DE LA GRÈCE PROPRE. 45
réuni des observations précises. Parmi ces études, les savants remar-
queront la description des vases inédits relevés d'ornements dorés, un
chapitre sur les variantes, en Grèce, de la formule KAAOE.
On sait que M. de Witte a publié, en 1863, la liste des vases alors
connus, qui portaient des ornements d'or1. Otto Iahn, en 1866, a
donné un travail du même genre2. Aux onze vases de la Grèce propre,
décorés d'or, qu'Otto Iahn avait décrits, M. Heydemann en ajoute huit.
J'en ai fait dessiner sept autres, tant à Athènes qu'à Corinthe. On voit
que ces vases deviennent nombreux; on peut admettre qu'à partir du
ive siècle ce genre d'ornementation a été d'un usage général. Souvent
l'or était appliqué avec une grande discrétion, ne recouvrant que les
petits reliefs qui représentaient des bracelets ou des perles, comme
cela se remarque sur les belles œnochoés attiques ; ces feuilles légères
ont disparu avec une grande facilité, et c'est ce qui a fait considérer
longtemps ce mode de décoration comme exceptionnel.
Les vases dorés sont, en général, des lécythus et des aryballes de pe-
tites dimensions. On connaît cependant de beaux exemples de vases
plus grands décorés d'or. Je citerai la péliké découverte à Camiros par
M. Salzmann, aujourd'hui au British Muséum, et qui représente l'enlè-
vement de Thétis par Péiée; l'hydrie de Carlsruhe, sur laquelle on voit
Aphrodite, Athéna,Héra, et un grand nombre de figures, le célèbre
vase de Cumes de la collection Campana acquis pour le musée de l'Er-
mitage, et enfin l'arybalie de Darius fils d'Artaxerxès Mnémon signé
Xénophantos au même musée3. Ce sont surtout les vases de ce genre,
remarquables par le sujet et par l'exécution, qu'il faut rechercher au-
jourd'hui quand on s'occupe de l'ornementation d'or dans les céramiques
anciennes.
A ce point de vue, je rappellerai à M. Heydemann un grand vase iné-
dit, qu'il a certainement étudié durant son séjour à Athènes, dans la col-
lection privée où il est conservé. Il représente une scène de toilette :
les larges ceintures, les bandelettes, les colliers des femmes, sont recou-
verts d'or; l'or y est vraiment prodigué ; les draperies étaient relevées de
couleurs brillantes dont les traces sont facilement reconnaissables. Ainsi
l'art attique, tout en gardant les qualités qui lui sont propres et le senti-
ment profond du beau, n'avait pas craint d'orner ces figures des cou-
leurs les plus vives. Pour les proportions, pour le luxe des étoffes et des
bijoux, pour l'ordonnance de la composition, ce vase est comparable à
1 Pâris et Eros, vases peints à ornements dorés.— 2 Vasen mit goldschmuck.—
1 De Witte, ouv. cité.
réuni des observations précises. Parmi ces études, les savants remar-
queront la description des vases inédits relevés d'ornements dorés, un
chapitre sur les variantes, en Grèce, de la formule KAAOE.
On sait que M. de Witte a publié, en 1863, la liste des vases alors
connus, qui portaient des ornements d'or1. Otto Iahn, en 1866, a
donné un travail du même genre2. Aux onze vases de la Grèce propre,
décorés d'or, qu'Otto Iahn avait décrits, M. Heydemann en ajoute huit.
J'en ai fait dessiner sept autres, tant à Athènes qu'à Corinthe. On voit
que ces vases deviennent nombreux; on peut admettre qu'à partir du
ive siècle ce genre d'ornementation a été d'un usage général. Souvent
l'or était appliqué avec une grande discrétion, ne recouvrant que les
petits reliefs qui représentaient des bracelets ou des perles, comme
cela se remarque sur les belles œnochoés attiques ; ces feuilles légères
ont disparu avec une grande facilité, et c'est ce qui a fait considérer
longtemps ce mode de décoration comme exceptionnel.
Les vases dorés sont, en général, des lécythus et des aryballes de pe-
tites dimensions. On connaît cependant de beaux exemples de vases
plus grands décorés d'or. Je citerai la péliké découverte à Camiros par
M. Salzmann, aujourd'hui au British Muséum, et qui représente l'enlè-
vement de Thétis par Péiée; l'hydrie de Carlsruhe, sur laquelle on voit
Aphrodite, Athéna,Héra, et un grand nombre de figures, le célèbre
vase de Cumes de la collection Campana acquis pour le musée de l'Er-
mitage, et enfin l'arybalie de Darius fils d'Artaxerxès Mnémon signé
Xénophantos au même musée3. Ce sont surtout les vases de ce genre,
remarquables par le sujet et par l'exécution, qu'il faut rechercher au-
jourd'hui quand on s'occupe de l'ornementation d'or dans les céramiques
anciennes.
A ce point de vue, je rappellerai à M. Heydemann un grand vase iné-
dit, qu'il a certainement étudié durant son séjour à Athènes, dans la col-
lection privée où il est conservé. Il représente une scène de toilette :
les larges ceintures, les bandelettes, les colliers des femmes, sont recou-
verts d'or; l'or y est vraiment prodigué ; les draperies étaient relevées de
couleurs brillantes dont les traces sont facilement reconnaissables. Ainsi
l'art attique, tout en gardant les qualités qui lui sont propres et le senti-
ment profond du beau, n'avait pas craint d'orner ces figures des cou-
leurs les plus vives. Pour les proportions, pour le luxe des étoffes et des
bijoux, pour l'ordonnance de la composition, ce vase est comparable à
1 Pâris et Eros, vases peints à ornements dorés.— 2 Vasen mit goldschmuck.—
1 De Witte, ouv. cité.