i/W.iroi:
PRIMES OE L'ECLIPSE
1" PRIME : LA. REVANGHB
L'idée qui fait bouillonner les cerveaux, l'espoir qui fait
bondir les cœurs ont pris, — sinon un corps, — un buste I...
La Revanche vit désormais, — dans le matbre et le stuc, —
celui-ci popularisant celui-là !
Un artiste a pétri pour nous cette image de nos raves.
JJÈolipse offre à ses abonnés la statuette de la Revanche.
Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.
La statuette de la Revanche, avec son piédestal, prise dans
nos bureaux : 6 francs ; emballée avec soin et prête à être ex-
pédiée : 7 francs.
le port reste à la charge du destinataire.
2e prime : .Album de la LUNE et de l'ÉCLIPSH!
Cent dessins les plus célèbres de Gill, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.
Les dessins ainsi reproduits sont d'une délicatesse et d'une
fidélité parfaite, et de plus on les a finement coloriés.
Le prix de l'Album, pris au bureau, est de 6 francs. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)
El M. IâBTJI HGMIT
Contrairement à ce que dit le proverbe, il n'y a qu'un député
qui s'appelle Martin, à la Foire législative de Versailles.
Mais M. Martin compte à l'Assemblée beaucoup de confrères,
munis de noms ornés de la partcule, et animés comme lui des
meilleures intentions rétrogrades.
Ces confrères. sont prêts, à moins que la dissolution ne
vienne les disperser à la fleur de leur mandat, à manigancer
une petite conjuration dont le but est de mettre M. Martin
sur le trône-de France, sous le pseudonyme d'Henri V.
M. Martib,, drapier à Auray, n'est pas que le député des ha-
meaux du Morbihan; il est surtout le député de la grande bande
des fils de Loyola.
Chacun sait ça.
Les fils de Loyola, qui ont regagné, grâce à l'empire, le pou-
voir qu'ils avaient absolument perdu en 1830, n'ont plus qu'un
rêve: remonter, sous la république, sur cette bonne bête quia
nom la France.
Chassés d'Allemagne, fort mal vus dans le pays où fleurit
l'oranger, et près d'être mis à la porte en Espagne, les bons
jésuites se sont rués de nouveau sur notre pays.
Mais leurs chefs, gens prudents, sont restés à Rome, et tirent
de loin les ficelles qui font mouvoir leurs affidés.
N'osant se porter candidats, ils ont ordonné au sieur Martin,
drapier, de se dévouer pour la cause de Marie.
Martin s'est dévoué. Les concurrents légitimistes qui se pré-
sentaient, se sont respectueusement retirés devant le candidat
de Rome, et M. Martin a été élu par les innocents paysans qui
chantent la Nigovz, tandis que les villes du Morbihan riaient
aux éclats et protestaient par 39 mille bouches.
M, Martin, est donc élu.
Si M. TMers n'était pas là, gt si la Chambre n'était pas des-
tinée, k mourir de Ba belle mort avant peu, la Droite, agissant
d'aprèa les ordres du général de l'armée noire, nommerait
certainement Roi, M, Martin.
Seulement, pour ne pas trop troubler les masses, M. Martin
serait prié de s'appeler Henri V.
Le yôrit&ble Henri, bien nourri, couché, blanchi, et muni
d'un pau d'argent de poche, serait le roi de paille de la farce'.
Mais ls Bpi dû fait, le roi sérieux, le roi de bronze, le directeur
de la Gonscienoe publique, serait M. Martin, dirigé lui-même
par nitus-çre Compagnie,
Et aîûtS, bonnes gens! nous verrions de bien jolies choses.
Le lendemain, de la restauration de M. Martin sur le trône
de ses père», une Chambre nommée par les personnes qui ont
au moins djx joille fr. de rentes (les rentiers de vingt mille
francs ayant droit $ deux voix), voterait une bonne petite loi
des suspectas, et le rétablissement du droit d'aînesse pour
commencer.
Puis, quelques jours après, l'appétit venant, tandis que dans
le midi de pieu;£ catholiques feraient passer ]e goût du pain
aux protes.tantg çt aux Israélites, comme cela s'est vu, on exi-
gerait des employés, dans les administrations publiques, un
billet de eonfeesion mensuel.
Délicieuse perspective!
Viendrait ensuite la loi du sacrilège, Tout individu con-
vaincu de n'avuir pas retiré spn chapeau devant une procession,
serait délicatement envoyé ail bagne, en compagnie de ceux
qui aurait l&ehé publiquement de gros mots, en y mêlant le
nom de Dieu trop- souvent,
Cependant, d'un, autre côté, la Censure, qui ne demande qu'à
aller du restG, ouvrirait ses cUeaux de sept lieues, comme
l'ogre, et les procès de presse, tomberaient drus comme grêlons
sur les journaux même les plus modérés.
Il va sans dire que de la presse républicaine il ne serait plus
question. La plupart des journalistes assez heureux pour avoir
échappé à la prison» seraient en villégiature à, l'étranger.
Puis, un beau, matin, au milieu de l'enthousiasme indescrip-
tible de la nouvelle Chambre introuvable, une Croisade pour la
délivrance du, Saint-Père et une guerre en Espagne, pour le
rétablissement de L'on Carlos, seraient décidées à l'unanimité.
Unanimité réelle. Car il n'y aurait pas plus de gauche à la
Chambre que sur ma main.
Alors, pour fêter ces guerres saintes, les trais cents Notre-
Dame de quelque cho«ei, que nous possédons, verraient des
processions sans nombre venir boire leur eau; et, par bandes
énormes, les collégiens, abandonnant leur classes.y seraient
menés par les R. P.jésuites uniquement chargés de l'éducation
de la jeunesse.
Car M. J. Simon, à cette époque, aurait peut-être donné sa
démission?
Je m'arrête. Si je voulais énuuiérer tous ïes bienfaits du
règne de M. Martin, je n'aurais jamais fini.
J'aime mieux vous dire que'je ne cccia pas à ce retour des
saines doctrines de Rome, et que ce n'est que pour-vous donner
la chair de poule que j'ai admis un instant la possibilité du
gouvernement do la France par les Jésuites,
Les Jésuites sont puissants, mais l'indifférence et le mépris
publics sont bien forts aussi.
Et puis, grâce à notre Dieu, M, Thiers n'est pas tendre pour
les Martins de la Chambre.
Rassurez-vous, M. Martin retournera au moulin avec tous
ses amis, et cala dans un temps qui n'est pas éloigné,
Ainsi soit-il I
ERNEST D'HERVILLY.
UNE AGENCE DE DUELS
Ce qui frappe les yeux, c'est que le duel entre journalistes
est tout simplement en. train de passer dans nos mœurs.
Nous avons des tontines, des agence? matrimoniales, des
bureaux de placement, des cabinets d'affaires, des entreprises
de pompes funèbres, ete, etc..
Mais c'est en vain que nous avons fouillé les flancs profonds
de falmanach Bottin pour y découvrir la trace d'une agence
DES DUELS.
Cette agence, nous la fondons, persuadés qu'elle répond tout
aussi bien à un besoin que la Société des galions du Vigo.
Un exemple fera de suite comprendre l'utilité de notre nou-
velle combinaison.
Trouspinel écrit dans I'Escargot révélateur que son con-
frère Bouzinard ne porte pas de chaussettes.
Bouzinard va flâner aux environs du café des Dindonne&ux,
y rencontre Trouspinel et lui campe sur le trottoir — et sur la
figure — deux giffles Krupp.
Trouspinel, croyant voir dans ce procédé une intentimi de
l'offenser indirectement, dit à Bouzinard dans un hoquet au
hitter :
— Vous n'êtes qu'un po,,. polisson !... et tu entendras parler
de moi!...
Bouzinard, qui ne veut pas perdre l'occasion de faire un mot
répond :
— Je serai plus heureux que la postérité.
Et l'on se sépare.
C'est ici que commence notre mission.
Trouspinel, n'ayant pas en ce moment sur lui les cent francs
nécessaires pour parer aux frais que nécessitent les apprêts
d'une rencontre, tels que location ou achat d'armes, courses
en voiture pour trouver des témoins, déjeûner (etc.. etc...), ar-
rive tout droit dans nos bureaux.
— Monsieur, dit-il à l'un de nos employés, j'ai reçu hier une
giffle de...
— Le guichet des giffles est à côté, monsieur... Ici c'est le
guichet des coups de canne.
Trouspinel se rend au guichet indiqué.
— Monsieur, j'ai reçu hier.,, une...
__Très-bien, monsieur, très-bien... Veuillez me donner le
nom et l'adresse de votre bailleur de beignes.
— Bouzinard, rédacteur à la Punaise en délire,
__Youlez-vous des témoins avec ou sans moustaches ? avec
moustaches, c'est cinq francs de supplément.
— Mettez-en un ayec et un sans. Ça ne me fera que deux
francs cinquante.
— Ah! très-bien... Je vois ce qu'il vous faut, reprend l'em-
ployé, c'est une machine de huitième classe... Ça vous coûtera
vingt-trois francs cinquante, et vous avez droit à :
Deux témoins demi-propres, pantalons à sous-pieds.
Voiture à deux places — vous montez sur le siège avec le
cocher.
Epée n° 4, gardes en cuir bouilli.
Un vétérinaire de banlieue pour le cas de blessures.
Une chemise propre pour le combat.
Charpie à discrétion.
— Si vous voulez me verser 23 francs 50, monsieur, voici
votre quittance.
— En voici 25 ; mais, pardon, monsieur, la chemise... me
reBte-t-elle ?
__Si vous êtes tué, oui.
Trouspinel se retire.
Le soir, il reçoit l'avis suivant :
AGENCE DES DUELS
95, rue Marivaux, 95
Commission— Exportation.
AFFRANCHIR.
Paris, le 25 octobre.
J'ai l'honneur de vous prévenir que votre
aflaire avec M. Bouzinard vient demain matin
à 7 heures un quart au bois de Clamart.
MM. Pufûgnac et Barbotteau, vos témoins,
vous prendmnt chez vous à six heures.
Vous aurez la goutte à leur payer avant le
départ.
Recevez, Monsieur, etc.,
Le directeur de l'Agence,
DJJ MUFFLENSKÏ.
Le lendemain, Trouspinel a l'ongle du pouce traversé; ses
témoins le ramènent chez lui et demandent leur pour-boire.
A midi, il reçoit le nouvel avis suivant :
* l'agence des duels a 1 liorm nr d'offrir à M. Trous-
« pinel ses services pour la pub^u té,daus les journaux, de
* sa rencontre avec M. Bouzinard.
« Ci-joint un exemplaire de notre tarif.
LE DIRECTEUR.
*
Le soir, on lit dane les feuilles publiques :
« A la suite d'une discussion assez vive, une rencontre a eu
lieu ce matin entre MM. Trouspinel de VKs-virgot rêvêldaur
M-- Bouzinard de la "Punaise en délire.
« Après un engagement, etc., etc. »
Et voilà un homme posé, sans fatigue, sans dérangement
pour la bagatelle de 23 francs 50 c.à forfait.
L'agenge des duels n'a pas besoin d'insister sur les immen-
ses avantages qu'elle offre aux personnes qui ont été calottées.
Elle se contente d'informer messieurs les journalistes et
hommes de lettres, qu'elle commence à fonctionner dés au-
jourd'hui et reçoit les commandes.
Elle dispose d'un personnel très au courant du genre d'af-
faires qu'elle traite, et espère que le public voudra bien l'ho-
norer de sa confiance.
Nous donnone, pour terminer, un aperçu de nos prix :
DUELS
à
L'ÉPÉE
Démarches, témoins, voitures, armes, panse-
ments, publicité dans cinq grands journaux :
De 9 francs à 250 fr.
DUELS
au
PISTOLET
Tout compris : de 16 à 800 francs.
Au-dessous de 220 francs, les bourres sont en
vieux numéros de Ix Patrie,
nota. — Pour les duels au pistolet, on n'a droit
qu'à deux balles, et elles sont en liège noirci.
Les suivantes, si on en désire, se paient à part :
60 francs la pièce.
Au-dessous de &00 francs, les pistolets sont
chargés avec de la poudre-Yicat.
SUPPLÉMENTS
gants aux temqïns : 8 francs 15 centimes la paire.
témoins tués par ERREUR : 218 franos la pièce.
ABONNEMENTS
Six duels par an :
l1'6 classe : 2,863 franqs 45 centimes.
On ne fait pas d'abonnement pour les classes inférieures ; ça
paie trop mal.
Pour copia conforme :
LÉON BIENVENU.
LA. PATRIE EN DANGER !
Si peu porté que je me sente à faire l'office de dénonciateur,
il m'est cependant difficile de ne pas attirer l'attention du
gouvernement sur une manœuvre qui ne tendrait à rien moins
qu'à affaiblir les forces vives de la nation, sinon à les anéantir
complètement.
En vain je voudrais me taire ; le patriotisme me fait un de-
voir de parler, de signaler à mes frères un danger imminent.
Le danger, c'est la propagande active faite par le parti clé-
rical en faveur d'un culte étrange : celui du Gordon de saint
Joseph.
Volumes, journaux spéciaux, brochures à S francs le cent,
travaillent à cette tâche, risible en apparence, grave au fond,
de faire ceindre à la France entière le bienheureux cordon.
Je dis grave et je le maintiens. Si je savais un mot plus
grave que grave, je l'écrirais.
Ceux qui rient du sacré cordon ne savent certainement pas
à quoi s'engagent ceux qui s'en serrent le ventre.
Eh bienl je vais vous le dire, moi, ce à quoi ils s'engagent.
Ils déclarent mettre dorénavant toute leur application « à
imiter saint Joseph, modèle admirable de la plus parfaite
chasteté. »
Et pour qu'il n'y ait pas de doute sur le but à atteindre, voici
ce qu'on lit dans la Notice sur l'archiconfrérie du cordon de saint
Joseph :
« C'est lui (le saint) qui, de «oncert avec son auguste épouse,
a levé l étendard de la virginité perpétuelle, sous lequel sont
venus se ranger des troupes innombrables d'âmes privilégiées...
Et ailleurs :
« Cette vertu (la virginité) pratiquée dans toute sa perfection,
est le plus beau fleuron des épouses de Jésus-Christ et la gloire
du sacerdoce catholique. Elle suffît, à elle seule, aux peuples les
plus sauvages, pour distinguer le véritable ministre du Sau-
veur, du père de famille , plus ou moins honnête homme, qui
vient, etc.»
J'espère que voilà qui est clair.
Après cet éreintement du père de famille. — plus ou moins
honnête homme! —■ dont l'ignoble fécondité est adroitement
opposée à une virginité glorieuse, on saisit sans peine la portée
morale du précieux cordon et le rôle singulier qu'il est appelé
à jouer dans l'œuvre de la dépopulation.
Et c'est quand on constate notre infériorité génératrice, c'est
quand le pays a plus que jamais besoin d'hommes, que des
membres du clergé osent employer tous les moyens de propa-
gande pour détourner du devoir...
Non, il est impossible de garder le :silence sur cette besogne
anti-nationale !
Le père mariste qui s'est attaché en forcené à l'œuvre du
saint cordon a-t-ille sentiment de la grave responsabilité qu'il
assume? On serait tenté de le eroire à lire les certificats qu'il
insère à la façon des propagateurs de la moutarde blanche et
de la délicieuse Révalescière, dan3 les petits prospectus à cou-
verture bleue dont il inonde le publie.
En effet, après avoir annoncé, dans les termes les plus clairs,
que le cordon de saint Joseph a pour but la conservation de la
virginité, il se trouve que pas un seul des témoignages cités
n'a trait à cette vertu capitale du cordon.
Il est clair pourtant qu'à la suite d'un tel programme, si le
cordon n'est pas un vain ornement, — et qui pourrait le croire ?
— le révérend père devrait avoir ses poches bourrés de certifi-
cats comme ceux-ci :
rP 9.527'.
a. Monsieur le rédacteur,
» Je n6 saurais dire à quel point je suis satisfaite du cordon de saint
Joseph. Depuis longtemps ma famille me pressait de me marier, et je
dois dire que je n'étais pas éloignée de me rendre à ce vœu. Cependant
une crainte m'arrêtait : celle de me voir exposée...
» Heureusement, une amie m'a indiqué votre bienheureux cordon. Cec
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