Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 3.1870

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.3704#0102
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ECLIPSE

uUUS.

RESTER A PARIS ?xx„

ÉTUDE DE VILLÉGIATURE A L'ÉTUVÉE
CHAPITRE PREMIER

DÉPART DES BIMARDOT POUR LA CAMPAGNE!.,.

C'est samedi soir ; il est quatre heures moins vingt.

La caravane Binardot, sous la direction de son chef, en
sueur, serpente péniblement sur un des trottoirs de la rue de
Rennes, se rendant à la gare Montparnasse.

La caravane Binardot ne vient, d'ailleurs, que de la rue du
Mail, où elle exploite un établissement de passementerie ; mais
elle eu vient à pied : l'omnibus du chemin de fer sur lequel elle
avait compté pour transporter ses huit membres n'ayant eu
qu'une place disponible.

M. Binai-dot, — il s'en vante d'un air capable, — n'a loué une
campagne à Chaville qu'à cause de cet omnibus, qui passe 'uste
devant sa porte.

■— C'est si commode!... disait-il encore ce matin en déjeu-
nant.

Sur le point d'arriver à la gare, les Binardot rencontrent les
Cornudet.

M. Cornudet, qui est myope... mais myope à inonder l'inté-
rieur d'un kiosque à journaux des boulevards, aperçoit vague-
ment M. Binardot, dont la transpiration tombe en pluie sur
l'asphalte, et le prend d'abord pour un tonneau d'arrosage.

Plus près, on se reconnaît.

— Tiens!... c'est Cornudet!...

— Tiens!... c'est Binardot !... Où allez-vous donc, comme çà!

— Où nous allons?... Mais, parbleu! à notre campagne !...
Et vous, comment diable pouvez-vous rester à Paris d'une cha-
leur pareille?... Pouhl... on étouffe!... Moi, d'abord, vous
savez... je suis très-nerveux, il me faut de l'air, du calme et de
la tranquillité.

— Allons, au revoir... ne manquez pas le train.
Binardot, voulant donner à Cornudet l'accolade du départ,

dépose sur le trottoir une petite pompe à main toute neuve,
qu'il tenait à la main droite. Posée mal d'aplomb, la pompe
chavire, et Binardot se baisse vivement pour la retenir.

Dans ce brusque mouvement, il laisse tomber d'autres objets
dont il était chargé, entre autres, une grande casserole en fer
battu, une canne à pèche, une tarte aux pommes, un aquarium
de salon, une bourriche de pieds de giroflées, un seltzogène,
une boîte de loto qui s'ouvre en tombant, une flèche do lit et un
matelas d'enfant.

Madame Binardot, l'âme navrée de ce désastre , se rap-
proche vivement de son mari, et... — c'est dans les moments
de détresse que se révèle une tendre épouse — lui dit aigre-
ment :

— Faut-il que tu sois bète, monsieur Binardot!

M. Binardot ramasse son chargement ■— auquel madame Bi-
nardot joint son ombrelle, plus une cuisinière et sa coquille —
et prend enfin congé des Cornudet en leur disant :

— Je ne sais pas comment vous pouvez rester à Paris?...
Pouh!... on étouffe!... Faudra venir nous voir là-bas!... Moi,
vous savez, je suis très-nerveux; il me faut de l'air.,, du calme
et de la tranquillité.

CHAPITRE II

LES BINARDOT A BELLEVUE

Le dimanche matin, à onze heures, M. Binardot est sur pied
pour arroser ses légumes.

Hélas 1... si une citerne pouvant contenir 6,000 litres, deux
excellents arrosoirs et une bonne volonté à toute épreuve suffi-
saient pour arroser un jardin de quatre mètres carrés, M. Binar-
dot serait le plus heureux des hommes.

Mais Dieu a voulu que, même avec tout cela, un peu d'eau
fût indispensable ; et il ne reste plus à la citerne de M. Binar-
dot une seule larme pour pleurer sur la sécheresse obstinée de
la température.

M. Binardot, qui est un cœur stoïque, prend son courage et
ses arrosoirs à deux mains, et fait vingt-deux voyages à la fon-
taine de la localité— un demi-kilomètre au plus; mais ça va
en pente.

11 oublie d'arroser une jacinthe; madame Binardot le traite
de propre à rien.

De neuf heures du matin à deux heures de l'après-midi,
binage, bêchage, labourage, etc., par trente-deux degrés de
chaleur; seulement on a l'ombre des fils télégraphiques du che-
min de fer qui passe au bout du jardin.

A deux heures et demie, chaleur insupportable; on ouvre la
porte de la salle à manger pour donner un peu d'air dans le
jardin ; madame Binardot colloque à. son mari la garde de quatre
petits Binardot — le dernier n'est pas sevré — pour aller tailler
une petite bavette chez une voisine.

Par le train de 2 heures 40, la tribu des Cornudet déballe à
l'improviste chez Binardot, pour dîner sans cérémonie. Il n'y a
à manger qu'un morceau de veau froid apporté la veille dans
un numéro du Petit Journal; mais c'est très-commode, au mar-
ché de Versailles on a tout ce que l'on veut, en y allant le
matin.

M. Binardot, du reste, n'a loué à Chaville qu'à cause de cette
proximité.

Le soir, les Cornudet manquent le dernier train ; il faut les
installer pour la nuit. On étale des matelas partout.; quand
tout le monde est casé, Binardot s'aperçoit qu'il ne lui reste
plus pour se coucher que le jeu de tonneau.

Le lendemain matin, cet homme nerveux, qui fuit la bruyante
cité pour trouver de l'air... du calme et de la tranquillité, est
moulu comme s'il avait servi de ballon pendant trente-cinq
heures consécutives dans un des ronds-points des Tuileries.

Madame Birnardot lui dit tendrement ;

— Il me semble que vous auriez bien pu vous lever plus tôt
pour faire les bottines de madame Cornudet et de ses filles.

A neuf heures, rentrée rue du Mail.

CHAPITRE III

BINARDOT A SQN CERCLE

^Pouh!... on étouffe!... je ne sais vraiment pas, mes-
sieurs, comment vous pouvez rester à Paris d'une chaleur pa>
reille?... Moi, vous savez, je suis très-nerveux; il me faut de
l'air... du calme et de la tranquillité, J'ai passé une journée
charmante à Bellevuc hier. A ÎU bonne heure, au moins, on res-
pire I...

CHAPITRE IV1 à XXII

De mai à octobre, vingt et un dimanches dans le même goût.
(Voir plus haut les détails.)

Une seule variante : Le jour de la fête de madame, dîner
d'intimes à Chaville. M. Binardot est obligé de venir, par le
premier train du matin, chercher un peu de salade à la halle.

11 répète tout l'été ;

— S'il fallait que je reste à Paris par une chaleur pareille!...
Pouh!... on étouffe !... Moi, voyez-vous, je suis très-nerveux,
il me faut de l'air... du calme et de la tranquillité.

Léon Bienvenu.

~Jœr=.3J&>=9S>È™=^o1

CABRIOLES

Rose Zouzou, une vertu très écjievelée, connaît depuis long-
temps les splendeurs et les misères des courtisanes.
Eu voilà une qui a eu des hauts et (les bas !
Elle le disait, elle-même, l'autre jour :
™ Ce n'est que quand j'ai des hauts que j'ai des basl

Les catholiques'croient que le Messie est depuis longtemps
venu sur la terre, tandis que les Juifs l'attendent encore.
Un seul point divise donc ces deux sectes :
Les Juifs croient que ce n'est pas arrivé.
Les catholiques, eux, croient que c'est arrivé.

Si jo trouvais une femme qui fût ferme, je ne demanderais
pas mieux, que d'en être le fermier.

TJn proverbe extrait de la sagesse des nations... de cocottes :
Aimez qu'on vous éclaire et non pas qu'on vous floue.

Aucun journal n'a fUife connaître le véritable motif de l'ani-
mosité des étudiants en médecine contre M. Tardieu.

Le voici.

G'est que le nom de ce professeur est composé de deux mots
tout à fait antipathiques à la plupart de nos médecins :

Tard, c'est-à-dire un mot qui renie le progrès;

Et Ditfu, qui est un zéro pour les matérialistes.

Un pharmacien surprend un de ses élevés en conversation
criminelle avec sa fllle,

— Monsieur, dit-il au séducteur; en lui présentant un flacon
de vitriol, ernpoisonnez-vo-us toiit de suite, ou biefc épousez-la !

Et le jeune potard répond :

— Poison pour poison, j'aime autant prendre votre fille 1

Alphonse Lafittb.

SCÈNES GROTESQUES

L INFORTUNEE VEUVE QUOTTE.

Je venais de franchir le seuil de la petite maison de madame
veuve Quotte.

Ce n'était pas le devoir, je dois l'avouer, qui me poussait im-
périeusement chez cette dame. Mais je me hâte d'ajouter que ce
n'était pas non plus l'appétit des choses défendues.

Non, c'était un mélange de divers sentiments, d'égale force,
qui, me poussant par derrière, comme avec des mains invisi-
sibles, me murmurait à l'oreille : Ici!

En un mot, je ne me rendais pas chez madame Quotte ; j'y
allais.

Je n'étais pas, à vrai dire, une pratique, un abonné de son
buen relira, si commode et si utile, mais j'y avais mes entrées,
au même prix que tout le monde d'ailleurs.

Et je puis le dire, sans orgueil et sans modestie, si nia visite
ne procurait pas à madame veuve Quotte un bien grand plaisir,
je puis assurer que, dans tous les cas, elle me voyait arriver
chez elle sans ennui.

Madame veuve Quotte recevait un monde assez mélangé. Pas
n'était besoin d'une garde-robe bien fournie pour être admis
dans son intérieur.

coup de soins, — un petit établissement, bâti sur^piw^ ^
tué a l'angle d'un des ponts de notre capitale vi-. ;,1S'etsi-

-------a j..„^;„ „..-uij_ r » ïl!s"«-YlS ri'».

Bref, pourquoi le celer plus longtemps, madame veuve n
(cinquante-sept ans, et trop d'appas) tenait — n(~ - V"*t

Pilotis, et"s'
?rand jardin public. * ""' "a"vis Q'ua

On déposait, en sortant de chez elle, un évan»éliau
de la veuve dans le tronc érigé à cet effet sur la tïfcij\ " "'
de cette dame. me ™ tr«ail

Ci : Quinze centimes.

Je venais donc de franchir à peine le seuil de la nat't
son en bois de madame Quotte, lorsque cette veuve 1' i
mideet rougi, mit sa maio maternelle sur mon bras ' ""

— Pardon, lui dis-je, décidé à n'écouter aucune «plie*
et n ayant pas de temps a perdre du reste narrl„„ "'
rerais... ■ paraon... Je cîési-

!T u« estant, monsieur, j'ai besoin de m'épancher

— Faites vite, alors... Une certaine analogie existe
moment, entre nos situations respectives, et je serais f' ? "
veux... après. res-aeu-

— Ah! monsieur, continua la veuve Quotte
plus en plus à mon bras... Je suis si malheureuse!

— Qu'avez-vous, ma bonne femme?...

— Phantoul m'a trompée I...

— Phantoul? Je ne saisis pas bien...

— Ahl monsieur 1 - en disant ces mots la veuve Quotte
laissa tomber, sans abandonner mon poignet, au fond ï
vieille bergère, garnie d'une peau de chat -1 pour les iT
leurs.

— Eh bien quoi? dis-je impatienté, et sentant de plus
plus comme Montézuma que je n'étais pas du tout sur des roses
Est-ce que le commerce ne va plus. Cependant la saison est bon
ne... Au printemps, l'état de siège est proclamé dans toute fi
tendue de l'empire.

— Hélas !- Voyez vous, monsieur ( en proférant ce soupir
madame veuve Quotte relevait d'un bras tremblant ses appâts
abandonnés à eux-mêmes) ... Hélas ! je comprends toutes les
actions, mais il y a des choses qu'on ne devrait pas faire

— Pardon... je ne suis pas du tout de votre avis... et je.,.'tout
à-l'heure... j'écouterais avec bien plus de plaisir votre récit,

— Ah ! oui, ventre affamé n'a pas d'oreille !

— Pardon... mais...

— Et bien, monsieur, Phantoul a trompé une vieillesse

— Phantoul ?

— Oui, Phantoul, un des gardiens du jardin d'en face, décoré
nez rouge, un garçon, un ancien soldat... il a trompé une vieil'
lesse...

— Quelque amie?

— Non, moi, moi I — Et si je n'avais pas un fils, un ange
qui va tirer au sort, et qui, à la Gaîté, agite de hideuses ailes
en percaline noire dans la Chatte-Blanche, en monstre, monsieur
en monstre (ici la veuve Quotte releva ses charmes épars), eh
bien, monsieur, je me jetterais à l'eau ; j'en ai assez de ma bou-
tique, je no peux plus la sentir.

— Je suis parfaitemet de votre avis.

— Oui Phantoul, un militaire avec le signe de l'honneur; il
m'a trompée. 11 disait qu'il m'épouserait. Tout ça pour nu
carotter. Et dire que j'ai été si bonne pour lui et ses'souffrances.
Je lui faisais sa petite cuisine, il venait manger de si boas
morceaux.

— I ! !

— Oui. monsieur. Je m'étais privée d'un cabinet, j'en avais
fait une cuisine, avec un fourneau pour le poisson, un longf
vous savez ? Et Phantoul buvait comme un trou, mon bénéfice
le plus liquide y passait. C'est un misérable.

— Et vous savez cela d'aujourd'hui seulement?

— Oui, j'ai appris qu'il était déjà marié dans son pays. Et
puis, ce monsieur me trompait encore avec la marchande de
pains de seigle, pour les ours, une vieille grue de quarante-
trois ans. Voilà-t-il pas une jolie jeunesse.

— C'est terrible...

— Oui, et mon pauvre argent... qu'il devait placer... Oui, hi,
hi (ici madame veuve Quotte, l'infortunée, remit à peu près
dans une position stable sa gorge vagabonde ) il l'a placé chez
le mastroquet... c'est un misérable I

— Pauvre madame Quotte ! I oh ! pauvre dame !
Profitant d'un sanglot, j'arrachai mon bras aux étreintes delà

veuve, qui, d'un œil hagard, contemplait Dieu et ses images de
Sainteté accrochées à sa glace. Glace entourée de fleurs, de
souvenirs, de cocos sculptés; un petit monument artistique,
enfin. Un San Donato en miniature.

Et comme je disparaissais dans les ombres d'un espace étroit
où l'on dépouille le vieil homme, comme disaient les anciens,
l'infortunée veuve Quotte me tendit maternellement son mou-
choir — que je repoussai en rougissant,— et s'essuya les yeu*
avec un certain nombre de carrés de papier destinés à un autre
usage !

Ernest d'Hervilly.

MENU
DE LA SAISON DE BADE

Comme dans la ballade de Gottfried :

Le printemps frappe à la fenêtre
Trois petits coups secs et joyeux...

Et voici que les reporters — réveillés — songent déjà à »>™
leurs malles... C'est l'effet du premier soleil. Tout le moM
éprouve le besoin de changer do place. « Des ailes'. *s <" "



8««

•Le"""1,

mm

Ai»'-' ■

**'" ««kl***
te»**..!"..., s* '*■*

10 f.tfïïW*

ï? «su****

prin»

- ûa Tissus^ oêEQE uae sârpriie.,.
-IJMdKfLfiîàici'Hîrii,'^»!^ bi*

Savoie t

-tes: îiMMtra Sm fa\w khsb
èe ii eisandeL&teic Durai... - Je l'ii pu pult ta
SmL

- Mié, ; KETittE, Milita, petits pan ni

- Pour comble. Foi m \mA - n tiptnfo -

ïfedei

ieiCipol.Wtiiijefef,,
■«anranil S'il allait MBmwrmWsn»
ferais?

-H y amputa, avattll

'

GAZETTE EN VACàNCï

"'y'MiS;0*»..

ct;',::; " .'•'-
Vj^.iS'^i-v

(«4
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen