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72

FONTAINEBLEA U

l’espérance, usant d’allégories, d’images qui toutes inculquent
de façon fraîche et nouvelle les traits qui l’ont enchanté.
S’il vient à les nommer, voici :
Bouche de corail précieux,
Qui à baiser semblez semondre1, i. Inviter
Bouche qui d’un cœur gracieux
Savez tant bien dire et répondre,
Répondez-moi. Doit mon cœur fondre
Devant vous comme au feu la cire ?
Voulez-vous bien celui ocire2 2. Faire mourir
Qui craint vous être déplaisant ?
Ah ! bouche que tant je désire,
Dites nenni en me baisant.
Ou ceci pour un plus grand détail :
Elle a très bien cette gorge d’albâtre,
Ce doux parler, ce clair teint, ces beaux yeux.
Mais en effet1 ce petit ris folâtre 1. Véritablement
Est à mon gré ce qui lui sied le mieux.
Jamais les belles ne s’étaient vu louer ainsi. On ne peut
douter que par là le poète ait gagné leur cœur, et que, jointe
à l’amitié du roi, la faveur des dames ait assuré sa fortune
à la cour.
Cela n’empêchait qu’il n’adressât aux grands les épîtres
décasyllabes, vraies pièces de majesté, où tour à tour Mont-
morency grand maître, Duprat chancelier fait cardinal,
le cardinal de Lorraine Jean, se voyaient, non sans conten-
tement, rendre hommage par une muse qui, pareille au crayon
de Janet, courant à travers tous les rangs, toutes les pro-
fessions, tous les âges, enchaîne dans un ensemble unique les
diverses parties de cette société brillante.
Imaginons aussi que, sur n’importe quel sujet et adressées
à l’un ou à l’autre, ses meilleures pièces passaient dans
toutes les mains, entre autres les épîtres au roi où, dans le
ton familier qui peint la bienveillance du maître envers son
poète, Marot en appelle de persécutions subies, ou se dit
 
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