Première année — N° 13
Un ommés"© s fit ëf» centimeg
49 Avril U
■^ (—v
*X/n-il<- "<*■ Jioammi,
<znJ>t. jwwHi iu
o-rr -iHf &4 ojlU. U«
ni. fuuMJ- auxm. un,
dqm. lu. najtwii iïu,
v <mal nturun, d n
«aÀ.. jfaç. ht lumt,
tO"#«*«> fi
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des a»'-
M»or, ,
aits lo'
ins nos I
RÉDACTEUR EN CHEF
«>'. POLO
1B0NNEMEMS
lUi» m>..., ■....... I! *'"•
Htx iuoIm...... .. *î 9
rroit. motn...... X Sî<*
BUREAUX, 8, CITÉ 8ER«ÈBÊ
o IRECTE U R
P. POLO
iBOJjNE
OF.PAfiTEffltfiî^
BUBS4UX,-», CITIBE88SRI
PRIME DE L'ÉCLIPSÉ
Toute personne qui enverra <iirectement en
mandat ou timbres-pojrte au directeur du journal, 5,
cité Bergère, à Paris, — le montant d'un abonne-
ment d'un an à l'Eclipsé, en y ajoutant KO
centimes pour Paris et un franc pour les
départements, — recevra franco l'une des deux
primes suivantes : .
1™ PRIME • '■ .
Trente charges d'And. Gill:
ERNEST FBYDEAD
DARIMON
THEODQROS
THERKSA
Mmes JUDITH
— GALLI-MARIÉ
— DEJAZET
LAPERRIERE
MIRÉS
F. DE LESSEPS
AND. GILL
LE GENERAL PRIM
ED. ABOUT
PANPAN BENOITON
ERNEST PICARD
JULES VALLES
ROSSINI
AUGUSTE VACQUER1E
LE DOMPTEUR BATTY
FREDERICK-LEMAITRE
COURBET
NADAR
Mme UGALDE
VICTOR HUGO
ERNEST RENAN
WOLFP et ROCHEFORT
Mme MARIE SASS
LE BARON BRISSE
A. DUMAS Fils
PONSON DU TERRAIL
2» PRIME
Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour l'ISclipse par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarellee par É. de
Beaumont.
AVIS
1» Avoir soin de bien Indique? celle des deux primes qu'on
choisit ;
2° L'abonnement, avec les deux primes, coûte, ponr Paris,
V fr., et pour les départements, S fr, 50 c.
LE LANGAGE DES FLEURS
A l'usage des gens de tons les mandes
La brise passe au milieu des fleurs épan#uies ; elle est dans
son droit. Mais nous avons également le droit d'écouter ce que
les fleura lui disent, Car les fleura ont un langage, au printemps,
comme vous le savez I
Donc prêtons l'oreille et sténographions. Surtout pas de compte
rendu parallèle^ centrai, /tomonfai,,,, etc.
le papillon. « Fleur qui cherche sa tige. » — Mais où donc est la
rose, cette aimable reine des fleurs ? Je la cherche en vain : Rose
Deschamps, Rose Bruyère, Marie Roze? ' ,
le M"ï©sotis.—Ah! vous allez changer d'air, j'espère. Voilà
quarante-huit ans que vous faites des échos de théâtres, partout
et môme ailleurs. Gela devient triste. Hier, passe; aujourd'hui,
bon encore; mais demainl... Il faudrait varier vos exercices.
le 0K0Tvs,.hérissant ses dards. — Envenimons la querelle. (Il
chante sur un air connu)
Avec mon grand sabre d'acier,
C'est moi qui suis le justicier I (bis.)
(TJ?t grand silence.)
la violette. — Ce cactus est plus indiscret que moi, bien qu'il
ne soit pas Parisien. Moi, comme le Solitaire de M. d'Arlincourt,
je vois tout, je sais toutl Voulez-vous que je vous raconte com-
mentle père X... se mouche ? dans quel mouchoir ? à quelle heure ?
copieusement ou non? Moi, je remarcc tout, et je dis tout.
le coquelicot. — Je suis profondément dégoûté de tout ceci. Il
n'y a que la peinture qui console. Mon patron me laisse encore
écrire, le dimanche, quand je suis bien sage. Cela m'embête à la
fin. Oh ! ma chère Lanterne, quand t'allumerai-je pour chercher
un homme, un seul, quitte à me regarder dans une glace si je no
trouve personnel
le papillon. — Cette fleur éclatante m'impose. Ces pétales
démocratiques me font hésiter. Dois-jelui annoncer que Mlle Lisa,
du théâtre de Barcelone, est définitivement engagée, comme ou-
vreuse, au théâtre de Bry-sur-Marne ? Cela l'intéresserait-il ? (Il
s'approche du coquelicot.)
le coquelicot. — Raca ! Va-t'en trouver Koning ! Tu n'es pas
mon homme, mon bonhomme à moustaches.
le jono. — Un homme jeune? Le voilà. C'est moi I le jonc I
Je suis de la famille des roseaux. Moi aussi je puis crier à pleine
voix ce qua le barbier n'ose plus murmurer tout bas, en riant:
a — Midas, le roi Midas, a les oreilles de Sarcey 1 j> Je suis le
jonc, vous dis-je. Je cingle. En outre, j'époussette vigoureuse-
ment les habits brodés couverts de la poussière qu'on ramasse
sur la route de Saint-Cloud.
le coquelicot. — Nous pourrions peut-être arriver à nous en-
tendre, si nous ne eriions pas tous deux si fort, et en même
temps.
l'églantine, timidement. — Oui, mesdames, je suis une fleur
bien simple et bien modeste, mais si vous saviez mon nom vul-
gaire I... Oh ! que je souffre !
Chaque jour, je demande au ciel vers quel âge il
Punira durement cet immortel A. Gill.
le myosotis. — Hier, ne l'oubliez pas, c'était le dernier vendredi
de madame de Sainte-Vaisselle. On s'est fort amusé. Armand
Gouzien, inexorable, a refusé de cbanter la légende de Saint-
Nicolas, t'en n'auras pas Vètrenne. On remarquait parmi les invités
de distinfftion : Ricord, Commerson, Canuche...
le' cactus, hérissant ses dards. — J'y étais aussi ! — La soirée a
manqué de provocations?.., hein 1
(Un grand silence.)
la violette. — Il y avait là le célèbre pédicure Akilleus. Vou-
lez-vous que je vous raconte comment le célèbre pédicure Akilleus
procède dans ses opérations? Oui. Eh bien, on remarx .d'abord
dans sa chambre à coucher un vase de vaste dimension. Ce vase
{de fabrique nivernoise) lui a été légué par le eousïn de l'oncle
du grand-père de Mlle Aiberty, la fameuse nécromancienne, avec
laquelle je vous ai embêté l'autre jour...
le coquelicot. — Cette littérature me fait l'effet de Vipéca-
cuanha\! Assez 1 assez 1
le jonc.—A la porte ! Cette petite fleur frisée, couleur de gant
d'évêque, m'est suspecte. Je n'aime pas le violet I
le narcisse, seul. — Je suis beau ! j'ai du talent ! je suis très
drôle I Personne ne me va seulement à la cheville. Oui, je suis
beau! j'ai du talent ! je suis très drôle I (Use regarde.) Moi, grand
musicien !
lepapilion.— Que fait Koning? mon maître 1 mon oracle !
mon Dieu I Si j'annonçais que le théâtre de la Gaîté, définitive-
ment, est devenu sa proie,.. Mais je l'ai déjà dit cent fois, —
Mon Dieu ! en ai-je reçu de ces démentis dans ma-vie ! Quelle
queue !
le cactus, hérissant ses dards. — J'en reçois, mais je ne les ac-
cepte pas !,,. Allons !
(Un grand silence.)
l'églantine. ^-Cette plante exotique, qui pique toujours, et ne
fleurit qu'une fois tous les cent ans, me paraît ne pas être dans
le vrai. Ayons des épines pour nous défendre, mais fleurissons
très souvent, parfumons l'air, (Avec une modeste rougeur) et les da-
mes nous mettront à leur corsage délicat, charmant, exquis.
gill, sous un champignon. — Que tu es suave, mon ami ! Tu sè-
mes las adjectifs sans compter, ôpâle églantine 1 Et les adverbes
nuancés tombent de ta plaine comme une rosée de mai.
l'églantine. — Méchant !
Si les dames savaient — ô ciel! — mon nom vulgaire,
Elles en pâliraient, et ne le diraient guère !
le narcisse, — Parbleu ! D'ailleurs on ne répète que le mien.
Mon nom est dans toutes les bouches. Il crève tous les yeux.
L'Amour et moi, nous sommes de la même école. L'école de la
flèche 1 Yeux et cœur crevés !
LE MVOSOTIS.
Quel aplomb ! — O Gouzien, que je sois préservé
Toujours du sort qui rend si fier de près Hervé !
gill, toujours sous un champignon. — Halte-là I mes petits
amis. Assez causé comme cela. Je vous ai cueillis du bout de
mon crayon, que c'est comme un vrai bouquet de fleurs. Regardez I
Quel prodigieux talent ! (Il rit sans bruit.)
Le Cousin Jacques.
LA PÉTITION LE VERRIER
M. Le Verrier, marchand d'étoiles, procureur de comètes, dé-
taillant d'astres à tout prix, principal actionnaire de la maison
Le Verrier et Cie, vient d'adresser à ses collègues du Sénat une
pétition qui respire la gaieté la plus follejet le plus vif enjouement.
L'idée de cette pétition vaut à elle seule tout le répertoire du
Palais-Royal.
Dans cette pétition, M. Le Verrier, marchand dfëtoiles, etc., etc.
prie le Sénat d'empêcher désormais les journaux de s'occuper de
lui ; il paraît que s'il ne découvre plus de planètes, la faute en
est aux journaux, qui viennent se placer au bout de sa lorgnette,
et l'empêchent ainsi de contempler le firmament.
M, Le Verrier, marchand d'étoiles, etc., etc., me permettra, ■ i
échange des bons moments que je lui dois, de lui dire qu'en cette
circonstance il s'est montré d'une bien grande ingratitude.
En effet, cet homme lunatique ne peut ignorer que sa colossale
réputation lui vient, non pas des planètes *m'il a fait découvrir
par ses employés, mais bien des journaux oui ont donné des dé-
tails sur son humeur fantaisiste.
J'ignore si le.projet de M. Le Verrier seifi pris en commiséra-
tion au Sénat; mais dans le cas où il serait refusé au palais dû
Luxembourg, je ne doute pas un seul instaift que le théâtre des
Bouffes-Parisiens ne lui fasse le plus favorafcle accueil.
Mais si, par hasard, le projet était adopté au Sénat, nous pour-
rions aller loin.
En effet, dès l'instant que l'on empêchera Ses jpurnaux de sV-
cupcr de M. Le Verrier, ce sera leur ôter lé pain de la bouche ;
rien ne s'opposera à ce qu'on leur interdise peu à peu les sujets
qui sèchent nos larmes et excitent nos rires.
Nous aurons la pétition Gagne, qui demandera à ce que défense
soit fiite aux journaux de s'occuper du. journal l'Unité ; la péti-
tion Hamburger, la pétition Calino, la pétition ÏRossinî, la péti-
tion Joseph Prudhomme, la pétition d'une spirituelle ambassa-
drice, etc., etc.
Ainsi nous mourrons d'ennui sans pouvoir conjjurer le spleen
ni chasser la noire mélancolie.
Puis la critiqué deviendra difficile et l'art n'en restera pas
moins impossible.
Ainsi, lorsqu'un auteur dramatique aura fait représenter uiv;
pièce trop ou pas assez inepte pour enthousiasme^ ïe public, alin
d'éviter les critiques de nos principaux feuilletonistes du lundi,
il n'aura qu'à adresser au,Sénat la pétition suivante :
a Je viens de faire représenter au théâtre du Sahara un vau?
« deville en quatre actes qui a pour titre : Le Pérfi Crratry; comme
« je m'attends à des critiques désagréables, je vous prierais donc
« de décréter que tout journaliste qui dira du pal de ma piôec
« sera tenu d'assister quatre fois de suite à la représentation de
a mon ouvrage. » ^
En admettant que l'auteur vienne de'prendre plusieurs absin-
thes au café de Suède, il pourra même ajouter é» post-scriptum :
<i Je prie aussi messieurs les sénateurs d'obliger tojs les jour-
« naux à s'extasier devant ma pièce, et à énûmérer les beautés
t de mon ouvrage. »
C'est égal, M. Le Verrier peut dès aujourd'hjui se faire rece-
voir de la Société des auteurs dramatiques. ï
Ge|kges Petit.
LES BOMBAYOS A TROIS SOUS
Chaque âge a son Dieu; chaque époque son engouement; cha?
que temps, sa manie.
Naguère encore, la chanson du Sapeur était tJido!e en vogue ;
puis, vinrent les lions du Cirque, puis la Pieuvre, puis le fusil à
aiguille, puis VQEil crevé, puis la Question romaine.
Aujourd'hui, c'est le Bombayo qui règne en souverain despoto
sur l'Empire de la Vogue.
Le chapeau de paille à trois sous a détrôné le crochet-problème
qui avait détrôné Hervé, qui avait détrôné Bismark, qui avait
détrôné Hugo, qui avait détrôné Batty, qui avait détrôné Thérésa,
Aristote ne l'a pas prévu, ce panama de toutes les bourses,
dans son fameux Chapitre des Chapeaux; Bolivar ne la pas
trouvé ; Cabrion ne Ta pas porté.
Le chapeau de paille à trois sous couvre à cette heure toutes
les têtes.
On l'a vu ALongchamps vendredi dernier, on'le voit dans tout
Paris aujourd'hui, on le verra-'à Carpentras demain.
Il est la consolation du prolétaire qui, à défaut d'autre capital,
peut au moins mettre cela sur la tête de ses enfants.
Les petits crevés qui mangent leur patrimoine en herbe feront
bien d'en mettre en réserve quelques douzaines.
Ceux-là seront sûrs de ne pas mourir de" faim, ils auront de la
paille sur la planche pour les jours de famine qu'ils se pré-
parent.
La fantaisie, déjà, s'est emparée de ces Bombayos.
Des industriels habiles ont fait le chapeau de a pailie humide
de cachots» à l'usage des journalistes et surnommé le «chapeau-
Vermorel, » puis le chapeau de « paille de l'œifdu voisin » Ven-
du sous les noms de a chapeau-Cassagnac. »
Les industriels, espérons-le, ne s'arrêteront pas en sji beau
chemin.
Quant à moi, si VEclipse, plus tard, venait à ne plus payer ma
prose au poids de l'or et que je dusse finir siïr la paille, je ne
demande qu'une chose au ciel, c'est qu'au moins, ce soit sur la
paille blanche et ooquette des Bombayos à trois sous !
JULKS PELPEL.
j-Abonnir.
Un ommés"© s fit ëf» centimeg
49 Avril U
■^ (—v
*X/n-il<- "<*■ Jioammi,
<znJ>t. jwwHi iu
o-rr -iHf &4 ojlU. U«
ni. fuuMJ- auxm. un,
dqm. lu. najtwii iïu,
v <mal nturun, d n
«aÀ.. jfaç. ht lumt,
tO"#«*«> fi
fui ^T^jj
u burea»
,lu Crois-*1
__16, ruf
;HAHG8S 1
des a»'-
M»or, ,
aits lo'
ins nos I
RÉDACTEUR EN CHEF
«>'. POLO
1B0NNEMEMS
lUi» m>..., ■....... I! *'"•
Htx iuoIm...... .. *î 9
rroit. motn...... X Sî<*
BUREAUX, 8, CITÉ 8ER«ÈBÊ
o IRECTE U R
P. POLO
iBOJjNE
OF.PAfiTEffltfiî^
BUBS4UX,-», CITIBE88SRI
PRIME DE L'ÉCLIPSÉ
Toute personne qui enverra <iirectement en
mandat ou timbres-pojrte au directeur du journal, 5,
cité Bergère, à Paris, — le montant d'un abonne-
ment d'un an à l'Eclipsé, en y ajoutant KO
centimes pour Paris et un franc pour les
départements, — recevra franco l'une des deux
primes suivantes : .
1™ PRIME • '■ .
Trente charges d'And. Gill:
ERNEST FBYDEAD
DARIMON
THEODQROS
THERKSA
Mmes JUDITH
— GALLI-MARIÉ
— DEJAZET
LAPERRIERE
MIRÉS
F. DE LESSEPS
AND. GILL
LE GENERAL PRIM
ED. ABOUT
PANPAN BENOITON
ERNEST PICARD
JULES VALLES
ROSSINI
AUGUSTE VACQUER1E
LE DOMPTEUR BATTY
FREDERICK-LEMAITRE
COURBET
NADAR
Mme UGALDE
VICTOR HUGO
ERNEST RENAN
WOLFP et ROCHEFORT
Mme MARIE SASS
LE BARON BRISSE
A. DUMAS Fils
PONSON DU TERRAIL
2» PRIME
Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour l'ISclipse par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarellee par É. de
Beaumont.
AVIS
1» Avoir soin de bien Indique? celle des deux primes qu'on
choisit ;
2° L'abonnement, avec les deux primes, coûte, ponr Paris,
V fr., et pour les départements, S fr, 50 c.
LE LANGAGE DES FLEURS
A l'usage des gens de tons les mandes
La brise passe au milieu des fleurs épan#uies ; elle est dans
son droit. Mais nous avons également le droit d'écouter ce que
les fleura lui disent, Car les fleura ont un langage, au printemps,
comme vous le savez I
Donc prêtons l'oreille et sténographions. Surtout pas de compte
rendu parallèle^ centrai, /tomonfai,,,, etc.
le papillon. « Fleur qui cherche sa tige. » — Mais où donc est la
rose, cette aimable reine des fleurs ? Je la cherche en vain : Rose
Deschamps, Rose Bruyère, Marie Roze? ' ,
le M"ï©sotis.—Ah! vous allez changer d'air, j'espère. Voilà
quarante-huit ans que vous faites des échos de théâtres, partout
et môme ailleurs. Gela devient triste. Hier, passe; aujourd'hui,
bon encore; mais demainl... Il faudrait varier vos exercices.
le 0K0Tvs,.hérissant ses dards. — Envenimons la querelle. (Il
chante sur un air connu)
Avec mon grand sabre d'acier,
C'est moi qui suis le justicier I (bis.)
(TJ?t grand silence.)
la violette. — Ce cactus est plus indiscret que moi, bien qu'il
ne soit pas Parisien. Moi, comme le Solitaire de M. d'Arlincourt,
je vois tout, je sais toutl Voulez-vous que je vous raconte com-
mentle père X... se mouche ? dans quel mouchoir ? à quelle heure ?
copieusement ou non? Moi, je remarcc tout, et je dis tout.
le coquelicot. — Je suis profondément dégoûté de tout ceci. Il
n'y a que la peinture qui console. Mon patron me laisse encore
écrire, le dimanche, quand je suis bien sage. Cela m'embête à la
fin. Oh ! ma chère Lanterne, quand t'allumerai-je pour chercher
un homme, un seul, quitte à me regarder dans une glace si je no
trouve personnel
le papillon. — Cette fleur éclatante m'impose. Ces pétales
démocratiques me font hésiter. Dois-jelui annoncer que Mlle Lisa,
du théâtre de Barcelone, est définitivement engagée, comme ou-
vreuse, au théâtre de Bry-sur-Marne ? Cela l'intéresserait-il ? (Il
s'approche du coquelicot.)
le coquelicot. — Raca ! Va-t'en trouver Koning ! Tu n'es pas
mon homme, mon bonhomme à moustaches.
le jono. — Un homme jeune? Le voilà. C'est moi I le jonc I
Je suis de la famille des roseaux. Moi aussi je puis crier à pleine
voix ce qua le barbier n'ose plus murmurer tout bas, en riant:
a — Midas, le roi Midas, a les oreilles de Sarcey 1 j> Je suis le
jonc, vous dis-je. Je cingle. En outre, j'époussette vigoureuse-
ment les habits brodés couverts de la poussière qu'on ramasse
sur la route de Saint-Cloud.
le coquelicot. — Nous pourrions peut-être arriver à nous en-
tendre, si nous ne eriions pas tous deux si fort, et en même
temps.
l'églantine, timidement. — Oui, mesdames, je suis une fleur
bien simple et bien modeste, mais si vous saviez mon nom vul-
gaire I... Oh ! que je souffre !
Chaque jour, je demande au ciel vers quel âge il
Punira durement cet immortel A. Gill.
le myosotis. — Hier, ne l'oubliez pas, c'était le dernier vendredi
de madame de Sainte-Vaisselle. On s'est fort amusé. Armand
Gouzien, inexorable, a refusé de cbanter la légende de Saint-
Nicolas, t'en n'auras pas Vètrenne. On remarquait parmi les invités
de distinfftion : Ricord, Commerson, Canuche...
le' cactus, hérissant ses dards. — J'y étais aussi ! — La soirée a
manqué de provocations?.., hein 1
(Un grand silence.)
la violette. — Il y avait là le célèbre pédicure Akilleus. Vou-
lez-vous que je vous raconte comment le célèbre pédicure Akilleus
procède dans ses opérations? Oui. Eh bien, on remarx .d'abord
dans sa chambre à coucher un vase de vaste dimension. Ce vase
{de fabrique nivernoise) lui a été légué par le eousïn de l'oncle
du grand-père de Mlle Aiberty, la fameuse nécromancienne, avec
laquelle je vous ai embêté l'autre jour...
le coquelicot. — Cette littérature me fait l'effet de Vipéca-
cuanha\! Assez 1 assez 1
le jonc.—A la porte ! Cette petite fleur frisée, couleur de gant
d'évêque, m'est suspecte. Je n'aime pas le violet I
le narcisse, seul. — Je suis beau ! j'ai du talent ! je suis très
drôle I Personne ne me va seulement à la cheville. Oui, je suis
beau! j'ai du talent ! je suis très drôle I (Use regarde.) Moi, grand
musicien !
lepapilion.— Que fait Koning? mon maître 1 mon oracle !
mon Dieu I Si j'annonçais que le théâtre de la Gaîté, définitive-
ment, est devenu sa proie,.. Mais je l'ai déjà dit cent fois, —
Mon Dieu ! en ai-je reçu de ces démentis dans ma-vie ! Quelle
queue !
le cactus, hérissant ses dards. — J'en reçois, mais je ne les ac-
cepte pas !,,. Allons !
(Un grand silence.)
l'églantine. ^-Cette plante exotique, qui pique toujours, et ne
fleurit qu'une fois tous les cent ans, me paraît ne pas être dans
le vrai. Ayons des épines pour nous défendre, mais fleurissons
très souvent, parfumons l'air, (Avec une modeste rougeur) et les da-
mes nous mettront à leur corsage délicat, charmant, exquis.
gill, sous un champignon. — Que tu es suave, mon ami ! Tu sè-
mes las adjectifs sans compter, ôpâle églantine 1 Et les adverbes
nuancés tombent de ta plaine comme une rosée de mai.
l'églantine. — Méchant !
Si les dames savaient — ô ciel! — mon nom vulgaire,
Elles en pâliraient, et ne le diraient guère !
le narcisse, — Parbleu ! D'ailleurs on ne répète que le mien.
Mon nom est dans toutes les bouches. Il crève tous les yeux.
L'Amour et moi, nous sommes de la même école. L'école de la
flèche 1 Yeux et cœur crevés !
LE MVOSOTIS.
Quel aplomb ! — O Gouzien, que je sois préservé
Toujours du sort qui rend si fier de près Hervé !
gill, toujours sous un champignon. — Halte-là I mes petits
amis. Assez causé comme cela. Je vous ai cueillis du bout de
mon crayon, que c'est comme un vrai bouquet de fleurs. Regardez I
Quel prodigieux talent ! (Il rit sans bruit.)
Le Cousin Jacques.
LA PÉTITION LE VERRIER
M. Le Verrier, marchand d'étoiles, procureur de comètes, dé-
taillant d'astres à tout prix, principal actionnaire de la maison
Le Verrier et Cie, vient d'adresser à ses collègues du Sénat une
pétition qui respire la gaieté la plus follejet le plus vif enjouement.
L'idée de cette pétition vaut à elle seule tout le répertoire du
Palais-Royal.
Dans cette pétition, M. Le Verrier, marchand dfëtoiles, etc., etc.
prie le Sénat d'empêcher désormais les journaux de s'occuper de
lui ; il paraît que s'il ne découvre plus de planètes, la faute en
est aux journaux, qui viennent se placer au bout de sa lorgnette,
et l'empêchent ainsi de contempler le firmament.
M, Le Verrier, marchand d'étoiles, etc., etc., me permettra, ■ i
échange des bons moments que je lui dois, de lui dire qu'en cette
circonstance il s'est montré d'une bien grande ingratitude.
En effet, cet homme lunatique ne peut ignorer que sa colossale
réputation lui vient, non pas des planètes *m'il a fait découvrir
par ses employés, mais bien des journaux oui ont donné des dé-
tails sur son humeur fantaisiste.
J'ignore si le.projet de M. Le Verrier seifi pris en commiséra-
tion au Sénat; mais dans le cas où il serait refusé au palais dû
Luxembourg, je ne doute pas un seul instaift que le théâtre des
Bouffes-Parisiens ne lui fasse le plus favorafcle accueil.
Mais si, par hasard, le projet était adopté au Sénat, nous pour-
rions aller loin.
En effet, dès l'instant que l'on empêchera Ses jpurnaux de sV-
cupcr de M. Le Verrier, ce sera leur ôter lé pain de la bouche ;
rien ne s'opposera à ce qu'on leur interdise peu à peu les sujets
qui sèchent nos larmes et excitent nos rires.
Nous aurons la pétition Gagne, qui demandera à ce que défense
soit fiite aux journaux de s'occuper du. journal l'Unité ; la péti-
tion Hamburger, la pétition Calino, la pétition ÏRossinî, la péti-
tion Joseph Prudhomme, la pétition d'une spirituelle ambassa-
drice, etc., etc.
Ainsi nous mourrons d'ennui sans pouvoir conjjurer le spleen
ni chasser la noire mélancolie.
Puis la critiqué deviendra difficile et l'art n'en restera pas
moins impossible.
Ainsi, lorsqu'un auteur dramatique aura fait représenter uiv;
pièce trop ou pas assez inepte pour enthousiasme^ ïe public, alin
d'éviter les critiques de nos principaux feuilletonistes du lundi,
il n'aura qu'à adresser au,Sénat la pétition suivante :
a Je viens de faire représenter au théâtre du Sahara un vau?
« deville en quatre actes qui a pour titre : Le Pérfi Crratry; comme
« je m'attends à des critiques désagréables, je vous prierais donc
« de décréter que tout journaliste qui dira du pal de ma piôec
« sera tenu d'assister quatre fois de suite à la représentation de
a mon ouvrage. » ^
En admettant que l'auteur vienne de'prendre plusieurs absin-
thes au café de Suède, il pourra même ajouter é» post-scriptum :
<i Je prie aussi messieurs les sénateurs d'obliger tojs les jour-
« naux à s'extasier devant ma pièce, et à énûmérer les beautés
t de mon ouvrage. »
C'est égal, M. Le Verrier peut dès aujourd'hjui se faire rece-
voir de la Société des auteurs dramatiques. ï
Ge|kges Petit.
LES BOMBAYOS A TROIS SOUS
Chaque âge a son Dieu; chaque époque son engouement; cha?
que temps, sa manie.
Naguère encore, la chanson du Sapeur était tJido!e en vogue ;
puis, vinrent les lions du Cirque, puis la Pieuvre, puis le fusil à
aiguille, puis VQEil crevé, puis la Question romaine.
Aujourd'hui, c'est le Bombayo qui règne en souverain despoto
sur l'Empire de la Vogue.
Le chapeau de paille à trois sous a détrôné le crochet-problème
qui avait détrôné Hervé, qui avait détrôné Bismark, qui avait
détrôné Hugo, qui avait détrôné Batty, qui avait détrôné Thérésa,
Aristote ne l'a pas prévu, ce panama de toutes les bourses,
dans son fameux Chapitre des Chapeaux; Bolivar ne la pas
trouvé ; Cabrion ne Ta pas porté.
Le chapeau de paille à trois sous couvre à cette heure toutes
les têtes.
On l'a vu ALongchamps vendredi dernier, on'le voit dans tout
Paris aujourd'hui, on le verra-'à Carpentras demain.
Il est la consolation du prolétaire qui, à défaut d'autre capital,
peut au moins mettre cela sur la tête de ses enfants.
Les petits crevés qui mangent leur patrimoine en herbe feront
bien d'en mettre en réserve quelques douzaines.
Ceux-là seront sûrs de ne pas mourir de" faim, ils auront de la
paille sur la planche pour les jours de famine qu'ils se pré-
parent.
La fantaisie, déjà, s'est emparée de ces Bombayos.
Des industriels habiles ont fait le chapeau de a pailie humide
de cachots» à l'usage des journalistes et surnommé le «chapeau-
Vermorel, » puis le chapeau de « paille de l'œifdu voisin » Ven-
du sous les noms de a chapeau-Cassagnac. »
Les industriels, espérons-le, ne s'arrêteront pas en sji beau
chemin.
Quant à moi, si VEclipse, plus tard, venait à ne plus payer ma
prose au poids de l'or et que je dusse finir siïr la paille, je ne
demande qu'une chose au ciel, c'est qu'au moins, ce soit sur la
paille blanche et ooquette des Bombayos à trois sous !
JULKS PELPEL.
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