L'ECLIPSE,
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lu,,dcr «» cocher «,„
vous verra
» «venter le ;
"•mais le fond
! à un cloporte,
«vêtir dap.,*,,,,
™.sv,=ndroatS'.pla,i»
>M* sur l'Arc*.:;,,;
i feralagaenelejoaron,
"«•MgileU de flanelle toi
un moyen.
genre humain que les liai,
ive droite d'un fleuve, pénis
pel sur la rive gamin, pais
ue chose à la tête.
FUGE
le calme trompeur du sage\z
rîté sous la soied'impmptà
promenais de Joug enioigs
lombrem refuges du qorfï
\ est cet îlot d'asphalte,cm-
culaire, bordé de granit, et perdu au sein des vastes mers du
macadam, qui produit pour toute végétation un cocotier en si-
mili-bronze, aux branches duquel mûrissent, blancs le jouret
flamboyants la nuit, cinq énormes fruits en verra dépoli.
C'est à M. Haussmann que nous devons ces utiles éléments
d'un archipel rudimentaire. Que Eon saint nom allemand soit
loué I
* *
La pluie tombait toujours, fine et drue. Aucun omnibus ne
passait. J'avais faim, en outre. Robinson ennuyé, je sentais
mon île déserte se transformer peu à peu en radeau de la
Méduse.
Et pas de journal à lire à, la lueur tremblante du cocotier à
gaz!
Si vous croyez qu'on s'amuse, à six heures, aur un refuge, de-
vant Saint-Louis d'Antin, vous vous trompez fort.
Tout à coup — comme dans un rajnan — une forme noire, la
tôte enfoncée sous un en-tout-cas féminin et vôtue d'un long waier
proof, aborda au rivage bitumé de mon refuge.
Si les plus mauvais vers sont ceux où la cheville abonde, il est
à remarquer qu'une dame qui n'en a pas —' de cheville — est
désagréable à voir.
Mais tel n'était point'le cas de la forme noire, en water proof,
qui battait do sa petite semelle sur le sol miroitant du refuge.
#
* #
Je regardais donc avec émotion les chevijles de cette dame in-
connue, soigneusement voilée.
Or, d'une cheville délicate, dessinée admirablement par le che-
vreau souple de la demi-botte, remonter au visage, en s'amusant
aux détails charmants qu'on devine en route, ça et là, n'est point
une chose absolument défendue, n'est-ce pas?
Et d'ailleurs il est si doux d'enfreindre les défenses et de bra-
ver ièS lois, que sous le regard sévère des magistrats intègres,
ornés de leur cravate blanche immaculée, j'aurais fait voyager
mon œil, bleu touriste, sur les lignes exquises du corps de cette
jeune dame, lignes indiscrètement accusées par le water proof.
Mo h regard arriva enfin, après un long trajet accompli heu-
reusement, où ? vous le devinez, au menton adorable de ma com-
pagne de naufrage.
Petit menton couché douillettement sur le velours garni de
dentelle de la bride du chapeau.
Puis.,. — Ah Ml
Gettd exclamation peint faiblement la gigantesque surprise qui
m'inonda le coeur ds folle joie, en reconnaissant — dans ce meft<-
ton, et, plus halitj dans cette bouche charmante, et, plus haut en-
core, daua ce petit nez mis en prison sans une voilette, — le nez,
la bouche et le menton d'une sous-institutrice farouche qui, huit
jours auparavant* avait répondu à la plus brûlante des lettres par
ces mots glacés t
— « iVous îiè nous comprenons pas. L'oiseau bleu qui dmnte dans
ti mon âme restera solitaire. Adieu ! Soyez heureux !
ci LUCIE. »
Et la pluie tombait toujours!
La pluie tombait toujours et l'omnibus ue passait pas ^- ou
passait — chargé jusqu'à la gueule!
Affectant plus que jamais le calme trompeur du sage, je ma-
nœuvrai adroitement de façon à apparaître devant ma Lucie
comme un spectre évoqué soudain.
J'y parvins.
__Lucie ! murmurai-je, plus suave que la brise dans les
amandiers.
— Vous ! ! — ici !... Ah ! c'est bien mal !
— Pourquoi? le pavé du roi est à tojatle monde... Ah ! Lucie !
En ce montent j'égrenai un chapelet tout entier de gros soupirs,
m'arrêtant aux Pater et aux Ave, pour pousser un — Ah ! Lucie 1
La jolie sous-maîtresse, irrésolue, sévère et souriante, me re-
gardait du coin de l'œil, feignant de prêter l'oreille au chant de
la fauvette qu'imitent si mal avec leur sifflet les conducteurs de
la Compagnie des omnibus.
— Lucie ? repris-je.
— Non, monsieur. Oublions ce beau rêve. C'est bien fini. Je
vous rendrai vos lettres.
— Et moi, je garderai les vôtres jusqu'à ma mort,., qui ne
tardera pas, je le sens I m'écriai-je.
En effet, je mourais d'inanition.
Et la pluie tombait toujours*
«s*
# *
Que vous disais-je?
Au pied du Cocotier de Simili-Bronze, noUs jouâmes successi-
vement la plupart des scènes d'amour que Molière a écrites. Cela
nous prit h peu près trois bons quarts d'heure.
Je fus- éloquent. Et puis, la petite Lucie avait une faim (elle
me l'avoua plus tard) des plus singulières; un horizon d'écre-
visses épieéeë et de chateaubriant aux pommes soufflées, vain
mirage, flottait devant ses yeux.
■ Bref, ~ oh! lé combat fut rude et hasardeux, —j'obtins la
permission de lui offrir le bras. Elle ferma son en-tout-cas mi-
croscopique. Et la soie inusable de mon vaste parapluie abrita
nos deux têtes jusqu'au restaurant le plus fourni en cabinets
particuliers.
Nous n'allâmes pas très-loin, du reste.
La robuste écaillère, échouée comme un vieux navire, à la porte
de ce lieu de délices illégitimes, daigna nous sourire quand nous
passâmes près d'elle.
Je lui rendis cette marque d'affection, en lui disant ; Bonjour
Marennes.
Lucie entendit : Ma reine I et me pinça.
Le garçon qui nous ouvrait comprit : Marraine, et devint fami-
lier.
Néanmoins nous fîmes — t'en souviens-tu, Lucie, — une ado-
rable petite dînette de poupée où rien ne manquait, pas même
un perdreau habilement garni de citations de truffes.
Et voilà comment, ô mon ange, un soir qu'il brumait, nous
mangeâmes l'oiseau bleu, mais truffé, en bénissant à jamais
M. Hauëfehiaft d'avoir eu i'heui'êuaiâ idée de créer le refuge (refu-
gium peccatorum, amen).
Ernest d'Hkrvilly.
GAZETTE h LÀ
Amis, voici la riante semaine — qui ramène invariablement les
mêmes hallali sur la trompe de chasse, les mêmes coassements
de gamins dans les cornes de leurs pères, les mêmes tapissières
sur les boulevards, les mêmes manteaux vénitiens dans le monde
et la même cohue partout !.,.
Du diable si quelque chose a jamais pu empêcher tout cela !..,
Quand il tomberait des baïonnettes — emmanchées de leur
chassepot !,.,
C'est toujours la légende du joli dessin de Montbard :
Une belle fille revient du bal masqué à six heures du matin.
Il pleut...
Serrant un maigre tartan contre s^s hanches andalouses, la
pauvrette évolue sur la pointe de ses bottines à travers les fla-
ques d'eau et de bouo...
En sautillant, elle soupire :
— Dire qu'en restant chez moi, j'aurais gagné cent soas à piquer des
chemises !.. Par exemple, en ne restant pas chez moi, j'ai gagne' un
fier rhume de cerveau!... C'est toujours ça de gagné.
Reprise tic Keui» «. l'Odéon,
Kean fut donné — en 1836 — aux Variétés.
Le soir de la répétition générale, — à laquelle assistait tout le
Paris littéraire, élégant et aristocratique de l'époque, —Alexan-
dre Dumas appela Frederick dans un coin des coulisses, afin de
lui adresser quelques observations.
Dès le début, Frederick l'interrompit pour demander au ma
chiniste en chef :
Qu'est-ce que c'est donc que ce bouton de cuivre que j'aperçois
là, derrière le manteau d'Arlequin?
Ce bouton n'était autre que la poignée de la tringle destinée à
mettre en mouvement le système de la rampe et à en modifier
l'éclairage, suivant les besoins de la situation.
Le machiniste en expliqua brièvement l'usage et la manœuvre
au comédien.
— Très bien, dit celui-ci. Maintenant, allez, mon cher Dumas,
Désormais, je suis tout oreilles.,.
Dumas recommencé à parler.
Tout à coup, les acteurs, sur la scène, et les spectateurs, dans
la salle, poussent un grand cri !
Le gaz vient de s'éteindre !
Le théâcne est plongé dans une obscurité complète !
C'est Frederick qui a tourné le bouton !
Et qui s'écrie, apostrophant Dumas d'un ton goguenard :
*» Hein, mon fiston, ça te la coupe II!
*
# *
M. Bertôn ne nous a pas habitués à de semblables incartades.
M. Berton est un artiste blond, distingué, consciencieux, déli-
cat, — préoccupé du cheveu, chercheur de la. petite béte...
Où — aveG cela — les côtés échevelés et bouillonnants du rôle?
L'affiche dit : Désordre et Génie...
M. Berton répond : Méthode et Talent.
La première représentation de cette reprise n'en a pas moins
été très-tumultueuse. On a crié: Vive Hugo! Vive Rochefort!
Vive Dumas !
Le futur Diogène-Desgenais ne se plaindra pas de la compagnie.
Après le spectacle, les étudiants se sont attroupés autour du
susceptible — épithète de circonstance — rédacteur en chef du Dur-
tagnan et se sont efforcés de dételer... les cordons de ses souliers.
Mes compliments à Mlles Sarah Berhardt, Louise Ferraris,
Bode et Fàssy,
Le parterre — gouailleur — les a baptises les Quatre filles
Aymon de la rive gauche.
Est-ce parce qu'il leur sera beaucoup pardonné?
Lorsque les Variétés jouaient Kean-, # autrefois, — il avait été
stipulé par traité entre tes directeurs, — ils étaient deux, je
crois, à cette époque, =* et l'auteur, qu'une p-rïme de 6,000 fr.
serait vergée à ce dernier si les recettes &99 vingt premières re-
présentations atteignaient un certain chiffré*
Le soir de la 20e représentation, Dumas arrive dans les coulisses.
Les directeurs l'abordent d'un air lugubre.
— Mon cher Dumas, vous nous voyez au désespoir : vous ne
toucherez pas votre prime.
— Comment?
— Il s'en manque de vingt francs que nous ne fassions la som-
me convenue...
— Allons donc!
— Voici nos livres, vérifiez.
— Il me semble pourtant qu'il y a du monde dans la salle.
— Oh! des petites places seulement. Les loges sont vides. Con-
trôlez plutôt la location.
*
* -M
Dumas descend et interroge le contrôleur.
— Ah I monsieur, lui répond celui ci, on hg nous a pas môme
pris une malheureuse avant-scène de vingt francs 1
— Vraiment? dit Dumas en tirant un louis de sa poche, alors
donnez-m'en une.
Puis, à la fia du spectacle, il remonte dans le cabinet des direc-
teurs.
— Mes enfants, si nous recomptions la recette, hein?... Je
crois que j© toucherai ma prime ; le chiffré est atteint.
iju'uq beau malin
bras de...
ml le rime.
... Çatio!
coup... nécessaire
né ce viscère ?
ton devoirI
uanlères de voir
■oie rétioe.
! B *flàtonl;laerftto
a mels pins neuf
l que le bœuf!
?pbeme ne t'échsppe,
jgurss nappe!
mf.
ooe cependant
rder de deoi-
II.
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tors-
folle-
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■
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>a caay^K''
roiw'!
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l'étant plJS w
SCENE IV
FRANCIS, POL, CLEA
cli:a, remettant à Francis une énorme liasse de papiers timbrés.
■ Bonjour, Monsieur Francis; j'apporte mes papiers !
Eh!cecherPol...(P/wi'6as)isson I
(iïawOiCômfliëntVoUsva... (B<w)nu-picilsï
POL
Bienl — Mais vous me semblés, je le dis en sourdine,
A ne voua rien celer... {Bas) rate—(tfflwi)plus maigre,., (Bo*)dîne I
FRANCIS
Venez! — Noua serons mieux, pour causer froidement,
Dans mon cabinet.
CLBA
Certes;! toits égards... {Bas à Pot) nement!
SCÈNE V
pol, seul
Et l'on se jette en proie à de telles autruches 1
Mon Dieu, mon Dieu! faut-il que les hommes soient cruches 1
y CÈNE VI
LES MEMES, — ARTHUR
arthur, refaisant irruption
C'est moi! me revoici! Deux mots sans plus; ouïs ;
— J'étais à Vienne. Un jour mes regards éblouis
Tombent sur deux beaux yeux qui m'avaient — vieille histoire !
' Envoyé, dans Paris, droit à la balançoire...
Je salue; on sourit; j'approche; on tend la main :
« Voulez-voHs, cher monsieur, grimper chez moi... demain? »
— J'y vais : cinq invités ; quatre pelés, un chauve.....
Elle avait ce soir-ià, des façons d'ange... fauve.....
On s'en va. Moi, je reste, et, tombant à genoux :
« J'avais tant à vous dire encore! M'en voudrez-vous?»
— La belle alors montrant, timide et provocante,
Son eoucou, qui marquait juste onze heures cinquante,
Me répliqua d'un ton chaud et froid : — « C'est selon ;
Non, si vous êtes court... oui, si vous êtes long. »
— J'insiste... on ne dit mot; je supplie... on me raille;
Je l'appelle « ma biche » et lui pince la taille :
Larmes, sanglots, fureur... beaucoup de bruit pour rien!
— Bref, au coup de minuit elle sautait au mien.
POL
Après ?
ARTHUR
Après i — « Va-t-en, monstre qui m'a séduite ;
« Ce premier numéro n'aura pas d'autre fuite I »
— Je pars en souriant de ce bizarre arrêt ;
Mais dès le lendemain, pimpant et guilleret,
Je sonne et je résonne au seuil de ses pénates...
— Madame, dans la nuit, s'était tiré des pattes!t !
Et pas de traces ! Rien ! ! — Est-ce beau !... Qu'en dis-tu î
ici quelle faiblesse I... et, là, quelle vertu ! !
Ajoute qu'avant moi sa tête droite et haute
N'avait jamais fléchi sous le poids d'une faute !
— ...Or, son époux à. point vient de tourner de l'œil ;
Or, je l'ai retrouvée à Paris en grand deuil j...
pol, bondissant.
C'est donc Cléa !
ARTHUR
Mais non I Pas du tout!.. — Oui ! c'est ell(
Je ne puis te cacher le nom dont on l'appelle,
Puisque tu vas courir, de ma part, à l'instant,
Mettre à ses pieds mon nom, ma main,... et le restant.
POL
Moi ! jamais de la vie. — Ah 1 bien ouï ! Je refuse
Avec enthousiasme, Arthur, et sans excuse ;
Témoin d'un duel, soit 1 mais marieur... bonsoir 1
Si tu comptais sur moi, tu peux aller...
ARTHUR
... « T'assooir ! »
Fort bip
j y vais...
SCENE VII
LES MEMES. — FRANCIS
i'rancis, à Arthur.
Salut, gentleman exogèiK
arthur, s'en allant.
Salut, maître, salut !
FRAKfIS
Est-ce que je vous gene 1
ARTHUR
Vous? non ! —Certain besoin m'appelle en certain lieu!..;
FRANCIS
Du Regnard! Il suffit; ça se comprend -, — adieu !
SCÈNE VIII
FOL, FRANCIS
POL
Eh bien! là, franchement, je la trouve trop roidel
Cette femme, tu sais — que ta raison plus froide
Défend contre l'ardèUr de mon dépit — elle a,
Par-dessus le irtoulin à bourdes (montrant Arthur) que voilà,
Jeté tout : bonnet, bas, brodequins, robe et cotte...
— J'avais raison 1 Ta vois ! ce n'est qu'une... cocotte.
FRANCIS
Pol, n'insultons jamais Une femme qui choit !
— Elle n'était qvCenvefSi je la croyais endroit.
Tant pis !.., Mais non : tant mieux ! car cette frasque intime
Fait ta conduite, en somme, après coup légitime !
POL
Cet Arthur ! — Est-il laid ! Un vrai croquis d'Humbert :
Ventre et pieds, rien de plus...
SCÈNE IX
LES MÊMES, CAMOMILLE
womille, derrière la porte ; elle y reste pendant toute la scène.
Psi !
Viens-tu ?
Ah oui 1 le concert !
camomille
Non ! pas moyen...-j'ai cassé ma bretelle.
Pèse accompagne-la.
FRANCIS
D'abord, y consent-elle ?
CAMOMILLE
Oui bien ! Je ne suis pas, moi, femme à disputer :
Tu ne veux pas venir, mon cher Pol ? faut rester!
Jules be M...
FIN DU DEUXIÈME ACTE.
{La suite à dimanche.)
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vous verra
» «venter le ;
"•mais le fond
! à un cloporte,
«vêtir dap.,*,,,,
™.sv,=ndroatS'.pla,i»
>M* sur l'Arc*.:;,,;
i feralagaenelejoaron,
"«•MgileU de flanelle toi
un moyen.
genre humain que les liai,
ive droite d'un fleuve, pénis
pel sur la rive gamin, pais
ue chose à la tête.
FUGE
le calme trompeur du sage\z
rîté sous la soied'impmptà
promenais de Joug enioigs
lombrem refuges du qorfï
\ est cet îlot d'asphalte,cm-
culaire, bordé de granit, et perdu au sein des vastes mers du
macadam, qui produit pour toute végétation un cocotier en si-
mili-bronze, aux branches duquel mûrissent, blancs le jouret
flamboyants la nuit, cinq énormes fruits en verra dépoli.
C'est à M. Haussmann que nous devons ces utiles éléments
d'un archipel rudimentaire. Que Eon saint nom allemand soit
loué I
* *
La pluie tombait toujours, fine et drue. Aucun omnibus ne
passait. J'avais faim, en outre. Robinson ennuyé, je sentais
mon île déserte se transformer peu à peu en radeau de la
Méduse.
Et pas de journal à lire à, la lueur tremblante du cocotier à
gaz!
Si vous croyez qu'on s'amuse, à six heures, aur un refuge, de-
vant Saint-Louis d'Antin, vous vous trompez fort.
Tout à coup — comme dans un rajnan — une forme noire, la
tôte enfoncée sous un en-tout-cas féminin et vôtue d'un long waier
proof, aborda au rivage bitumé de mon refuge.
Si les plus mauvais vers sont ceux où la cheville abonde, il est
à remarquer qu'une dame qui n'en a pas —' de cheville — est
désagréable à voir.
Mais tel n'était point'le cas de la forme noire, en water proof,
qui battait do sa petite semelle sur le sol miroitant du refuge.
#
* #
Je regardais donc avec émotion les chevijles de cette dame in-
connue, soigneusement voilée.
Or, d'une cheville délicate, dessinée admirablement par le che-
vreau souple de la demi-botte, remonter au visage, en s'amusant
aux détails charmants qu'on devine en route, ça et là, n'est point
une chose absolument défendue, n'est-ce pas?
Et d'ailleurs il est si doux d'enfreindre les défenses et de bra-
ver ièS lois, que sous le regard sévère des magistrats intègres,
ornés de leur cravate blanche immaculée, j'aurais fait voyager
mon œil, bleu touriste, sur les lignes exquises du corps de cette
jeune dame, lignes indiscrètement accusées par le water proof.
Mo h regard arriva enfin, après un long trajet accompli heu-
reusement, où ? vous le devinez, au menton adorable de ma com-
pagne de naufrage.
Petit menton couché douillettement sur le velours garni de
dentelle de la bride du chapeau.
Puis.,. — Ah Ml
Gettd exclamation peint faiblement la gigantesque surprise qui
m'inonda le coeur ds folle joie, en reconnaissant — dans ce meft<-
ton, et, plus halitj dans cette bouche charmante, et, plus haut en-
core, daua ce petit nez mis en prison sans une voilette, — le nez,
la bouche et le menton d'une sous-institutrice farouche qui, huit
jours auparavant* avait répondu à la plus brûlante des lettres par
ces mots glacés t
— « iVous îiè nous comprenons pas. L'oiseau bleu qui dmnte dans
ti mon âme restera solitaire. Adieu ! Soyez heureux !
ci LUCIE. »
Et la pluie tombait toujours!
La pluie tombait toujours et l'omnibus ue passait pas ^- ou
passait — chargé jusqu'à la gueule!
Affectant plus que jamais le calme trompeur du sage, je ma-
nœuvrai adroitement de façon à apparaître devant ma Lucie
comme un spectre évoqué soudain.
J'y parvins.
__Lucie ! murmurai-je, plus suave que la brise dans les
amandiers.
— Vous ! ! — ici !... Ah ! c'est bien mal !
— Pourquoi? le pavé du roi est à tojatle monde... Ah ! Lucie !
En ce montent j'égrenai un chapelet tout entier de gros soupirs,
m'arrêtant aux Pater et aux Ave, pour pousser un — Ah ! Lucie 1
La jolie sous-maîtresse, irrésolue, sévère et souriante, me re-
gardait du coin de l'œil, feignant de prêter l'oreille au chant de
la fauvette qu'imitent si mal avec leur sifflet les conducteurs de
la Compagnie des omnibus.
— Lucie ? repris-je.
— Non, monsieur. Oublions ce beau rêve. C'est bien fini. Je
vous rendrai vos lettres.
— Et moi, je garderai les vôtres jusqu'à ma mort,., qui ne
tardera pas, je le sens I m'écriai-je.
En effet, je mourais d'inanition.
Et la pluie tombait toujours*
«s*
# *
Que vous disais-je?
Au pied du Cocotier de Simili-Bronze, noUs jouâmes successi-
vement la plupart des scènes d'amour que Molière a écrites. Cela
nous prit h peu près trois bons quarts d'heure.
Je fus- éloquent. Et puis, la petite Lucie avait une faim (elle
me l'avoua plus tard) des plus singulières; un horizon d'écre-
visses épieéeë et de chateaubriant aux pommes soufflées, vain
mirage, flottait devant ses yeux.
■ Bref, ~ oh! lé combat fut rude et hasardeux, —j'obtins la
permission de lui offrir le bras. Elle ferma son en-tout-cas mi-
croscopique. Et la soie inusable de mon vaste parapluie abrita
nos deux têtes jusqu'au restaurant le plus fourni en cabinets
particuliers.
Nous n'allâmes pas très-loin, du reste.
La robuste écaillère, échouée comme un vieux navire, à la porte
de ce lieu de délices illégitimes, daigna nous sourire quand nous
passâmes près d'elle.
Je lui rendis cette marque d'affection, en lui disant ; Bonjour
Marennes.
Lucie entendit : Ma reine I et me pinça.
Le garçon qui nous ouvrait comprit : Marraine, et devint fami-
lier.
Néanmoins nous fîmes — t'en souviens-tu, Lucie, — une ado-
rable petite dînette de poupée où rien ne manquait, pas même
un perdreau habilement garni de citations de truffes.
Et voilà comment, ô mon ange, un soir qu'il brumait, nous
mangeâmes l'oiseau bleu, mais truffé, en bénissant à jamais
M. Hauëfehiaft d'avoir eu i'heui'êuaiâ idée de créer le refuge (refu-
gium peccatorum, amen).
Ernest d'Hkrvilly.
GAZETTE h LÀ
Amis, voici la riante semaine — qui ramène invariablement les
mêmes hallali sur la trompe de chasse, les mêmes coassements
de gamins dans les cornes de leurs pères, les mêmes tapissières
sur les boulevards, les mêmes manteaux vénitiens dans le monde
et la même cohue partout !.,.
Du diable si quelque chose a jamais pu empêcher tout cela !..,
Quand il tomberait des baïonnettes — emmanchées de leur
chassepot !,.,
C'est toujours la légende du joli dessin de Montbard :
Une belle fille revient du bal masqué à six heures du matin.
Il pleut...
Serrant un maigre tartan contre s^s hanches andalouses, la
pauvrette évolue sur la pointe de ses bottines à travers les fla-
ques d'eau et de bouo...
En sautillant, elle soupire :
— Dire qu'en restant chez moi, j'aurais gagné cent soas à piquer des
chemises !.. Par exemple, en ne restant pas chez moi, j'ai gagne' un
fier rhume de cerveau!... C'est toujours ça de gagné.
Reprise tic Keui» «. l'Odéon,
Kean fut donné — en 1836 — aux Variétés.
Le soir de la répétition générale, — à laquelle assistait tout le
Paris littéraire, élégant et aristocratique de l'époque, —Alexan-
dre Dumas appela Frederick dans un coin des coulisses, afin de
lui adresser quelques observations.
Dès le début, Frederick l'interrompit pour demander au ma
chiniste en chef :
Qu'est-ce que c'est donc que ce bouton de cuivre que j'aperçois
là, derrière le manteau d'Arlequin?
Ce bouton n'était autre que la poignée de la tringle destinée à
mettre en mouvement le système de la rampe et à en modifier
l'éclairage, suivant les besoins de la situation.
Le machiniste en expliqua brièvement l'usage et la manœuvre
au comédien.
— Très bien, dit celui-ci. Maintenant, allez, mon cher Dumas,
Désormais, je suis tout oreilles.,.
Dumas recommencé à parler.
Tout à coup, les acteurs, sur la scène, et les spectateurs, dans
la salle, poussent un grand cri !
Le gaz vient de s'éteindre !
Le théâcne est plongé dans une obscurité complète !
C'est Frederick qui a tourné le bouton !
Et qui s'écrie, apostrophant Dumas d'un ton goguenard :
*» Hein, mon fiston, ça te la coupe II!
*
# *
M. Bertôn ne nous a pas habitués à de semblables incartades.
M. Berton est un artiste blond, distingué, consciencieux, déli-
cat, — préoccupé du cheveu, chercheur de la. petite béte...
Où — aveG cela — les côtés échevelés et bouillonnants du rôle?
L'affiche dit : Désordre et Génie...
M. Berton répond : Méthode et Talent.
La première représentation de cette reprise n'en a pas moins
été très-tumultueuse. On a crié: Vive Hugo! Vive Rochefort!
Vive Dumas !
Le futur Diogène-Desgenais ne se plaindra pas de la compagnie.
Après le spectacle, les étudiants se sont attroupés autour du
susceptible — épithète de circonstance — rédacteur en chef du Dur-
tagnan et se sont efforcés de dételer... les cordons de ses souliers.
Mes compliments à Mlles Sarah Berhardt, Louise Ferraris,
Bode et Fàssy,
Le parterre — gouailleur — les a baptises les Quatre filles
Aymon de la rive gauche.
Est-ce parce qu'il leur sera beaucoup pardonné?
Lorsque les Variétés jouaient Kean-, # autrefois, — il avait été
stipulé par traité entre tes directeurs, — ils étaient deux, je
crois, à cette époque, =* et l'auteur, qu'une p-rïme de 6,000 fr.
serait vergée à ce dernier si les recettes &99 vingt premières re-
présentations atteignaient un certain chiffré*
Le soir de la 20e représentation, Dumas arrive dans les coulisses.
Les directeurs l'abordent d'un air lugubre.
— Mon cher Dumas, vous nous voyez au désespoir : vous ne
toucherez pas votre prime.
— Comment?
— Il s'en manque de vingt francs que nous ne fassions la som-
me convenue...
— Allons donc!
— Voici nos livres, vérifiez.
— Il me semble pourtant qu'il y a du monde dans la salle.
— Oh! des petites places seulement. Les loges sont vides. Con-
trôlez plutôt la location.
*
* -M
Dumas descend et interroge le contrôleur.
— Ah I monsieur, lui répond celui ci, on hg nous a pas môme
pris une malheureuse avant-scène de vingt francs 1
— Vraiment? dit Dumas en tirant un louis de sa poche, alors
donnez-m'en une.
Puis, à la fia du spectacle, il remonte dans le cabinet des direc-
teurs.
— Mes enfants, si nous recomptions la recette, hein?... Je
crois que j© toucherai ma prime ; le chiffré est atteint.
iju'uq beau malin
bras de...
ml le rime.
... Çatio!
coup... nécessaire
né ce viscère ?
ton devoirI
uanlères de voir
■oie rétioe.
! B *flàtonl;laerftto
a mels pins neuf
l que le bœuf!
?pbeme ne t'échsppe,
jgurss nappe!
mf.
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II.
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SCENE IV
FRANCIS, POL, CLEA
cli:a, remettant à Francis une énorme liasse de papiers timbrés.
■ Bonjour, Monsieur Francis; j'apporte mes papiers !
Eh!cecherPol...(P/wi'6as)isson I
(iïawOiCômfliëntVoUsva... (B<w)nu-picilsï
POL
Bienl — Mais vous me semblés, je le dis en sourdine,
A ne voua rien celer... {Bas) rate—(tfflwi)plus maigre,., (Bo*)dîne I
FRANCIS
Venez! — Noua serons mieux, pour causer froidement,
Dans mon cabinet.
CLBA
Certes;! toits égards... {Bas à Pot) nement!
SCÈNE V
pol, seul
Et l'on se jette en proie à de telles autruches 1
Mon Dieu, mon Dieu! faut-il que les hommes soient cruches 1
y CÈNE VI
LES MEMES, — ARTHUR
arthur, refaisant irruption
C'est moi! me revoici! Deux mots sans plus; ouïs ;
— J'étais à Vienne. Un jour mes regards éblouis
Tombent sur deux beaux yeux qui m'avaient — vieille histoire !
' Envoyé, dans Paris, droit à la balançoire...
Je salue; on sourit; j'approche; on tend la main :
« Voulez-voHs, cher monsieur, grimper chez moi... demain? »
— J'y vais : cinq invités ; quatre pelés, un chauve.....
Elle avait ce soir-ià, des façons d'ange... fauve.....
On s'en va. Moi, je reste, et, tombant à genoux :
« J'avais tant à vous dire encore! M'en voudrez-vous?»
— La belle alors montrant, timide et provocante,
Son eoucou, qui marquait juste onze heures cinquante,
Me répliqua d'un ton chaud et froid : — « C'est selon ;
Non, si vous êtes court... oui, si vous êtes long. »
— J'insiste... on ne dit mot; je supplie... on me raille;
Je l'appelle « ma biche » et lui pince la taille :
Larmes, sanglots, fureur... beaucoup de bruit pour rien!
— Bref, au coup de minuit elle sautait au mien.
POL
Après ?
ARTHUR
Après i — « Va-t-en, monstre qui m'a séduite ;
« Ce premier numéro n'aura pas d'autre fuite I »
— Je pars en souriant de ce bizarre arrêt ;
Mais dès le lendemain, pimpant et guilleret,
Je sonne et je résonne au seuil de ses pénates...
— Madame, dans la nuit, s'était tiré des pattes!t !
Et pas de traces ! Rien ! ! — Est-ce beau !... Qu'en dis-tu î
ici quelle faiblesse I... et, là, quelle vertu ! !
Ajoute qu'avant moi sa tête droite et haute
N'avait jamais fléchi sous le poids d'une faute !
— ...Or, son époux à. point vient de tourner de l'œil ;
Or, je l'ai retrouvée à Paris en grand deuil j...
pol, bondissant.
C'est donc Cléa !
ARTHUR
Mais non I Pas du tout!.. — Oui ! c'est ell(
Je ne puis te cacher le nom dont on l'appelle,
Puisque tu vas courir, de ma part, à l'instant,
Mettre à ses pieds mon nom, ma main,... et le restant.
POL
Moi ! jamais de la vie. — Ah 1 bien ouï ! Je refuse
Avec enthousiasme, Arthur, et sans excuse ;
Témoin d'un duel, soit 1 mais marieur... bonsoir 1
Si tu comptais sur moi, tu peux aller...
ARTHUR
... « T'assooir ! »
Fort bip
j y vais...
SCENE VII
LES MEMES. — FRANCIS
i'rancis, à Arthur.
Salut, gentleman exogèiK
arthur, s'en allant.
Salut, maître, salut !
FRAKfIS
Est-ce que je vous gene 1
ARTHUR
Vous? non ! —Certain besoin m'appelle en certain lieu!..;
FRANCIS
Du Regnard! Il suffit; ça se comprend -, — adieu !
SCÈNE VIII
FOL, FRANCIS
POL
Eh bien! là, franchement, je la trouve trop roidel
Cette femme, tu sais — que ta raison plus froide
Défend contre l'ardèUr de mon dépit — elle a,
Par-dessus le irtoulin à bourdes (montrant Arthur) que voilà,
Jeté tout : bonnet, bas, brodequins, robe et cotte...
— J'avais raison 1 Ta vois ! ce n'est qu'une... cocotte.
FRANCIS
Pol, n'insultons jamais Une femme qui choit !
— Elle n'était qvCenvefSi je la croyais endroit.
Tant pis !.., Mais non : tant mieux ! car cette frasque intime
Fait ta conduite, en somme, après coup légitime !
POL
Cet Arthur ! — Est-il laid ! Un vrai croquis d'Humbert :
Ventre et pieds, rien de plus...
SCÈNE IX
LES MÊMES, CAMOMILLE
womille, derrière la porte ; elle y reste pendant toute la scène.
Psi !
Viens-tu ?
Ah oui 1 le concert !
camomille
Non ! pas moyen...-j'ai cassé ma bretelle.
Pèse accompagne-la.
FRANCIS
D'abord, y consent-elle ?
CAMOMILLE
Oui bien ! Je ne suis pas, moi, femme à disputer :
Tu ne veux pas venir, mon cher Pol ? faut rester!
Jules be M...
FIN DU DEUXIÈME ACTE.
{La suite à dimanche.)