GRIETÉ
parfonde greve, gloss, “lieu plein de sable et pierreux,
dans le voisinage des rivières...”, et TL 4,639:
“fig. terre graveleuse”, mais certainement à ranger
ici]; SommeLaurE p. 23 [Nient n’ont plus de pooir
encontre vertus, grieves, mescheances e dolours ne
quanque fortune puet menacier e faire]-, YsLyonF
1051; 2360, TL 4,656). ♦ 2° “ce qui demande des
efforts pour être réalisé” (ca. 1195, AmbroiseP 10619
[la chalur tote rien seche En la terre, ...Si que devant
bones deux lues, U nos n’avioms pais ne triuues, Ne
fust sanz grieve eve trovee], TL 4,656). ♦ 3° t. de
droit “perte d’un bien par le fait d’autrui” (1262 -
1381, doc. bourg. 1262 Gdf; doc. 1266 DocVosL
110,17 [H rois de France... nos feist amender la
defaute et rendre costes et grieves, a sairement
dou dit procurour]; 114,12; BanMetzW [gloss, sans
renvoi]; doc. frcomt. 1293 Gdf; CoutBourgM chap.
XXIV [et quiconque s deffaut si rent a l’autre loiaul
costes et loial grieves]; XXX; etc.; [1381 RotParl'M
3,102], TL 4,657; Gdf 4,356c; Stone 342b; FEW
4,264b). - Stadtler.
[GRIÉS adj., enregistré avec *?’ par TL 4,653, qui
définit “roh, unbearbeitet”, et renvoie à REW 3857a
*GRËDius, FEW 4,267a et Gam1 485b grège [soie
grège). Le mot apparaît une fois dans le ms. A (pic.
mil. 14es.) de ca. 1300 JakD 6583. Dans le ms. B
(pic. mil. 14es.), le passage se lit comme suit: (un
castellains se déguise en pauvre miercier) quist son
atour Teil com a miercier couvenoit, Et s’atourna
bien et a droit: Panier quist et sorlers loÿs Et
houcette d’un buriel gris Et un viés cappiel deskiré.
L’homme se chausse donc de souliers loeïz (“qu’on
peut acheter”, “de peu de valeur”, cf. TL 5,560,7) et
se vêt d’un tissu grossier gris. Le ms. A donne solers
loiés et burel griés (JakC 6611 et JakD var.). Le texte
de ce ms. contient maints remaniements maladroits
(JakD p. XVIII-XX). Il est probable qu’il a interprété
à tort loÿs comme *loiié bien que la qualification
de souliers comme ‘liés’ soit peu justifiable (ce seul
ex. dans TL 5,461,37), et qu’il a adapté ensuite gris
en griés pour se conformer à la rime. Par principe
il ne faut pas chercher une solution complexe à
un problème de ce genre sur la base d’un texte
reconnu comme obscur: essayer de voir dans griés
une première att. fr. spectaculaire d’un *GRÉDIUS
hypothétique (construit comme base de it. greggio,
dep. av. 1600, v. CortZol 520a, d’où fr. [soie) grège,
dep. 1679, FEW 4,267a) n’est pas approprié; ce serait
fonder une hypothèse sur une hypothèse en elle-
même invraisemblable (sens, date, géographie ling.),
ce qui est méthodologiquement inacceptable. La
solution simple est de comprendre griés comme une
variante graphique (attestée) de -> grieu “grec”. Le
texte ainsi obtenu offre un sens satisfaisant (cp. paile,
samis gregois, etc., tissus pourtant plutôt précieux, cf.
-> GREZOIS “grec”), en tout cas acceptable pour un
‘scribe se satisfaisant d’à peu prés’.] — Môhren.
GRIETÉ f. [Du It.vulg. *GREVITAS, forme modi-
fiée de 1t. GRAVITAS, -ATEM par analogie avec
*grevis < gravis (v. -> GRIEF). Gravitas “pesan-
teur”, “dignité”, “importance”, “ce qui est pénible
à supporter”, etc. (ThesLL 62,2305), existe dans
les langues romanes sous forme empruntée, cp. fr.
-> GRAVITÉ; it. gravità (dep. 2em. 13es., Battaglia
7,10b); esp. gravedad (dep. 2eq. 15es., Corom2
3,203a); port, gravidade (dep. 14es., Mach3 3,176a);
cat. gravitât, gravetat[âep. 13es., CoromCat 4,65 la);
aocc. gravitât (14es., Rn 3,509b); rhétorom. gravità,
gravitad (DiczRGr 7,770b), *grevitas sous forme
héréditaire, cp. acat. greutat (déb. 14es., CoromCat
4,650b). Le roum. greutata est plutôt formé sur roum.
greu que continuateur de *grevitatem (cf. Cioranescu
379a). En acat., on trouve aussi l’emprunt isolé gre-
vitat (Llull, Colom 3,49b). — Des acceptions di-
verses qu’avait gravitas en 1t., l’afr. grieté n’a que
celle de “ce qui est pénible à supporter” et, très
rarement, celle de “difficulté”. A partir du milieu
du 14es. sont attestés grieveté, greveté etc. qui mon-
trent une influence de l’adj. fém. grieve, greve. A
noter que griefté, grefté peuvent être formés sur
grief. — FEW 4,266b.] [grieté fin 12es. GregEzH
13,20; 13,23 [c.r. sg. -teiz]; DialGregF 105,8 [c.r. sg.
-teit]; CantLandP 399 [éd. griece, corr. G.Roques ZrP
94,161]; 1246 [éd. K’ a agriece 1. Ke a grieté Roques];
1574 [éd. griece, corr. Roques]; 2791 [éd. griece,
corr. Roques]; RenclCarH 140,8; RenclMisH 24,6;
AnsCartA 11282; RègleCistG 407; CoincyII25K 85;
Pères43B 33; 238; MontRayn 6,64,337; 343; Rayn-
Motets 1,60; 242; etc.; Dellsr BonnardBible 126;
etc.etc., griefté CantLandP 663 [éd. griesce, corr.
G. Hasenohr CCM 19,291]; IntrAstr BN fr. 1353
f°40v°a; AmeBerlBB 5e; Pères43B 34var.; doc. 1332
MantouFlandr 55,2 [c.r. sg. -tei]; JMoteRegrS 1848;
JMoteVoieP 2758; 4499; RenContrR 9806; 19411;
etc.; TristNantS 16124; 21256; BaudSebB 124; 314;
etc.etc., grité doc. Le Val-Saint-Lambert 1290 Gdf
[ms. 14es., Stein 2088]; [mfr. ChevCygneBruxP 319
[éd. s’agrité 1. sa grité]], greté GlParR 3737; poème
14es. Gdf, grefté ArtAimAgnS 27; 67; 619; etc.;
TristNantS 12774; 16389; 21305, greveté GIConchR
3737) ♦ 1° “ce qui est pénible à supporter (dans
les ordres matériel, physique ou psychique)” (fin
12es. - 15es., GregEzH 13,20; 13,23; CantLandP
399; 663; 1246; etc.; RenclCarH 140,8; RenclMisH
24,6 [Viegne poverté, sois et fains, Ou autre maus,
s’amis n’est fains, Dieus est compains en se grieté];
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dans le voisinage des rivières...”, et TL 4,639:
“fig. terre graveleuse”, mais certainement à ranger
ici]; SommeLaurE p. 23 [Nient n’ont plus de pooir
encontre vertus, grieves, mescheances e dolours ne
quanque fortune puet menacier e faire]-, YsLyonF
1051; 2360, TL 4,656). ♦ 2° “ce qui demande des
efforts pour être réalisé” (ca. 1195, AmbroiseP 10619
[la chalur tote rien seche En la terre, ...Si que devant
bones deux lues, U nos n’avioms pais ne triuues, Ne
fust sanz grieve eve trovee], TL 4,656). ♦ 3° t. de
droit “perte d’un bien par le fait d’autrui” (1262 -
1381, doc. bourg. 1262 Gdf; doc. 1266 DocVosL
110,17 [H rois de France... nos feist amender la
defaute et rendre costes et grieves, a sairement
dou dit procurour]; 114,12; BanMetzW [gloss, sans
renvoi]; doc. frcomt. 1293 Gdf; CoutBourgM chap.
XXIV [et quiconque s deffaut si rent a l’autre loiaul
costes et loial grieves]; XXX; etc.; [1381 RotParl'M
3,102], TL 4,657; Gdf 4,356c; Stone 342b; FEW
4,264b). - Stadtler.
[GRIÉS adj., enregistré avec *?’ par TL 4,653, qui
définit “roh, unbearbeitet”, et renvoie à REW 3857a
*GRËDius, FEW 4,267a et Gam1 485b grège [soie
grège). Le mot apparaît une fois dans le ms. A (pic.
mil. 14es.) de ca. 1300 JakD 6583. Dans le ms. B
(pic. mil. 14es.), le passage se lit comme suit: (un
castellains se déguise en pauvre miercier) quist son
atour Teil com a miercier couvenoit, Et s’atourna
bien et a droit: Panier quist et sorlers loÿs Et
houcette d’un buriel gris Et un viés cappiel deskiré.
L’homme se chausse donc de souliers loeïz (“qu’on
peut acheter”, “de peu de valeur”, cf. TL 5,560,7) et
se vêt d’un tissu grossier gris. Le ms. A donne solers
loiés et burel griés (JakC 6611 et JakD var.). Le texte
de ce ms. contient maints remaniements maladroits
(JakD p. XVIII-XX). Il est probable qu’il a interprété
à tort loÿs comme *loiié bien que la qualification
de souliers comme ‘liés’ soit peu justifiable (ce seul
ex. dans TL 5,461,37), et qu’il a adapté ensuite gris
en griés pour se conformer à la rime. Par principe
il ne faut pas chercher une solution complexe à
un problème de ce genre sur la base d’un texte
reconnu comme obscur: essayer de voir dans griés
une première att. fr. spectaculaire d’un *GRÉDIUS
hypothétique (construit comme base de it. greggio,
dep. av. 1600, v. CortZol 520a, d’où fr. [soie) grège,
dep. 1679, FEW 4,267a) n’est pas approprié; ce serait
fonder une hypothèse sur une hypothèse en elle-
même invraisemblable (sens, date, géographie ling.),
ce qui est méthodologiquement inacceptable. La
solution simple est de comprendre griés comme une
variante graphique (attestée) de -> grieu “grec”. Le
texte ainsi obtenu offre un sens satisfaisant (cp. paile,
samis gregois, etc., tissus pourtant plutôt précieux, cf.
-> GREZOIS “grec”), en tout cas acceptable pour un
‘scribe se satisfaisant d’à peu prés’.] — Môhren.
GRIETÉ f. [Du It.vulg. *GREVITAS, forme modi-
fiée de 1t. GRAVITAS, -ATEM par analogie avec
*grevis < gravis (v. -> GRIEF). Gravitas “pesan-
teur”, “dignité”, “importance”, “ce qui est pénible
à supporter”, etc. (ThesLL 62,2305), existe dans
les langues romanes sous forme empruntée, cp. fr.
-> GRAVITÉ; it. gravità (dep. 2em. 13es., Battaglia
7,10b); esp. gravedad (dep. 2eq. 15es., Corom2
3,203a); port, gravidade (dep. 14es., Mach3 3,176a);
cat. gravitât, gravetat[âep. 13es., CoromCat 4,65 la);
aocc. gravitât (14es., Rn 3,509b); rhétorom. gravità,
gravitad (DiczRGr 7,770b), *grevitas sous forme
héréditaire, cp. acat. greutat (déb. 14es., CoromCat
4,650b). Le roum. greutata est plutôt formé sur roum.
greu que continuateur de *grevitatem (cf. Cioranescu
379a). En acat., on trouve aussi l’emprunt isolé gre-
vitat (Llull, Colom 3,49b). — Des acceptions di-
verses qu’avait gravitas en 1t., l’afr. grieté n’a que
celle de “ce qui est pénible à supporter” et, très
rarement, celle de “difficulté”. A partir du milieu
du 14es. sont attestés grieveté, greveté etc. qui mon-
trent une influence de l’adj. fém. grieve, greve. A
noter que griefté, grefté peuvent être formés sur
grief. — FEW 4,266b.] [grieté fin 12es. GregEzH
13,20; 13,23 [c.r. sg. -teiz]; DialGregF 105,8 [c.r. sg.
-teit]; CantLandP 399 [éd. griece, corr. G.Roques ZrP
94,161]; 1246 [éd. K’ a agriece 1. Ke a grieté Roques];
1574 [éd. griece, corr. Roques]; 2791 [éd. griece,
corr. Roques]; RenclCarH 140,8; RenclMisH 24,6;
AnsCartA 11282; RègleCistG 407; CoincyII25K 85;
Pères43B 33; 238; MontRayn 6,64,337; 343; Rayn-
Motets 1,60; 242; etc.; Dellsr BonnardBible 126;
etc.etc., griefté CantLandP 663 [éd. griesce, corr.
G. Hasenohr CCM 19,291]; IntrAstr BN fr. 1353
f°40v°a; AmeBerlBB 5e; Pères43B 34var.; doc. 1332
MantouFlandr 55,2 [c.r. sg. -tei]; JMoteRegrS 1848;
JMoteVoieP 2758; 4499; RenContrR 9806; 19411;
etc.; TristNantS 16124; 21256; BaudSebB 124; 314;
etc.etc., grité doc. Le Val-Saint-Lambert 1290 Gdf
[ms. 14es., Stein 2088]; [mfr. ChevCygneBruxP 319
[éd. s’agrité 1. sa grité]], greté GlParR 3737; poème
14es. Gdf, grefté ArtAimAgnS 27; 67; 619; etc.;
TristNantS 12774; 16389; 21305, greveté GIConchR
3737) ♦ 1° “ce qui est pénible à supporter (dans
les ordres matériel, physique ou psychique)” (fin
12es. - 15es., GregEzH 13,20; 13,23; CantLandP
399; 663; 1246; etc.; RenclCarH 140,8; RenclMisH
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