Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Defrasse, Alphonse; Lechat, Henri
Epidaure: restauration et description des principaux monuments du Sanctuaire d'Asclepsios — Paris, 1895

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.3444#0187
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
EPIDAURE.

Kynortion, tandis qu'Artémis, qui a déjà un domicile sur le mont voisin Koryphaion,
en possède un autre encore en plein Hiéron, tout près de celui d'Asclépios.
comme si elle venait par ordre d'importance immédiatement après lui. Il ne
faut pas conclure de là qu'Artémis soit une divinité médicale, jusqu'à ce joui-
méconnue; car, dans tel autre sanctuaire d'Asclépios, elle pouvait fort bien n'avoir
pas même un autel. Cela prouve simplement que les Epidauriens avaient
pour elle une dévotion spéciale, dont il serait vain, au surplus, de rechercher les
causes.

Si le rang des personnages divins réunis dans un sanctuaire avait été réglé
suivant leur parenté ou leur analogie avec le principal occupant, la première place
après Asclépios aurait dû être donnée — puisqu'elle n'était pas prise par son père
Apollon — à sa femme Epioné. Or, celle-ci n'avait point de temple qui lui
fût propre ; elle n'était représentée que par une statue, à laquelle on rendait un
culte. Culte modeste, assurément, qui n'a laissé que des traces bien légères. Le
nom d'Epioné se rencontre très rarement dans les inscriptions du Hiéron ' ; il ne
devait donc pas sortir souvent des lèvres des pèlerins, sinon dans de vieilles for-
mules, machinalement répétées. Peut-être faut-il reconnaître une réduction de
l'image sacrée sur le revers de certaines monnaies d'Epidaure, où l'on voit une
femme, à l'aspect archaïque, debout et tenant une patère à la main2. Ce culte, qui
ne réussit jamais à prendre l'essor, était pourtant très antique : le nom même
d'Epioné en est une preuve. 'HitwJvïi, les anciens l'avaient déjà remarqué, est une
forme féminine du mot <jmo;, lequel a contribué à composer le nom d'Asclépios.
Asclépios et Epioné constituent ainsi un couple divin à nom unique, et cela nous
reporte à la phase, évidemment très ancienne, de la mythologie grecque, où
l'unique divinité de chaque canton, conçue primitivement comme réunissant en
elle les deux principes mâle et femelle, se dédoubla en un dieu et une déesse,
égaux et identiques par essence, mais formant désormais un couple analogue aux
couples humains. En raison de cette analogie, la déesse fut appelée la « femme »
du dieu ; mais, à parler plus exactement, elle en était le féminin : Epioné est le
féminin, non la femme d'Asclépios, comme Dioné à Dodone était le féminin, plutôt
que la femme, de Zeus '.

La force de la tradition maintint le culte d'Epioné, si effacé qu'il fût, dans les

i. Inscription de M. Julius Apellas, traduite au chapitre V, p. i52-i53; voir aussi Cavvadias, Fouilles
d'Epidaure, p. 43, n° 35 (inscription d'e'poque romaine également].

2. Catalogue 0/greek Coins. Peloponnesus, p. 157, planche XXIX, i5 et 16.

3. Nous ne pouvons ici qu'indiquer sommairement ces considérations mythologiques, en nous bornant
à ce qui est nécessaire pour l'intelligence du nom et du rôle d'Epioné. L'exemple de la Dioné de Dodone
n'est pas le seul à citer : des divinités qui vont par paires, comme Apollon Oulios et Artémis Oulia (Phéré-
cyde de Léros, cité par Macrobe, Saturnalia, I, 17), Zeus Sthénios et Athéna Sthénias, à Trézène (Pausanias,
II, 3o. § 6 et 3a, § 7), sont sûrement des dédoublements d'une divinité primitive unique.
 
Annotationen