], Lecoy 10
TraLiLi VIII1 118 [= MélHenry] ). < [2° v.a. (et
emploi abs.) “couvrir la femelle (en parlant du
chien)” (fin 15es., Guill Tardif, éd. Jullien-La-
croix, p.8 [Quant les chiens sont chaulx pour gec-
tir, faut qu’ilz reposent aucuns jours... et lors re- 15
quierent lieu solitaire pour gectir . . . Si le chien,
par aucune débilité, ne peult gectir la chienne,
cuys lupins en brouet de porc, TilGlan], TilGlan
128; TL 4,296; FEW 4,126a).]
• *degestir v.a. {degestie p.p., var. degitié) “épui- 20
ser par les plaisirs de l’amour” (mil,13es., Pères25
13648 [Lerres, Deu, vos l’avez tuee! Tant l’avez
anuit degestie (var. éd. K p.37 degitie) Que mise
l’avez hors de vie], Lecoy TraLiLi VIII1 118 [ =
MélHenry] ). 25
• gest m. [Déverbal de gestir, v. A. Thomas R
43,71-72; FEW 4,126a. De même en prov., avec
la même acception, mais attesté seulement dep.
le 17es., Mistral; Thomas R 43,71, n. 2; FEW
4,126a.] {gest 3et.l2es. RicheutL 372; Aventu- 30
resM; GuillMachC 2,649; doc. Paris 1401, mfr.
jest ModusT, gect Tardif) ♦ “rut, chaleur (en
parlant d’un animal)”, surtout dans l’expr. estre
en gest ou aler a gest (3et.l2es. - fin 15es., Ri-
cheutL 372 [Richeut se tient et cointe et noble, Et 35
bien se vest Et se conroie bien et pest. Plus est
sivanz que lisse en gest, Gdf 4,268c traduit à tort
“gestation” d’après Méon 1,480, v. Thomas R
43,70]; AventuresM 112 [Selonc une montaingne,
delez une forest, Aine n’oïstes esfoudre, orage ne 40
tempest Demener si grant noise, quant du ciel se
desvest, Com fesoient les bestes, qui aloient a
gest, Gdf 4,276c sub giet, traduit à tort “lien,
attache”, v. Lecoy TraLiLi VIII1,! 17]; Guill-
MachC 2,649 [De la levriere et des chiens en gest 45
titre de la pièce XVI ; une levriere . . . Qui yert en
gest v. 3; Mais s’elle volt nouviaux chiens acoin-
tier, Et que du sien pas ne li suffisoit Pour la rage
du gest où elle estait, On li deüst le cul avoir bruï
v. 13]; [ModusT 61,11 [ils (les loups) sont famé- 50
leuz, quer tant comme il sont en jest, il manguent
poi ou nient]-, doc. Paris 1401 [une chienne qui
estoit en gest, laquelle chienne pluseurs chiens suè-
rent, A. Thomas R 43,71]; fin 15es. Guill. Tardif,
p.8 [Les chiens sont en gect ordinairement au com-
mencement de février, TilGlan 128]], Gdf 4,268c
gest; 276c giet; TL 4,288).
• gestoire f. [Dérivé au moyen du suff. -oire
{-ore, -oure étant une forme régionale, cf. Mo-
dusT, t. I, p. XVI) dont la fonction était de for-
mer essentiellement des noms d’instruments,
mais aussi, comme les dérivés m. en -oir, ceux
qui désignent le lieu de l’action (Nyrop 3, §§ 277,
278; MLFrGr II2, §§ 63, 64), voire l’action elle-
même (v. gaudir - gaudoyre “plaisir, joie”,
DEAF G 400), le subst. gestoire signifie claire-
ment, dans les quelques attestations dont on dis-
pose, l’endroit de l’accouplement en parlant aussi
bien d’animaux que d’êtres humains. Certes, on
pourrait le rattacher à JACERE et y voir un dé-
rivé de gister “demeurer, coucher” (GdfC
9,700b; TL 4,341), parallèle au subst. giste, geste
“gîte” (l’alternance i - e ne faisant pas difficulté,
cf. geste pour giste GdfC 9,700b); dans ce cas, il
aurait d’abord signifié, comme ce dernier (GdfC
9,700a-b), “lieu où l’on trouve à loger, gîte, lit”,
d’où ensuite “couche de prostituée” (TraîtresS) et
“lieu d’accouplement des animaux” (EnfRenC;
ModusT), cf. TraîtresS, gloss., avis adopté par
FEW 5,3a et n. 15, et par TL 4,296. Mais il est
sans doute plus vraisemblable que gestoire déri-
ve du verbe gestir (ModusT 61,10 note; Lecoy
TraLiLi VIII1,! 17-118) et que, dès le début, bien
que gestir au sens de “couvrir la femelle” n’ap-
paraisse que vers la fin du 15es., le substantif dé-
signait à la fois le lieu de l’union charnelle des
êtres humains (couche, lit) et celui de l’ac-
couplement des animaux, sans que le premier
des deux sens doive nécessairement être consi-
déré comme un emploi figuré du second (ainsi
Lecoy, Le.).] {gestoire 13es. TraîtresS 82; ModusT
61,10 var. 5 mss. 14e-15es. ; 82,9, var. 9 mss. 14e-
15es. ; gettoire ib. 61,10 var. 7 mss. 14e-15es. ; 82,9
var. 4 mss. 15es. ; getorie ib. 61,10 var. ms. 15es.,
gistoere ib. 82,9 suivant le seul ms. A de 1379,
gissoere ib. 82,9 var. 2 mss. 15es., getterye ib. 82,9
var. ms. 15es., gestore ib. 61,10 suivant le seul ms.
A de 1379, gestoure EnfRenC) ♦ “lieu d’ac-
couplement de la louve et du loup” (2em.l3es.
EnfRenC 4555 [Braient et ullent, moult laide noi-
se y a, Aussi com leu qui en gestoure va, Autre
langage en Picernie n’a]-, ca.1375 ModusT 61,10
[Qui veut prendre les leus a bissonner, le tans si
est à la fin du mois de février, et est le tans que il
sont départis de la gestore, pour quoi il sont fa-
meleuz]; 82,9 [Quant vendra a la fin de février
que les leus départent de la gistoere, lesquieux
sont afamés]f, ♦ “couche de prostituée” (13es.,
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sent, que deux attestations. L’it. gestire conserve
uniquement le sens de “faire des gestes” (dep.
Machiavel, déb.l6es., Battaglia), tandis que les au-
tres langues romanes ignorent ce verbe, même
l’occitan qui connaît pourtant son dérivé gest (v. 5
ci-dessous).] {giestie p.p. Pères; mfr. gectir inf.
Tardif) ♦ 1° v.a. “épuiser par les plaisirs de
l’amour” (mi!.13es., Pères25 13648 [éd. Lecoy en
préparation] var. ms. BN fr. 1039 [Et tant l’avez
anuit giestie Que mise l’avez hors de vie], Lecoy 10
TraLiLi VIII1 118 [= MélHenry] ). < [2° v.a. (et
emploi abs.) “couvrir la femelle (en parlant du
chien)” (fin 15es., Guill Tardif, éd. Jullien-La-
croix, p.8 [Quant les chiens sont chaulx pour gec-
tir, faut qu’ilz reposent aucuns jours... et lors re- 15
quierent lieu solitaire pour gectir . . . Si le chien,
par aucune débilité, ne peult gectir la chienne,
cuys lupins en brouet de porc, TilGlan], TilGlan
128; TL 4,296; FEW 4,126a).]
• *degestir v.a. {degestie p.p., var. degitié) “épui- 20
ser par les plaisirs de l’amour” (mil,13es., Pères25
13648 [Lerres, Deu, vos l’avez tuee! Tant l’avez
anuit degestie (var. éd. K p.37 degitie) Que mise
l’avez hors de vie], Lecoy TraLiLi VIII1 118 [ =
MélHenry] ). 25
• gest m. [Déverbal de gestir, v. A. Thomas R
43,71-72; FEW 4,126a. De même en prov., avec
la même acception, mais attesté seulement dep.
le 17es., Mistral; Thomas R 43,71, n. 2; FEW
4,126a.] {gest 3et.l2es. RicheutL 372; Aventu- 30
resM; GuillMachC 2,649; doc. Paris 1401, mfr.
jest ModusT, gect Tardif) ♦ “rut, chaleur (en
parlant d’un animal)”, surtout dans l’expr. estre
en gest ou aler a gest (3et.l2es. - fin 15es., Ri-
cheutL 372 [Richeut se tient et cointe et noble, Et 35
bien se vest Et se conroie bien et pest. Plus est
sivanz que lisse en gest, Gdf 4,268c traduit à tort
“gestation” d’après Méon 1,480, v. Thomas R
43,70]; AventuresM 112 [Selonc une montaingne,
delez une forest, Aine n’oïstes esfoudre, orage ne 40
tempest Demener si grant noise, quant du ciel se
desvest, Com fesoient les bestes, qui aloient a
gest, Gdf 4,276c sub giet, traduit à tort “lien,
attache”, v. Lecoy TraLiLi VIII1,! 17]; Guill-
MachC 2,649 [De la levriere et des chiens en gest 45
titre de la pièce XVI ; une levriere . . . Qui yert en
gest v. 3; Mais s’elle volt nouviaux chiens acoin-
tier, Et que du sien pas ne li suffisoit Pour la rage
du gest où elle estait, On li deüst le cul avoir bruï
v. 13]; [ModusT 61,11 [ils (les loups) sont famé- 50
leuz, quer tant comme il sont en jest, il manguent
poi ou nient]-, doc. Paris 1401 [une chienne qui
estoit en gest, laquelle chienne pluseurs chiens suè-
rent, A. Thomas R 43,71]; fin 15es. Guill. Tardif,
p.8 [Les chiens sont en gect ordinairement au com-
mencement de février, TilGlan 128]], Gdf 4,268c
gest; 276c giet; TL 4,288).
• gestoire f. [Dérivé au moyen du suff. -oire
{-ore, -oure étant une forme régionale, cf. Mo-
dusT, t. I, p. XVI) dont la fonction était de for-
mer essentiellement des noms d’instruments,
mais aussi, comme les dérivés m. en -oir, ceux
qui désignent le lieu de l’action (Nyrop 3, §§ 277,
278; MLFrGr II2, §§ 63, 64), voire l’action elle-
même (v. gaudir - gaudoyre “plaisir, joie”,
DEAF G 400), le subst. gestoire signifie claire-
ment, dans les quelques attestations dont on dis-
pose, l’endroit de l’accouplement en parlant aussi
bien d’animaux que d’êtres humains. Certes, on
pourrait le rattacher à JACERE et y voir un dé-
rivé de gister “demeurer, coucher” (GdfC
9,700b; TL 4,341), parallèle au subst. giste, geste
“gîte” (l’alternance i - e ne faisant pas difficulté,
cf. geste pour giste GdfC 9,700b); dans ce cas, il
aurait d’abord signifié, comme ce dernier (GdfC
9,700a-b), “lieu où l’on trouve à loger, gîte, lit”,
d’où ensuite “couche de prostituée” (TraîtresS) et
“lieu d’accouplement des animaux” (EnfRenC;
ModusT), cf. TraîtresS, gloss., avis adopté par
FEW 5,3a et n. 15, et par TL 4,296. Mais il est
sans doute plus vraisemblable que gestoire déri-
ve du verbe gestir (ModusT 61,10 note; Lecoy
TraLiLi VIII1,! 17-118) et que, dès le début, bien
que gestir au sens de “couvrir la femelle” n’ap-
paraisse que vers la fin du 15es., le substantif dé-
signait à la fois le lieu de l’union charnelle des
êtres humains (couche, lit) et celui de l’ac-
couplement des animaux, sans que le premier
des deux sens doive nécessairement être consi-
déré comme un emploi figuré du second (ainsi
Lecoy, Le.).] {gestoire 13es. TraîtresS 82; ModusT
61,10 var. 5 mss. 14e-15es. ; 82,9, var. 9 mss. 14e-
15es. ; gettoire ib. 61,10 var. 7 mss. 14e-15es. ; 82,9
var. 4 mss. 15es. ; getorie ib. 61,10 var. ms. 15es.,
gistoere ib. 82,9 suivant le seul ms. A de 1379,
gissoere ib. 82,9 var. 2 mss. 15es., getterye ib. 82,9
var. ms. 15es., gestore ib. 61,10 suivant le seul ms.
A de 1379, gestoure EnfRenC) ♦ “lieu d’ac-
couplement de la louve et du loup” (2em.l3es.
EnfRenC 4555 [Braient et ullent, moult laide noi-
se y a, Aussi com leu qui en gestoure va, Autre
langage en Picernie n’a]-, ca.1375 ModusT 61,10
[Qui veut prendre les leus a bissonner, le tans si
est à la fin du mois de février, et est le tans que il
sont départis de la gestore, pour quoi il sont fa-
meleuz]; 82,9 [Quant vendra a la fin de février
que les leus départent de la gistoere, lesquieux
sont afamés]f, ♦ “couche de prostituée” (13es.,
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