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FONTAINEBLEAU
pour les savants. Apparemment autre chose n’y était visée
que le divertissement ou l’instruction de la cour. Elle reçut
cinquante mille volumes, sur lesquels eut autorité un biblio-
graphe de grand renom. Barbier, auteur du Dictionnaire des
Anonymes.
La chapelle sur Saint-Saturnin, où l’on n’avait plus dit
la messe depuis la Révolution, fut désignée pour les loger.
On la dépouilla des tableaux qu’y avaient mis Dhoey et
Dubois. Robit, architecte du château, chargé de cet arran-
gement, fit de l’état ancien une aquarelle, qui nous en con-
serve la figure. C’est cette bibliothèque qui, depuis lors fort
réduite, eut pour conservateur, nommé par Gambetta en
dernier lieu, J.-J. Weiss.
Dans le ménage de Napoléon, il est piquant d’avoir
à observer que, si les bonnes manières avaient accès par
quelque endroit, ce n’était pas par le général couronné
qui distribuait en France les majorats et en Europe les
royaumes, mais par la femme que lui avait passée Barras.
En épousant Joséphine de Beauharnais, Napoléon était entré
dans le monde où, sans jouir de tant de relations que la
célèbre Fanny sa cousine, qui maria sa fille au grand-duc de
Bade et fit par là les Beauharnais cousins de tous les princes
de l’Europe, Joséphine n’en avait pas moins sa place. Aussi
devons-nous remarquer que, comme vice-roi d’Italie,
Eugène, son fils, sut tenir dix ans avec la plus grande aisance,
aux côtés d’une princesse de Bavière, à Milan, la cour la
plus polie de l’Europe.
De cette alliance, un bond prodigieux fit passer l’empereur
à celle de l’archiduchesse, dont les souvenirs sont à Fon-
tainebleau. Marie-Louise n’y logea jamais que dans l’ancien
appartement des reines, ceux de Joséphine demeurant au
rez-de-chaussée. Aussi est-ce pour elle que l’empereur
entreprit l’un des plus grands projets que, depuis Henri IV,
eût vu former le château.
FONTAINEBLEAU
pour les savants. Apparemment autre chose n’y était visée
que le divertissement ou l’instruction de la cour. Elle reçut
cinquante mille volumes, sur lesquels eut autorité un biblio-
graphe de grand renom. Barbier, auteur du Dictionnaire des
Anonymes.
La chapelle sur Saint-Saturnin, où l’on n’avait plus dit
la messe depuis la Révolution, fut désignée pour les loger.
On la dépouilla des tableaux qu’y avaient mis Dhoey et
Dubois. Robit, architecte du château, chargé de cet arran-
gement, fit de l’état ancien une aquarelle, qui nous en con-
serve la figure. C’est cette bibliothèque qui, depuis lors fort
réduite, eut pour conservateur, nommé par Gambetta en
dernier lieu, J.-J. Weiss.
Dans le ménage de Napoléon, il est piquant d’avoir
à observer que, si les bonnes manières avaient accès par
quelque endroit, ce n’était pas par le général couronné
qui distribuait en France les majorats et en Europe les
royaumes, mais par la femme que lui avait passée Barras.
En épousant Joséphine de Beauharnais, Napoléon était entré
dans le monde où, sans jouir de tant de relations que la
célèbre Fanny sa cousine, qui maria sa fille au grand-duc de
Bade et fit par là les Beauharnais cousins de tous les princes
de l’Europe, Joséphine n’en avait pas moins sa place. Aussi
devons-nous remarquer que, comme vice-roi d’Italie,
Eugène, son fils, sut tenir dix ans avec la plus grande aisance,
aux côtés d’une princesse de Bavière, à Milan, la cour la
plus polie de l’Europe.
De cette alliance, un bond prodigieux fit passer l’empereur
à celle de l’archiduchesse, dont les souvenirs sont à Fon-
tainebleau. Marie-Louise n’y logea jamais que dans l’ancien
appartement des reines, ceux de Joséphine demeurant au
rez-de-chaussée. Aussi est-ce pour elle que l’empereur
entreprit l’un des plus grands projets que, depuis Henri IV,
eût vu former le château.