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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0124
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L.'fiCJUFSÈ

PRIME Dfcï L'ÉCLIPSÉ .

Toute personne qui enverra direetemeiit «m

manda* ou timbres-poste au direataur du journal, 16,
rue du Croissant à Paris, —le montant d'an abonne-»
ment d'un suij à l'iBclîpse, jouira des primes
ci-dessous énoncées, aux conditions suivantes :
1" PRIME
Quarante-cinq charges d'And. GUI;
L'Abonnement pour Paris avec cette prime. 7 fr
Pour les Départements .......

2» PRIM1
Un charmant portefeuille or et couleur, ïaûriqtië spécia^
lement pour l'Eclipsé par la maison Susse; place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelle*, par
Beaumont.

L'Abonnement pour Paris, avec cette prime 6fr. »
Pour les Départements ^ »

effet, la tenue aimable da l'accusée, et ses airs penchés. Le té- \
moin est ceitain que s'il y a eu crime, il n'y a pas eu violence. Le |
jeune homme riait tout haut, et, en entrait dans le bois, il
disait : « Nous manquerons le traiu, » mais sans colère aucune. £

On entend ensuite la déposition d'une bouteille vide, venue H
sur l'invitation du tribunal, de l'endroit oU l'on a vu l'accusée et!
sa victime, pour la dernière fois, du restaurant de VHlebon.

D. Votre nom? — R. beaune première. — D, Votre profession ? 9
— R. M'sieu le président la connaît aussi bieu que moi! (Mur- i
mures dans la salle.) \

m, le président, — Huissier 1 faites faire silence.

Le témoin est mis à la porte de la salle.

On écoute encore un os de côtelette.

m. le président. — Os de côtelette, que savez-vous? — R. I
Voilà, m'sieur le juge. J'étais scms la table du restaurant depuis ;
quinze jours, quand l'accusée est venue dîner à la maison en ]
compagnie de c'monsieur. Et je m'embêtais comme les croûtes ■
de pain, mes voisines. Pendant le dîner de c'te demoiselle et de
son monsieur, je puis affirmer qu'il ne s'est rien passé de grave,
seulement que la bottine de ç'te demoiselle reposait sur le sou-
lier de c'monsieur, môme que j'voyais le bas blanc de l'accusée.
Au dessert, j'ai entendu comme un bruit au-dessus de la table.
Des baisers, qu'on appelle ça, je crois. Mais je n'ai rien vu de
1J Avoir sote da bien lndlqw celle il sa deux prima» qu on ! gray6j sauf vot>reSpCoU pourtant que l'jeune homme a dit : « Je

ï suis comme sur le gril, ma p'tite Lucie, » et que c'mot m'a frappé,

50

É. de

Nous pondent des œufs a la coque' '
...Que les coqs trouvent singuliers-

Où la glace — changeant de rôle
Par un miracle exaspérant —
Brûle la lèvre qui la frôle,
Et grille la main qui la prend ;

OU la vipère à tète plate,
Quittant l'herbe pour le pavé,
Dans Paris en feu se dilate
Près du venin qu'elle a bavé ;

Où, gorgés de virus, farouches,
Sur les citadins tout roussis,
Des essaims immondes de mouches
TorabBnt à suçoirs raccourcis :

Par ces temps — j'envie, ô mon maître
Ton nid sur l'Océan posé,
Ta solitude, et ton bien-être
Dans les fraîcheurs de Guerneseyl

Jui#s Demmthe.

choisit.

2° L'abonnement, avec les deux primfs, coûte, ponr Paris.
■y fr., SO c, et pour les départements, O fr,

TRIBUNAL DE LA MORALE AUSTERE
(Seine)

AFFAIRE DITE DU BOIS DE MEUDON

Audience du 23 juillet

détournebieet de majeue (du sentier de la vertu) par une demoi-
selle PERSUASIVE. VOIES DE PAIT. SEVICES FOLATRES. — ACQUIT-
TEMENT.

m" l'amour, avocat de l'accusée, est au banc de la défense.

M. le procureur donne lecture de l'acte d'accusation, baissant
la voix par instants, et passant très vite si<* certains détails, à
cause de « quelques messieurs » qui se trouvent dans la salle, par-
mi les nombreuses spectatrices.

Ea résumé voici ce dont il s'agit ;

Le dimanche, 18 juillet, vers huit heures du soir, un jeupe
homme, le sieur Lucien, en compagnie de l'accusée, quittait tout
à coup le chemin vicinal n° 26, qui mène de Bellevue à la station
de Meudon, et pénétrait, précédé de la fille Emma, dans tes tail-
lis épais qui bordent cette route peu fréquentée. Que se passa-t-iî
sous les ombrages illustrés par le souvenir de Rabelais ? C'est ce
que les débats mettront en lumière. Toujours est-il qu'une heure
après, le jeune homme, pâle et défait, l'œil allumé d'une flamme
étrange, apparaissait dans la gare de Meudon, riant au nez res-
pectable du gendarme de servic$.

Le ministère public, avocat des Bonnes mœurs, et protecteur
de la société visiblement outragée, ne pouvait laisser une si belle
occasion de se monirer; c'est pourquoi, ajoutait M. le procureur
en terminant sa lecture, ladite fille Emma est traduite à la barre
du tribunal de la Morale Austère (Seine),

M. le président procède à l'interrogatoire de l'accusée.

Celle ci, vêtue simplement, frise sans relâche une petite mèche
rebelle qui se joue sur son front. Son attitude n'a rien d'ei-
frayant. Elle promène en outre un regard limpide sur l'imposant
appareil de la justice.

La victime des passions subversives de cette criminelle, ten-
dre, quoique endurcie, amenée de force à l'audience, sourit de
temps a autre à son bourreau, et exprime par très gestes qu'une
autre fois elle sera plus prudente et moins démonstrative.

M. le président à l'accusée :

— Vos nom et prénoms ?

— R. Emma Lucie X...

D. Votre âge ? — R. Dix-huit ans. — D. Votre profession ? —
R. Femme. — D. D'où veniez-vous dimanche soir, 18 juillet? —
R. Du restiurant de l'Ermitage de Villebon. tç D. Pourquoi quit-
tâtes-vous l,e chemin viciaal n° 26? — R. Pour faire... (avec hé-
sitation) un bouquet. (Rires dans VaudVoire)

M. le président fdit remarquer qu'il sera dans l'obligation de ]
faire évacuer la salle, si le désordre continue.

Reprise de l'interrogatoire.

D. Quel bouquet pouviez-vous. espérer faire au crépuscule
dans un fourré épais? (L'accusée ne répond pas.) — D. Dites plu- h
tôt que vous aviez une mauvaise intention ? (Pfouvmu silence de. la jl
part de l'accusée.) — D. Pourquoi le sieur Lucien, ici présent, |
était-il pâle et défait en sortant da ce petit bois ? (L'occwsûo fond
en larmes.)

Ecoutons alors, reprend M. le président, les dépositions des té-
moins, puisque la tille Emma-Lucie refuse de répondre.

AUDITION DES TEMOINS.

i grillon {habitant du chemin vicinal.) —■ Vers huit heures, com-
me.je chantais sur le pas de ma porte, j'entendis marcher près
de moi. J'aperçus bientôt l'accusée, une cigarette à la bouche, qui
s'en allait tranquillement.

m. le président, — Comment saviez-vous que c'était une ci-
garette que la fille Emma-Lucie tenait entre les lèvres ?

le tsmoin. — Je vais vous dire. J'ai un frère, employé chez un
boulanger, qui s'y connaît, même qu'il a vu des chiques errer
dans la pâte, chez son patron...

le président. — C'est bien, passons. Continuez. Que vîtes- !
vous encore?

le témoin. — Cette demoiselle, tenant par la taille le monsieur ■
ici présent, lui dit je ne sais quoi à l'oreille. Je n'ai rien entendu, }
j'étais trop bas.

On passe à l'audition d'autres témoins.

Vient d'abord une hirondelle (touriste) qui a remarqué, en I

vous comprend

M. le président déclare que ce témoin est complètement idiot,
et le renvoie à sa place.

Les témoins épuisés, l'avocat général se lève, au milieu d'un
profond silence, et débita son réquisitoire. Il demande, sim-
plement la tête de l'accusée. Un tïti fait remarquer que lfi
« bêcheur » n'est pas dégoûté. (On rit,)

La parole est enfin à Me l'amour. La brillante improvisation du
jeune avocat, ses gestes expressifs, le tableau enchanteur qu'il
fait d'une belle soirée d'été regardée à- travers le prisme d'une
bouteille ds Beaune -première, en sortant de table, les souvenirs
personnels du président' et des jurés, qu'il évoque habilement,
eflfia les mille et une raisons dont il charge le plateau de la ba-
lance de Thémis, font pencher ledit plateau en faveur de jla jeune
fille, sur laquelle tous les regards, principalement ceux du gen-
darme, se portent moins férocement.

Me l'amour ne demande pas la croix pour sa cliente, non, loin
de lui cette pensée, mais (effet de toque) il veut que justice soit
faite, et (efftt de manche) que mademoiselle Emma-Luoie, comblée
d'éloges, sorte la tête haute du prétoire, témoÏD de sa rougeur.
(Applaudissements.) Le gendarme pleure.

Me l'amour se rassied'et reçoit les félicitations d'un grand
nombre de ses collègues.

La cour se retire dans la salle des délibérations.

Pendant son absence, une voix, qui part du cintre, s'écrie :
Cariât, limmade^ bière!

On rit.

Après dix minutes d'attente, les juges reprennent leur place,
en silence. Une odeur de cigarette et de grog au rhum trahit le
Véritable motif de leur absence dans la salle redoutable,

— JVon, Vacctisêe n'est pas coupable ! Telle est la phrase qui sort
de Sa hauehe dp président, '

Ordonne la mise en liberté immédiate de. la demoiselle Lucie-
Emma.

Condamne le gendarme de Meudon aux dépens.

L'ART

D'AVOIR DES ENFAHTS BEAUX

EX MJTEULIGErVTS

Jusqu a présent, chaque &i3 que j'entendais un motl]..
rabâcher que l'humanité dégénère et, qu'a,, physique com»
moral, les hommes se racornissent, je n'y faisais pas grande *,
tion et je me disais moi-même : °"

— Voila encore un vieux gueux qui radote.

,*, P'I '::', maintenant... Dame !.,.

■l'ai ries doutes.

Plusieurs afSches et annonces sur lesquelles j'ai jeté 1
pendant ces derniers temps ont ébranlé mes convictions

Et je me surprends souvent le soir en changeant de chemise
c'est l'instant où l'homme est rêveur — en train de faire Z
sombres réflexions suivantes :

syeus

La foule) satisfaite,

s'écoule bruyamment.

four le gnffli'r,
Le Cousin Jacque

PHRASES PERDUES...

MEDITATION CANICULAIRE

Par ces temps de chaleurs étranges
Où Juillet — à coups de soleil ~
• Chasse l'or des. blés dans les granges

— Et met à l'ombre Lb Révsil !

Où, dans ce coin du vaste empire
De Pbcebus — le blond potentat I —
Rien n'existe qui ne transpire...

— Pas môme les seorets d'Etat ;

Où, plus fataliste qu'un bqnz?,
L'oncle, vaincu par les rayons,
Craint de voir fondre en pleurs de bronzé
Sa colonne... de bataillons ;

Où quiconque au trottoir fait halte

— Manant, bourgeois ou damoiseau —
Sent aês bottes mordre à l'asphalte
Gomme a la glu des pieds d'oiseau ;

Où les ouvreuses,'en séquestre
Dans les théâtres fanfarons,
Au velours des fauteuils d'orchestre
Pont — à cru — rôtir des marrons ;

Où le teint des biehs-s — bêchées
Par l'âpre bon sens du voyou —
Se môle en liqueurs panachées
Aux lya délayés de leur cou ;

Où la viimde que l'on nous vanù;
Chez les bouchers aux doigts patauds,
Cuit dans son jus -r- avant 1m vente —
Suc le marbre blanc des etaux;

Où la Ssine — naguère fraîche —
N'a plus, sur ses bords défleuris,'
Pour M. Prudbomme, s'il pêche,
Que des goujons aux trois quarts frits ;

Où les pondeuses, que suffoque
L'air embrasé des poulaillers, *.

* — Ah ça, décidément l'homme reconnaît donc qu'il SQ ra.
tatine, puisqu'il éprouve un impérieux besoin de faire des masseg
de brochures pour améliorer sa reproduction?

/, En effet, ce genre de littérature est en grande vogue.

Et l'od se eugue, à chaque instant, aux vitrines des libraires
dans un de ces titres :

l'art d'avoir a volontk DKS GARÇONS
OU DES FILLES

TRAITÉ RAISONNÉ
' DE MEGALANTHROPOSENÉSIffi

,„\ Un, des rédempteurs de notre scrofuleuse humanité,
M. Bernard Moulin, a poussé à un très haut degré la théorie rie
l'amélioration de l'homme.

Son nouveau livre, qui a pour titre :

LA rHRÉNI06KNIB

ou

l'art d'avoir des enfants ssaux

et intelligents

contient sur la paternité des détails renversants.
* Le système de ce savant est des plus simples.
Et il a l'avantage de pouvoir être expérimenté en famille à peu

de frais. '

„*„ M. Bernard Mo-ulin part de ce principe que les enfanta
sont la photographie exacte des parents au moment où.

A Or, conclut l'auteur, étant posé que le mioche doit devenir,
plus tard l'image fidèle de son papa et da ea maman au moment
ew : c'est su papa et à la maman de fixer ardemment leur pensée

[ et leur désir touchant la vocation de leur futur rejeton, ait mo-

} merçfc oit.

I A Je suis bien convaincu que ce procédé a de l'avenir.

i Et que surtout les négociants en tireront un grand profit.

! Quoi de plus agaçant, par exepàple, pour un papetier-relieur

I de la rue de l'Echiquier, que d'être obligé d'avoir des enfants, à
tâtons, sans posséder la certitude que dans le nombre il s'en
trouvera un ayant la vocation du négoce des bâtons d'encre de
Chine ?

t\ Avec le système Bernard Moulin, plus rien à craindre pour
ce brave commerçant.

' Un jour, à la fin de son dîner, après s'être suffisamment péné-
tré des règles de la Phreaiogênie, il se tiendra le discours sui-
vant :

— Voyons.,, j'ai trente-cinq ans et je n'ai encore que deux
filles; il me faut absolument un garçon — pour l'aimer d'abord
— et lui flanquer mon fonds' sur le dos plus tard, au prix fort.
Ayons donc un fils, et donnons-lui la vocation de papetier-
relieur."

A Le soir, une fois la boutique fermée, les commis verront
bien, avec quoique surprise, l'honorable commerçant transporter
dans la chambre conjugale des enveloppes, des registres inache-
vés, des bouteilles d'encre rouge, des porte-crayons, etc., etc.
Mais le papetier aura, son plan pour le moment où.
| ■ * De son côté, l'heureuse épouse du papetier ne verra pas,
f sank s'étonner, son mari semer dans le lit, ayant de se coucher,
( le contenu de cinq boîtes de plumes métalliques.
I Elle ne le verra pas, sans le croire atteint d'aliénation mentale,
1 disposer symétriquement sur les deux oreillers, des bâtons de
i cire à cacheter, accrocher des paquets de plumes d'oie dans te
| rideaux du lit, remplacer le traversin de la communauté par des
! rames de papier-écolier, se coller sur la figure des pains à cache-



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