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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0156
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/gïM.ïi'SE

DEUX iOTS A NOS LICTEUBS.

Comme nous achevions, —l'autre jour, — de dîner ohtfz
l'un des princes de la cuisine, nous aperçûmes, au dessert,
sur l'une des porcelaines d'un service qui a appartenu a feu
M. de Talleyrand, quelque chose comme le plus gracieux pe-
tit- colis qui se puisse imaginer : en bois blanc, — grand
comme une main de femme qui gante cinq un quart, — et
non moins ficelé d'argent,, pour passer d'assiette en assiette,
que pour' un voyage au long cours de la Râpée à Lilliput....

— Ho! ho ! qu'est-ce que cela? demandâmes-nous au maî-
tre du logis en effleurant cette machinette mignonne, de la
lame d'or d'un couteau à fruits, La reine Mah part-elle pour
Bade ou pour Trouvilîe et a-t-ellerenfcrmé là-dedans tout un
arsenal de colifichets'à faire tourner la tête aux papillons
gandins de la Lichtentall, à faire pâmer d'envie les huîtres
cocodètes de la plage et de la jetée?

— Faites-vous douanier, nous répondit lVmphytriori, en
souriant. Ouvrez le coffre et visitez.

Nous ne nous le fîmes pas répéter...

Les câbles — en miniature tombèrent sous un coup
d'ongle...

Le couvercle l'ut enlevé.

Nous éparpillâmes sur la nappe toute une jonchée de fleu-
rettes en papier...

Et nous découvrîmes au-dessous une rangée de bâtons
fluets — dont la nuance rappelait la couleur d'une fantaisie
tendre que M. de Boufflers baptisa galamment fémur de
nymphe émue...

— Goûtez! nous dit.î'amphytrion.

Nous goûtâmes. C'était fondant, parfumé et savoureux.
Le sucre et la vanille s'y mariaient dans des proportions sa-
vamment combinées. Ce délicieux bonbon nous faisait dans
la bouche l'effet d'une miette du paradis !

En goûtant, il nous advint de réfléchir : les bonnes choses
inspirent les bonnes idées,..

Le lendemain, nous partions pour Saint-Saine-FAbbaye,
dans la Côte-d'Or, où s'élabore cette délectable friandise;
nous- nous faisions présenter a M. Berbey-Couturier, l'au-
teur de ce chef-d'œuvre inconnu, et de cette entrevue, résul-
tait pour Y Eclipse l'appât de la prime que voici :

Toute personne qui prendra à notre journal tin abonnement
d'un an — en ajoutant im franc au pricf de cet abonnement
— recevra franco la boîte dont nous venons de parler — ren-
fermant SOIXANTE BATONS.

Tout abonné de /'éclipse pourra également jouir du bénéfice
de cette prime en nous adressant un franc cinquante en
timbres-poste.

Ce n'est lpas tout :

. Parmi les nombreuses feuilles que la nouvelle loi a fait
éclore dans Paris, il en est une qui a su, dès l'abord, se faire
accepter du public non-seulement par l'idée libérale qu'elle
représente, par la valeur réelle des hommes qui lui ont ap-
porté leur concours et par l'excellent esprit de sa rédaction,
mais encore par une combinaison qu'il importe d'indiquer
à nos amis.

Le Courrier de VIntérieur, journal politique, commercial,
financier et littéraire, paraissant le mardi et Je vendredi,
délivre à ses abonnés un chèque d'annonces équivalent au
montant de leur déboursé, — soit vingt-deux francs par an,
abonnement de Paris, et vingt-huit francs, abonnement dss
départements.

Par ce système s'opère le remboursement par une ou plu-
sieurs annonces à prendre dans les colonnes du Courrier de
0Intérieur de la somme consacrée à l'abonnement.

Ce chèque est au porteur, et par suite transmissible et né-
gociable a volonté.

L'abonné qui n'en pourrait faire usage par lui -même peut
donc le céder, le vendre, le transmettre, le passer à un four-
nisseur comme.appoint dans un compte.

Le chèque est valable pour une année. Vraisemblablement
l'occasion de s'en servir se présentera dans le cours de cette
annuité pour la personne quiVy attend le moins.
. A ces avantages incontestables, le Coïwrier de l'Intérieur en
en ajoute encore un, qui, nous osons l'espérer, ne sera pas
d'un moindre attrait pour le public.

Son administration s'est entendue avec la nôtre pour of-
frir h ses lecteurs l'abonnement aux deux journaux, — YE-

'■--.-• et jjj Courrier de Vintérieur, — moyennant les prix ci-
tés plus haut.

Les souscripteurs à cette combinaison recevront donc le
Courrier de l'intérieur, VEclipse et le chèque dont nous ve-
nons de démontrer l'utilité.

Ils auront ainsi, en même temps sous les yeux deux
publications qui leur donneront la physionomie exacte des
événements et des hommes au milieu desquels nous vivons,
— présentée sous Je double aspect que retracent la pîume sé-
rieuse et le cra'yon ironique et moqueur.

Adresser les demandes d'abonnements aux bureaux de /'Eclipse
d du Courrier de l'Intérieur, 125, faubourg Montmartre.

NOTRE DESSIN

On voyait, il y a quelques mois encore, dans la vitrine d'un
naturaliste, sur le boulevard Montmartre, des scènss de la vie
publique et privée dont les acteurs étaient des crapauds.

Ceux-ci buvaient, ceux-là cajolaient des filles, d'autres se bat-
taient.

Le marchand a disparu tout à coup.

Gill, désespéré, n'a pas voulu que la mémoire de cet industriel
périt tout entière.

Et, railleur, il s'est dit que tout petit lait qui prendrait
les dimentîons d'un événement capital; qui mettrait en un mot,
en action, la fable de Lafontaine : La Grenouille quiveut se fuira
aussi grosse que le bonif, devait faire partie d'une nouvelle collec-
tion de batraciens.

Rassuré aujourd'hui Sur le sort de M. Lissagaray, qui éreïntu
si bien Musset autrefois, et sachant que M. Paul de Caasagnac, qui
êreinte Victor Hugo, continue de se bien porter, Gill a pris Je
parti de rire un peu de ces duels qui, en somme, 30 prouvent
rien, et n'intéressent pas, — ô ingratitude ! — le bœuf pour les
gros yeux duquel ils ont lieu.

Le cousin Jacques.

BEWARE OF P1CPOCKETS

Hier, j'^i rencontrésurles boulevards un ami,en grand deuiL,.
et souriant.
C'est dans sa nature d'être toujours gai.

— Hélas ! m'écriai-je en lui serrant fortement les deux mains.

— Ce n'est rien,me dit-il, j'ai perdu un oncle.

— Et vous avez hérité?

— Au contraire,

— Comment cela? .

Et mon ami me narra ce qui suit.:

— Mon pauvre oncle, — pauvre dans toute l'acception du mot,
— mon pauvre oncle est mort ces jours derniers.

— Très bien.

— Soit. En ma qualité do parent aisé, jo me trouvai naturelle-
ment charge de pourvoir aux Funérailles.

—■ Je comprends.

— Ns vous hâtez pas de comprendre... Donc, le matin de ce
triste jour, tontes les formalités dûment accomplies, je me rendis
& la maison mortuaire. Le portier m'arrêta au bas ,de l'escalier :
« Une lettre. — Pour qui? — Pour le défunt. » J'ouvris cette let-
tre. Elle'était ainvi conçue (c'est de l'anglais, je traduis) :

Londres, 34 juin 1861.

« Cher monsieur,

« J'ai l'honneur de vous prévenir qu'il est temps de verser au siège
de la Compagnie (ici le nom et le numéro d'une rue de Londres), qu'il
est temps de verser les quatre-vingt-dix-neuf francs soixante-quinze
centimes montant de votre prime annuelle d'assurance sur la vie.

« Nous n'avons pas besoin de nous appesantir sur tous les ennuis qui
pourraient résulter d'un retard dans le payement. »

Mon ami continua ;

— J'enterrai mon oncle:,,. Trois jours après, la poste m'appor-
tait une autre lettre timbrée du portrait de S. M. la reine Vic-
toria :

« Londres, 27 juin 1864.

: Cher monsieur,

apprend la désolante nouvelle
'egrettable parent dont vous êtes

« Noire correspondant de Pans nou;
(paiuful news) de la mort de M. X... le
l'héritier,

a M. X... avait assuré sa vie à notre Compagnie, et, en vertu de
nos engagements, nous tenons à votre disposition, ou à celle du manda-
taire que vous voudrez bien nous désigner la somme de huit mille francs
montant de ladite assurance.

11 Seulement, pour la régularité de no3 écritures, veuillez nous faire
parvenir quatre-vingt-dix-neuf francs soixante-quinze centimes que nous
devait l'infortuné décédé {wnforluruttë decdâsed) pour sa prime de 186S-.
« Agréer, etc., etc. »

*
■ * *

—Qu'auriez-vous fait à ma place? poursuivit mon ami....
J'expédiai courrier par courrier les cent francs moins vingt-cinq
centimes demandés avec l'urbanité britannique que vous savez.,,,
et depuis...

— Depuis ?

— J'attends toujours, ou plutôt je n'attends plus,

— Ab bah I

— Le Constitutionnel d'avant-hier m'a appris dans
vers qu'on no saurait trop reproduire, que j'étais l'inno f "

time d'une ingénieuse spéculation anglaise... De hardr7° V'C"

;oin de -* lj--
de tous les décès qui surviennent à Paris... Us 1

se '«air M couran't

niens, bacheliers ès-escroquerïe, ont soin do

comme je viens de vous le dire, et réussissant parfois
vous-le prouve mon exemple... Qui diable refuserait d
cent francs pour en toucher huit mille? Mais il ya i0î V?Ser
oonpe aux lèvres ! 'a

Sur es, laissons de côté mon ami, chers lecteurs, et tàch
tirer une morale de l'aventure très réelle qai lui est arriva S

A Londres, dans beaucoup d'endroits publics, on voit'cas '
imprimés sur une pancarte : «Bewarb op pickpociuïtsI „ *

Gela veut dire en bon français : a Gare aux filous ! D

Les Anglais, qui s'y connaissent, ent ainsi soin de ^ n* .
entre eux. préven,r

■ Eh bien! en regard de certaines annonces publiées dans
grands journaux, annonces par lesquelles on demande pour lT*
dres des voyageurs, des placiers, des commis, des employés d"
toute farine; en regard ds ces annonces, dis-je, on devrait e*!~-8

l'insertion de l'avis traditionnel :

BEWARE Ob' PICKPOCKETS!

On se méfierait au moins, et se laisserait tondre IVoeau n *
voudrait I ' '

En tous cas, un conseil :

Si vous avez jamais le malheur de perdre uq oncle — ce 0 '
arrive à bien des gens, — et que vous receviez une lettre dans lP
style de celle que j'ai transcrite plus haut, répondez-y sans ter-
giverser dans les termes suivants :

: Paris, 8 juillet 1864.

« Cher monsieur,

« J'apprends avec le plus vif sentiment de plaisir que vous tiendrez
huit mille francs à ma disposition dès que je vous en aurai expédié cent
N'ayant pas pour le moment cette dernière somme en portefeuille, veuil-
lez ne m'expédier que sept mille neuf cents francs sur les huit mille que
vous me devez. Cela reviendra au môme.

c Yours Trcly..... »

Et là-dessus, dormez sur vos deux oreilles,

Ce n'est pas le facteur, avec une lettre chargée, qui viendra

troubler votre sommeil matutinal.

Nox.

IL Y A FAGOT ET FAGOT

G'était à Ghârilpfosay.

Jo prenais congé de Mme S... — Debout, un humble sourire
aux lèvres, j'attendais avec quelque émotion, que la chère toquée
voulût bien me fendre sa menotte constellée de bagues.

— Ab ! tenez, mon bon monsieur, me dit-elle, il faut que je
Vous fasse un cadeau.

Et courant à un petit meuble, madame S,.., en ouvrit le? trop
nombreux tiroirs les uns après les autres, cherchant dans leur
intérieur avec fébrilité.

— Voici! poursuîvit-elle, en me montrant une lettre. Ceci,
c'est de !a... Comment dites-vous cela?.,. C'est de la copte toute
faite. J'ai l'honneur de vous l'offrir en ce moment. Mettez cela
dans vos journaux. Je n'en dirai rien- C'est une confidence de
femme à femme. J'ai reçu ce billet ces jours dnrniers,

— Vous êtes trop bonno, madame. Mais la discrétion?...

— Vous êtes charmant, vous ! je ne vous prie pas de mettre le
nom de ma correspondante an bas de votre copie... Et tenez, je
^supprime ici même.

En effet, madame S..., déchira délicatement un des bouts dfl
la lettre qu'elle venait de déplier, et me tendit le reste.

— Votre désir sera satisfait, madame. Mais quoi titre donner à
cette confidence ?

— Eh bien, puisque vous me faites l'bpnneur de me consulter)
je vous répondrai, moi, qui ne suis pas Augustine Brohan, que
j'intitulerais cela : Il y a fagot et fagot, comme un proverbe. Lisez
cette lettre, et vous verrez que je n'ai pas eu tort de choisir ce ti-
tre.... Maintenant, mon bon monsieur, une grosso poignée de
main, et,... allez travailler.,,,

Je me suis borné à copier la lettre; les pattes de mouche de
Madame S... auraient pu effrayer les compositeurs. Et la voici,
in extenso, comme un compte rendu d'une séance a la Chambre.

Cherbourg, septembre 1868,

— Ah I mon amie, si tu savais... et tu vas savoir... Une joie si
pure inonde mon Urne frémissante ! — Que je suis heureuse f

Je doutais .encore ; je ne pouvais croira à ma félicité, car de-
puis trois ans, je suis habituée aux plus vives, aux plus amôres
déceptions. Mais, maintenant, pleine dfun trouble inconnu, J es-
père ! Voilà, huit jours que je n'attendais plus rien qu'une nou-
velle exquise à t'annoncer.

Cette nouvelle, Lucien l'a apprise le premier, c'était son droi ■
Je t'en fais part aujourd'hui, ma sincère amie, ma eompàgne-l ■■

Oui, ma belle campagnarde, au carnaval prochain, si Dieu nou
prête vie, tu recevras d'un beau monsieur ganté de frais —
ne l'avons point encore désigné — dos boîtes de dragées sign e
S?ugnot ouBoissîer, , ,

Ne sois pas jaleuse, ma chérie. Nous t'aimerons tant, lui ^
moi! Jo.dis lui! car je veux qua ce soit un beau garçon.
faut. , •

Dis donc, amie, raconte cela tout bas à monsieur S... H 3e
quera d'honneur, j'en suis sûr. . ..

Belle marraine, si j'ai un conseil à te donner, c'est celui-
çjuitte Champrosay ; il en est encore temps, et viens ft la mer.

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