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RETOUR DE CHARLES VIII A PISE.

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d'un bal, toutes les femmes présentes, les plus belles de la ville, se jetè-
rent à ses pieds et le supplièrent de ne pas laisser leur patrie retomber
sous un joug détesté.
Du côté des Français, la sympathie était générale. Depuis les plus
grands seigneurs, jusqu'aux archers et aux Suisses, la pitié pour les
Pisans l'emportait sur le souvenir des engagements pris par le roi.
Mais celui-ci n'oubliait pas la parole qu'il avait donnée aux Florentins :
ni les cris du peuple, ni les supplications des siens, ni le touchant spec-
tacle des femmes en larmes à ses genoux, ne purent lui arracher autre
chose que des paroles de compassion et la promesse de s'employer à
améliorer le sort des Pisans. Le 21 juin, la Seigneurie de Pise se pré-
senta au Conseil et offrit de donner la ville à Charles VIII, pourvu
qu'il ne la rendit pas à ses anciens maîtres. Le roi ne se laissa pas
plus entraîner au mouvement de son cœur qu'aux instances de ses
conseillers.
La plupart, en effet, surtout M. de Ligny qui tenait à se faire
bien venir des Italiens, insistèrent pour qu'il acceptât. Il n'y eut que
Gié, Ganay, Communes et le cardinal de Saint-Malo qui soutinssent
l'avis contraire. Darrs^Lârmée, la colère était grande contre eux, et les
soldats parlaient de leur faire un mauvais parti. Le président de
Ganay n'osait coucher à son logis; le cardinal fut menacé par un ar-
cher; le maréchal de Gié lui-mème fut insulté. Quarante ou cinquante
gentilshommes de la garde, la hache au cou, entrèrent jusque dans la
chambre où le roi jouait aux tables avec M. de Piennes, pour lui
dénoncer comme traîtres les conseillers amis des Florentins. Cette fois,
Charles perdit patience et les renvoya a bien vertueusement (1) )).
Aux Pisans, il répondit par ces paroles, qui étaient, en meme temps que
l'expression de sa sympathie, celle des regrets qu'il éprouvait de ne
pouvoir les satisfaire, <( qu'il feroit si bien que chacun seroit content,
et qu'il aymoit la ville et ses habitans beaucoup plus qu'il n'en mons-
troit le semblant (2) H. La seule chose possible pour le moment,
c'était la promesse de ne rendre la citadelle aux Florentins qu'après
l'échéance des derniers délais fixés par la convention du 26 novembre.
En partant, le 2 3 juin, il changea la garnison qu'il remplaça par des
(U Portovenere, 313-314. — Commîmes, 11,440.
(2)Uerjz'g?'<T/iOMHeMr, 374.
 
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