L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (1.1868)

L'ECLIPSE

CH. MONSELET

ALPI-I. DAUDET

( Dessina tirés d'un volume que MM. Gill ot Vsrmersch doivent prochainement publier sous ee titre : Binettes rimées)

GAZETTE A LA MAIN

11 n'y a qu'un cri dans Paris :

— Demandez Vordre et la marche des Bœufs Gras !... Avec leur
photographie et leur complainte!... Cinq centimes, — un sou\...

Un chroniqueur qui, la veille de ces trois jours de moult joye
et do moult gueule, ne toucherait pas un petit mot des victimes du
lendemain, de leur cortège, de leur promenade, de leurs visites
et de leur trépas, passerait certainement aux yeux de ses lecteurs
pour revenir de Monaco...

J'ai donc pris mes renseignements — des buttes de Chaillot au
val de Charenton.,.

Et je puis lancer mon coincoin dans le concert des canards du
ruisseau :

— Demandez Vordre et la marche .dis Bœufs Gras 1,... Avec leur
photographie etleur complainte!,... Cinq centimes— un soûl...

... tes t^ois Bœufs gras de la présente année, — AUTORISA-
TION PRÉALABLE, GÉNÉRAL BOUM et EMILE LANGLOIS, -r
après avoir passé la nuit, le premier an bal masqué de l'Opéra,
le second au bal masqué de Valentino et le troisième au bal
masqué du Chàtelet, se réuniront dimanche matin sur la place
de l'Institut, à. l'entresol du marchand de vin : Au rendez-vous
des Immortels.

Leur cortège se formera — aussitôt — de la façon suivante :

Le Courrier... français;

Les trompettes du Dernier jugement de ce journal ;...

Notre excellent confrère Albert Brun, — de Montpellier, — en
tambou v-minor.

Les Veaum-oVAne — de la Gaîté :

La musique des Bleuets, conduite par M. Jules Cohen, et la
Suite oVorchestre de M. Massenet, reconduite par Albert Wolff ;

Le comte de Guerry-Maubreuil, marquis d'Orvault, à cheval,
entouré de son état-major;

Une dépuEation des Parnassiens du café de Bobino et des ; Mont-
parnassiens du bal Constapt ;

Lo bœuf AUTORISATION PREALABLE, escorté des Sept Sages
de le. Grèce en sacrificateurs ;

Le bœuf GENERAL BOUM, enveloppé de nu-méros de la
Situation ;

Le bœuf EMILE LANGLOIS, guidé par notre ami Gustave
Laforgue, portant Mlle Silly en Cupidon sur ses épaules et suivi
d'une brigade de claqueurs de la Porte-Saint-Martin ;

M. Chasse-pot, syndic de la boucherie;

Un peloton de gardes municipaux fermant la marche, — ceux
de la première représentation de isc7 — avec la médaille com-
mémorative de cette expédition.

Après avoir longé les quais et traversé lo pont de \&KDiscussion,
— ci-devant de la Concorde, — etla rue Jérôme David,— cî-devânt
oissy-d'ADglas, — les Bœufs Gras se dirigeront par le boulevard
Tkérèsa, — ci-devant de la Madeleine, — vers le Gentlemeti's of
the Lettres-Club, dont le président Charles Joliet offrira l'absinthe
d'honneur aux membres du cortège.

Celui-ci fera halte ensuite sur le boulevard Offenbach, — ci-de-
devant Montmartre, — devant la légation de ùcrolstein, sur le
balcon de laquelle la Grande-Duchesse, le prince Paul et le baron
Grog embrasseront la personne qui fait l'Amour.

Puis, après différentes stations, a l'hôtel Hamburger, dans les
bureaux de l'Auvergnat, chez M. de Camors, chez la comtesse de
Chalir, chez la Pépita Sanchez, à l'ambassade d'Araucanie, chez
M, Grégory Ganesco, le surchargé d'affaires de Valachie, etc., etc.,
les victimes s'arrêteront devant la Porte-Marc-Pournjer...

Là, M, Justamant, — le maître de ballets renommé pour sa
douceur, —- les abattra d'une taloche...

Vlan 1 comme une danseuse!

Un morceau de culotte sera envoyé à M, Darimon.

On s'est beaucoup occupé—cetle semaine — du talent, du
caractère et des habitudes de Frédérick-Lemaître. Aucun journal
pourtant n'a cité, que je sache, le trait suivant de son penchant
a la gaminerie. ' -

Un soir, il passe sur la place do la Bastille,

Une femme est en train de faire de3 crôpes dans une poêle.....

Du bout de sa canne, Frederick pique une crêpe dans cette
poêle, l'enlève et la fait tourner comme un batonniste une
assiette : ,
( — Combien, ma brave femme ?

— Deux sous, mon bon monsieur,

L'artiste laisse retomber la crôpe dans la poêle :

— C'est trop cher.

Et il s'éloigne majestueusement.

J'ai sous les yeux la carte de visite dont le foc simiU suit :

M"

' A DES ENPANS



ARTISTE



dite BENOITINE



Folies-Marigny

J'oubliais :

Au dessus du nom, il y a une couronne...

Une couronne de quoi ? .

De lit?

Los propos do tbomas Vireloquo

J'estime qu'il est de mon devoir de témoigner ici hautement
du plaisir — mêlé de frémissements — que j'ai ressenti a, la lec-
ture de ces pages pleines de légitimes indignations, de généreuses
ironies et de charitables amertumes...

Ces choses-là s'écrivent comme elles se pensent, — la tête
ardente et la main levée...

Elles ne sont donc point responsables — pour ainsi dire —
des exagérations ou des incorrections qu'elles renferment...

Les Propos de Thomas Vireloque, — par notre confrère Jules Ler-
mina, — se trouvent à la librairie de F. et E. Pache et 'M. Deffaux,
164, rue de ftivoli, hôtel du Louvre,

* t ...» \ Théâtre*»

Grand succès à l'Odéon avec la reprise de iiean, par Alexandre
Dumas......i* *■#?•

Grand succès à. l'Opêra-Comique avec Un jour de bonheur, une
partition nouvelle d'Auber...

Nous vous entretiendrons bientôt de cette paire de triomphes...

A propos, M. Georges des Barrois, — le secrétaire de la
rédaction du Dartagnan, — nous expliquera-t-il ce qu'il entendait
dire, dans l'un des derniers numéros de ce journal, alors qu'il
nous parlait du Kean de Shakespeare ?

La suppression de Y autorisation préalable on matière de jour-
naux va faire pousser dans Paris autant de feuilles que le mois de
mars.

Il est à présumer que les trois quarts de ces entreprises politi-
ques et littéraires auront leur cinquième acte au tribunal de
commerce. A .^ '' .

Un Mercadet de la presse, qui a ou nombre de publications li-
quidées sous lui, s'écriait hier :

— Entin! nous allons donc paraître! Rien no nous manque,
Tout est prêt...

-- Parbleu ! fit un auditeur, les syndics sont dm nommés

Deux charbonniers en te-nue de travail — c'est-à-dire plus noira
que le tond démon encrier — font commerce de coups de coinc
sur le trottoir... * 8

Gavroche passe...

— Nom de d'ià ! on ne pourra pas dire que csu^làfs'battent à
l arme blanche I

Un fils de M. Hippolyte Hobtein, — directeur du Chàtelet-
est élève de marine, à Brest, sur la frégate-école.

Un de ses sous-officiers vient à Paris la semaine passée, r

Notre rapin nautique lui donne une lettre de recommandation
pour son papa.

Celui-ci charge l'excellent M. tabot de piloter le loup de mer à
travers les merveilles de Gulliver. I

Après l'avoir fait s'extasier — dans la salle — devant les ma-
gies du spectacle, M. Cabot conduit son hôte dans les coulisses,
au foyer des artistes et au foyer de la danse...
*

Ici, le pauvre diable, aveuglé par l'intelligente nudité de l'JEs-
carfron volant de M. Honoré, trébuche et manque tomber...
Mademoiselle Pauline s'approche :

— Décidément, mon brave, vous n'avez pas le pied marin,.,

— Que voulez-vous, ma jolie demoiselle, riposte le gabier, Un
matelot sur le planchdr des vaches !,..

' , ElklILB Blondet,

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Nous rappelons à nos lecteurs, désireux de col-
lectionner les charges de YEclipsè, que nous tenons à
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