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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 5.1926/​1927

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No. 3 (1er décembre 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43079#0068
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L’Enluminure

( Suite ).

La stylisation (suite).
Nous avons vu déjà quel parti décoratif les
enlumineurs du moyen-âge avaient tiré des plus
modestes fleurs. Voici le faux ébénier (fig. 1)
dessiné d’après nature.
L’enlumineur a su tirer de la feuille de cet
arbuste un sujet qu’il a mêlé à la fleur du myo-
sotis. Il a composé ainsi le gracieux ornement
(fig. 2) qui orne les marges d’un manuscrit du
temps de Charles V.
On remarquera, dans le dessin de la fleur du


myosotis ainsi stylisée, la manière dont les pé-
tales se recourbent légèrement sur le cœur de
la fleur. Les anciens miniaturistes ont observé
sur nature ce recroquevillernent et l’ont rendu,
en maintes occasions, avec infiniment d’esprit
et de grâce.
Le myosotis sauvage (fig. fl) avec sa tige
élancée et fine, avec ses feuilles grasses et ve -
lues, avec ses petites fleurettes d’un joli bleu,
ses pistils gris et délicats, son cœur d’un jaune

de Naples discret, constitue une plante faite à
souhait pour la stylisation. Les manuscrits se
décorent volontiers de cette modeste fleurette.
Le lis d’eau a fourni un motif plus large et
plus gras que le XIIe siècle a souvent employé
dans la décoration
peinte des monuments
de l’architecture (fig-
4) .
Le sagittaire (fig.
5) , le nénuphar (fig.
6) , se retrouvent éga-
lement, avec combien
d’autres plantes, aux
murailles des vieilles
cathédrales. Les vi-
traux, l’orfèvrerie, la
peinture décorative, la
sculpture ont employé,
au moyen-âge, les mê-
mes ornements. L’u-
nion des métiers d’art
était pratiquée à cette
époque et le même
symbolisme,formulé en
doctrine, inspirait les
artistes et les entraî-
nait. à la même stvlisa-
tion. L’œillet, l’iris, fa
pomme de pin, la vi-
gne, le gouët, le trèfle,
la clématite, le char-
don, la feuille de fi-
guier, celle de l’aconit,
le cresson, la pensée
sauvage, la violette, le pois de senteur, ont été
transformés par la stylisation et souvent em-
ployés par les enlumineurs, les peintres-verriers,
les sculpteurs.
Toute fleur peut être stylisée et elle devient
ainsi propre à l’ornementation. On remarquera
que nos pères ont employé un grand nombre
de fleurs, mais qu'ils ont choisi de préférence
les plus simples. Avec ces modestes fleurettes
ils ont composé une ornementation très riche,
expressive, parfaitement équilibrée,d'un symbo-
lisme expressif, une enluminure enfin, d’où l’ar-
bitraire et la fantaisie étaient bannis.


fig. 3. Myosotis sauvage

I. Voir n0 du 1er octobre 1926.
 
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