LA COUR DE FRANÇOIS 7er
77
d’Étaples y déploya dans l’enseignement des langues des
talents nouveaux et si considérables qu’on pourrait l’appeler
le père des humanités en France, sans en récolter autre chose
de la part de son corps que des contrariétés. Protégé de
la reine de Navarre et de Briçonnet, évêque de Meaux,
fils de Briçonnet, ministre de Charles VIII, qui devenu veuf
fut cardinal de Saint-Malo, il ne gagna à cette protection que
la faculté de quitter sa chaire sans endurer d’autres tracas.
De telles difficultés obligeaient d’aviser, les langues
étant alors le point important des sciences, dont toute la
connaissance de l’antiquité dépendait. Grec et hébreu
voyaient tourner sur eux tout l’espoir des amis des lettres
et tous les efforts des érudits. D’autre part, il y avait les
sciences naturelles, où de grands progrès s’annonçaient;
les mathématiques, qui ne cessaient d’avancer. C’était alors
le temps où dans plusieurs nations, qui devancèrent la
France à cet égard, l’Italie trouvait des émules. Érasme, né
dans les Pays-Bas, jetait son éclat sur toute l’Europe; Thomas
More, chancelier d’Angleterre, dont il fut le familier à
Londres, y mêlait la gloire de sa nation. Budé, Français,
issu de famille de robe, d’abord rebuté par l’enseignement
de ses maîtres et qui se mit fort tard à l’étude, ne suivit,
quoique du même âge qu’Érasme, ses traces que longtemps
après.
Il avait mené la vie de gentilhomme, et dans les folies
d’une jeunesse passée à se divertir, acquis de la chasse,
entre autres, une connaissance qui lui permit de dédier
au roi plus tard son parfait traité de la Vénerie. Celui de
l’As, monnaie romaine, de Asse, fit sa renommée chez les
savants. Il la soutenait d’une science prodigieuse, d’autant
plus admirée qu’à la différence des gens de sa profession
il l’avait acquise dans l’âge mûr, échangeant comme par
enchantement la vie oisive contre la réputation et les capacités
de premier érudit de son temps.
77
d’Étaples y déploya dans l’enseignement des langues des
talents nouveaux et si considérables qu’on pourrait l’appeler
le père des humanités en France, sans en récolter autre chose
de la part de son corps que des contrariétés. Protégé de
la reine de Navarre et de Briçonnet, évêque de Meaux,
fils de Briçonnet, ministre de Charles VIII, qui devenu veuf
fut cardinal de Saint-Malo, il ne gagna à cette protection que
la faculté de quitter sa chaire sans endurer d’autres tracas.
De telles difficultés obligeaient d’aviser, les langues
étant alors le point important des sciences, dont toute la
connaissance de l’antiquité dépendait. Grec et hébreu
voyaient tourner sur eux tout l’espoir des amis des lettres
et tous les efforts des érudits. D’autre part, il y avait les
sciences naturelles, où de grands progrès s’annonçaient;
les mathématiques, qui ne cessaient d’avancer. C’était alors
le temps où dans plusieurs nations, qui devancèrent la
France à cet égard, l’Italie trouvait des émules. Érasme, né
dans les Pays-Bas, jetait son éclat sur toute l’Europe; Thomas
More, chancelier d’Angleterre, dont il fut le familier à
Londres, y mêlait la gloire de sa nation. Budé, Français,
issu de famille de robe, d’abord rebuté par l’enseignement
de ses maîtres et qui se mit fort tard à l’étude, ne suivit,
quoique du même âge qu’Érasme, ses traces que longtemps
après.
Il avait mené la vie de gentilhomme, et dans les folies
d’une jeunesse passée à se divertir, acquis de la chasse,
entre autres, une connaissance qui lui permit de dédier
au roi plus tard son parfait traité de la Vénerie. Celui de
l’As, monnaie romaine, de Asse, fit sa renommée chez les
savants. Il la soutenait d’une science prodigieuse, d’autant
plus admirée qu’à la différence des gens de sa profession
il l’avait acquise dans l’âge mûr, échangeant comme par
enchantement la vie oisive contre la réputation et les capacités
de premier érudit de son temps.