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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0087
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L'ÉCLIPSÉ

PRIME GRATUITE DE L'ÉCLIPSÉ

Avoir tout Paris dans sa poche et sous les yeux dans la per-
sonne de ses Physionomies les plus curieuses et les plus origi-
nales et sous forme de charmants petit3 volumes-bijoux, illustrés
par le crayon humowistique de Morin, de Benassis, de Vernier,
de Coock, d'Humbert, etc , etc., etc., et dus à la plume de nos
plus spirituels et de nos plus fins observateurs :

Les Joueuses,

Les Artistes et Rapins,

Les Industriels du Macadam,

La Parisienne,

Le6 Usuriers,

par Paul Perret, Louis Leroy, Adrien Paul, Élie Frébault, etc.,
etc., etc., — tel est le privilège qu'offre l'Éclipsé :

A quiconque prendra Un. abonnement d'un an,

Ou à quiconque, à dater de ce jour, renouvellera son abonne-
ment,

Sans autre déboursé que le prix d'envoi : un franc.

Nous recommandons tout particulièrement au public ces
esquisses fidèles et pittoresques des types les plus singuliers
qui émaillent la capitale. Us se rapprochent, par le faire et le
genre des anciennes Physiologies si courues autrefois et si
recherchées aujourd'hui. C'est le Paris moderne, animé et
vivant.

LES iÂJOrITÉS POUR RIRE

En attendant les élections prochaines, les débats parlemen-
taires ont trouvé un élément de gaieté nouveau : celui des ma-
jorités pour riie.

Quand un candidat au fauteuil l'emporte de deux voix sur un
adversaire, cela est considéré comme une victoire considérable
pour son parti ; le déplacement d'une demi-douzaine de votes
smffit à changer totalement l'assiette du gouvernement.

Dans ces conjonctures, graves à la surface, comiques au fond,
il n'est pas de ministère en formation qui ne . paraisse devoir
trembler pour le lendemain. Que faut-il, en effet, pour le jeter
par terre ? Mon Dieu ! bien peu de chose, rien même qui res-
semble à de la politique ; seulement trois on quatre collègues
absents par mégarde : celui-ci parce qu'il a reçu un pot de fleurs
sur la tête; celui-là parce qu'il est à Fiohsdorff ou parce qu'il se
purge. Ajoutez-y un mécontent, je ne dis pas deux : ce serait
peut-être trop.

Crac I une question de cabinet se pose.. C'était bien le cas
pour celui qui se purge d'être là ; mais il n'y est pas. Fatalité !
Faute d'une voix, le ministère est renversé. A qui le tour?

Cela nous promet des séances étranges. Je ne serais pas
étonné, pour ma part, d'assister, un de ces jours, à un incident
comme celui-ci :

La question de cabinet vient d'être posée devant l'Assemblée.
On vote sur l'ordre du jour désagréable présenté par la gauche.
Le résultat du vote est ainsi prononcé :

Nombre de votants....... 703

Majorité absolue........... 352

Pour......... 352

Contre....... 351

En conséquence, l'ordre du jour est adopté.

Une salve d'applaudissements salue à gauche cette victoire,
qui allonge tous les nez de la droite. Déjà circulent sur les
bancs républicains les listes de formation d'un nouveau minis-
tère — qui doit ressembler à l'ancien comme un oiseau-
mouche ressemble à une pomme cuite — quand l'honorable
M. X..., de la droite, (ayons l'indulgenca de ne pas le nommer,)
demande la parole pour une rectification.

Il paraît que l'honorable M. X..., de la droite, n'a pas com-
pris le sens du vote. Il croyait que les bulletins blancs signi-
gaient pour, tandis qu'ils signifiaient contre. Yive sensation.

— Il faut recommencer 1 cne-t on à droite.

— Non, non !

— Si, si 1

Somme toute, on recommence et le résultat nouveau

Pour......... 351

Contre....... 352

est accueilli fk son tour par les trépignements de la droite.
Nombre de membres de cette partie de l'Assemblée se dé-
tachent pour aller congratuler, avec des gestes excessifs, le
cabinet triomphant. Emus plus qu'on ne pourrait dire, M. Ba-
ragnon et M. Barascud s'embrassent.

Cependant, M. le président s'est levé. Il paraît troublé. Un
coup de clochette. On fait silence.

— Je suis fâché, messieurs, de l'incident qui se produit ;
mais il paraît qu'il a été commis une erreur dans la vérifica-
tion du scrutin. On vient de trouver parmi, les bulletins blancs
le vote double et certainement inattendu de M. Saint-Marc Gi-
rardin, qui est mort depuis trois mois. Il faudrait donc réta-
blir ainsi le résultat du vote :

Nombre des votants....... 701

Majorité absolue........... 351

Pour......... 351

Contre....... 350

Vifs applaudissements, rires ironiques à gauche.

Un droitier, qui rentrait dans la salle des séances, s'écrie :

— Allons, bon 1 Moi qui viens d'envoyer des dépêches dans
toutes les directions...

Et les bras lui tombent.

Heureusement un huissier se trouve à point pour les ra-
masser.

Sur quoi, la séance est levée.

Tous croyez peut-être que c'est fini? Allons donc 1

Le lendemain, à l'ouverture de la séance, un membre du
centre semi-gauche semi-droit monte à la tribune pour faire
cette déclaration :

— Messieurs, je m'étoxme que l'Officiel me porte comme
ayant voté hier pour l'ordre du jour motivé, tandis que j'ai
voté contre.

Mouvements divers.—Sensation.

— Sapristi! s'écrie le président, oubliant les formes parle-
mentaires, vous auriez bien dû vous apercevoir de ça plus tôt.
Maintenant que le nouveau ministère est 6ur le point de pren-
dre place à son banc...

Un droitier, montant à la tribune. — La déclaration que noua
venons d'entendre, en changeant le résultat du scrutin, trans-
forme en un vote deconfiance la vote de défiance qui étaitacquis
au défunt miuistère. Il n'y à donc pas de raison pour que celui-
ci n'aille pas réoccuper son ancien banc.

Vive approbation à droite. Dénégation à gauche.

Conflit des deux ministères se rencontrant devant les mêmes
sièges. Bruit. Coups de sonnette.

M. le président. — Messieurs, la situation est très-grave.
Heureusement je crois avoir trouvé le joint. Les deux ministè-
res vont sortir pendant que nous allons délibérer sur leur sort.
(Approbation.) Nous tâcherons qu'il n'y ait pas d'erreur dans le
vote d'aujourd'hui (Rires dans Us tribunes.)

Un rapporteur bE la droite. — M'sieu le président, on rit
dans les tribunes. Faites respecter l'Assemblée!

M. le prÉsiDHNT. — Si l'on rit en nous regardant, je serai
obligé de faire évacuer les tribunes.

L'assistance tâche de se calmer en plongeant sur les crânes
dénudés de la droite qui font involontairement songer à la
mort. La séance continue...

Elle peut continuer.., jusqu'aux élections prochaines.

PAUL PARFAIT.

SÉVÈRE, MAIS... PAS JUSTE

Je lisais hier qu'un journal de province vient d'être con-
damné à six mille francs d'amende pour un délit quelconque.

Bien entendu, mon premier mouvement — et même les sui-
vants — a été de m'ineliner avec respect devant la décision de
la justice.

Mais, tout en réfléchissant au sort de ce malheureux journsl
auquel ses moyens ne permettent peut-être pas d'avoir été si
criminel, je me suis, petit à petit, laisté aller à cett<i pensée
impie que le Code pénal (côté des amendes) était complètement
idiot.

* *

Plus je m'y appesantis, plus je trouve absurde le système
des peines pécuniaires.

Et c'est au point que je me tâte pour savoir si la schlague
elle-même ne remplit pas mieux les conditions d'équité et,
surtout de logique que l'on est en droit d'attendre des lois,
qui sont faites, à ce que l'on dit, pour redresser les torts de
l'humanité, v

Prenons, si vou3 le voulez, la question par son tout petit
bout ; nous remonterons après.

M. de Rotschild, par exemple, passe sur le boulevard en
même temps que moi. La même idée nous prend à tous deux
à la fois ; seulement... elle a pris avant à d'autres passants, et
au moment où nous touchons à la... terre promise, où s'affi-
chent les programmes des spectacles , nous constatons avec
angoisse que la... terre promise est entourée d'une foule
énorme.

A vue de nez, nous calculons qu'avec toutes les chances fa-
vorables de notre côté, nous en avons au moins pour trente-
cinq minutes.

Nous perdons patience.. - et, ma foi I... M. de Rothschild et
moi, nous nous faisons une terre promise de la première enoo-
gnure oui nous tombe sous la main.

Arrive un gardien de la paix.
Vous voyez le reste d'ici...

Et, trois semaines après, M. de Rothschild et moi, nous nous
entendons coudais ner chacun à seize francs d'amende.

Eh bien ! voyons... sondez les replis de votre conscience, et
dites-moi un peu si cette peine vous semble équitable.

Le délit est le même.

Mais la peins n'est-eile pas absolument différente?'

Si différente... que jamais de ma vie, après une affaire pa-
reille, je ne m'exposerais plus à sacrifier trois jours de mon
pain pour une jouissance aussi éphémère, dussé-je mourir de
la gravelle.

Tandis que M. de Rothschild, lui, pourrait, à raison de seize
francs par délit, passer neuf heures tous le3 jours à se tromper
de... terre promise, sans être obligé- de se priver seulement
d'un seul cure-dents.

* *

Ce qui est injuste pour seize francs, ne doit pas l'être moins
pour cent ni pour mille.

Ainsi, le journal dont nous parlions tout à l'heure*, qtii vient
d'être frappé de six mille francs d'amende, va peut-être en mou-
rir, tandis qu'un millionnaire pourra se passer la fantaisie de
calomnier un de ses contemporains dans une brochure quel-
conque, moyennant la même bagatelle de quelques milliers de
francs d'amende, qu'il payera sans arrêter un seul instant la
marche de son embonpoint.

*

¥ » v: ■',

Je conclus donc — et c'est le vfai moment, puisque l'on est
en train de remanier nos institutions — en demandant que si
l'amende est maintenue dans nos lois pénales, on s'arrange de
façon à ce que cette peine appH«lues a deux individus pour le
même délit n'assomme pas l'un des deux en ne faisant qu'ef-
fleurer l'autre.

*

* *

La peine de la prison a, cela d'équitable qu'elle frappe égaler
ment les coupables.

Cinq ans de réclusion tiennent autant de place dans la vie
d'un Crésus que dans celle d'un chiffonnier.
Les deux hommes sont punis dans la même proportion..

* *

Mais la peine pécuniaire qui peut arracher le pain d'un pau-
vre diable pendant quinze jours, n'arrache au délinquant for-
tuné qu'un haussement d'épaules plein d'indifférence et un
sourire de gouaillerie. „,

Que l'amende soit fixée proportionnellement à la somme
d'impôts payée par les contrevenants.

Ce n'est pas d'une application difficile. La cote des contri-
butions est là.

Alors, de cette façon, les peines pécuniaires deviendront
justes.

Et le jour béni où M. de Rothschild et moi, nous serons con-
damnes pour nous être de nouveau trompés de... terre promise •
moi, a cinq sous d'amende,

- ?lui * centirente-cinq mille francs de la même peine,

de7J,0U a 16 1°eSSerai de maudire Ia justice de m<* P^s et
de trouver des cheveux sur le Code pénal.

LÉON BIENVENU.

TURLUTAINES

Les peuples n'ont plus aujourd'hui la moindre confiance dans
les rois. — Chat échaudé craint l'eau... bénite de cour.

Après avoir pu nous échapper tout en lambeaux des serres de
l'aigle, nous tomberions enco.-e sous la griffe de ces autres
oiseaux de proie appelés « Ducs». — Oh! nonl

Puisque Badinguet décorait
D'abeilles son gîte èt sa couche,
Selon nous, cela prouverait
Qa en ce temps-là tout était mouche.

^V^XV\\ ' { * \

C'est dans la Charente-Inférieure'que Boffinton a été choisi.
A CharentS'Inférii-ure, dépulé idem.

Huguet, le banquier bonapartiste, est revenu de Londres à
Paris entre deux gendarmes.

Ce monsieur s'était sauvé sans tambour, mais en emportant
la caisse.

L'autre jour j'ai entendu appeler Veuillot cuistre.
Cela m'a indigné. — lstre est de trop.

Changarnier a trouvé, l'autre jour, une perruque d'occasion.
Il a saisi l'occasion auy. cheveux.

Racine, quoi qttôn en ait dit, n'est pas Un polisson.
Mais Boileau, à cause de sa façon de travailler le vers, est
réellement un polisseur.

Depuis la présence de Labre au paradis, Saint-Antoine ne
regrette presque plus son ancien compagnon.

Les bonapartistes demandent l'appel au peuple.
Il faut toujours que ces gens-là demandent quelque chose -
ils ont pourtant assez pris.

HlPPOLYTE BRIOLLET.

SALON DES CHIENS DE 1873

Les Refusés

On sait que le jury de l'Exposition des chiens a cru devoir
repousser du jardin d'acclimatation un certain nombre de ces
animaux dont le poil et la r*ee ne lui. ont pas paru suffisam-
ment sans mélange.

Libre à M. Geoffroy Saint-Hilaire de suivre dans toute leur
rigueur les errements fâcheux de M. Gustave Boulanger et
consorts, de l'exposition des Betfax-Arts 1

Mais les refusés à quatre pattes n'entendent pas que ça se
passe comme ça!

Us ont protesté.

Us veulent en appeler au jugeni<Wt publie, comme leurs con-
frères de la palette.

Ils vont organiser une exposition des Refusés en face de
l'exposition des irseptés.

Car ils n'a<i«ieuent pas qu'à îïtotre époque, une époque de
progrès, les qualités physiques- H les influences, contreba-
lancent toujours les qualités morales.

Et leur cri général est celui-ci :

— Nous sommes laids, mais.aftiÎB sommes bons 1

Donc, afin de se soumettre-to dernier ressort à Tappréeia-
tion des amateurs, ils vont..#j|Mir une exposition des Refusés
au nez de M. Geoffroy SaiatLHilaire.

Des assemblées prépaitatoires ont déjà eu lieu.

Une carte signée : le Loulou-Jaune, président du Comité de
résistance, et nous invitant à assister à l'une de ces réunions,
nous a été adressée aux bureaux de l'Eclipsé.

Le journalisme étant un sacerdoce (les Refusés -écriraient un
ça sert d'os,) nous avons couru, joignant à nos- deux jambes
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