Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0015
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
| .STR? ïëhrait il? sdon

vieura

PRIMES DE LtCllPSE

O 1" PRIME : LA REVANCHE

2" PMMK : Album de la LUNE et de rÈCLIPS»

Cent dessins les plus célèbres de Grill, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.

Les* dessins ainsi reproduits sont d'une délicatesse et d'une
fidélité parfaite, et de plus on les a finement coloriés. ;

Le prix de l'Album, pris au bureau, est de 6 francs. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)

L'idée qui fait bouillonner les cerveaux, l'espoir qui fait
Dondir les cœurs ont pris, — sinon un corps, — un buste !...

La Revanche vit désormais, — dans le marbre et le stuc, —
celui-ci popularisant celui-là !

Un artistè 'a pétri pour nous cette image de. nos rêves.

L'Éclipsé offre à ses abonnés la statuette de la Revanche.

Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.

La statuette de la Revanche, avec son piédestal, prise dans
nos bureaux -. (5 francs ; embaltée avec soin et rrrête à être ex-
pédiée : 7 francs.

Le port reste à la charge du destinataire.

LA RÉVOLUTION POSTALE

Car il ne faut pas se le dissimuler, l'introduction des car-
toss-poste à prix réduit va produire une véritable révolution
dans nos mœurs et usages,

Quelques personnes prétendent que cette coutume ne s'accli-
matera pas chez nous et que très-peu de gens consentiront à
livrer leur correspondance à découvert.

* *

Je crois que c'est là une grande erreur.
Certainement, dans beaucoup de cas, la lettre fermée aura
la préférence.

Et il est peu probable que l'on Se serve du carton-poste pour
écrire, par exemple :

« Monsieur Debaleine,

« Veuillez, je vous prie, me livrer pour samedi soir mon cor-
« set à difformité.

« Louise Berluron. »

' NSs^rV^Çr ' * * /

Sans aucun doute encore, on préférera payer deux sous d'af-
franchissement de plus et ne pas s'exposer à ce qu'un concierge
lise ce billet :

'm

« Monsieur Frisadin, coiffeur,

« Veuillez m'envoyer demain un de vos artistes pour m'é-
« piler et me teindre.

« Baron de Saint-Crevey. »

Mais il y a dans la vie usuelle huit circonstances sur dix ou
ce que l'on met dans une lettre peut être lu sans inconvénient
par tout le monde. ""■"■"""•«Jàj

Rendez-vous1 d'affaires, invitations à dîner, convocations
d'actionnaires,-etc., etc.

Tout cela peut être dit publiquement.

Sans compter les lettres-courtes dans lesquelles.il n'y a pas
grand'chose; nous avons aussi les lettres très-longues dans
lesquelles il n'y a rien, et .qui seront avantageusement rem-
placées par le style forcément laconique des cartes-poste.

Le peu d'espace dont on disposera obligera bien des gens
à faire d'hèuireuees coupures dans leur style.

Et les tiartons^-poste fceront avant peu un agréable compro-
mis entré la lettre et la dépèche télégraphique.

Depuis dix jours à peine que le nouveau système fonctionne
il s'est déjà fait une économie considérable1 de lieux communs
et de phrases ampoulées.

Nous avons sous les yeux plusieurs cartons-poste qui nous
paraissent promettre un notable progrès dans l'art de dire
beaucoup de choses en peu de mots.

Nous ne résistons pas au désir de les communiquer à nos
lecteurs.

Ainsi qu'on peut le voir par ces quelques échantillons, le
carton-poste va droit au but et supprime toutes les phrases
incidentes.

Economie, célérité.

* *

Mais, ce n'est pas tout.

Il va bien vite se révéler sous beaucoup d'autres aspects
avantageux.

D'abord le carton étant simple, plus de danger, comme pour
les lettres ordinaires, qu'une missive étrangère se glisse dans
les plis d'une autre.
Ce qui produisait quelque fois le bizarre effet suivant :
Vous receviez une lettre qui contenait ces mots :

« Cher ami,

» Impossible d'assister à votre charmante soirée; j'ai une
» tante de province qui vient de me tomber sur le dos.
» Mille regrets!... J'aurais été si heureux!... Votre société

» est si charmante.
» Mes respects à madame Boulnigrot.

« arthur vachetin. »

Et en la dépliant vous en voyiez tomber une autre qui s'était
faufilée dans la première.
Quoiqu'elle ne vous fût point adressée, vous l'ouvriez par

indiscrétion, et vous y lisiez ce qui suit :

« Mon bon vieux Bidoche,
» Certainement que j'irai passer la soirée avec toi.
» J'étais invité chez les Boulnigrot; mais, par le même cour-
» rier, je leur écris que ma tante vient d'arriver de Landouilly.

» Cet imbécile de Boulnigrot va gober ça raide comme
» balle.

Avec cela qu'on s'amuse chez les BoulnigrotI... Ils peu-
» vent se fouiller.

» Tout le temps à jouer au loto et à écouter les romances
» aigres delà petite Boulnigrot.
» A ce soir, ma bonne vieille.

« arthur vachetin. »

Nous n'en finirions pas si nous voulions énumérer tous les
services que vont rendre à l'humanité les cartes-poste.

Cependant, nous ne pouvons résister au désir de les présen-
ter à nos lecteurs sous un de leurs aspects les plus avanta-
geux.

Il s'agit d'une anecdote édose hier.
La voici :

* *

Monsieur Glandurot, riche passementier du quartier du Mail,
possède une jeune et jolie femme dont il est très-jaloux.

Ajoutons bien vite que Madame Glandurot, qui est une
femme sérieuse et n'aime pas voir lès gens se donner du mal
inutilement, a voulu que son mari ne fût pas jaloux pour
rien.

Un ami de la maison, jeune secrétaire d'ambassade, très-
élégant, a consenti à l'aider dans l'accomplissement de cette
noble tâche.

Or, depuis huit jours, le bel Ernest, — appelons-le Ernest,
— ayant été obligé de s'absenter de Paris, envoie chaque
matin à sa belle des cartes-poste qui brûlent les doigts du
facteur.

C'est hardi I... allez-vous dire.
Vous allez voir que non.

***

Lé défiant monsieur Glandurot, qui ne remettrait pas à sa
femme une lettre à elle adressée sans l'avoir ouverte, lue et
relue, lui remet chaque matin, sans seulement y jeter les yeux,
les cartes-poste d'Alfred.

Mais toutes les lettres sous enveloppes, il les ouvre avant de
les lui donner.

— Dans une'lettre fermée, se dit-il, il peut y avoir quelque
chose que l'on me cache, taudis que les cartes-poste je n'ai pas
besoin de m'en occuper. On ne peut écrire dessus que ce que
jô puis savoir.

v ♦
# *

Si ce numéro de YEctipe tombe sous les yeux de M. Glandu-
rot ; il les lui ouvrira.
-Nous n'y voyons pas d'iaconvénient, puisqu'il sera trop

tard I....

Sans cela, vous pensez bien que nous n'aurions rien dit.

LÉON BIENVENU.

« Cher ami, prends part vive — douleur à toi — mort Véloci-
« pède père — comprendé regrets — recevais monacos en
« masse de là bas pour faire too journal — redoute diminution
« appointements, — te plains beaucoup/ —Désole pas, ami,
» beauxjoursreviendro.it peut-être.—.Petit Onisiehurst déjà
« grand — pourra remplacer pepere bientôt —reconnaîtra sacri-
« fices faits pour lui. — Si conseil à te donner, prête beaucoup
« mots esprit à petit. — Dis que œil bleu très doux et très
« énergique — affirme que désir grand de petit est voir France
« heureuse — et que tout prêt sacrifier tout au bonheur peu-
ci pie.—Présente petit à population comme génie supérieur,
« grand cœur, âme généreuse, esprit libéral. — Tout, à toi. »

a Madame !... saurez jamais combien cœur brûle. Repoussez
« feux. Pourquoi? — Veux mèttrij à vos pieds, amour, nom et
« fortune — fortune surtout. — Consentez à ruiner et à manger
« d'avanie héritage trois oncleis très riches. — Promets qaand
« tout croqué, tuer moi sur paillasson vous pour faire bonne'"

« réclame. »

4

*

* *

« Monsieur. — Directeur exploitation des carrières nougat
« montelimar, vous prie passer à caisse société pour toucher ui-
« vioende 8 francs — apportez en même temps 342 francs pour
« compléter nouveau versement «350 francs par action voté
S hier assemblée générale. » ~~" ~~~~ "

m DEMANDE UN CHIMISTE

—_

——

(. htz MM. a'Oriéans. ChanitUV restant. — Appôi*wjljilnU hono-
rM:t. — Logement et table à pari. — Soins de famille. —
Égards. — D.anchissaye et lumière. — Trois mois de congé
par an.

S'adresser...

Un chimiste est absolument indispensable. Le duc de La-
rochefoucauld-Bisaccia prétend qu'on en trouvera un avant la
fin du mois, il assure même qu'on en trouvera dix, sans se fou-
ler la rate.

Cependant à Chantilly on n'est pas si certain que cela de la
chose, et on a dû faire insérer dans les Petites-Affiches l'avis que
nous avons mis en tête de cette « diatribe » comme on disait
dans les bons journaux.
Pourquoi faut-il un chimiste aux d'Orléans ?
Nous allons vous l'expliquer en quelques mots.
Le prince entêté, mais honnête, qui s'appelle le comte de
Chambord, a déclaré qu'il n'abandonnerait jamais le drapeau
de ses pères, la serviette fleurdelysée qu'on sait, dette fidélité à
un principe, rare chez les gens de race, est louable.

D'autre part, les bons d'Orléans qui lâcheraient volontiers
le drapeau tricolore comme une queue de poire, s'ils n'étaient
prudents comme des boas à jeun, cherchent depuis longtemps
un moyen de tourner la difficulté... sans scandale.

Découvrirun biais, un joint, une manière enfin de se parjurer
sans éclat est leur suprême ambition.

Seul, le souvenir des actes de leur père et grand-père les
arrête encore sur le chemin de la liste civile, qui commence
par une porte basse sous laquelle il faut passer en se courbant,
mais qui finit par un bosquet d'écus.

Dans leur embarras, ils ont cherché un truc nouveau, en
famille, au dessert.

Et ils ont pensé que s'ils découvraient par le monde un chi-
miste assez habile pour teindre le drapeau national de façon
que les couleurs bleue et rouge n'apparussent qu'aux yeux du
peuple à de certains moments, ils mettraient évidemment la
main sur la pie au nid.

Il leur faut donc absolument avoir ce chimiste distingué, et
son procédé nouveau de teinture sympathique.

Quand cet homme de talent sera à Chantilly, on commencera
les essais.

Et alors nous verrons les princes se présenter à Froshdorff,
avec un drapeau entièrement blanc, en apparence, qui char-
mera le vieux Bourbon et le trompera, comme les peaux de
bête dont Jacob était affublé ont trompé l'aveugle Isaac.

Bourbon-Isaac donnera sa bénédiction à Jacob, comte de
Paris, et le tour sera joué pour la branche aînée.

Au retour de Frosdhorff, le drapeau sera montré à la foule.
La chaleur de l'enthousiasme fera immédiatement apparaître
les couleurs bleue et rouge, et, à la seule vue de ce triomphe
de la chimie politique, le peuple des courtisans chantera d'urne
seule voix :

Soldat du drapeau tricolore
D Orléans, toi qui l'as porté !

Mais (il y a encore un petit mais), il se pourra bien aussi que
l'antique Esaû, je veux dire le peuple, le vrai, ne veuille pas
se laisser supplanter une fois de plus par Jacob.

Et alors, les bons d'Orléans, avec un chimiste de plus à
nourrir, pourront bien être obligés de rentrer dans leurs nom-
breux châteaux.

Car, il faut le dire, le maigre plat de lentilles que depuis
tant de siècles, les rois donnent au peuple, en échange de son
droit d'aînesse, n'est plus du goût de personne.

Que les princes mangent donc seuls ce fameux plat, auquel
la Chambre a fourni dernièrement une source de beaucoup de
millions. Qu'ils digèrent en paix, s'ils peuvent. Mais qu'ils ne
viennent plus ennuyer Esaù.

Esaû est le maître à présent.

En outre, il est assez avancé dans ses études, pour ne pas se
laisser prendre par les inventions de Jacob, même quand Jacob
viendra lui assurer que la fusion est faite, bien que le drapeau
national reste de trois couleurs.

Ernest d'Hervilly.

Vous savez la nouvelle nouvelle

La fusion est faite ! — Sauf deux ou trois petits raccords à

exécuter, la chose est tnfin accomplie.

Haut et puissant seigne/tf L'arochefoucaûld-Bisaccia
l'a annoncé dans le 14e bureau, la semaine dernière.

— « Non, s'est-il écrié, non, l'Assemblée n'est pas réduite à l'im-
puissance par suite de la division des partis monarchiques. Non !
Les partis monarchiques (ici une larme pour l'ex-empereur)
sont unis maintenant. S. A. B» monseigneur le comte de Paris
s'est réconcilié avec mon seigneur le comte de Chambord, depuis
quelques jours. »

Ainsi la fusion est faite, et les nobles grenouilles qui coassent
à la droite de l'Assemblée vont aV0lr enfin le joli Roi de leur
cœur.

Mais, (il y a un petit mais)» Pour 1ue le bon comte de Paris
puisse se coîjier de la couronûe' il faut que les d'Orléans trou-
vent d'abord un chimiste disti»Sue-

LE MARQUIS DE SOULBŒUF

Il y a quelque temps j'étais en Bretagne, la terre de granit
recouverte dechênts, comme dit le poëte, mais qui devrait bien
être recouverte de plus d'écoles.

Nous revenions d'une noce. C'était le matin. On chantait
dans les chemins creux. Des oiseaux s'envolaient autour de
nous. Les ajoncs ouvraient leurs derniers trèfles d'or malgré le
froid.

Tout à coup un bruit de roues et une collection de jurons,
venus de loin, entrèrent dans nos oreilles apportés par le vent
piquant.

J'interrogeai du regard mon compagnon déroute, un gars à
grands cheveux qui répondait au nom gracieux de Delbouè-le-
Jabot rouge.

— C'est le marquis de Soulbœuf, — me fit-il, en clignant de
l'œil. 11 va toucher du foin vendu.

— Arrêtons-nous. Laissons-le passeç, Jabot-Rouge, dis-je.
Nous nous assîmes dans un creux de haie, au-dessus de la

voie étroite où la voiture du marquis allait s'engager, clopin
clopant, à grand renfort de coups de fouet et de cris de rage.

Une petite neige était tombée la veille. Le premier soleil
l'avait fait fondre. Or, le chemin en sa qualité de vicinal, était
dans un état déplorable. Il y avait des ornières à y ensevelir
un mort.

— Ehl Jabot-Rouge, dis-je. Il va briser sa carriole, là dedans,
ton marquis.

Delbouë-le-Jabot-Rouge fit signe que non, et sourit. Puis il
ôta son bonnet. Il se mettait au port d'armes pour saluer le
marquis.

La voiture de ce dernier venait d'entrer dans le chemin. C'é-
tait une berline crottée comme un excommunié du temps ja-
dis, qui geignait sur ses ressorts, et roulait de ci, de là, comme
un canot sur la houle. Les branches des épines noires égrati-
gnaient le cuir fendillé et squammeux de la capote.
Dans l'intérieur de la voiture, il y avait un coffre, seul,
Mais sur le siège, en limousine rayée, coiffé d'un chapeau
crasseux et cravaté d'un torchon qui avait été blanc, se tenait
le marquis, vieillard à longs cheveux jaunâtres.

Des houseaux de toile bleue et des souliers énormes hour-
dés de boue jaune, complétaient te costume du marquis, le-
quel d'ailleurs suait, soufflait, sacrait. Il tenait rudement en
bride un pauvre misérable cheval couleur acajou, dont les ge-
noux tremblaient, et qui avait de la b »vc au naseau.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen