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NOTES. 293
vant nos espérances, était précisément aussi la cause de l'une de
nos plus grandes inquiétudes ; en effet, il était évident qu'un
coup de vent du nord , en soulevant les flots de cette partie vers
le sud, nous exposerait à toute la fureur d'une mer d'autant plus
à craindre qu'elle n'était brisée par aucune terre, et que ses lames
roulant sans obstacle des parallèles orageux de la Plata aux li-
mites des glaces, sur un espace de 5oo lieues, viendraient démolir
la banquise en l'écrasant de leur poids.

Nos prévisions n'étaient que trop fondées,car, le 8, un fort vent
s'éleva du nord ; la mer transmit promptement ses ondulations au
champ de glace où nous étions engagés. Nous reçûmes des chocs
violents et nous eûmes surtout alors de sérieuses craintes poul-
ies gouvernails des deux bâtiments. Si un vent plus impétueux
encore , ou plus durable , fût parvenu . de concert avec la mer, à
détruire le bord de la banquise , nous eussions nous-mêmes peu
tardé à voir nos navires se démolir contre les glaces. Dans la nuit,
le vent s'apaisa , et le 9 février fut signalé par notre déli-
vrance.

Elle arriva plus tôt que nous ne l'avions espéré. Certes, la
veille , nous étions loin de la prévoir, lorsque lp vent repoussait
de plus en plus les glaces sur nous et paralysait nos moindres
mouvements ; lorsque l'aspect du ciel ne nous présageait que des
vents du nord, et avec eux peut-être une fin prochaine. Pour sor-
tir de cette situation , il fallait un vent du sud ; il le fallait d'une
grande force. Comment aurions-nous cru à un changement si
brusque , si diamétralement opposé , au milieu des circonstances
fâcheuses où nous nous trouvions placés ? Cependant, tout se
passa le 9 , comme nous l'eussions ordonné si nous avions eu la
puissance de disposer des phénomènes atmosphériques. Un peu
disjointes d'abord par la rapidité du vent qui poussait lentement
leur masse vers la mer libre , les glaces semblaient à regret nous
préparer un étroit passage. Nos mâts pliaient sous l'effort prodi-
gieux qui tendait nos voiles, et, malgré cette apparence de vitesse,
 
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