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Ces Syriens ne venaient pas seulement dans notre pays pour y exercer
leur négoce. Ils y étaient attirés par le renom des saints nationaux. Grégoire
de Tours rapporte qu'un habitant des contrées d'outre-mer, étant devenu su-
bitement aveugle., se rendit à Tours dans la basilique de Saint-Martin, où il
finit par recouvrer la vue après maintes prières et maintes intercessions1. Le
patron de la Gaule mérovingienne était aussi connu en Orient que la patronne
de Paris, sainte Geneviève. Saint Martin fut honoré par l'Église grecque et
figure parmi les saints du calendrier ecclésiastique2 (Pl. IV). Le culte de
saint Julien de Brioude se répandit aussi dans les pays du Levant. Un mar-
chand avait emporté des reliques de ce saint dans une ville d'Orient, où il
éleva une basilique en son honneur3. Saint Baudile de Nîmes jouissait aussi
d'une renommée peu commune. Sur son tombeau avait poussé un laurier au
feuillage verdoyant. Les habitants avaient remarqué que les feuilles de cet
arbre guérissaient beaucoup de malades. Un marchand avisé s'empara un
jour d'une touffe de feuillage qu'il emporta en Orient, où le saint devint cé-
lèbre \
*
Les Juifs formaient d'importantes colonies en Gaule, au VIe siècle. Ils
étaient assez nombreux à Arles pour organiser une sédition contre l'évêque,
saint Césaire5. Comme les Syriens, on les trouve installés dans les grandes
1. Cf. Grégoire de Tours, De virtutibus s. Martini, III, 20.
2. Cf. 77 Menologio di Basilio II (Cod. Vatican, gr. 1613), Turin, 1907, p. 47, pl. 176.
3. Cf. Grégoire de Tours, De virtutibus s. Juliani, 33 ; H. Delehaye, op. cit., p. 391. La renom-
mée de sainte Foy, la jeune martyre d'Agen, a franchi aussi les frontières de la France. D'après un
récit postérieur un certain Robert avait fait construire sur une rive de l'Euphrate une église en
l'honneur de cette sainte ; cf. Liber miraculorum s. Fidis, éd. A. Bouillet, Paris, 1897, p. vin, 241
4. Cf. Grégoire de Tours, Ingloria martyrum, jj.
5. Cf. 5. Caesarii Vita, I, 3, 21-22 (Migne, P. L., t. 67, p. 1011, 1012) ; P. Masson, De Massi-
liensium negotiationibus, Paris, 1896, p. 110 ; L.-A. Constans, Arles antique, Paris, 1921, p. 121.
Ces Syriens ne venaient pas seulement dans notre pays pour y exercer
leur négoce. Ils y étaient attirés par le renom des saints nationaux. Grégoire
de Tours rapporte qu'un habitant des contrées d'outre-mer, étant devenu su-
bitement aveugle., se rendit à Tours dans la basilique de Saint-Martin, où il
finit par recouvrer la vue après maintes prières et maintes intercessions1. Le
patron de la Gaule mérovingienne était aussi connu en Orient que la patronne
de Paris, sainte Geneviève. Saint Martin fut honoré par l'Église grecque et
figure parmi les saints du calendrier ecclésiastique2 (Pl. IV). Le culte de
saint Julien de Brioude se répandit aussi dans les pays du Levant. Un mar-
chand avait emporté des reliques de ce saint dans une ville d'Orient, où il
éleva une basilique en son honneur3. Saint Baudile de Nîmes jouissait aussi
d'une renommée peu commune. Sur son tombeau avait poussé un laurier au
feuillage verdoyant. Les habitants avaient remarqué que les feuilles de cet
arbre guérissaient beaucoup de malades. Un marchand avisé s'empara un
jour d'une touffe de feuillage qu'il emporta en Orient, où le saint devint cé-
lèbre \
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Les Juifs formaient d'importantes colonies en Gaule, au VIe siècle. Ils
étaient assez nombreux à Arles pour organiser une sédition contre l'évêque,
saint Césaire5. Comme les Syriens, on les trouve installés dans les grandes
1. Cf. Grégoire de Tours, De virtutibus s. Martini, III, 20.
2. Cf. 77 Menologio di Basilio II (Cod. Vatican, gr. 1613), Turin, 1907, p. 47, pl. 176.
3. Cf. Grégoire de Tours, De virtutibus s. Juliani, 33 ; H. Delehaye, op. cit., p. 391. La renom-
mée de sainte Foy, la jeune martyre d'Agen, a franchi aussi les frontières de la France. D'après un
récit postérieur un certain Robert avait fait construire sur une rive de l'Euphrate une église en
l'honneur de cette sainte ; cf. Liber miraculorum s. Fidis, éd. A. Bouillet, Paris, 1897, p. vin, 241
4. Cf. Grégoire de Tours, Ingloria martyrum, jj.
5. Cf. 5. Caesarii Vita, I, 3, 21-22 (Migne, P. L., t. 67, p. 1011, 1012) ; P. Masson, De Massi-
liensium negotiationibus, Paris, 1896, p. 110 ; L.-A. Constans, Arles antique, Paris, 1921, p. 121.