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ÉTUDES BYZANTINES
légitimité ; et par là cette histoire reprend inopinément sa place
parmi les réalités de l’heure présente : car elle porte en elle
quelques-unes de ces idées maîtresses qui donnent parfois le
branle aux grands événements.
On le sait bien dans l’Orient grec et slave, où l'histoire de
Byzance constitue vraiment le premier chapitre de l’histoire
nationale. On le sait dans les Universités, où les études byzantines
se poursuivent avec une incomparable ardeur, où, par leurs
découvertes, leurs livres, leurs recherches, des savants illustres
ont, en ces dernières années, presque renouvelé cette histoire.
On le sait dans le peuple, qui garde pieusement et célébrait
naguère avec enthousiasme le souvenir des grands apôtres slaves,
de ces Byzantins Cyrille et Méthode qui, il y a mille ans, don-
nèrent à la race la conscience de son unité et l'introduisirent
dans la communauté des nations civilisées. Et on le sait aussi
dans les chancelleries, où l'on comprend que l’étude du passé est
parfois un moyen de préparer l’avenir ; il n'y a pas bien long-
temps, le gouvernement russe fondait à Constantinople une école
d'archéologie et d'histoire, véritable prise de possession scienti-
fique de l’antique capitale des Césars byzantins. IV
IV
Nous a\’ons ici d’autres raisons de nous intéresser aux choses
de Byzance : mais pour être plus désintéressées peut-être, elles
ne sont ni moins sérieuses ni moins dignes d’attention.
Il y a deux siècles et demi, la France fondait la science de
l'histoire byzantine. Des presses de l'Imprimerie royale du
Louvre sortait en 1648 le premier volume de la première collec-
tion des historiens byzantins ; et bientôt, grâce au concours des
philologues les plus éminents de l’époque, grâce aux encourage-
ments éclairés de Louis XIV et de Colbert, se succédaient d’an-
ÉTUDES BYZANTINES
légitimité ; et par là cette histoire reprend inopinément sa place
parmi les réalités de l’heure présente : car elle porte en elle
quelques-unes de ces idées maîtresses qui donnent parfois le
branle aux grands événements.
On le sait bien dans l’Orient grec et slave, où l'histoire de
Byzance constitue vraiment le premier chapitre de l’histoire
nationale. On le sait dans les Universités, où les études byzantines
se poursuivent avec une incomparable ardeur, où, par leurs
découvertes, leurs livres, leurs recherches, des savants illustres
ont, en ces dernières années, presque renouvelé cette histoire.
On le sait dans le peuple, qui garde pieusement et célébrait
naguère avec enthousiasme le souvenir des grands apôtres slaves,
de ces Byzantins Cyrille et Méthode qui, il y a mille ans, don-
nèrent à la race la conscience de son unité et l'introduisirent
dans la communauté des nations civilisées. Et on le sait aussi
dans les chancelleries, où l'on comprend que l’étude du passé est
parfois un moyen de préparer l’avenir ; il n'y a pas bien long-
temps, le gouvernement russe fondait à Constantinople une école
d'archéologie et d'histoire, véritable prise de possession scienti-
fique de l’antique capitale des Césars byzantins. IV
IV
Nous a\’ons ici d’autres raisons de nous intéresser aux choses
de Byzance : mais pour être plus désintéressées peut-être, elles
ne sont ni moins sérieuses ni moins dignes d’attention.
Il y a deux siècles et demi, la France fondait la science de
l'histoire byzantine. Des presses de l'Imprimerie royale du
Louvre sortait en 1648 le premier volume de la première collec-
tion des historiens byzantins ; et bientôt, grâce au concours des
philologues les plus éminents de l’époque, grâce aux encourage-
ments éclairés de Louis XIV et de Colbert, se succédaient d’an-