256' NOTES.
milieu des nuits les plus obscures, des brumes les plus épaisses,
vingt fois elles avaient été sur le point de se séparer, mais tou-
jours une destinée plus forte que les circonstances les avait réu-
nies. Aussi jamais , pendant le cours de tous nos dangers , per-
sonne ne songea à une séparation possible. L'esprit superstitieux
de nos matelots avait été frappé, et l'homme de vigie, les yeux
toujours fixés sur les mouvements de VAstrolabe, la considérait
comme un phare ; et, quand la brume ou l'obscurité lui faisait
perdre sa trace, la sérénité ne reparaissait sur tous les visages
que lorsqu'un signal convenu, coup de canon ou feu du bengale,
venait attester sa présence non loin de nous.
L'on avait aperçu, le matin, des phoques qui, étendus sur des
glaçons près desquels la dérive nous poussait , semblaient nous
regarder avec curiosité et sans crainte.
Les naturalistes désiraient vivement se procurer les dépouilles
de ces animaux, dont l'espèce paraissait différer de celles déjà con-
nues. On profita d'un instant de calme pour amener le petit ca-
not; quelques maîtres , l'élite de notre équipage, demandèrent la
faveur de le monter, et on les envoya tuer quelques-uns de ces
animaux, qui se trouvaient à peu de distance du navire.
L'espace dans lequel nous nous trouvions alors n'était pas très-
serré ; il y avait quelques canaux entre les glaçons, l'embarcation
y pénétra et fut bientôt rendue auprès des phoques. Le combat
commença, et ces pauvres animaux, surpris par une attaque inu-
sitée , ne répondirent que par de plaintifs gémissements et une
fuite trop tardive aux coups de massue qui terminèrent bientôt
leur agonie.
Emportés par l'ardeur de la chasse , nos matelots s'oublièrent
en augmentant le nombre de leurs victimes.
La corvette était sous les huniers, les voiles du grand mât
étaient masquées pour arrêter l'aire du navire ; la brise , qui s'é-
leva plus fraîche sur ces entrefaites , fit dériver la Zélée malgré
tous nos efforts.
milieu des nuits les plus obscures, des brumes les plus épaisses,
vingt fois elles avaient été sur le point de se séparer, mais tou-
jours une destinée plus forte que les circonstances les avait réu-
nies. Aussi jamais , pendant le cours de tous nos dangers , per-
sonne ne songea à une séparation possible. L'esprit superstitieux
de nos matelots avait été frappé, et l'homme de vigie, les yeux
toujours fixés sur les mouvements de VAstrolabe, la considérait
comme un phare ; et, quand la brume ou l'obscurité lui faisait
perdre sa trace, la sérénité ne reparaissait sur tous les visages
que lorsqu'un signal convenu, coup de canon ou feu du bengale,
venait attester sa présence non loin de nous.
L'on avait aperçu, le matin, des phoques qui, étendus sur des
glaçons près desquels la dérive nous poussait , semblaient nous
regarder avec curiosité et sans crainte.
Les naturalistes désiraient vivement se procurer les dépouilles
de ces animaux, dont l'espèce paraissait différer de celles déjà con-
nues. On profita d'un instant de calme pour amener le petit ca-
not; quelques maîtres , l'élite de notre équipage, demandèrent la
faveur de le monter, et on les envoya tuer quelques-uns de ces
animaux, qui se trouvaient à peu de distance du navire.
L'espace dans lequel nous nous trouvions alors n'était pas très-
serré ; il y avait quelques canaux entre les glaçons, l'embarcation
y pénétra et fut bientôt rendue auprès des phoques. Le combat
commença, et ces pauvres animaux, surpris par une attaque inu-
sitée , ne répondirent que par de plaintifs gémissements et une
fuite trop tardive aux coups de massue qui terminèrent bientôt
leur agonie.
Emportés par l'ardeur de la chasse , nos matelots s'oublièrent
en augmentant le nombre de leurs victimes.
La corvette était sous les huniers, les voiles du grand mât
étaient masquées pour arrêter l'aire du navire ; la brise , qui s'é-
leva plus fraîche sur ces entrefaites , fit dériver la Zélée malgré
tous nos efforts.