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HISTOIRE D'ÉDOUARD MANET
Arts. C'est à de tels jurys que Manet devait d'être
refusé aux Salons et exclu des Expositions univer-
selles.
Les jurys nommés pour une part par les artistes
récompensés, et pour l'autre par l'administration,
avaient fini par soulever le même reproche qu'avait
autrefois fait naître le jury de l'Institut. Sous une
forme moins violente, ils se montraient au fond
pénétrés du même esprit de partialité pour l'école
de la tradition. Ils continuaient à ouvrir de pré-
férence les portes du Salon à ces élèves qui répé-
taient leur manière. L'addition, aux membres du
jury nommés par les artistes médaillés ou hors
concours, de ces membres choisis par l'adminis-
tration, n'apportait aucun élément d'indépendance
d'esprit et de sympathie pour les novateurs, car
l'administration des Beaux-Arts a presque toujours
été un centre de routine et d'absolue médiocrité
de jugement artistique. Les artistes indépendants,
les novateurs, les hommes à l'écart des ateliers
en vogue, d'ailleurs de plus en plus nombreux et
soutenus au dehors par une élite grossissante
de connaisseurs et de critiques, se voyaient donc
toujours sacrifiés aux Salons. A la fin, il s'était
formé un esprit de révolte contre la composition du
jury, contre sa manière partiale de distribuer les
récompenses, et enfin contre le système même de
HISTOIRE D'ÉDOUARD MANET
Arts. C'est à de tels jurys que Manet devait d'être
refusé aux Salons et exclu des Expositions univer-
selles.
Les jurys nommés pour une part par les artistes
récompensés, et pour l'autre par l'administration,
avaient fini par soulever le même reproche qu'avait
autrefois fait naître le jury de l'Institut. Sous une
forme moins violente, ils se montraient au fond
pénétrés du même esprit de partialité pour l'école
de la tradition. Ils continuaient à ouvrir de pré-
férence les portes du Salon à ces élèves qui répé-
taient leur manière. L'addition, aux membres du
jury nommés par les artistes médaillés ou hors
concours, de ces membres choisis par l'adminis-
tration, n'apportait aucun élément d'indépendance
d'esprit et de sympathie pour les novateurs, car
l'administration des Beaux-Arts a presque toujours
été un centre de routine et d'absolue médiocrité
de jugement artistique. Les artistes indépendants,
les novateurs, les hommes à l'écart des ateliers
en vogue, d'ailleurs de plus en plus nombreux et
soutenus au dehors par une élite grossissante
de connaisseurs et de critiques, se voyaient donc
toujours sacrifiés aux Salons. A la fin, il s'était
formé un esprit de révolte contre la composition du
jury, contre sa manière partiale de distribuer les
récompenses, et enfin contre le système même de