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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 1.1868

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https://doi.org/10.11588/diglit.3702#0188
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L'ECLIPSE

»»iatE§ n'& K,'ÉcxsrsJS

Toute personne qui enverra <&âaBe®£e cassât en mandat ou
timbres-poste au directeur du journal, 16, rue du Croissant, à
Paris, — le montant d'un abonnement d'epa «ts» à l'EçUfj&ç,
; ci-dessous énoncées, aux conditions suivantes :

jouira des prîmes >

ir PRIME

Quarante-cinq charges d'Ând. Gill :
L'abonnement pour Paris, avec cette prirm
Pour les départements.......

2e PRIME

Une boîte remplie de bâtons de vanille, bonbons fondants, par-
fumée , savoureux, fabriqués spécialement pour les abonnés de
VEclipse par M. Berbey-Couturier; ' c?-!-* a™«~-iîÀKWi7Q

7 fr. »

8 pO

de_ Saint-Seme-l'Abbaye

Côte-d Or)
L'abonnement pour Paris, avec cette prime
Pour les départements.......

soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on

coûte, pour Paris,

i° Avo.
choisit.

2° L'abonnement, avec les deus primes
7 ir. &® a, et pour les départements, S3 fr.

3y Tout abonné peut recevoir la seconde prime en envoyant.
1 Ir. 5®

NOUVELLE PRHjlE EXCEPTIONNELLE

Uhb excellente Montre en argent. {Voir aux annonces.)

GRANDS COBBOiS DE L'OPÉRA.

Dans la partie de; bâtim'ents de l'Académie impériale de mu-
sique qui se prolpnse en équerre sur les rues Drpuat et de la
Grange~Baioliôre, — eu face de l'hôtel des Ventes, du côté de
celle-ci, — du côté de celle-là, en face de la mairie du 0° arron?
dissement, — s'ouvrent deux corridors, que dïs-jel deux boyaux
étroits, humides et sombres qui coin nuniquent par quelques
marches à l'espèce de cour étranglée sur laquelle donne, le passage
de l'Opéra.

Tous les soirs, à L'heure douteuse où le gr.x s'allume dans le
crépuscule, on voit se diriger vers ces deux orifices îles escouades
d'hommes singuliers qu'expectorent les bo liîques de marchands
de vins des en rirons...
C^s hommes entrent — en bon ordre,..
Après eux viennent des messsieurs...

Puis, des ouvriers, des soldats, des femmes, des jeunes filles,
des entants...

Puis encore, de belies personnes — caparaçonnées de velours,
de dentelles, de moire et de-satin, enharnachées de bijoux, pom-
ponnées et empanachées à'l'instar des mules espagnoles, la joue
vermïllonnée comme un Marilhat, le front argenté comme un
Diaz...

Dans leur piste — de muse et d'iris — frétille tout un monde
d'habits noirs, taillés par Bonne, et de gilets en cœur, échancrés
par Dusautoy.

Pelotons de la claque, brigades de machinistes, archers de
G-essler, trabans du Prophète, arquebusiers de la Saint-Barlhé-
lemy, matelots de Vasco de Gama, gens d'armes de l'empereur
li-igism.nd, du roi de Sicile et du comte de Luna, — figurants de
tout âge, do tout sexe et de tout calibre, — employés, musiciens,
choristes, — sujets de la danse et du chant, —- coryphées, rats,
marcheuses, —journalistes, auteurs, muëstri, députés, financiers,
diplomates, membres du Jockey, du Baby, des Pommes de ieire et
des Ganaches, tout cela s'engouffre avec l'héroïsme de Cu,rtnis
dans ce double tuyau d'égout :

L'ENTRÉE DES ARTISTES DU THÉÂTRE DE L'OCRA.

Au bout de ce boyau se trouve une logetle de cinq à six mètres
carrés et percée de trois ouverture:; : l'une cominar.de les deux f
corridors, l'autre conduit aux coulisses par un large escalier, et la
troisième confine à la cour qua l'on aperçoit de la rue. Celte
troisième porte, ornée d'en tambour vitré, nest praticable que
dans la journée. Le soir venu, madame Cerbère s'y établit,
comme dans une niche, et c'est la qu'assise en embuscade, elle
darde sur quiconque émerge da dohors un regard perspicace et
profondément scrutateur. L'inévitable question : Où allez-vous?
suit ce regard comme le tçnnerre suit l'éclair dans un duel
d'orages en juillet. Cette question est ordinairement prononcée
d'une voix hargneuse et criarde qui ressemble à l'aboiement d'un
roquet en fureur.

Une quantité-innombrable de clefs do toutes grosseurs et de
toutes longueurs pendillent à dus clou olas^és dans la muraille :
ce sont les clefs des loges . et dos mag^staa. Non Ion de là, un
cadre de bois noir contient, sous verre, uas t uiU-e, de papier sur
laquelle sont indiquée* la composition diu proehftba-spectacle et
l'heure exacte des répétitions et îles Ijçcafts du. iendt-uiaûn.

C'est dans ce Monaco que régna autr'.',?is la loèro Crosnier et
que règne à présent madame Monge.

La mère Crosnier était une portière.

Madame Monge est une concierge.

velours devant ses ftriffes, ses crocs et sa moustache. Leyasseur
et Baroilhet lui souhaitaient lo bonjour avec un point d'orgue;
Habeneck lui offrait des prises de makouba, et Carlotta Grisi n'eût
pas manqué — pour un empire —de lui demander des nouvelles
de sa santé !...

Seule, Rosine Sfcolz osa la ïutoyer!

Nourrit — qu'elle adorait .— avait le privilège de l'appeler Cros-
nier tout court...

Les autres gros bonnets de la maison l'appelaient respectueuse-
ment marne Crosnier.

Duprez, qui avait succédé à Nourrit, apprit .à ses dépens, que,
les bennes grâces de la mère Crosnier ne faisaient pas partie de
l'héritage.

Un jour, dans l'ivresse du triomphe^ il s'oublia jusqu'à pro-
noncer un :

— Maman Crosnier, la clef de nia loge, hein, si tu veux?

La pipelette ne se fâcha point : elle se contenta de lancer au
ténor un regard, — quel regard! Un obus chargé d'une épopée!
Puis elle ajouta simplement :

— Mossieu Duprez, IVbum't me disait ousX

Grincheuse, susceptible et fière avec les grands, la mère Cros-
nier se montrait volontiers avec les petits douce, charitable et ma-
ternelle. Providence en tablier d'indienne et en cornette de tra-
vers de toutes ces Fiocres surnuméraires qui déjeunent de priva-
| tiens, dînent d'espérances et soupent le plus souvent d'une talo-
I che de famille, lorsqu'elle eu voyait une pénétrer dans son antre
! embarrassée, souffreteuse, parfois même pâle et chancelante, elle
l'interpellait brusquement :

— Ma fille, de quoi as,-tu besoin? Est-ce d'un conseil ou d'un
bouillon?

Et l'un et l'autre étaient tout prêts...
Excellents, du reste, tous deux!
Les fillettes suivaient rarement le conseil...
Mais elles avalaient toujours le bouillon — sans lequel plus d'une
d'elles n'eût pas eu la force de danser le soir!...

Madame Monge, — successeur de la mère Crosnier, — est la
femme d'un ex-professeur d'escrime, assez renommé, qui a été, je
crois, quelque chose dans l'administration de Bobino.

Un des anciens élèves de ce dernier, actuellement haut perché
dans l'État, — lui ayant proposé, il y a quelques années, de le
Baser dans un théâtre quelconque :

— La direction de l'Opéra est vacante en ce moment, répondit
l'émule de Grisitr. Elle m'irait comme un gant,

— Oui, fit le le protecteur, comme un gant.,, de maître d'ar-
mes.

Le ménage Monge n'en fut pas moins attaché à l'Opéra...
Cave canem !

©

Une concierge do l'Opéra n'a pas le droit de se montrer bé-
gueule, — l'huis dont elle est chargée do défendre l'approche s'en-
irebàillant bien plutôt sur le paradis de Mahomet que sur celui de
saint Pierre.

Elle se trouve — par position — initiée à toutes les intrigues
amoureuses des coulisses...

Souvent, la mère Crosnier éÇait maussade. On l'interrogeait :

— Qu'avez-vous'?

— Ne m'en parlez pas! Voilà enr ro une de mes, enfants qui a
sauté le pas!

Aujourd'hui Mme Monge vous dit en sçiur-jïyu \

— "Vous savez, la petite X,.. a ca<sè &,ù,npati^l...

M. Adolphe Dupeuty explique de a fa^gu. su-ivan^a, l'origine de
ce vocable d'argot dramaiiqae :

Il y a dans le Prophète un ballet, un vraiehef-.dVeuvrel et dans
ce ballet de ta ?ieiget le fameux pas <; s patins. Comrn-e uu,e gratifi-
cation exceptionnelle — cinq francs, je çrçd.s — étaient a^to.ués à
celles de ces demoiselles du corps do ballet chargées de ce, pas
difficile et dangereux, les demandes étu^ea,t nombreuses et r.o,ni-
breux aussi les remplacements, car, à la moindre iufà'acHo>p,l à la
moindre faute, la coupable était, selo.i l'oxp-ression du régisseur
de la danse, cassée aux patins.

De ià l'intelligence proverbiale de l'en ir oit a bien vite modifié
celte expression et l'on dit tout simplement, quand un^ bjiU^ine
de l'Opéra a fait une faute :

a Mademoiselle une telle a cassé son patin! a

En entrant, pour prendre sa clef, dans la loge de la concierge,
toute danseuse s'informe :

— Maman Monge, il n'y a rien pour moi?

Maman Monge n'affiche pas les façons de porc-épïc de la mère
Crosnier à l'endroit des familiarités...

— Mamzelle Villeroi, il y a une lettre.
Ou:

— Mamzelle Parent, il y a des bonbons
Ou:

— Mamzelle Montaubry, il y a un bouquet,.

On croque les bonbons, — on arrosa h}; bouqu-efc. d'un yerro de
malaga, — on lit la lettre et on y répond.,..
Car on fait so?i courrier!,..
Parfois, les communications revotent un caractère plus intime :

— Mamzelle Carabin, on vous désire au Grand-Hôtel, api;cs le
spectacle, dans lo cabinet bouton àJor.,

Ou :

— Mamzelle Pilvois, un monsieur sollicite votre adresse.
Ce à quoi rnamzelle Pifvois ripostait invariablement '■

— A-t-il l'air d'être.du Jockey?

Avec les fillettes qui viennent dans la loge faire la dînette, dfu-n.
pain de seigle ou d'un cornet de frites, on prend moins de pcèV
cautions :

— Constance, ton jeune homme flâne dans lo passage..
Ou bien encore :

— Marie, le grand brun t'attend chez, le marchand; de via

ïos habilleuses, les femmes de chambre, les mères, les sœurs, les
maris, toute la domesticité, quoi ! Total : un millier d'individus
.— sans compter les chevaux !

AU ! le métier de concierge de l'Opéra n'est pas une sinécure !

De cinq heures du soir à cinq heures du matin, défense de s'as-
soupir une minute, de se retourner, de se moucher, de mettre le
nez dans Ja Petite Presse!...

Quand la mère Crosnier prit sa retraite, raconte M. de Boigne
dans ses Petits mémoires de l'Opéra, elle comptait quarante ans de
service, et pendant ces quarante ans, elle ne s'est pas absentée
un seul jour; elle n'a pas ilernandé un seiil congé; elle n'a pas
été malade une seule fois. C'était une santé de fer et un dévoue-
ment de la vieille roche.

Mais, le croira-t-on? la mère Crosnier n'avait jamais entendu un
seul opéra, jamais vu un seul ballet. Comment eût-elle pu être
à la fois à sa porte et dans la salle? Dans la salle, elle n'y mettait
les pieds qu'après la représentation, lorsque tout était fini. Alors,
une lanterne sourde à la main, en compagnie d'o.i inspecteur et
d'un pompier, elle faisait te tour du théâtre, de la saî'e; elle visi-
tait les loges, les coulisser, veillait à l'extinction des feux et ne
se couchait que lorsqu'elle était sûre qu'aucun incendie n'était à
craindre.

La fortune, la vie de tout un quartier, d'un immense quartier,
étaient entre ses mains. Mais lo quartier pouvait dormir tranquille
n la mère Crosnier veillait sur lui.

Paul Mahalin.

S-

ee

La mère Crosnier était une volumineuse gaillarde, forte eu, Jaan-ï
ch s, forte en gueule et toujours prête, comme oç, dit, à mettre la

pièce au trou, — ce frowétoilât-ii la manche du directeur luflf__________________________________

d'un premier sujet ou d'un ces « matadors. 3 de. l'administra- \ A toutes les-personnes que j'ai énuméréestou-Ji. à- l'usure, et qui
tionl... \ passent et repassent par I'entiiée des ARTi-s^as^ ijlj fo-u^ ajouter les

Elle portait son balai comme un sceptre. Chacun faisait patine, d;e. coiftmrs, les tailleurs, les arroseur^, Içs, ba^tycm-s^ les. lampistes,

LA FÊTE DES LOGES.

Le 17 du présent mois, la mère Goguelard donnait un grand thé
an personnel féminin des loges voisines etanres. Mme veuve Go-
guelard, c'est ma concierge.Ede frise la soixantaine. Or elleprétond
non-seulement qu'elle a servi dans le temps chez le père de la
Pucelle de Belleville, mais aussi qu'elle l'a quelque peu tutoyé,
vers 1&25. Est-ce de la vantardise? Qui le sait! Dans tous les cas,
c'est pour souhaiter la bienvenue, chez les dames du cordon, au
nouveau feuilletoniste de la Petite Presse que la mère Goguelard se
mettait en si royales dépenses.

Elles se trouvaient une douzaine de portières, dans cette logo,
empilées comme des Lanternes dans une boîte à sardines. —
J'étais là de par la gracieuseté de la mère Goguelard, qui mû porte
dans son cœur; j'étais là, perdu dans uu coin, feignant une horri-
ble migraine pour, n'ayant rien à dire, avoir le temps d'écouter.

Or, en vérité, je vous le dis, ce fut une mirifique soirée que
celle de Mme veuve Coguolard, et « dont on parlera longtemps. »
Peut-être l'écrirai-je un jour. En attendant, qu'on me permette de
déposer céans quelques-unes de mes notes, à titre de simples ren-
seignements sur la couleur locale.

— ... Oui, mes enfants, j'ai été forcée do me faire couper les
ennemigdales, dit une vieille.

— « Amiguedales »... insinua une jeune, as « Ennemigdales »
reprit l'antre. — « Amiguedales, » répliqua la seconde... — bref,
ça dura cinq minutes en douceur — puis la vieille, se îàchani :

— Ah ça ! ma petite, me prenez-vous pour une raboteuse? On sait
encore ce qu'on dit, sans que ça vous blesse* Si ces « gdales »
auraient été des « amis, » j'aurais pas eu à m'en plaindre. Mais
puisqu'ils me faisaient souffrir la passion, fallait bien que ce soit
des ennemigdales...

— .... Tenez! j'ai là justement un a nogauxgriffes » en versses,
que mou neveu, qu'est tourneur en bronzo, a fait de lui-même.
Écoutez-moi ça ;

Dans mou premier on fait la soupe ou autre chose;
Dans mon second on voit une marque d'amitié j
Dans mon troisième l'empereur il se pose ;
Mon tout fait un potage couleur mari trompé.

On chercha. L'une dit : « c'estimarmiton; » l'autre . « vasistas. »
Puis, chacune jeta sa langue aux chiens.

— Eli bien I le premier est « pot » dans quoi..,, vous m'en-
tendez., Le deux/.ème est a tu, » le signe du tuteyement; le troi-
sième, « ro?}d : » un ron, quoil ousqu'on voit censément Sa
Majesté dormir... — Et le tout, c'est...

t- Poturon! soupe c:uleui; de co....
t*a,s. 4$xiAé.

Une fois Lâché le robinet, les devinettes coulèrent—dru comme
l,es entreprises théâtrales. Entre cent, qui courent les rues, j'en a
trouvé une vingtaine à peu; près neuves. Déflorons-en quelques-
imes :.

— Pourquoi que leg concierges; rt'e^t rien à perdre aux Coups
S d'État,?

— Parce qu'elles sont toujours dnedJi&du manche.

tt7 Quelile- est la personne naturelle, qui démontre, au jour de
[i l'an, bï plus dj'ambition?

—. ^Jne concierge !; puisqu'elle, ne* parle que d'êlr'Reine.

■— D'où; vient que le métier de^ sage-femme est plus difficile que
nôtre?

-Mt De. ce. q,ufi; ïg cordon « nombrilical » est plus délicat à tirer
I que, celui de. la pofffce.,

j <pJ3, causa aussi politique, et dame h... Mais en voici assez, pour

\ u''0 fois, sai;a-tUb, M'onsieur?

Jules Dementhe.



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