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FONTAINEBLEAU
qu’en plusieurs endroits le chiffre dont elle est timbrée est
celui de Louis XIII.
Les jardins à leur tour étaient l’objet de grands soins.
C’est que dans l’œuvre qu’il avait entreprise, le roi ne se
plaisait pas moins à planter qu’à bâtir. Le parc fut sa créa-
tion, moyennant des acquisitions de terrain qui, succédant
les unes aux autres, poussèrent au levant jusqu’à Avon,
absorbant toute la seigneurie dont la jeune reine Catherine
n’avait occupé que la Mi-voie, et sur laquelle enfin fut
creusé le grand canal, grande nouveauté dans l’histoire de
nos jardins de France, à laquelle était promis tant d’avenir,
et qui à Vaux, à Sceaux, et à Versailles devait procurer
tant d’ornement.
En même temps, sur tout ce vaste espace, les plantations
allaient leur train, prises si fort à cœur par le roi, qu’on le
voit s’ouvrir à tout le monde du contentement qu’elles lui
causent. Les ordres donnés par lui n’en sont pas seuls
témoins. C’est au cardinal de Joyeuse qu’il annonce que,
dans l’espace d’un an, il a planté dans le parc, qui commence,
soixante mille arbres. Il ajoute : « Avant cet hiver j’espère y
planter cinq ou six mille arbres fruitiers. » Et quant aux
eaux : « J’ai fait nettoyer tous mes canaux, tant aux jardins
des canaux qu’autres. L’aqueduc que je fais faire pour
conduire les eaux et les amener dans le château fait que j’en
mettrai pour tous mes jardins où je voudrai. » Pour les
mêmes jardins il ajoute que « ses palissades sont fort belles ».
Il y avait un canal chez les Clausse, à Fleury au bord de la
forêt. C’était un modèle tout trouvé, mais qui fut imité
dans des proportions autrement vastes et grandioses, car
celui du roi eut plus d’un quart de lieue de long et quarante
mètres de large. En fait de beautés au grand air, c’est aujour-
d’hui encore la pièce maîtresse de Fontainebleau.
Le roi en chérissait le projet comme son invention essen-
tielle, comme une création de son esprit, qu’il mettait son
FONTAINEBLEAU
qu’en plusieurs endroits le chiffre dont elle est timbrée est
celui de Louis XIII.
Les jardins à leur tour étaient l’objet de grands soins.
C’est que dans l’œuvre qu’il avait entreprise, le roi ne se
plaisait pas moins à planter qu’à bâtir. Le parc fut sa créa-
tion, moyennant des acquisitions de terrain qui, succédant
les unes aux autres, poussèrent au levant jusqu’à Avon,
absorbant toute la seigneurie dont la jeune reine Catherine
n’avait occupé que la Mi-voie, et sur laquelle enfin fut
creusé le grand canal, grande nouveauté dans l’histoire de
nos jardins de France, à laquelle était promis tant d’avenir,
et qui à Vaux, à Sceaux, et à Versailles devait procurer
tant d’ornement.
En même temps, sur tout ce vaste espace, les plantations
allaient leur train, prises si fort à cœur par le roi, qu’on le
voit s’ouvrir à tout le monde du contentement qu’elles lui
causent. Les ordres donnés par lui n’en sont pas seuls
témoins. C’est au cardinal de Joyeuse qu’il annonce que,
dans l’espace d’un an, il a planté dans le parc, qui commence,
soixante mille arbres. Il ajoute : « Avant cet hiver j’espère y
planter cinq ou six mille arbres fruitiers. » Et quant aux
eaux : « J’ai fait nettoyer tous mes canaux, tant aux jardins
des canaux qu’autres. L’aqueduc que je fais faire pour
conduire les eaux et les amener dans le château fait que j’en
mettrai pour tous mes jardins où je voudrai. » Pour les
mêmes jardins il ajoute que « ses palissades sont fort belles ».
Il y avait un canal chez les Clausse, à Fleury au bord de la
forêt. C’était un modèle tout trouvé, mais qui fut imité
dans des proportions autrement vastes et grandioses, car
celui du roi eut plus d’un quart de lieue de long et quarante
mètres de large. En fait de beautés au grand air, c’est aujour-
d’hui encore la pièce maîtresse de Fontainebleau.
Le roi en chérissait le projet comme son invention essen-
tielle, comme une création de son esprit, qu’il mettait son