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Duret, Théodore
Histoire de Édouard Manet et de son oeuvre — Paris: Libraire Charpentier et Fasquelle, 1906

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https://doi.org/10.11588/diglit.71500#0161
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LE BON BOCK

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culiers. Dans ces idées on croyait pouvoir conserver
indéfiniment, par l'étude, la valeur que certaines
formes avaient reçue à l'origine d'artistes réelle-
ment inventeurs. Alors les uns après les antres, de
maîtres en élèves, on s’imaginait que parce qu'on
saurait dessiner les mêmes contours et peindre des
figures analogues, on perpétuerait les créations
initiales. Il eût suffi, dans ce cas, de posséder la
faculté d'assimilation, d’être habile à imiter, pour
parvenir au génie et se hausser à son niveau. Mais
ces formes de l'art traditionnel, où l'on prétendait
maintenir l'idéal, sous la répétition d'hommes mé-
diocres, avaient à la fin perdu toute valeur. Elles
n'avaient plus ni souftle, ni vie, et à plus forte
raison ni poésie, ni idéal, car la poésie et l'idéal,
comme le parfum de la fleur, ne peuvent être sépa-
rés de la vie. Ils ne sont attachés à aucune forme
particulière, ils ne dépendent d’aucune esthétique
spéciale, mais peuvent apparaître dans les condi-
tions les plus diverses. Il leur faut seulement, pour
se manifester, l'intermédiaire du véritable artiste,
de l’homme heureusement doué, de l'inspiré, du
sensitif qui, devant les choses, voit se former en lui
des images qui acquièrent des formes embellies, des
contours annoblis, un coloris plus éclatant, toute
une parure d’idéalisation.
La tradition, quel qu'ait été le génie initial, ne
 
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