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HISTOIRE D'ÉDOUARD MANET

maison, une œuvre vide d'êtres humains, où un
simple banc, se détachant contre le mur couvert de
plantes vertes, devient le personnage. Et ce tableau
se distingue par l'éclat du coloris et l'intensité de la
lumière. Il peint encore à Versailles un Jeune taureau
en plein air, au milieu d'un herbage, le seul tableau
de ce genre qu'il ait produit. Dans l'été de 1882,
le dernier qu'il eut à vivre, il occupe à Rueil la
maison de campagne du dramaturge Labiche, qui
la lui loue. Là il peint tout simplement la façade de
la maison. Elle est banale, moderne, carrée, avec
des contrevents gris. Il tire de ce pauvre motif des
toiles lumineuses et séduisantes.
L'ataxie qui était venu le frapper se produisait
comme la fin naturelle que comportait son orga-
nisme. C'était un.homme d'une sensibilité excessive,
d'une nervosité extrême. C'est à cela qu'il devait
son acuité de vision. Les images transmises par
l'œil, passant à travers le cerveau, y prenaient cet
éclat qui, fixé par le pinceau sur la toile, heurtait
la vision banale des autres hommes. Mais cette
faculté hors ligne, qui lui conférait sa supériorité
d'artiste, entraînait en même temps la fragilité phy-
sique, et sous le poids du travail et de la terrible
lutte qu'il avait toute sa vie soutenue, contre sa
famille et contre son maître Couture d'abord, puis
contre les jurys, contre la presse, contre le public,
 
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