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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0032
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L'ÉCLIPSÉ

ïiïs.^>.i/a^ii :,■:..-■

PRIME DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra directement en

mandat ou thnbres-poste au directeur du journal, 5,
cite" Bergère, à Paris, — le montant d'un abonne-
ment d'un sua à l'Éclipsé, en y ajoutant SîO
centimes pour Paris et «in franc pour les
départements, — recevra franco la prime suivante ;

Trente charges d'And. Gill :

ERNEST FEYDEAU
DARJMON
THEODOROS
THERESA
Mmes JUDITH

— GALLI-MAR1É

— DEJAZET
LAFERRIERE
MIKÈ3

F. DE LESSEPS
AND. GILL
LE GENERAL PRIM
ED. ABOUT
FANFAN BENOITON
ERNEST PICARD

JULES VALLES

ROS8INI

AUGUSTE VACOUERIE

LE DOMPTEUR BATTY

FREDBRIGK-LEMAITRE

COURBET

NADAR

Mme UGALDE

VICTOR HUGO

ERNEST RENAN

WOLFF et ROCHEFOHT

Mme MARIE SASS

LE BARON BBISSE

A. DUMAS Fils

PONSON DU TEURAIL

M. AUBER

La première fois que j'eus l'honneur d'apercevoir M, Auber, ce
fut,— il y a une paire d'années,— à un concours public de piano
etde violon, au Conservatoire. Deux choses terribles, en vérité, ces
deux instruments.,. de torture ! J'aimerais mieux l'estrapade et le
tenailiement ! La question des brodequins et la question de Veau,
dans les caveaux du Grand-Châtelet, n'ont jamais rien eu de
comparable : Damiens, qui n'a crié qu'au huitième coin, la Brin-
villiers, qui n'a parlé qu'à la dixième pinte, auraient certaine-
ment avoué leurs complices à la quatrième sonate ou au troi-
sième concerto I...

M. Auber était seul dans îa loge dlionntur. Les autres mem-
bres du jury avaient abandonné leur poste, qui, sous le plausible
prétexte de tordre les os à une côtelette chez le marchand de vins
du coin, qui pour renouveler dans la cour leur respective provi-
sion d'oxygène. L'illustre vieillard, —juge et patient à la fois,—
présidait, immobile et impassible. Les regards des parents et des
amis des concurrents le tenaient cloué sur sa chaise ainsi que
Prométhée à sa croix du Caucase. Crucibus CaucasorUm, connue
écrit ïertullien.

Il faisait chaud. La sueur collait ses cheveux blancs à ses tem-
pes de parchemin et descendait dans les rigoles de ses joues aux
tons d'ivoire jaune* Eles GOiides étaient piqués dans le tapis vert
du bureau. La paume de sa main gauche bâillonnait sa bouche.
De la droite, parfois, il soulevait sa jumelle jusqu'à ses yeux et
la promenait ça et là, l'asseyant de préférence sur le minois rose
dos fillettes que sur l'habit noir des garçons...

L'atmosphère — saturée d'arpégea — m'écrasait... Je m'enfuis...

Mais, avant d'émerger à l'air libre de la rue, je ne pus m'em-
pècher de pleurer une réfiesion sur le sort du patriarche de la
musique française.

— Cet homme, pensai-je tout haut, se couchera ce soir avec
une fièvre cérébrale.

— Cher ami, me demanda X... qui m'entenditj prflnez-vous
donc mademoiselle D... pour Une méningite aiguë?

Et, comme je lui manifestais ma surprise qu'un septuagénaire
pût résister à tant de chanterelles et dé claviers :

— M. Auber n'en entend pas la première note. Il dort! Seule-
ment, au Conservatoire* il y met de l'hypocrisie, en dormant les
yeux ouvertsj tandis qu'à l'Opéra ot à l'Opêra-Coniique, que l'on
joue la Muette ou que l'on répète Hatjdèe, il s'en donne à toute joie
et à toute franchise, la paupière hermétiquement close, le nez
sifflant comme une locomotive et le menton enfoncé dans l'esto-
mac.__Chez lui) M. Auber dort à peine: à deux heures de la nuit, il
n'est pas toujours au lit, et on le trouve souvent debout dès six
heures du matin...

— Bah I

— Quelqu'un s'étonnait de cette rigoureuse façon d'économiser
le temps : « Je n'ai plus une minute à perdre^ » répondit le spiri-
tuel vîàllard. Et, de fait, avec lui, pas un moment de gaspillé
dans fa méditation ou la rêverie! Tddt à l'heure, vous le rencon-
trerez au bois de Boulogue, dans les allées bruyantes, au plus
épais de la cohue des équipages, des amazones et des cavaliers.
S'il n'y a pas à oûté de lui, sur les coussins de sa voiture, une
ou deux des plus désirables et des plus accessibles parmi les
princesses de la Pirouette et du Fredon, soye» certain qu'il fera
d« Vœil à toutes les belles filles des paniers à salade, dos huit-
ressorts et des vïctorîas, et que toutes le salueront du fouet, du
bouquet et de l'éventail, comme autrefois les cocottes de Rome
souriaient à Horace sur la voie Appienne... — Jadis, il montait
à cheval. On prétend que ce fut en traversant les Halles, où sa
monture Garacolait au milieu des cris des poissardes, qu'au
retouf d'Une de ses promenades, il trouva le motif de l'un des
plus b&aux chœur de la Muette.,.

— Celui de la Scène du marché, je parie ?

— Point : celui de la Prière, sans accompagnement. — C'est,
du reste, une chose des plus singulières, combien M, Auber, si
pittoresquement chinois avec le Cheval de bronze, indien avec le
Dieu et la Rayadère, moscovite avec Lestocq, italien avec Fra-Dia-
volo, allemand avec la Fiancée, portugais avec les Diamants de la
couronne, suédois avec Gustave III, et espagnol avec le Domino
noir, a peu voyagé pour un homme de son âge, de sa fortune et
de son tempérament. Ce chercheur de couleur locale n'a jamais
mis le pied hors du boulevard. Il a deviné la barcarolte iVHaydée
à une fenêtre du Café Auglais, sur les lagunes de la rue Monsi-
gny. Le chalet du Lac, le pavillon d'Armenonville et l'avenue de
l'Impératrice, voilà les horizons municipaux du poète de la Chan-
son des Djinns, dans Un Jour de bonheur !...

— Ah! ça, m'écriai-jc, qu'est-ce qui! a aimé, M. Auber, et
qu'est-ce qu'il aime?

—D'abord, il a beaucoup aimé mademoiselle Daiueroa ; ensuite,
il a beaucoup aimé tous les gouvernements qui la sont succédé
en France depuis un demi-siècle ; enfin, il 3'est beaucoup aimé
lui-même, et ca n'a pas été l'une des moindres causes de la ver-
deur de son esprit, de sa santé et de son talent. Aujourd'hui, il
aime ses chevaux qu'il bourre de sucre; il uime ceux qui
l'amusent et qui le flattent, Isa pommes vertes de la jeunesse,
qu'il suce, no pouvant les croquer, les déjeunera aux bougies,
les soupers au cabaret et les soirées heureuses comme celle de
samedi, — avec leurs lauriers et leurs roses...

— Ouï, mais le secret de cette force, de ce printemps etde ces
triomphes éternels ?

Mon interlocuteur se mit à rire :

— Si, à la veille de sa quatre-vingt-dixième année, M. Auber
a conservé la môme confiance en son étoile, la même vaillance
au travail, la même richesse d'imagination, la même souplesse
de muscles, la même liberté de jugement, la même sérénité d'in-
térieur, la même fraîcheur d'inspiration, la même science de
procédés qu'à l'aurore de sa popularité, de ses succès et de sa
gloire, — et aussi le même génie, le même bonheur et le même
estomac... C'est que...

— C'est que?...

— C'EST QU'IL EST RESTÉ GARÇON.

Paul Mahalin,

FANTAISIE

t\ L'événement du jour est le cadran kilométrique pour les
voitures de place.

,** Vous n'ignorez pas que ce cadran fonctionnera par le mou-
vement des roues.

Or, on tâchera évidemment de se vofer de p.art et d'autre.

gs-

Le cocher, sous prétexte que ça monte, vous conduira en 1 _
zags sur le boulevard de Sébastopol, et vous serez tout étonné
quand vous aurez pris un fiacre du Châtelet à la gare de l'Est"
d'en avoir, le cadran en main, pour vos ri fr, 37 c.

,*„ De votre côté, ne voulant pas être en reste de délicatesse
vous introduirez adroitement, pendant le trajet, votre canne
dans les bâtons de roues, lesquelles, patinant au lieu de tour-
ner, marqueront un franc dix à payer au cocher que vous aurez
pris depuis dix heures du matin jusqu'au dîner.

,'„ Un truc en appelant un autre, vôtre automédon, aura sans
aucun doute recours au suivant.
Au milieu de la course, il s'arrêtera et descendra de son siège.

— Pardon, bourgeois!... j'ai une roue de derrière qui chante.,',
vous permettez?

— Comment donc!...

Et soulevant un instant la caisse de sa voitura, il fera fonc-
tionner la roue malade avec vitesse de 3,500 tours à la minute.

Cette petite réparation ne vous, coûtera guère de treize francs
et quelques centimes,

*t Bref, ce sera au plus fin entre le voyageur et le cocher.

L'idéal du cocher sera de faire monter à vingt-huit francs les
courses d'un quart-d'heure,

Celui du voyageur sera de persuader au cocher qu'il aura em-
ployé cinq heures, que ce dernier lui redoit trois francs chi-
quante.

De part et d'autre, on fera des prodiges; vous verrez.

O

„*„ On annonce qu'un Italien vient d'inventer le :

Nouveau costume qui rend désormais le fusil Chassepot aussi
utile à l'homme qu'une fourcheite à un cloporte.

Les soldats n'auront plus qu'à se vêtir du paraballe en guige de
mac-farlane, et les projectiles ennemis viendront s'aplatir sur eux
comme le ferait une pomme cuite lancée sur l'Arc-de-triomphe.

m\ Je ms demande comment on fera la guerre le jour où tous
les habitants du globe porteront des gilets de flanelle dont le
tissu sera à l'épreuve du boulet.

Il faudra pourtant bien trouver un moyen.

Jamais on ne persuadera au genre humain que les hommes
qui disent : Tarteifle)... sur la rive droite d'un fleuve, pendaat
que d'autres disent : Nom d'une pipel sur la rive gauche, puiesent
passer leur vie sans se jeter quelque chose à la tête.

Léon Biknvknu.

LE REFUGE

Un soir qu'il bruinait, affectant le calme trompeur du sage qui
attend un omnibus quelconque, abrité sous la soie d'un parapluie
parisien (Inusable, 7 fr. 50) je me promenais de long en long et
de large en large sur un des nombreux refuges du quartier
d'Antin.

Vous n'ignorez pas qu'un refuge est cet ilôt d'asphalte, circu-

POL, FAUT RESTEB....

PARODIE ANALYTIQUE, OBLIQUE, PARALLÈLE ET AUTRE

ACTE DEUXIÈME «)

(Le salon de Francis Desbois.-^- Meuble Empire.)

SCÈNE PREMIERE

KR.ANOIS, POL, CAMOMILLE

fràîjcis, parcourant un manuscrit de Pot.
Meilleur, ça 1
cAHOMiLLB, derrière la porte; elle y reste-pendant toute la scène,
Puis-je entrer?

FRANCIS

A quoi bon?
camomille, d'une voix pâtée.

Pour vous voir.
pol, à part.
Elle a de sacrés tons qui font mon désespoir!
{Haut.) Nous Hommes occupés...
camomille

J'aime autant eu, du reste,
Car je vais m'habiller, de ma main la plus preste,
Et mon petit Popol ne me grondera poidt :
Monsieur, pour le concert on sera prête à point!

— A propos, savez-vous quand arrive ma tante?

FRANCIS

Cléaï Depuis deux jours nous sommes dans l'attente ;
Son procès est douteux; on pourrait — elle ici —
L'arranger à l'amiable en s'y prenant ainsi :

— Son mari mort...

fol, agacé-
Va doue t'habiller, Camomille t

CAMOMILLE

Oui, mon Poil (Elle s'éloigne.)

(1) Voir )c numéro du 23 courant.

POL, FRANCIS

FRANCIS

C'est bien çj, la more de famille 1
On lui dit : Va; ça iile.. - — accours.,. et ça revient !
C'est doux, souple, moelleux, friable...
pol, à part

Mais ça lient.
franciS, qui a repris le manuscrit
Il l'a ljJertj ce roman !

POL

Non! style en pâle ferme :
Des muscles.,. beaucoup trop ; pas assez d'épidémie^

J'RANCIS

Bien ! le cri du bon goût est le cri que voilà.
v Pol, faut rester toujours dans ce sentiment là !

tol
Oui, celles ! j'ai changé depuis mon mariage :
En un mois, mon talent, — âpre et sans alliage, —
S'est fait serein, béat, confit et papelard...
— L'art, vois-tu, cher vieillard, l'art... ce n'est pas peu, l'art !
L'art, c'est grâce latente, et non point force vivat
L'art seul est grand et beau ! L'art seul vaut <jl(e l'on vive...

Francis
Et Camomille, ingrat! Pour quoi la comptes-tu?

' POL

Je l'aime assurément ce bon prix de verlu ;

Mais quoi I tu l'as voulu : l'amour, pour mffi sans risque,

N'est plus qu'un pot-au-feu... J'ai désappris la bisque !

I''RAN cis

Eh ! tn pourrais avoir un pot-au-feu... plus gras.

pol, solenneL
Bère, les cœurs guéris restent... morts I...
Francis, ahuri.

Comprend.-; pas I

PÙL

. ..Et morts.., c'est pour longtemps 1

FRANCIS

Que le diable m'cmpuuie
Si l'on a jamais vu \ydio.ugitrr de la sorte ;
Que voux-fu dire?

Rien ! sinon qu'un beau matin
Mon cœur mourut,tué par un bras de...
frangis, lui coupant la rime.

... Çatin !
Le mot est vif. — Sait-on si ce coup... nécessaire
N'a pas aussi, chez elle, assommé ce viscère ?
Elle n'a fait au fond qu'écouter son devotr I

POL

A d'autres 1 — Ce sont-]à des manières de voir

Àuxquelles n'entend rien sa frivole rétine.

Non! — « Toujours dn bouilli! n voilà tout; la crétine

Voulant s'entripailler de quelque mets pins neuf

A planté la son Pol... qui ne fut que le bœufl

FRANCIS

Souviens-toi, potir qu'aucun blasphème ne t'échappe,
Qu'à son festin d'amour tu parus sur sa nappe!

pol, fièrement.
Je fus broyé par elle, oui ! mais onc cependant
Je ne lui lis l'honneur de lui garder de deat...

SCÈNE III.

LES MÊMES.— CAMOMILLM.

■amouillk, derrière la porte; elle y rtste pendant toute tu scène.
Papal Poli... c'est Cléa!

cliïa, an dehors.

Toujours folle.
camomille
Entre; moi je peux pas, je suis en camisole.

FRANCIS, à Pol.
Quand je parle du loup, j'en vois...
pol

Le cepf volant !
Francis, ahuri.
Comprends pas !

pol
Moi non plus ! — Qu'importe, ô cerveau lent ;
Si Coquulin a mis ce pathos à ia mode.
Pourquoi u'en pas user, .. rien n'étant plus commode?
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