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FONTAINEBLEA U
répondait que le roi était assez bon homme, « mais il a,
disait-il, une méchante p... qu’il entretient et qui nous ruine.
Encore si elle n’était qu’à lui, mais on dit que bien d’autres
y ont part ». Le roi, dans un grand éclat de rire, le redît à sa
maîtresse, qui de colère voulait qu’on le pendît. Pâques
approchant, Groulard disait attendre pour Quasimodo le
mariage, et Gabrielle osait se vanter qu’il n’y avait que Dieu
ou la mort du roi qui pût l’empêcher. Elle ne comptait pas
avec la sienne.
Le roi et elle étaient à Fontainebleau, quand la semaine
sainte les sépara, comme elle le faisait à l’ordinaire. Jamais
le roi n’avait vu partir avec plus de regret sa maîtresse, et
elle-même versa ce jour-là plus de larmes que jamais, de le
quitter. Afin d’en retarder l’instant, Henri l’accompagna
à cheval passé Melun jusqu’à Souvigny, où il la mit sur
l’eau, après de déchirants adieux.
Elle descendit à Paris chez Zamet, vieille connaissance
à elle, et qui avait trempé dans les origines de sa fortune.
Tout le monde a ouï parler de ce fameux financier, Lucquois,
immensément riche, logé et meublé mieux qu’un prince,
mêlé depuis le temps de la Ligue à des intrigues politiques
qui le rendaient dépositaire du secret de tous les partis. Il
la logea magnifiquement, lui fit une chère splendide. Le
lendemain, mercredi saint, au retour des ténèbres, la favo-
rite ne se trouva pas bien, et ressentit une première attaque.
Le vendredi, un courrier dépêché à Fontainebleau annonçait
qu’elle était au plus mal, et demandait à voir le roi.
Partie de l’hôtel Zamet le jeudi, elle s’était portée chez
Mme de Sourdis, sa tante, proche le Louvre, où le mal,
empiré soudain, l’avait jetée dans des convulsions, qui en
peu d’heures la mirent à l’agonie. Le roi, promptement mis
en route, ne put arriver si vite, qu’au passage de Villejuif,
Ornano et Bassompierre, qu’il croisa sur la route, ne l’aver-
tissent qu’elle était morte. Ensemble ils allaient en porter
FONTAINEBLEA U
répondait que le roi était assez bon homme, « mais il a,
disait-il, une méchante p... qu’il entretient et qui nous ruine.
Encore si elle n’était qu’à lui, mais on dit que bien d’autres
y ont part ». Le roi, dans un grand éclat de rire, le redît à sa
maîtresse, qui de colère voulait qu’on le pendît. Pâques
approchant, Groulard disait attendre pour Quasimodo le
mariage, et Gabrielle osait se vanter qu’il n’y avait que Dieu
ou la mort du roi qui pût l’empêcher. Elle ne comptait pas
avec la sienne.
Le roi et elle étaient à Fontainebleau, quand la semaine
sainte les sépara, comme elle le faisait à l’ordinaire. Jamais
le roi n’avait vu partir avec plus de regret sa maîtresse, et
elle-même versa ce jour-là plus de larmes que jamais, de le
quitter. Afin d’en retarder l’instant, Henri l’accompagna
à cheval passé Melun jusqu’à Souvigny, où il la mit sur
l’eau, après de déchirants adieux.
Elle descendit à Paris chez Zamet, vieille connaissance
à elle, et qui avait trempé dans les origines de sa fortune.
Tout le monde a ouï parler de ce fameux financier, Lucquois,
immensément riche, logé et meublé mieux qu’un prince,
mêlé depuis le temps de la Ligue à des intrigues politiques
qui le rendaient dépositaire du secret de tous les partis. Il
la logea magnifiquement, lui fit une chère splendide. Le
lendemain, mercredi saint, au retour des ténèbres, la favo-
rite ne se trouva pas bien, et ressentit une première attaque.
Le vendredi, un courrier dépêché à Fontainebleau annonçait
qu’elle était au plus mal, et demandait à voir le roi.
Partie de l’hôtel Zamet le jeudi, elle s’était portée chez
Mme de Sourdis, sa tante, proche le Louvre, où le mal,
empiré soudain, l’avait jetée dans des convulsions, qui en
peu d’heures la mirent à l’agonie. Le roi, promptement mis
en route, ne put arriver si vite, qu’au passage de Villejuif,
Ornano et Bassompierre, qu’il croisa sur la route, ne l’aver-
tissent qu’elle était morte. Ensemble ils allaient en porter