L'ÊCLÏPSE
a
chanté de Cette voix de rossignol rhumatisé que vous savez,
une délicieuse chanson dont les paroles m'échappent, mais
dont le refrain est celui-ei :
Un règlement (bis)
C'ett pour moi lettre morte :
Un journaliste évidemment
Doit toujours être mis à la porte,
Fut-il Rousset ou bien HémeDt. (bis.)
La fête s'est prolongée jusqu'à quatre heures du matin.
Ernest d'Hirtiiay.
GAZETTE A LA MAIN
La Femme de Claude.
M. Alexandre Dumas fils a mis à la scène sa fameuse formule
tue-la ! Il a dramatisé sa thèse. Il a donné un corps à ses ar-
guments. Ceux-ci s'appellent Claude au Gymnase, et sont re-
présentés par Landrol avec le talent de composition qui résulte,
chez cet artiste, d'une étude de tous les instants.
Ai-je besoin de vous rappeler comment ce Claude... Dandin,
•— mais Dandin conscient, soumis et philosophe, — après avoir
pardonné à sa femme plus de frasques que n'en ont pu com-
mettre, — aboutées l'une à l'autre, — les vingt-deux demoiselles
surprises dernièrement par les agents des mœurs chee la Gour-
dan moderne de la rue de Suresne, — finit par se débarrasser
d'icelle en lui cassant la tête d'un coup du néo-chassepot qu'il
vient d'inventer tout exprès pour cela?
Les maris de l'ancien régime étaient, — certainement, — de
façons plus accommodantes.
On connait, —par Champfort, - le beau trait de M. Beau-
zée. -
L'épouse de ce dernier couchait avec un maître de langue
allemande.
M. Beauzée les surprit au retour de l'Académie. Le profes-
seur, sautant du lit, s'écria avec épouvante :
— Hé! madame, quand je vous disais qu'il était temps que je
m'en aille 1...
M. Beauzée, toujours puriste, se contenta de le reprendre:
— Que je m'en allasse, monsieur, que je m'en allasse.
Et il sortit en murmurant :
— Mon Dieu, comme ces étrangers sont lents à bien parler
français !
Il est vrai que M. Beauzée ne s'ingéniait point à perfection-
ner le Krupp de la revanche... ...
Et que madame Beauzée, après lui avoir débauche le compa-
gnon de ses travaux, ne cherchait pas à lui dérober, — pour le
vendre à je ne sais quel Rodin allemand, — le secret de ce grand
œuvre patriotique I
m
A Dieu ne plaise que je blâme M. Alexandre Dumas fils d'a-
voir essayé défaire, du théâtre, une chaire de prédicateur ou
une tribune de conférencier, à une époque où, pour la majeure
partie du public, le théâtre n'est plus qu'un lieu et qu'une
affaire de digestion !
L'auteur de la Dame aux Camélias, de Diane Se Lys, du Demi-
Monde et de la Question d'argent est un réalist*. Sa force et son
succès sont dans l'observation, dans la photographie des gens
et des mœurs qu'il coudoie. On me raconte, a ce sujet, la par-
ticularité suivante :
Un de ses meilleurs ouvrages était sur le chantier, quand
arrive un matin chez lui, l'héroïne de cet ouvrage. Elle venait
pour rompre une liaison ébauchée. Il ouvre son manuscrit et
le lui lit...
La dame proteste contre l'intention qu'on lui prête et qu'elle
dissimule avec soin. On se quitte en d'excellents termes...
Notre écrivain prévoyait, dès lors, ce qui se passerait plus
tard ; mais, voulant s'assurer s'il ne se trompait pas, il pour-
suivit sa liaison, dont la fin lui donna raison et lui fournit le
dénouement qu'il rêvait...
Citant la chose à l'un de ses amis, il disait :
— Mes passions sont des pantins que je fais danser à mon
bénéfice.
Je ne crois point — toutefois — que M. Aleixandre Dumas
fils ait jamais étudié Claude Ripert sur le vif ; Gésarine, je ne
dis pas. Encore que M. Dubourg l'ait poignardé avant-hier, et
que pour elle, hier, M. de Païva se soit logé une balle mortelle
dans l'estomac.
Claude Ripert est une exception. Césarine est un monstre,
— un monstre de vice, comme madame Aubray était un
monstre de vertu. Or les exceptions désorientent le public
formé de vulgarités, et les monstres, — qui l'attirent, cepen-
dant, au Cirque, dans la rue ou à la Cour d'assises — déter-
minent, chez lui au théâtre, une sorte de répulsion qui n'est,
le plus souvent, que de la frayeur ou de la honte cachées.
C'est ainsi que j'explique la froideur hostile qui a accueilli
la Femme de Claude.
On m'assure que l'auteur, blessé de cette attitude, a mani-
festé l'intention de ne pas faire imprimer sa pièce.
Le manuscrit du Demi-Monde avait été acheté, avant la
représentation, trois mille francs par Michel Lévy.
L'éditeur voulait marchander; mais le jeune écrivain lui dit :
— Faites attention, Michel : c'est 3,000 francs avant. Après,
si c'est un four, vous l'aurez pour 100 francs: mais si c'est un
succès, je ne lâche pas ma pièce à moins de 10,000.
m
Avec tout cela, même quand il se trompe, un écrivain de la
portée et du calibre de M. Alexandre Dumas fils a droit aux
plus respectueux égards. A chaque instant dans sa phrase nette,
brève, imagée, étincelle une maxime généreuse, philosophique
t>u mordante. Son idée et ses personnages peuvent paraître faux,
il n'en reste pas moins un maître dans le plan, la conduite et
la main-d'œuvre.
Quelle comédienne quelaDesclée 1 Physionomie, jeu, toilette,
en elle tout est parfait 1 On dirait qu'elle s'est inspirée de ce
verset des Écritures :
« Et ecoe occurruit illi mulier ernatu meretricio, parata ad eaptan
dos animas, garrula et vaga. »
m
Je viens de parler de la toilette, — de la délicieuse toilette —
de la toilette topique de Césarine-Desclée.
De quels ateliers sort-elle?
Pas de ceux de madame R... je présume.
Madame R... est une paire de ciseaux aristocratiques qui
fonctionne pour tout le faubourg Saint-Germain.
Il y a six ou sept ans, lorsqu'elle CT^A) _ avee une gTgce s[
décente et si réservée, — le rôle de madame de Simmerose dans
lAmi des femmes, de M. Dumas flis> mademoiselle Delaporte
s était adressée, pour ses costumes, à cette couturière en re-
nom.
Avant de « prendre aucun engagement » avec la jeune ar-
tiste, madame R... exigea que la piece iui fut communiquée.
En conséquence, on lui remit le manuscrit de l'Ami des
femmes.
Trois jours plus tard, mademoiselle Delaporte recevait une
réponse à peu près conçue en ces termes :
* Mademoiselle,
» Nous regrettons infiniment de tie pouvoir nous charger de la
commande que vous avez bien voulu nous proposer; mais notre
maison n'habillant que les femmes du monde, le personnage de
madame de Simmerose ne se trouve en aucune façon avoir besoin de
nos services.
» Veuillez agréer, etc. »
Mademoiselle Delaporte eut beau pleurer et supplier...
Madame R... resta inflexible.
A toutes les démarches qui furent faites auprès d'elle en ce
sens, elle lépondit :
« Que, tout en rendant pleine justice au caractère de la char-
mante comédienne, elle ne pouvait ni ne voulait travailler pour
l'héroïne de l'Ami des femmes, et que madame de Simmerose
n'avait qu'à frapper à la porte des ateliers Y..., qui fournissent
mademoiselle Crénisse, ou des ateliers Z..., qui fournissent
mademoiselle Cora. »
Un ménage bourgeois donne un bal.
L'appartement peut contenir cent personnes. On a envoyé
deux cents invitations.
Il faut donc de la place quand même.
Tous les meubles sont vite déménagés dans une chambre
réservée.
L'espace ainsi obtenu peut à peine suffire à douze personnes.
Désespoir !
De la place 1 de la place ! une couronne pour de la place ! 11
Tout à coup, le mari s'écrie :
— Si nous décrochions les tableaux?
Il y a quelques années, un navire sorti du Havre faisait
voile pour l'Amérique. Ce bâtiment portait une troupe d'opera
destinée à la Nouvelle-Orléans. Unjour dans une intermittence
de mal de mer, cinq chanteurs se trouvèrent réunis snr le pont
et se mirent à filer des sons en manière d'essai •
O Mathilde, idole de mon âme 1...
entonna le premier;
Raehe', ,uand du Seigneur...
répliqua le second; les trois autres s'écrièrent à la fois :
Amis, la matinée est belle...
Il est à toi, ce prit de ton courage 1...
Asile héréditaire...
Qu'est-ce à dire? Cinq ténors dans Ja troupe! Furieux, les
artistes apostrophent avec véhémence l'imprésario :
— C'est une infamie ! c'est une trahison I Vous m'aviez solen-
nellement promis que je serais le seul ténor de la "roupe!
— Messieurs, riposta l'entrepreneur, calmez-vous, comptez
sur ma loyauté, et, sachez bien une chose : dans les huit pre-
miers jours de notre installation à la Nouvelle-Orléans, deux
d'entre nous seront morts de la fièvre jaune, deux autres
mourront dans le cours des répétitions; celui qui survivra sera
mon ténor en chef et sans partage. Je lui en donne ma parole
d'honneur !
Le voyou est immonde; mais il a quelquefois des mots bien
amusants :
Une femme dans une position intéressante parcourait le mar-
ché aux fleurs devant l'Ambigu.
— Tiens ! s'écria un gamin, madame a mis sa crinoline à
l'envers !
Théâtres. - Revue rétrospective
Les représentations des Erynnies continuent à attirer de
l'autre côté de l'eau le monde des lettrés, des artistes et des
curieux. Cet art si émouvant, qui u'a pas vieilli depuis trente
siècles, ces fureurs du passé retentissant à notre oreille à tra-
vers notre langue actuelle, cette poésie morte — et vivante à
la fois dans les vers éclatants et les élans lyriques de M. Le-
conte de l'Isle, produisent sur l'auditoire un effet inattendu et
merveilleux. S'il existe encore dans la terre de l'Attique une
parcelle de la cendre du vieil Eschyle, elle a dû tressaillir de
joie, car jamais le grand tragique grec n'a obtenu à Athènes
un succès plus complet qu'à 1 Odéon.
Dans un genre et sur un théâtre tous différents, — les Bouffes
Parisiens, — ta Pttite Reine nous prouve qu'il est facile d'épou-
ser une fillette couronnée, lorsqu'on est aussi joli garçon que
madame Peschard.
Impossible d'entendre un plus charmant babil que la parti-
tion de M. Vasseur. Impossible d'entendre un plus spirituel
caquetage que le livret de MM. Noriac et Jaime.
Un Français et un Allemand discutaient récemment sur la
valeur comparative des armées des deux nations :
— Vous avez beau dire et vous aurez beau faire, dit finale-
ment le second, le soldat allemand se trouvera toujours beau-
coup au-dessus du soldat français.
— Naturellement.,.
— Ah! vous en convenez!...
— Parbleu ! puisque le Français marche, tandis que l'Alle-
mand vole !
Ad bal de l'Opéra
— Tu ne danses pas, Armandine?
— Non... Figure-toi, j'ai eu une chance, ohl mais une
chance !... En montant l'escalier, j'ai trouvé un porte-monnaie...
— Et il y avait dedans ?...
— Juste cinq louis.
— Veinarde!... Comme ça, tu peux te croiser les bras...
— Et les jambes.
STAR.
13 n vente partout
LE IIOIE PITT01S0I
5 centimes la livraison illustrée
FAITS DIVERS
On nous assure qu'on vient de 'découvrir entre la France et
1 Espagne, dans le Val d'Andorre, d'abondantes.sources d'Ozone.
Le gaz s y dégage des Assures du terrain granitique comme
1 acide carbonique de la fameuse Grotte du Chien, près de Naples
ou 1 acide borique des lagoni de la Toscane.
L Ozone ou oxygène électrisé, jouit, au dire de quelques sa-
vants, de la précieuse propriété de ranimer singulièrement les
ressorts de la vie animale, et son inhalation modérée pourrait
rendre la santé et même la jeunesse aux personnes affaiblies
par rage ou les excès.
rnJ,?lCL !01?C' Si ,le fait se confirme, une nouvelle fontaine de
!ÏZlq '/U lleu d'avoir Pris naissance dans l'imagination
modem * S°n origine aux déc°uvertes de la science
CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
La première livraison à 10 centimes est en vente
le
MAGASIN ILLUSTRÉ
Lectures pour tous
Texte, par les meilleurs écrivains
Illustrations par les plus célèbres artistes
La 1" série à 50 centimes paraîtra le dernier vendredi
de février.
La l>-e livraison à 10 centimes paraîtra le 7 février
Edouard Sietoeoltei*
L'ALSACE
RÉCITS HISTORIQUES D'UN PATRIOTE
Illustrations de F. LIX
la série a 50 centimes paraitra 1e 21 février
18 numéros à 25 centimes sont en vente
MUSÉE UNIVERSEL
REVUE ILLUSTRÉE HEBDOMADAIRE
Publiée avec le concours de nos écrivains et de nos artistes
les plus distingués
ABONNEMENT ANNUEL : Paris 12 fr. Départements 14 fr.
Bureaux, 1C, rue du Croissant, à Paris.
POSTE-GUIDE 4873 chez tous les libraires.
Les banquiers, commerçants, industriels, etc., qui expédient
des valeurs, des échantillons, des cartes, etc., ont le plus
grand intérêt à consulter le Poste-Guide. — Renseignements
complets classés alphabétiquement. — Dépôt principal, 10, place de
la Bourse.
En v«nte chez K. CHATOT, éditeur,
19, rue Neuve-des-Petits-Champs.
Adine, mazurka,
Le Colibri, grande valse,
Georgette, polka,
Paris-Gazette, grande mazurka
de salon.
du même auteur :
Souvenir d'Uriage, schottisch.
Capricieuse, valse.
En vente chez Ponsard, 40, passage du Havre.
Compositions
de
Paul FRESTEL.
Leçons particulières de Piano et d'Harmonie, méthode essen-
tiellement, classique ; préparation aux examens du Conser-
vatoire National. Leçons par correspondance pour la province.
(Ecrire franco).
A. Tingry, professeur, 94, boulevard Clichy. (Cité Véron.)
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I Pari*, ié Imprimerie P. 0330^9 «t 0», 10, ras ii Crnuaut.
a
chanté de Cette voix de rossignol rhumatisé que vous savez,
une délicieuse chanson dont les paroles m'échappent, mais
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Doit toujours être mis à la porte,
Fut-il Rousset ou bien HémeDt. (bis.)
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La Femme de Claude.
M. Alexandre Dumas fils a mis à la scène sa fameuse formule
tue-la ! Il a dramatisé sa thèse. Il a donné un corps à ses ar-
guments. Ceux-ci s'appellent Claude au Gymnase, et sont re-
présentés par Landrol avec le talent de composition qui résulte,
chez cet artiste, d'une étude de tous les instants.
Ai-je besoin de vous rappeler comment ce Claude... Dandin,
•— mais Dandin conscient, soumis et philosophe, — après avoir
pardonné à sa femme plus de frasques que n'en ont pu com-
mettre, — aboutées l'une à l'autre, — les vingt-deux demoiselles
surprises dernièrement par les agents des mœurs chee la Gour-
dan moderne de la rue de Suresne, — finit par se débarrasser
d'icelle en lui cassant la tête d'un coup du néo-chassepot qu'il
vient d'inventer tout exprès pour cela?
Les maris de l'ancien régime étaient, — certainement, — de
façons plus accommodantes.
On connait, —par Champfort, - le beau trait de M. Beau-
zée. -
L'épouse de ce dernier couchait avec un maître de langue
allemande.
M. Beauzée les surprit au retour de l'Académie. Le profes-
seur, sautant du lit, s'écria avec épouvante :
— Hé! madame, quand je vous disais qu'il était temps que je
m'en aille 1...
M. Beauzée, toujours puriste, se contenta de le reprendre:
— Que je m'en allasse, monsieur, que je m'en allasse.
Et il sortit en murmurant :
— Mon Dieu, comme ces étrangers sont lents à bien parler
français !
Il est vrai que M. Beauzée ne s'ingéniait point à perfection-
ner le Krupp de la revanche... ...
Et que madame Beauzée, après lui avoir débauche le compa-
gnon de ses travaux, ne cherchait pas à lui dérober, — pour le
vendre à je ne sais quel Rodin allemand, — le secret de ce grand
œuvre patriotique I
m
A Dieu ne plaise que je blâme M. Alexandre Dumas fils d'a-
voir essayé défaire, du théâtre, une chaire de prédicateur ou
une tribune de conférencier, à une époque où, pour la majeure
partie du public, le théâtre n'est plus qu'un lieu et qu'une
affaire de digestion !
L'auteur de la Dame aux Camélias, de Diane Se Lys, du Demi-
Monde et de la Question d'argent est un réalist*. Sa force et son
succès sont dans l'observation, dans la photographie des gens
et des mœurs qu'il coudoie. On me raconte, a ce sujet, la par-
ticularité suivante :
Un de ses meilleurs ouvrages était sur le chantier, quand
arrive un matin chez lui, l'héroïne de cet ouvrage. Elle venait
pour rompre une liaison ébauchée. Il ouvre son manuscrit et
le lui lit...
La dame proteste contre l'intention qu'on lui prête et qu'elle
dissimule avec soin. On se quitte en d'excellents termes...
Notre écrivain prévoyait, dès lors, ce qui se passerait plus
tard ; mais, voulant s'assurer s'il ne se trompait pas, il pour-
suivit sa liaison, dont la fin lui donna raison et lui fournit le
dénouement qu'il rêvait...
Citant la chose à l'un de ses amis, il disait :
— Mes passions sont des pantins que je fais danser à mon
bénéfice.
Je ne crois point — toutefois — que M. Aleixandre Dumas
fils ait jamais étudié Claude Ripert sur le vif ; Gésarine, je ne
dis pas. Encore que M. Dubourg l'ait poignardé avant-hier, et
que pour elle, hier, M. de Païva se soit logé une balle mortelle
dans l'estomac.
Claude Ripert est une exception. Césarine est un monstre,
— un monstre de vice, comme madame Aubray était un
monstre de vertu. Or les exceptions désorientent le public
formé de vulgarités, et les monstres, — qui l'attirent, cepen-
dant, au Cirque, dans la rue ou à la Cour d'assises — déter-
minent, chez lui au théâtre, une sorte de répulsion qui n'est,
le plus souvent, que de la frayeur ou de la honte cachées.
C'est ainsi que j'explique la froideur hostile qui a accueilli
la Femme de Claude.
On m'assure que l'auteur, blessé de cette attitude, a mani-
festé l'intention de ne pas faire imprimer sa pièce.
Le manuscrit du Demi-Monde avait été acheté, avant la
représentation, trois mille francs par Michel Lévy.
L'éditeur voulait marchander; mais le jeune écrivain lui dit :
— Faites attention, Michel : c'est 3,000 francs avant. Après,
si c'est un four, vous l'aurez pour 100 francs: mais si c'est un
succès, je ne lâche pas ma pièce à moins de 10,000.
m
Avec tout cela, même quand il se trompe, un écrivain de la
portée et du calibre de M. Alexandre Dumas fils a droit aux
plus respectueux égards. A chaque instant dans sa phrase nette,
brève, imagée, étincelle une maxime généreuse, philosophique
t>u mordante. Son idée et ses personnages peuvent paraître faux,
il n'en reste pas moins un maître dans le plan, la conduite et
la main-d'œuvre.
Quelle comédienne quelaDesclée 1 Physionomie, jeu, toilette,
en elle tout est parfait 1 On dirait qu'elle s'est inspirée de ce
verset des Écritures :
« Et ecoe occurruit illi mulier ernatu meretricio, parata ad eaptan
dos animas, garrula et vaga. »
m
Je viens de parler de la toilette, — de la délicieuse toilette —
de la toilette topique de Césarine-Desclée.
De quels ateliers sort-elle?
Pas de ceux de madame R... je présume.
Madame R... est une paire de ciseaux aristocratiques qui
fonctionne pour tout le faubourg Saint-Germain.
Il y a six ou sept ans, lorsqu'elle CT^A) _ avee une gTgce s[
décente et si réservée, — le rôle de madame de Simmerose dans
lAmi des femmes, de M. Dumas flis> mademoiselle Delaporte
s était adressée, pour ses costumes, à cette couturière en re-
nom.
Avant de « prendre aucun engagement » avec la jeune ar-
tiste, madame R... exigea que la piece iui fut communiquée.
En conséquence, on lui remit le manuscrit de l'Ami des
femmes.
Trois jours plus tard, mademoiselle Delaporte recevait une
réponse à peu près conçue en ces termes :
* Mademoiselle,
» Nous regrettons infiniment de tie pouvoir nous charger de la
commande que vous avez bien voulu nous proposer; mais notre
maison n'habillant que les femmes du monde, le personnage de
madame de Simmerose ne se trouve en aucune façon avoir besoin de
nos services.
» Veuillez agréer, etc. »
Mademoiselle Delaporte eut beau pleurer et supplier...
Madame R... resta inflexible.
A toutes les démarches qui furent faites auprès d'elle en ce
sens, elle lépondit :
« Que, tout en rendant pleine justice au caractère de la char-
mante comédienne, elle ne pouvait ni ne voulait travailler pour
l'héroïne de l'Ami des femmes, et que madame de Simmerose
n'avait qu'à frapper à la porte des ateliers Y..., qui fournissent
mademoiselle Crénisse, ou des ateliers Z..., qui fournissent
mademoiselle Cora. »
Un ménage bourgeois donne un bal.
L'appartement peut contenir cent personnes. On a envoyé
deux cents invitations.
Il faut donc de la place quand même.
Tous les meubles sont vite déménagés dans une chambre
réservée.
L'espace ainsi obtenu peut à peine suffire à douze personnes.
Désespoir !
De la place 1 de la place ! une couronne pour de la place ! 11
Tout à coup, le mari s'écrie :
— Si nous décrochions les tableaux?
Il y a quelques années, un navire sorti du Havre faisait
voile pour l'Amérique. Ce bâtiment portait une troupe d'opera
destinée à la Nouvelle-Orléans. Unjour dans une intermittence
de mal de mer, cinq chanteurs se trouvèrent réunis snr le pont
et se mirent à filer des sons en manière d'essai •
O Mathilde, idole de mon âme 1...
entonna le premier;
Raehe', ,uand du Seigneur...
répliqua le second; les trois autres s'écrièrent à la fois :
Amis, la matinée est belle...
Il est à toi, ce prit de ton courage 1...
Asile héréditaire...
Qu'est-ce à dire? Cinq ténors dans Ja troupe! Furieux, les
artistes apostrophent avec véhémence l'imprésario :
— C'est une infamie ! c'est une trahison I Vous m'aviez solen-
nellement promis que je serais le seul ténor de la "roupe!
— Messieurs, riposta l'entrepreneur, calmez-vous, comptez
sur ma loyauté, et, sachez bien une chose : dans les huit pre-
miers jours de notre installation à la Nouvelle-Orléans, deux
d'entre nous seront morts de la fièvre jaune, deux autres
mourront dans le cours des répétitions; celui qui survivra sera
mon ténor en chef et sans partage. Je lui en donne ma parole
d'honneur !
Le voyou est immonde; mais il a quelquefois des mots bien
amusants :
Une femme dans une position intéressante parcourait le mar-
ché aux fleurs devant l'Ambigu.
— Tiens ! s'écria un gamin, madame a mis sa crinoline à
l'envers !
Théâtres. - Revue rétrospective
Les représentations des Erynnies continuent à attirer de
l'autre côté de l'eau le monde des lettrés, des artistes et des
curieux. Cet art si émouvant, qui u'a pas vieilli depuis trente
siècles, ces fureurs du passé retentissant à notre oreille à tra-
vers notre langue actuelle, cette poésie morte — et vivante à
la fois dans les vers éclatants et les élans lyriques de M. Le-
conte de l'Isle, produisent sur l'auditoire un effet inattendu et
merveilleux. S'il existe encore dans la terre de l'Attique une
parcelle de la cendre du vieil Eschyle, elle a dû tressaillir de
joie, car jamais le grand tragique grec n'a obtenu à Athènes
un succès plus complet qu'à 1 Odéon.
Dans un genre et sur un théâtre tous différents, — les Bouffes
Parisiens, — ta Pttite Reine nous prouve qu'il est facile d'épou-
ser une fillette couronnée, lorsqu'on est aussi joli garçon que
madame Peschard.
Impossible d'entendre un plus charmant babil que la parti-
tion de M. Vasseur. Impossible d'entendre un plus spirituel
caquetage que le livret de MM. Noriac et Jaime.
Un Français et un Allemand discutaient récemment sur la
valeur comparative des armées des deux nations :
— Vous avez beau dire et vous aurez beau faire, dit finale-
ment le second, le soldat allemand se trouvera toujours beau-
coup au-dessus du soldat français.
— Naturellement.,.
— Ah! vous en convenez!...
— Parbleu ! puisque le Français marche, tandis que l'Alle-
mand vole !
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— Tu ne danses pas, Armandine?
— Non... Figure-toi, j'ai eu une chance, ohl mais une
chance !... En montant l'escalier, j'ai trouvé un porte-monnaie...
— Et il y avait dedans ?...
— Juste cinq louis.
— Veinarde!... Comme ça, tu peux te croiser les bras...
— Et les jambes.
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FAITS DIVERS
On nous assure qu'on vient de 'découvrir entre la France et
1 Espagne, dans le Val d'Andorre, d'abondantes.sources d'Ozone.
Le gaz s y dégage des Assures du terrain granitique comme
1 acide carbonique de la fameuse Grotte du Chien, près de Naples
ou 1 acide borique des lagoni de la Toscane.
L Ozone ou oxygène électrisé, jouit, au dire de quelques sa-
vants, de la précieuse propriété de ranimer singulièrement les
ressorts de la vie animale, et son inhalation modérée pourrait
rendre la santé et même la jeunesse aux personnes affaiblies
par rage ou les excès.
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L'ALSACE
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Inw«!»*it>ilt»a2etir »ncî>rsite. — Guérison, extraction
3t pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
RECOLORATION
ES CHEVEUX
ET DE LA BARBE
SARAH FÉLIX
Pommade des Fées — Pommade Féerique
ENTREPÔT GÉNÉRAL, RPE RICHER, 45 ^
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Les annonces, réclames et faits divers «ont reçus chez M
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