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Dumont, Albert
Peintures céramiques de la Grèce propre: recherches sur les noms d'artistes lus sur les vases de la Grèce — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.5971#0063
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DE LA GRÈCE PROPRE. 53

peut proposer plusieurs explications de ce fait. Il est certain que ce vase
est d'un travail délicat, que l'exportation l'eût souvent altéré. On sait avec
quelle discrétion il faut le toucher. Cependant, si les Grecs avaient voulu
faire passer la mer à ces poteries, ils auraient trouvé le moyen d'en as-
surer la parfaite conservation. Du reste, il était facile aux ateliers lo-
caux, en dehors de l'Attique, d'imiter les procédés de fabrication athé-
nienne; c'est pourtant ce qui n'a pas été essayé.

Nous devons chercher une autre raison delà persistance avec la-
quelle ce vase est resté particulier à une seule des provinces du monde
hellénique. Il faisait partie des cultes funèbres; comme tel, il répondait
à des idées qui n'étaient pas de tous points communes aux Athéniens et
aux autres Grecs. Les pratiques relatives au culte des morts, si l'on en con-
sidère simplement les parties principales, devaient, il est vrai, se ressem-
bler beaucoup dans le monde hellénique tout entier. On voit cepen-
dant, quand on étudie les stèles funèbres, que différentes classes de
sujets figurés sont propres à des pays différents, et que plusieurs d'entre
elles ne franchissent pas des limites qu'on peut marquer avec exacti-
tude. Dans la Grèce continentale le cavalier est propre à la Béotie, le
banquet se trouve surtout en Attique. Je ne connais pas un seul banquet
qui provienne certainement du Péloponèse ou de la Grèce du nord1.
Des représentations différentes supposaient dans le culte des morts des
variétés, des nuances, qui expliquaient les préférences de chaque pays
pour un ordre particulier de scènes figurées.

Sans essayer d'analyser ces nuances, sur lesquelles nous avons si
peu de témoignages, et qui n'ont jamais encore été étudiées, sans vou-
loir exagérer le rapport qui paraît exister entre la symbolique funèbre
des Athéniens et le lécythus, il est possible de faire quelques re-
marques qui n'ont rien de téméraire.

Le lécythus figurait dans les cérémonies d'exposition. Les poètes
comiques le disent expressément2, ils parlent de ce fait comme d'un
détail connu de tous. Un vase, publié par M. Heydemann3, porte, près
du mort couché sur le lit funèbre, deux lécythus qui dépassent le lit en
hauteur, et qui sont une des parties principales de la décoration. Les
dimensions exagérées données à ces vases, aux dépens même de la
vérité, car il est peu probable qu'on ait fabriqué des lécythus aussi

1 Sur un bas-relief inédit du cabinet de M. Branet de Preste, Paris, Didier, 1869.
On trouvera dans la Grèce propre des banquets en dehors de l'Attique, mais ce
seront toujours là de très-rares exceptions. —2 Aristophane, Ecclesiazusœ, v. 995,
et tous les textes réunis par Otto Jahn, dans l'introduction du catalogue des vases
du roi Louis. — 3 Pl. XII, fig. n, vase dessiné à nouveau par M. Chaplain.
 
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