GUÉ
‘Kleiner Teich’ du FEW ne saurait accueillir l’att.,
le sens n’étant pas existant à date anc. au moins. Il
faut donc lire l’e guets et rattacher le mot à AQUA,
v. FEW 25,65b; anorm. euiz m. “lieu plein d’eau”,
ca. 1170 (bien que la déf. soit trop restreinte pour
l’att. tirée de ca. 1170 ChronSMichelR 516 où des
guêtres protègent contre les euïz pendant un voyage
de messagers). — Il est peu prob. que hain. vais,
1327 WatrS 270,1228, TL 11,90; Gdf 8,137a; FEW
17,545b, soit à identifier avec gué. La forme serait
acceptable, mais le contexte suggère une significa-
tion négative, d’où TL “Schlamm” (au fig.). L’étym.
fait difficulté, v. FEW; ZrP 91,109; -> GACEL, GA-
SON; cp. -> GUACE. — FEW 17,439a, 1.2.b. gasser
etc. est transféré ib. 642b à *wattja, ib. 550a. Cf.
LEI 3',586,30, qui veut rattacher toute la famille
de *wattja à AQUA (corr. “passer a guado”). Cp. ->
GACEL et GUACE. — FEW 17,438b «awallon. wez
(1211, HaustChartesOthee)» est à corriger: la date
concerne un régeste fr. de 1409 d’un doc. latin. Sup-
primer ib. anorm. vé\ RouH II 3839 lit eve “eau”.
Ib. anorm. ved est introuvable. — FEW 17,439a
«mfr. gué “marée basse permettant de passer à pied”
(hbret., Planiol)» est tiré du gloss, de ca. 1320 Cout-
BretP: le mot y conserve pourtant son sens pre-
mier, bien qu’il soit question d’un endroit guéable
à marée basse (ceulx... qui [veulentpasser] la mer
et n’ont pas [attenance] de attendre le gué... En
cas semblable il semble que ils soient foulz et des-
pourveüz de san, p. 75,13). — TL 4,725,38 “Wasser-
graben vor der Burg” est documenté par RCambr et
Ferg. Dans RCambrK 1776 il est question de cheva-
liers qui chevauchent vite vers Roye sur Avre, De
ci au gué ne sont aresteü; c’est sans doute un pas-
sage sur l’Avre et pas un fossé du château. Dans
FergM 85,12 (= FergF 3125) “fossé” est suggéré
par le contexte immédiat, mais exclu par le contexte
large; v. sous 1° (par ext.; le pluriel se rencontre
aussi avec le sens primitif), cp. aussi LicorneG 2353:
gloss. “Graben” erroné. — TL 4,725,51 “Wiesen-
niederung (mit einem Wasserlauf)”, RCambrK 1217,
est à supprimer, le mot ne saurait prendre cette ac-
ception et les faits s’expliquent: le gué est situé dans
la rivière mentionnée au v. 1104; le terrain au bord
de cette rivière, à ce même endroit, est nommé bruel
auv. 1082. Suppr. aussi FEW 17,439b «Aflandr. gués
“pâturage au bord de l’eau” (13.jh.)». — TL 4,726,4
donne la déf. “(übertr.) Zwischenraum”, attestée par
un seul contexte: le fer d’une lance escappa..., Ou
wiet dez armëurez passa si doucement Qu ’il nefist a
Hüon ny anoy ne tourment (pic. ca. 1358 HugCapL
3701). L’extension du sens n’est pas très probable;
la forme wiet est isolée. Il faut le rattacher à 1t.
*VÔCÏTUS, FEW 14,589b, où “partie d’une armure
qui laisse le corp découvert” avec cette même att.
tirée de Gdf 8,317b (= ‘vuit ca. 1320’); pour la gra-
phie cp. Tournai 1392 viesbus, FEW 14,590a. [Etym.
par G. Roques; ma proposition avancée ailleurs, <
ui “ouverture”, n’est pas valable.] — TL 4,720,39
gaie[r] est qualifié de “übertr.”, soit “se baigner (au
fig.)” (Lz Chars s’enorguillist et gaie, SeptVicesB
61). Sans avoir vu Henry R 68,507, mais en accord
avec lui, l’att. est rangée sous gai, R 91,227-230;
DEAF G 39,3. Henry définit “se parer, se pompon-
ner”, DEAF “se développer au détriment de l’âme
(en parlant de la chair)”, définition contextuelle; le
sens se rattache à gai 2° “insouciant, qui aime à
vivre, frivole, volage”, 36,46 (cf. 3° et cp. mener
gaie vie, BaudSebB, ib. 44, mal placé sous 1°: il est
question de violer une femme). — AliscMH 1173 gié
est une déformation de gué, selon Holden MedAev
56,334; gloss, “ruscello (?)” manque de fondement;
cp.gz/ep AliscMH 709; 6061. AliscW 1055 et AliscRé
1249 donnent gué (les gués grossissent par le sang
des décapités: emploi à expliquer). — Gdf 4,372b
gu m. “fond, creux ?” manque dans GdfLex et dans
le FEW. Le mot est donné d’après SaisnMich CIII
qui édite en principe le ms. Cologny; celui-ci donne
nettement gu (renseign. dû au conserv. H. Braun),
cf. SaisnM 2288var. et SaisnLB 2174var. Le ms., de
facture rapide, saute souvent des lettres, spéc. e, cf.
SaisntB 1987 sz - sez', 2130 outrepassz = -sez\ etc.,
de sorte que l’on est en droit de corriger gu en gué\
Dedanz Rune (une rivière) se fiert... Que d’autre
part issi dou gu[é] de la gravele (il est question du
gué au v. 2105; 2120; 2147). — Stone 345a “water-
course” erroné: qn passe un bras de mer par un gué
profond mais guéable, le bon cheval se met a port
(SOsithB 603; 608). — Certaines gloses dans Alex-
Doct, mss. 2em. 13es., glosent lacus et palus, mais
aussi vadum, -a par wé(s), v. HuntTeach 2,8; 15; 17;
18; 23, de même AdParv lacus, ib. 2,46. Il serait osé
de se fier à de telles gloses pour postuler l’existence
de sens correspondants (un même ms. donne wé pour
palus et pour vada, 17; 18). [La glose wes, HuntTeach
2,102, représente voies.] — Agn. guerde, donné ci-
dessous comme var. de gué, vient d’une lettre agn.
au fr. assez correct. Il y est question d’un gué pas-
sant VEsk (= Usk) sous Bergeveny (= Abergavenny)
dans le comté de Went (= Gwent). C’est sur terre gal-
loise. Y a-t-il une contamination avec gall. rit “gué”
ou plutôt mangl. fordie)] — Cp. guesuel, var. de
gasçueil, -> GACEL, DEAF G 23,35: influence de
gué] Cf. aussi FEW 17,642b. - Dans R 91,230 se
trouve une version du présent article établie en 1969,
compilée sur la base de matériaux de seconde main
et sans recherches philologiques: elle possède une
valeur métalexicographique.]
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le sens n’étant pas existant à date anc. au moins. Il
faut donc lire l’e guets et rattacher le mot à AQUA,
v. FEW 25,65b; anorm. euiz m. “lieu plein d’eau”,
ca. 1170 (bien que la déf. soit trop restreinte pour
l’att. tirée de ca. 1170 ChronSMichelR 516 où des
guêtres protègent contre les euïz pendant un voyage
de messagers). — Il est peu prob. que hain. vais,
1327 WatrS 270,1228, TL 11,90; Gdf 8,137a; FEW
17,545b, soit à identifier avec gué. La forme serait
acceptable, mais le contexte suggère une significa-
tion négative, d’où TL “Schlamm” (au fig.). L’étym.
fait difficulté, v. FEW; ZrP 91,109; -> GACEL, GA-
SON; cp. -> GUACE. — FEW 17,439a, 1.2.b. gasser
etc. est transféré ib. 642b à *wattja, ib. 550a. Cf.
LEI 3',586,30, qui veut rattacher toute la famille
de *wattja à AQUA (corr. “passer a guado”). Cp. ->
GACEL et GUACE. — FEW 17,438b «awallon. wez
(1211, HaustChartesOthee)» est à corriger: la date
concerne un régeste fr. de 1409 d’un doc. latin. Sup-
primer ib. anorm. vé\ RouH II 3839 lit eve “eau”.
Ib. anorm. ved est introuvable. — FEW 17,439a
«mfr. gué “marée basse permettant de passer à pied”
(hbret., Planiol)» est tiré du gloss, de ca. 1320 Cout-
BretP: le mot y conserve pourtant son sens pre-
mier, bien qu’il soit question d’un endroit guéable
à marée basse (ceulx... qui [veulentpasser] la mer
et n’ont pas [attenance] de attendre le gué... En
cas semblable il semble que ils soient foulz et des-
pourveüz de san, p. 75,13). — TL 4,725,38 “Wasser-
graben vor der Burg” est documenté par RCambr et
Ferg. Dans RCambrK 1776 il est question de cheva-
liers qui chevauchent vite vers Roye sur Avre, De
ci au gué ne sont aresteü; c’est sans doute un pas-
sage sur l’Avre et pas un fossé du château. Dans
FergM 85,12 (= FergF 3125) “fossé” est suggéré
par le contexte immédiat, mais exclu par le contexte
large; v. sous 1° (par ext.; le pluriel se rencontre
aussi avec le sens primitif), cp. aussi LicorneG 2353:
gloss. “Graben” erroné. — TL 4,725,51 “Wiesen-
niederung (mit einem Wasserlauf)”, RCambrK 1217,
est à supprimer, le mot ne saurait prendre cette ac-
ception et les faits s’expliquent: le gué est situé dans
la rivière mentionnée au v. 1104; le terrain au bord
de cette rivière, à ce même endroit, est nommé bruel
auv. 1082. Suppr. aussi FEW 17,439b «Aflandr. gués
“pâturage au bord de l’eau” (13.jh.)». — TL 4,726,4
donne la déf. “(übertr.) Zwischenraum”, attestée par
un seul contexte: le fer d’une lance escappa..., Ou
wiet dez armëurez passa si doucement Qu ’il nefist a
Hüon ny anoy ne tourment (pic. ca. 1358 HugCapL
3701). L’extension du sens n’est pas très probable;
la forme wiet est isolée. Il faut le rattacher à 1t.
*VÔCÏTUS, FEW 14,589b, où “partie d’une armure
qui laisse le corp découvert” avec cette même att.
tirée de Gdf 8,317b (= ‘vuit ca. 1320’); pour la gra-
phie cp. Tournai 1392 viesbus, FEW 14,590a. [Etym.
par G. Roques; ma proposition avancée ailleurs, <
ui “ouverture”, n’est pas valable.] — TL 4,720,39
gaie[r] est qualifié de “übertr.”, soit “se baigner (au
fig.)” (Lz Chars s’enorguillist et gaie, SeptVicesB
61). Sans avoir vu Henry R 68,507, mais en accord
avec lui, l’att. est rangée sous gai, R 91,227-230;
DEAF G 39,3. Henry définit “se parer, se pompon-
ner”, DEAF “se développer au détriment de l’âme
(en parlant de la chair)”, définition contextuelle; le
sens se rattache à gai 2° “insouciant, qui aime à
vivre, frivole, volage”, 36,46 (cf. 3° et cp. mener
gaie vie, BaudSebB, ib. 44, mal placé sous 1°: il est
question de violer une femme). — AliscMH 1173 gié
est une déformation de gué, selon Holden MedAev
56,334; gloss, “ruscello (?)” manque de fondement;
cp.gz/ep AliscMH 709; 6061. AliscW 1055 et AliscRé
1249 donnent gué (les gués grossissent par le sang
des décapités: emploi à expliquer). — Gdf 4,372b
gu m. “fond, creux ?” manque dans GdfLex et dans
le FEW. Le mot est donné d’après SaisnMich CIII
qui édite en principe le ms. Cologny; celui-ci donne
nettement gu (renseign. dû au conserv. H. Braun),
cf. SaisnM 2288var. et SaisnLB 2174var. Le ms., de
facture rapide, saute souvent des lettres, spéc. e, cf.
SaisntB 1987 sz - sez', 2130 outrepassz = -sez\ etc.,
de sorte que l’on est en droit de corriger gu en gué\
Dedanz Rune (une rivière) se fiert... Que d’autre
part issi dou gu[é] de la gravele (il est question du
gué au v. 2105; 2120; 2147). — Stone 345a “water-
course” erroné: qn passe un bras de mer par un gué
profond mais guéable, le bon cheval se met a port
(SOsithB 603; 608). — Certaines gloses dans Alex-
Doct, mss. 2em. 13es., glosent lacus et palus, mais
aussi vadum, -a par wé(s), v. HuntTeach 2,8; 15; 17;
18; 23, de même AdParv lacus, ib. 2,46. Il serait osé
de se fier à de telles gloses pour postuler l’existence
de sens correspondants (un même ms. donne wé pour
palus et pour vada, 17; 18). [La glose wes, HuntTeach
2,102, représente voies.] — Agn. guerde, donné ci-
dessous comme var. de gué, vient d’une lettre agn.
au fr. assez correct. Il y est question d’un gué pas-
sant VEsk (= Usk) sous Bergeveny (= Abergavenny)
dans le comté de Went (= Gwent). C’est sur terre gal-
loise. Y a-t-il une contamination avec gall. rit “gué”
ou plutôt mangl. fordie)] — Cp. guesuel, var. de
gasçueil, -> GACEL, DEAF G 23,35: influence de
gué] Cf. aussi FEW 17,642b. - Dans R 91,230 se
trouve une version du présent article établie en 1969,
compilée sur la base de matériaux de seconde main
et sans recherches philologiques: elle possède une
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