Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 3.1870

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.3704#0056
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ÉCLIPSÉ.

prîmes Ds._x.*âoXiiPS>.

Toute personne qui enverra directement en mandai ou en tim-
bres-poste, au Directeur du journal, 16, rue du Croissant, à Paris,
le montant d'un abonnement d'ois an à I'Lclipse, jouira des
primes ci-dessous, aux conditions suivantes ;
PREMIÈRE PRIME.

Une charmante pendule, dite Mignonnette, à cadran de porce-
laine historié, fonctionnant d'une façon non moins satisfaisante
qu'une bonne montre suisse, et se'réglant à peine à quelques
minutes par mois.

Cette petite pièce sort des ateliers de M. E. Beignet, 96, rue
Montmartre, horloger de la ville de Paris,

Paris, avec l'abonnement d'un an „ ...*.. 15 »

Départements, — La prime prise au bureau,. . . 16 »
Id. La prime envoyée franco. ... 17 »

DEUXIÈME PRIME.

Une superbe Lanterne magique, dite Lahpascope, accompagnée
de douze verres fournissant 48 sujets, reproduits d'après les
charges de Grill, les plus célèbres.

L'Abonnement pour Paris, avec cette prime.......... 12 fr.

Pour les départements, la prime prise au bureau...... 13 fr.

« » La prime expédiée franco..-.... 16 fr.

Bans quelques jours nous mettrons à la disposition deceus
de nos collectionneurs qui voudraient faire relier la 2e année
de ÏEcUpse, un frontispice dessiné par Hadol, et une table
des matières. — Prix : 50 centimes.



LE MARDI GRAS

Qui donc prétendait que la gaîté était morte? Qui donc assu-
rait que la jeunesse française ne savait pins ni rire ni chanter?
Qui donc osait soutenir qu'il n'y avait plus sur cette terre que des
sujets de larmes, d'ennui et de suicide?

Sotte et banale plaisanterie! Mais nous nous tordons de rire,
mais notre félicité e-t si grande que nous poussons des hurlements
de joie, mais nous nous amusons comme de petits fous. Mais ce
matin en venant saisir mes mmbles et en confisquant le berceau
des enfants de mon voisin, l'nuissier lui-même m'a affirmé que la
vie n'était qu'une longue série d'ivresses, de sourires et de fêtes.

Et du reste ne l'avons-nous pas vu mardi dernier? Quel beau
jour! Quelle admirable gaîté que celle de ce sublime peuple pari-
sien.

On riait, on s'embrassait. Plus de gêne, plus d'ennui, plus de
contrainte. Toutes les haines étaient éteintes et mortes. Tous les
visages étaient épanouis, et les gens qui suivaient les corbillards
de ceux qu'ils aimaient, dansaient eux-mêmes des cachuchas fan-
taisistes en adressant au ciel de longs regards de reconnaissance.

Ah! l'on s'en souviendra longtemps de cette fête nationale!
Ont-ils dus être émerveillés les Provinciaux venus à Paris pour
voir le mardi-gras de l'année de disgrâce 4870. Jamais fête ne
fut aussi complète, aussi universelle. En voici du reste le pro-
gramme :

A neuf heures trente-cinq, douze personnes d'un sexe diffé-
rent, mais d'une égale ivresse, sont parties à% la place de la Sor-
bonne pour faire le tour de Paris. Les hommes avaient mis des
robes de femmes; les* femmes étaient vêtues de paletots d'hom-
mes.

On les a vus tour à tour sur la boulevard, à la Bastille, à la
Madeleine, au Palais-Royal, riant, chantant, dansant, soufflant
dans des cors ou dans des mirlitons, excisant la gaîté publique
par tous les moyens que leur fournissait notre ad-mirable civili-
sation.

Ce n'est pas tout. Pendant cette mémorable, journée,, trois ou
quatre bœufs enrubannés ont été promenés sur des chars de
triomphe dans les différents quartiers de- Paris. Cinq figurants
du Chàtelet, vè.us en mousqueiaires, quatre1, pierrots, trois arle-
quins et une demi-douzaine de Vénus auxGarottesles escortaient.
TJrîe foule ivre les saluait au passage d'acclamations enthou-
siastes !

Attendez. Ce n'est pas tout encore. Vers- le- soir, les cinq
mousquetaires, les quatre pierrots, les trois arlequins et les six
Vénus aux Carottes se sont rendus dans les différents) bals de
Paris, et là, devant un public anssi nombreux que choisi, ils ont
exécuté des. cavaliers seuls, dont les assistants ont emporté
dans leurs cœurs le touchant et religieux souvenir.

Le Journal officiel de mercredi constate que dans cette mémo-
rable journée cinq ou six cents personnes sont mortes à force de
rire.

O vieille gaité gauloise, tu n'es donc pas un vain mot!

Georges Petit.

LE QUADRILLE DES SANGSUES

Au-dessus dé la porte étroite d'une modeste boutique, agréa-
blement peinte en chocolat tendre, avec des filets verts, située
rue des Bassins,, à Passy, boutique ornée à l'extérieur d'innom-
brables gttirt-rindes de paquets d'herbes sèches et poussiéreuses et
de chiendent hors d'âge, on lit une enseigne mi-partie, destinée
à faire réfléchir .profondément le voyageur égaré dans ces soli-
tudes.

Cette enseigne, que l'homme accablé d'un mal de dents farou-
che ne peut conteront sans pousser un soupir d'espoir; cette

enseigne, considérée encore avec enthousiasme par les maris qu
des épouses fécondes poussent sans cesse à aller s'enquérir d'une
sage-femme distinguée; cette enseigne, enfin, est celle-ci :

MADAME VEUVE TETONNET.

HERBORISTERIE-CONFISERIE

Nous nous abstiendrons de faire remarquer combien le mélange
du commerce des simples avec le négoce des sucreries liquides
ou solides,nous paraît sujet à caution, car,pour tout l'or du demi-
monde, nous ne voudrions pas insinuer dans l'âme des fidèles
pratiques de madame veuve Tétounet, l'affreux soupçon que par-
fois on leur sert peut-être du sirop de graine-de lin, ou des em-
plâtres de mirabelles, à la place des médicaments ou des dou-
ceurs qu'elles demandent avec innocence ; mais nous profiterons
de la circonstance qui nous amène aujourd'hui rue des Bassins, à
Passy, pour présenter à nos lecteurs la propriétaire de l'établis-
sement en question, qui prend le frais justement, sur le pas de sa
porte, encadrée d'un triple arceau de feuilles de noyer décrépites
et de pissenl ts en décomposition.

Madame veuve Tétonnet (herboristerie et confiserie) paraît
éprouver une certaine inquiétude, qui se traduit par des regards
nombreux jetés à l'horizon. Madame veuve Tétonnet, maniant
entre ses doigts roses et gras un aimable chapelet de petites se-
ringues à manches bleus ou blancs, marmotte de temps à autre :

— Que fait donc Amélinda ? Elfe est bien longue...
Savez-vous ce que fait Mlle Amélinda, la fille unique (16 ans

rousse, nez en trompette) de madame veuve Tétonnet? Non.
Vous ne le savez pas. Eh bien, nous, nous pouvons vous le dire»
Amélinda est allée, comme tous les mardis d'ailleurs, rappeler
aux amis de sa mère, épars dans le quartier, que madame veuve
Tétonnet restera chez elle ce soir-là.

Madame Ve Téionnet a un jour. Elle reçoit. On prend le thé
chez elle, le mardi, Amélinda fait de la musique, pendant que sa
digne mère comble da gâteaux et d'infusion d« la feuille chinoise
les invités mâles et femelles.

Madame veuve Tétonnet prend ces soins domestiques elle-
même, maintenant. Autrefois, une naïve servante était chargée
de la partie rafraîchissement. Mais, un jour, la pauvre fiile offrit,
sans y penser, des biscuits dépuratifs du docteur OUivier, accom-
pagnés d'une décoction de camomille, et tout le monde la trouva
mauvaise, surtout deux ou trois personnes qui pourtant « sont de
la partie. »

Le mardi soir, on chante, on danse, on rit, cm mange chez
madame V° Tétonnet.

Il faut bien produire son enfant. L'âge arrive, dit cette dame
éminemment pratique, l'âge arrive.... et il faut marier mon Amé-
linda... Les partis sont rares...

Aussi, pour les multiplier,-madame Ve Tétonnet invite beau-
coup de jeunes gens, après les avoiu passés d'abord au crible
d'un examen sévère... et confidentiel;-.

— Pas d'amourettes ! mon garçon, pas d'amourettes!... Le bon
motif, voyez-vous... Amélinda est un ange... Pas d'amourettes.

Tel est le langage austère que tieftt la veuve Tétonnet aux
jeunes apprentis commerçants do la rue des Bassins, qui sollici-
tent l'honneur d'èt;re admis aux raouls célébrés dans i'ïïerbàris-
ter•ie-confiserie.

• Les habitués de ces- fêtes de l'intelligence, données dans la
boutique, les voiets mis, sous un plafond de verdure, composé de
plantes plus ou moins diurétiques, sont très-nombreux. On y
compte : Madame Dugras, la sage-femme du notaire de Clicby ;
madame Cuprosé, l'herboriste du G-ros-Caillou; quatre ou cinq
autres dames « reçues en 1807-1824-1830-1832 par la Faculté
de médecine. » On y voit encore : monsieur Capolot, un spi-
rituel bandagiste, qui est si farce, et qui amuse tout le monde
avec des choses en caoutchouc, qu'il a dans sa poche. N'oublions
pa3 Cnarles, le gros Charles, le voyageur delà maison Seltzer et
C9(pour syphons et irrigateurs); oh! ce bon Charles! c'est un
trésorl — On pense (comme on est médisant!) quo la petite
Amélinda ne' le voit pas d'un œil farouche, et qae, si madame
Ve Tétonnet n'y veillait de près, on pourrait bien n'avoir ^lus
que de la tisane calmante à faire avec la fleur d'oranger de sa
demoiselle !...

Mais tout ça, c'est des caneans, comme dit une dame épaisse,
« reçue en 1822, » madame Froidecouche, dont le tableau-enseigne,
sis, rue des Vertngadins* à Belleville, représente un heureux
père, appartenant à la magistrature, sans doute, qui découvre
avec un sourire parfaitement idiot, quatre petits enfants rangés
sous les feuilles d'une rose matinée de chou.

On s'amuse beaucoup, chez madame veuve Tétonnet, et ce ne
sont pas précisément des émollients qu'on y consomme. Ce qui
fait que vers onze heures du soir, on devient très-broyant dans
l'arrière-boutique, et autour du piano de mademoiselle Amé-
linda.

A tel point que, lorsque par hasard, à cette heure avancée, U;iv
client se présente, et expose le motif de sa venue, qui est un be-
soin pressant d'amadou, il reste pétrifié de voir la demoiselle de
la maison, ou madame veuve Tétonnet elle-même, lui répondre,
en chantant et en dansant, avec un aimable enjouement :

— De l'amadou? dou! doul dou!! Voulez-vous de l'amadou
dou... dou... En voilà, mon bon, mon gros, mon cher monsieur...
et flonflon flon... de Ta,, du ms, du dou, de l'amadou !— En-
levez !

La joie esteontagtsuse. Le client, muet d'effroi d'abord, et qu
croit avoir affaire à des gens devenus subitement .fous, finit
bientôt partout comprendre; il sollicite même la faveur d'une
tasse de thé; la boit, en Véduîcorant de rhum de la Jamaïque, et
demande que la fête continue.

La fête continue de plus belle en effet.

C'est alors qu'excitées graduellement par la musique, les sang-
sues de madame veuve Tétonnet (herboriste), commencent à se
mouvoir en cadence dans leurs bocaux, demeures chastes et
pures !

Leur allure, au début, est lente, posée et comme cé'émonieuse.

On dirait qu'elles dansent un menuet ,royal avec solennh'
Puis miss Amélinda tapant plus fort, et le rbythrue s'accél'
rant, les sangsues cèdent aux suggestions bizarres de leur ce "
veau excité; les utiles annélides, oubliant toute dignité sa t •
moussent tout à coup, éclairs verdàtres, dans l'onde rafraichf"
santé de leur domicile, perdant pour une heure le souvenir de"
tristes nécessités de leur profession, et des endroits fâcheux Pt
humiliants où on les a posées...

Le quadrille des sangsues devient bientôt échevelé, carnava
lesque, immoral même; il ne cesse qu'au moment où, épuisées
anéanties, et longues comme des spectres olivâtres, lesmalbe'
reuses bêtes tombent de fatigue et de faim, au fond de leur ha*
rem humide.

Ernest d'Hervilly.

LUCRÈCE BÛRGiA CORRIGÉE

À monsieur François Polo, directeur du journal
l Eclipse, 16, rue da Croissant, Paris.

Monsieur,

Le hasard, ou je crois la malice d'un neveu qui fait son droit à
Paris, m'a conduit l'autre jour au théâtre de la Parte-Saint-
Martin, où l'on représentait une tragédie intitulée : Lucrèce Bor-
gia. Ce long tissu d'horreurs m'a révolté, comme il doit révolter
tous les honnêtes gens. D'abord cette tragédie, au fieu d'être eu
vers, est écrite dans une prose rampante et triviale. J'y ai relevé
des expressions telles que : Gibet, vêpres, corbacque (je ne sais:pas
ce que veut dire ce mot), oison, etc... La princesse dit : Hein\ en
propres termes. Enfin la règle des trois unités est violée dans
cette affabulation dramatique avec un oubli de toutes les con-
venances véritablement affligeant. Le célèbre M. Armand Mallet
du journal le Pays, est de mon avis, lorsqu'il dit si éloquemnient-
« Car moi qui vousparle (lui, M. Mallet), je ne crains pas de dé-
clarer que M. Victor Hugo « est le plus triste modèle littéraire
quffl'un puisse suivre. » Je cite de mémoire, mais le « moi qui
vous parle » est textuel.

Cependant, monsieur, dans ce monstrueux amas de trivialités
et de choses choquantes pour le bon goût, il faut bien recon-
naître certaines ! qualités dont l'auteur eût pu tirer un meilleur
parti s'il avait été nourri d'études sérieuses. On pourrait exfl&re
une jolie tragédie de Lucrèse Borgia, qui ne blesserait ni le bon
sens-, ni la vraisemblance, ni d'autres choses.

Notre illustre Voltaire a fait un chef-d'œuvre de grâces! de
sentiment, Zaïre, avec le monstre de Gilles Shakespeare, ûfht\k.
Il a remplacé par une douce émotion les brutalités qui fourmi!-
lent da-ns la pantalonnade anglaise, et, nouveau Virgile, a su Cou-
ver quelques perles dans le fumier d'Ennius.

Comme Gilles Shakespeare, ce M. Victor Hugo est un barbare
frotté de génie. Je cultive les muses, monsieur, et j'ai tenté de
faire pour Lucrèce Borgia, ce que Voltaire a fait pour Othello. Voire
estimable journal étant la seule feuille sérieuse que j'aie eu le plai-
sir cte lire depuis \z. Quotidienne, je vous offre la primeur démon tra-
vail. Si cet humble fruit de mes loisirs pouvait tenter M. Edouard
Thierry, je lui remettrais ma tragédie, et le public éclairé pour-
rait jouir des quelques beautés réelles que j'ai trouvées dans
l'œuvre informe que l'on joue au boulevard.

Je vous envoie la dernière scène de mon ouvragé; je laisse dans
la confisse ces hideux cercueils dont la vue est repoussante. Je
me suis cru obligé aussi de changer les noms baroques de la plu-
part des personnages. Ainsi, j'ai appelé Rustighello : Alonzo;
Oloferno : Léon, et Gubetta : Alvare, imitant en cela Ducis, qui a
transformé le nom ridicule d'Iago en celui beaucoup plus har-
monieux de Pezarre, et fait Odalbert de Brabantio.

Enfin, monsieur, jugez, d'après le fragment que je vous envoie,
si Lucrèce Borgia, ainsi remaniée, ne donnerait pas matière à un
spectacle digns du premier peuple du monde.

Je suis avec respect, monsieur, votre très-
> humble et très-obéissant serviteur,

DûrlANSE (cadei).

LUCRÈCE BORGIA ' ,
Acleo^0, Scène S"10. '
don Alphonse, — ALoszo, — Gardes.

DON ALPHONSE. ■ . .

Èh bien ! cher Alonzo, fais-moi de ton message
Un fidèle récit. Dis-moi si mon outrage,
Dans le sang du perfide enfin est essuyé.
alonzo, lui montrant les Gardes.
Mais, Seigneur, ces témoins, quelle nécessité
Lés ferait confidents de ce récit funeste?
don Alphonse, les congédiant.
Sortez, braves guerriers, soutiens des princes d'Esté.

(Les Gardes sortent.)
Par ce, cher Àlonzo, ce palais est discret.
Le traître dont l'audace avait cru.....

ALONZO.

C'en est fait.

DON ALPHONSE.

Il n'est plus ?

ALON20.

Atropos a fermé sa paupière.

DOS ALPHONSE.

Et la princesse?

ALONZO. .

Hélas ! Elle a vu la lumière
Pour la dernière fois.

»&* Ltffl* 2.

î,a lu ta i tu «ili, t*»".®1 V-
mummW

0 jnssuglaits do iir.! 6 no: de s»»»Kem !

ltito#ilm»,*;ellleiii'E
kë;yr,i'>lralt-*étos!js-.a!;&]i
I» dernier piil-Ji, ni champs il ÏOUM
Estitfliï f'JioM le tnfmts de Belke!
tapalk tl ta Épouse i qui m&a etsar pdoMe,
Mm, Mslmsis Ma! Pour qci aat «s aer^E
Qfflflle'sdshnfek'aiaii.v.
M^telWi! îiess-^îîKeaTS&ura
JpisiaiKifïtiilsilÉiebiŒl



iuaiGuns

METTE HA m

"'«■ai a fi

■-: i

k;::

«Mail

«""«"«Mi

"H
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen