GLIIER, GLICIER
GLIIER, GLICIER
glicier, v. la nouvelle explication ci-dessous). On
a essayé antérieurement de dériver glicier de
mha. glitsen, Diez 599, aha. glitsan Mackel 100,
ou aha. *glizjan Braune ZrP 20,365, mais le sens
de “glisser” n’est pas attesté pour ce mot, cf. FEW
16,46an4.
Il est malaisé de distinguer les dér. de gliier, gli-
cier de quelques autres mots, pour la plupart aus-
si d’origine germ., et très proches et par la forme
et par le sens: Le FEW a exclu de l’article *glI-
dan esclier et esclicier, sans doute à cause du
groupe cl au lieu de gl ; esclicier “glisser, dévier
(d’un coup)”, FEW 17,152b, serait, selon le FEW,
un emploi fig. de esclicier “faire voler en éclats
(surtout une lance)”; v.n. “voler en éclats”, de
l’abfrq. *SLÎTAN “fendre” Qslitjan), FEW
17,153b. Or, les deux sens de “voler en éclats” et
“glisser (d’une lance)” sont plutôt contraires, la
lance vole en éclats quand elle touche l’adversai-
re comme il faut, elle glisse quand elle a manqué
le point qu’il faut toucher; d’ailleurs, esclicier
“voler en éclats” désigne toujours ce qui se passe
de façon violente, ‘éclatante’ (cp. le sens fig. “je-
ter de l’eau au faucon pour le calmer” et mfr.
clicher “foirer”, FEW 17,152b; 153a), tandis que
“glisser” décrit un mouvement continu et d’une
certaine durée. Il semble donc que esclicier “glis-
ser (d’un coup)” est dér. de glicier (cf. Vising
ARom 2,17: ex- + glicier)-, esgl- est devenu escl-
soit parce que ce dernier groupe est beaucoup
plus fréquent en afr. (TL enregistre quelques 80
mots avec escl- contre 4 avec esgl-', pour afr.
sel-, escl- < germ. si-, esl- cf. Vising ARom
2,14), soit à cause de l’influence de esclicier “vo-
ler en éclats”, vu que les deux mots, désignant
tous les deux des événements au cours de la jou-
te, se trouvent assez souvent dans des contextes
semblables (bien qu’avec des sens différents, v.
ci-dessus). Cf. d’ailleurs mfr. s’esglicher “se glis-
ser, s’introduire furtivement” ca.1500, bmanc.
église “glisser”, FEW 16,45b, qui représentent
évidemment le comp. ex- + glicier-, d’autre part,
DC 2,372a donne un exemple de clider au lieu de
gli[d]er (doc. 1466).
Quand on accepte l’existence d’un comp. esclicier
de glicier, il ne semble plus nécessaire de faire
dériver esclier “glisser, dévier” (FetRom) d’un
abfrq. *SLÎDAN “glisser”, FEW 17,635a, qui
n’aurait survécu que dans ce seul exemple afr., v.
FEW 17,145a («Das wort muss trotz seiner ver-
einzelung wegen der lautgruppe -sel- sehr früh
entlehnt worden sein.»): Il s’agit sans doute d’un
comp. de glier, forme plus ancienne de glicier,
avec ex- (cf. l’exemple, quelque peu douteux, de
esglier dans OgDan); le -c- s’explique par l’in-
fluence de esclicier “glisser”, comp. plus répandu
(cf. encore esclier “faire éclater une pièce de
bois” < *SLÏTAN à côté de esclicier “voler en
éclats”, FEW 17,151a).
Par contre, deglicier “glisser”, enregistré par Gdf
et défini “glisser”, n’existe pas comme dér. de gli-
cier, v. ci-dessous. De même, esglinder, esclingder
provient de mnéerl. *SLINDEN “glisser”, cf.
FEW 17,147a, et doit être séparé de glicier, bien
que l’on trouve en mfr. une forme glincer au lieu
de glicer, v. FEW 16,46a, et cp. glacier/glainchier
et giber/gimber.
Les deux variantes gliier et glicier ont été em-
pruntés au fr. par plusieurs autres langues: de
gliier provient Alessandria zghiè “scivolare”
FEW 16,46a, de glicier proviennent piém. glissé
“insinuare, tralasciare, sorvolare; scivolare; sfug-
gire” GribaudoSeglie 408a, sglissant “sdrucciolo”
ib. ; bret. klisia “glisser” FEW 16,46a, et. p.-ê. aus-
si néerl. glissen, v. FEW 16,46a. - FEW 16,46a;
REW 3789.]
I. gliier {gliier SEloiP 34a, glier ca.1230 AloulM
162; SEloiP 33a; 45a; etc.) ♦ 1° v.n. “glisser, cou-
ler” (ca.1230 - 1294, AloulM 162 [Iluec endroit li
piez li glace, Que sa famé fu rafetie; Por son pié
qui ainsi li glie II esgarde tout environ]-, SEloiP
34a [Lors le veïssiés de rechief Et souspirer et lar-
moier, Et les larmes des iex gliier]-, 116b, TL
4,374; Gdf 4,290c [cite encore Pastour.
CLXXXII, ms. Oxf. Bodl., Douce 308, P. Meyer,
Rapp. : Kant Poil li glie, fait un ris amoras ; dans
l’article de Meyer ArchMiss 2esér. 5,213-244, on
ne trouve pas ce vers]; FEW 16,44a); ♦ v.pron.
“se glisser” (1294, SEloiP 33a [mult coiément se
glioit Jus de son lit]-, 45a [Tous las en son lit se
glioit], TL 4,374; Gdf 4,290c).
• glioire f. [Le sens exact de ce mot est difficile
à déterminer: il s’agit sans doute d’une partie de
la selle ou du harnais d’un cheval (bien que la
première attestation citée puisse suggérer l’idée
que la glioire appartienne à l’armure du cavalier
même, ce qui est difficilement admissible). Les
dictionnaires s’accordent presque tous à donner
la définition “partie de la housse couvrant la
croupe du cheval”; mais les différentes parties de
la housse portent aussi les noms de coliere, cro-
piere (dér. des parties du corps qu’elles couvrent,
cf. testiere, et dans DehDoc p. 247 (v. ci-dessous),
la crupiere et les gliores sont nommées toutes les
deux sans qu’il puisse s’agir de la même chose -
toutefois, dès l’afr., cropiere peut désigner aussi
la “longe de cuir qui passe sous la queue du che-
val”, FEW 16,417a; GdfC 9,255c; Schultz 1,495
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glicier, v. la nouvelle explication ci-dessous). On
a essayé antérieurement de dériver glicier de
mha. glitsen, Diez 599, aha. glitsan Mackel 100,
ou aha. *glizjan Braune ZrP 20,365, mais le sens
de “glisser” n’est pas attesté pour ce mot, cf. FEW
16,46an4.
Il est malaisé de distinguer les dér. de gliier, gli-
cier de quelques autres mots, pour la plupart aus-
si d’origine germ., et très proches et par la forme
et par le sens: Le FEW a exclu de l’article *glI-
dan esclier et esclicier, sans doute à cause du
groupe cl au lieu de gl ; esclicier “glisser, dévier
(d’un coup)”, FEW 17,152b, serait, selon le FEW,
un emploi fig. de esclicier “faire voler en éclats
(surtout une lance)”; v.n. “voler en éclats”, de
l’abfrq. *SLÎTAN “fendre” Qslitjan), FEW
17,153b. Or, les deux sens de “voler en éclats” et
“glisser (d’une lance)” sont plutôt contraires, la
lance vole en éclats quand elle touche l’adversai-
re comme il faut, elle glisse quand elle a manqué
le point qu’il faut toucher; d’ailleurs, esclicier
“voler en éclats” désigne toujours ce qui se passe
de façon violente, ‘éclatante’ (cp. le sens fig. “je-
ter de l’eau au faucon pour le calmer” et mfr.
clicher “foirer”, FEW 17,152b; 153a), tandis que
“glisser” décrit un mouvement continu et d’une
certaine durée. Il semble donc que esclicier “glis-
ser (d’un coup)” est dér. de glicier (cf. Vising
ARom 2,17: ex- + glicier)-, esgl- est devenu escl-
soit parce que ce dernier groupe est beaucoup
plus fréquent en afr. (TL enregistre quelques 80
mots avec escl- contre 4 avec esgl-', pour afr.
sel-, escl- < germ. si-, esl- cf. Vising ARom
2,14), soit à cause de l’influence de esclicier “vo-
ler en éclats”, vu que les deux mots, désignant
tous les deux des événements au cours de la jou-
te, se trouvent assez souvent dans des contextes
semblables (bien qu’avec des sens différents, v.
ci-dessus). Cf. d’ailleurs mfr. s’esglicher “se glis-
ser, s’introduire furtivement” ca.1500, bmanc.
église “glisser”, FEW 16,45b, qui représentent
évidemment le comp. ex- + glicier-, d’autre part,
DC 2,372a donne un exemple de clider au lieu de
gli[d]er (doc. 1466).
Quand on accepte l’existence d’un comp. esclicier
de glicier, il ne semble plus nécessaire de faire
dériver esclier “glisser, dévier” (FetRom) d’un
abfrq. *SLÎDAN “glisser”, FEW 17,635a, qui
n’aurait survécu que dans ce seul exemple afr., v.
FEW 17,145a («Das wort muss trotz seiner ver-
einzelung wegen der lautgruppe -sel- sehr früh
entlehnt worden sein.»): Il s’agit sans doute d’un
comp. de glier, forme plus ancienne de glicier,
avec ex- (cf. l’exemple, quelque peu douteux, de
esglier dans OgDan); le -c- s’explique par l’in-
fluence de esclicier “glisser”, comp. plus répandu
(cf. encore esclier “faire éclater une pièce de
bois” < *SLÏTAN à côté de esclicier “voler en
éclats”, FEW 17,151a).
Par contre, deglicier “glisser”, enregistré par Gdf
et défini “glisser”, n’existe pas comme dér. de gli-
cier, v. ci-dessous. De même, esglinder, esclingder
provient de mnéerl. *SLINDEN “glisser”, cf.
FEW 17,147a, et doit être séparé de glicier, bien
que l’on trouve en mfr. une forme glincer au lieu
de glicer, v. FEW 16,46a, et cp. glacier/glainchier
et giber/gimber.
Les deux variantes gliier et glicier ont été em-
pruntés au fr. par plusieurs autres langues: de
gliier provient Alessandria zghiè “scivolare”
FEW 16,46a, de glicier proviennent piém. glissé
“insinuare, tralasciare, sorvolare; scivolare; sfug-
gire” GribaudoSeglie 408a, sglissant “sdrucciolo”
ib. ; bret. klisia “glisser” FEW 16,46a, et. p.-ê. aus-
si néerl. glissen, v. FEW 16,46a. - FEW 16,46a;
REW 3789.]
I. gliier {gliier SEloiP 34a, glier ca.1230 AloulM
162; SEloiP 33a; 45a; etc.) ♦ 1° v.n. “glisser, cou-
ler” (ca.1230 - 1294, AloulM 162 [Iluec endroit li
piez li glace, Que sa famé fu rafetie; Por son pié
qui ainsi li glie II esgarde tout environ]-, SEloiP
34a [Lors le veïssiés de rechief Et souspirer et lar-
moier, Et les larmes des iex gliier]-, 116b, TL
4,374; Gdf 4,290c [cite encore Pastour.
CLXXXII, ms. Oxf. Bodl., Douce 308, P. Meyer,
Rapp. : Kant Poil li glie, fait un ris amoras ; dans
l’article de Meyer ArchMiss 2esér. 5,213-244, on
ne trouve pas ce vers]; FEW 16,44a); ♦ v.pron.
“se glisser” (1294, SEloiP 33a [mult coiément se
glioit Jus de son lit]-, 45a [Tous las en son lit se
glioit], TL 4,374; Gdf 4,290c).
• glioire f. [Le sens exact de ce mot est difficile
à déterminer: il s’agit sans doute d’une partie de
la selle ou du harnais d’un cheval (bien que la
première attestation citée puisse suggérer l’idée
que la glioire appartienne à l’armure du cavalier
même, ce qui est difficilement admissible). Les
dictionnaires s’accordent presque tous à donner
la définition “partie de la housse couvrant la
croupe du cheval”; mais les différentes parties de
la housse portent aussi les noms de coliere, cro-
piere (dér. des parties du corps qu’elles couvrent,
cf. testiere, et dans DehDoc p. 247 (v. ci-dessous),
la crupiere et les gliores sont nommées toutes les
deux sans qu’il puisse s’agir de la même chose -
toutefois, dès l’afr., cropiere peut désigner aussi
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