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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0095
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L'ÉCLIPSÉ

Ml (NOUVELLE LOI SUE LA PRESSE

La nouveau ministère a trouvé dans les cartons de ses pré-
décesseurs pas mal de projets de lois qu'il est, dit-on, en tram
de retoucher avant de les soumettre à l'Assemblée.

Mais il parait que M. Batbie a été fort désappointé en fouil-
lant dans les paperasses laissées par M. Thiers, de n'y trouver
aucun projet de loi sur la presse.

Une bonne loi sur la presse était, pour le gouvernement de
combat de M. Batbie, chose des plus pressantes et le déboire
du nouveau ministre a été grand en constatant que M. Thiers
lui avait laissé toute la besogne de ce c&té-là.

M. Batbie eût d'autant plus tenu à arriver devant la Cham-
bre avec un projet de loi contre, la presse, élaboré, par le gou-
vernement de M. Thiers, qu'il eût eu toutes chances favorables
de la faire passer en disant à l'Assemblée :

— Vous voyez, messieurs, qu'en vous proposant des lois
restrictives à la liberté de la presse, nous ue pouvons être
taxés d'intolérance, puisque, sur ce point, nous nous trouvons
d'accord avec le gouvernement précédent, qui était d'une com-
plaisance exagérée pour les pétroleurs.

En effet, l'argument n'eût pas été mauvais ; mais, malheu-
reusement, M. Thiers n'a rien laissé dans ses notes qui pût
servir de base à cette adroite opération.

M. Thiers, trop occupé sans doute par cette puérile question
de la délivrance du sol national, avait négligé celle beaucoup
plus patriotique de préparer des cellules à Sainte-Pélagie pour
tous les journalistes de l'opposition.

De sorte que M. Batbie se trouve aujourd'hui fort embar-
rassé, obligé de se présenter devant l'Assemblée avec un projet
de son crû, qui risque fort d'éveiller las susceptibilités d'une
forte partie de la Chambre.

***

Mais, comme un gouvernement de combat ne saurait se laisser
aller à une coupable pusillanimité, on affrontera cet obstacle.

Et, n'ayant pas trouvé de projet tout fait, eh bien... on en
fera un soi-niêae.

*

* *

Déjà quelques ballons d'essai ont été lancés par les journaux
constrvatturs.

Et, à en juger par l'esprit qui semble animer ces aimables
entrefilets, les journalistes ne vont pas tarder à avoir beaucoup
d'agrément.

Depuis nuit jours que ces petits alinéas précurseurs parais-
sent régulièrement, le nombre des écrivains qui ont adressé à
ja Compagnie générale des omnibus des demandes d'emploi
de conducteur, est incalculable.

* # l!

Nous croyons que nos confrères s'affolent un peu trop vite.

Les choses ne sont pas encore dans un état aussi désespéré
que leur débandade pourrait faire le croire.

On s'occupe, il est vrai, d'un projet de loi sur la presse ;

Mais rien ne dit qu'il sera aussi sévère qu'on semble le
craindre.

***

Nous sommes même très heureux de les rassurer en leur an-
nonçant qu'une personne digne de foi, et généralement bien
informée, nous a communiqué un des projets de loi que deux
membres les plus libéraux du cabinet espèrent faire adopter.

Voi<i le texte de ee projet :

Art. 1er.

Tout citoyen peut librement publier un journal à la condition
d'en obtenir l'autorisation du gouvernement.

Art. 2.

La loi qui oblige les journaux à déposer un cautionnement de
24,000 francs, est abrogée.

Art. 3

Elle est remplacée par la disposition suivante :
Aucun journal ne pourra paraître avant le dépôt au Trésor
d'une somme de 88,000 francs.

Art. 4.

Afin de faciliter aux propriétaires de jourr.aux l'emprunt de
la somme nécessaire pour le cautionnement, ie Trésor, qui
payait jusqu'ici trois pour cent d'intérêt, n'en paiera plus
auoun.

Art. ,r>.

La qualité de journaliste entraîne de plein droit la radiation
des listes électorales.
Un journaliste ne peut non plus :
Servir de témoin pour un mariage,
Ni témoigner en justice.

Art. g.

Auéun locataire n'est tenu au payement de ses loyers en
retard ou courants, s'il prouve que son propriétrire a loué à un
journaliste dans le même immeuble.

Art. 7.

Aucun journal ne peut être imprimé que sur papier timbré
de deux francs cinquante la feuille.

Art. 8.

Tout journal transporté par ia poste doit être affranchi au
poids comme les lettres.

Et, dans ce cas, le destinataire doit payer à l'arrivée comme
s'il ne l'était pas.

art. i).

Pour éviter la fraude à laquelle ne manqueraient pas de se
livrer les propriétaires de journaux en faisant sécher leur papier
afin de payer moins de port, les employés de la poste devront
tremper dans l'eau avant de les peser, les numéros qui leur
seront remis.

art. 10.

Tout abonné à un journal quotidien paie à l'Etat une contri-
bution comme suit :

Villes au-dessus de 10,000 âmes 15 francs
*- — 25,000 — 24 —

— — 50,000 — 47 —

art. IL

Tout numéro vendu isolément doit être revêtu d'un timbre
d'acquit de 10 centimes, paye en sus par l'acheteur.

art. 12.

H est défendu, sous peine de 50 francs d'amende, de prêter
un journal lu ou de le laisser traîner sur la voie publique ou
même sur le» meubles privés.

art. i:3-

Dans, les établissements publics, un journal pouvant passer
s ■.sus les yeux d'un grand nombre de lecteurs, le maître de
l'établissement paiera, en eus de sa patente, 320 francs pour

le journal auquel il sera abonné.

art. 14.

Aucun numéro ne pourra paraître avant d'avoir été tournis à
la censure et accepté par ello.

Pour faciliter la distribution des journaux du matin, le bu-
reau de la censure sera ouvert de deux à quatre heures de
l'après-midi.

art. 15.

Indépendamment du cautionnement destiné à garantir le
paiement des amendes, chaque journaliste devra, à titre de
cautionnement corporel, faire huit mois de prison pour répon-
dre des peines qu'il pourrait encourir par la suite.

art. 10.

Aucun journaliste ne peut quitter son département sans une

autorisation du ministère de l'intérieur.

Il doit porter ses cheveux taillés en brosse, afin d'être facile
ment reconnu et arrêté dans les moments de trouble.

art. 17.

Il est expressément défendu, sous peine de 50 fr«ncs d'amende,
de lire une feuille publique à haute voix, pour frauder le fisc.

Tout voyageur qui, en omnibus, aura tenu son journal ouvert,
de façon a ce que ses voisins puissent en lire l'envers, sera
l>uiii de la même peine et de huit jours d'emprisonnement.

art. 18.

Le transport des papiers destinés, à l'impression des feuilles
publiques sera interdit sur toute l'étendue du territoire trois
meis a\ant l'ouverture de toute période électorale et ne sera

repris que trois mois après.

art. 19.

La fabrication de l'encre d'imprimerie est prohibée à tous
industriels autres que les pharmaciens.
Le prix en est fixé à 40 francs les 125 gramme?.

art. 20.

Chaque année seront désignés, par un tirage au sort, pour
la déportation dans une enceinte fortifiée :
25 maîtres imprimeurs.
650 typographes.
1,500 rédacteurs de journaux.
30,000 abonnés.

LEON BIEN VEND.

ION, JE NE VEUX RIEN ÊTRE

MONOLOGUE rétrospectif

Le Général Changarnier, seul chez lui. Onze heures sonnent. Il
rentre son bougeoir à îamain,—Ouf! Quelle journée ! Que d'émo-
tions ! Je n'ai pu rester jusqu'à la fin de la séance. Il y a des
positions difficiles. Quand ou sent tous les regards d'une as-
semblée dirigés sur vous... Ma foi, j'ai fui. Ils viendront me
chercher ici s'ils y tiennent: mais quant à avoir l'air de désirer
Quelque choie... (H fredonne entre ses dents en ajustant sa per-
ruque.)

Non, mes amis, non, je ne veux uen être^..

Oh! je ne le leur mâcherai pas : « Je ne veux rien être 1... Il
me suffît de ro'appeler Changarnier... modestement ! » (A lui-
même ) Ta me diras que ce n'est pas le moment de faire de la
modestie, qu'il leur faut un homme... Ça, c'est vrai : il leur
faut un homme !. . Oh ! je les entends d'ici : « Il n'y a que vous
de possible aujourd'hui. Vous seul, avec votre grand nom,
avec votre sagacité rare, avec vos facultés exceptionnelles...»
(Aprèi un moment d«. rfflexionx conirar. s'il se rendiit à l'évidence) :
Et le fait est qu'il n'y a que moi 1... [D'un air profondément dé-
bouté) Mais me charger du f trdeau du pouvoir ! On a beau être
jeune... Bast 1 je refus?. (H fredonne dune voix plus assurée)

Non, mes amis...

Je sais biea que je vais avoir un rude assaut à subir. Ils vont
me pousser à bout, me supplier,, embrasser mes genoux : t Gé-
néral, par pitié f..: S'il voua en coûte d'accepter,— nous ne sa-
vons que trop combien peu l'ambition a prise sur vous—s'il vous
en coûte d'aceepter, consentez pour vos amis à ce généreux
sacrifice ; faites-le pour nous, faites-le pour le pays, qui attend
avec anxiété votre décision. (Il fait avec effort le geste de repous-

Non, mes amis, non, je ne veux rien être...
ser des thuriféraires imaginaires.)

Mon Dieu ! donnez-moi la force de ne pas faiblir. . Si j'allu-
mais les candélabres. On n y voit goutte. Encore faut-il recevoir
proprement la députation qui va m'être envoyée... Je me mettrai
devant la glace pour parler. Non, ici, plutôt, je serai mieux
daES mon jour. Les chaises là, tout au our... fil les range). Ce
ne sont pas des soins frivoles... Nom traversons une h«ure his-
torique 1... Mais il ma semble qu'il ge fait tard _ (consultant la
pendule) minuit tout à l'heure. Qu'eat-ce qui les retarde ! Ça De
peut pas être les len'eurs du vote... Quan<i il y a unanimité
dans les suffrages... (en se souriant complaisammcnt) Je ne sais
pas si Thiers va faire une xèm de me Voir à ga place_ /Re}lgaU
nant sa voix ; avec dignité j Ah I au fait, puisque je n'accepte
pas ! ( Il chante un peu pl»s haut cmme pour s'aguerrir. )
Non, mes amis, non, Je ûe veux rien être...

, (Il compare sa montre avec la pendule. ) Qu'ils sont longs ! Ce
n'est pas bien .. Quand la France attend!... Si jeieur préparais
des rafraîchissements?... Nen* j'aurais trop l'air d'avoir attendu.
Au contraire, je ne ferais pas mal de paraître surpris, de m'é-
crler : « Est-ce possible ? Quoi, vous avez songé à moi!... »
( Avec impatience. ) Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire? On
leur aura mal indiqué mon adresse... ou bien, ils comptent
trouver dans h lassitude un auxiliaire; ils espèrent que ce que
j'aurai pu refuser à leurs sollicitations pressantes, la fatigue
me l'imposent",,'. Qu'ils n'y comptent pas ! (Enflant sa voix].

Non, mes amis!...
[Il prête l'oreille ) Je croyais avoir entendu .. Non, c'est une
patrouille qai j)a-se... Je devrais bien leur faire la farce de me
Coucher! On leur dirait : « Ma foi, tant pis, Monsieur est au
lit, Repassez demain. » Ça aurait de l'allure... (avec inquiétude )
Oui, mais, s'ils ne repassaienj-pas,., CeA.estpas que je. tienne...
Au contraire. . Seulement je serais curieux de les entendre...
Ah! on vient de sonner! Non, ce sont mes oreilles qui tintent...
Voyons, je leur accorde oinq minutes enoore, les cinq minutes
de giâce!... Cette fois je ne me trompe pas. (Il va à la fenêtre.)
Ce bruit.de, voix!,.. (Observant avec cuHOsitf derrière le volet.)
Oui, c'est bien la (tépirtation... (l. i v iix lui manque un instant.)
Buffet, cravaté c'e blanc, marche en tête... Ah! mon Dieu! Et
moi qui ai oublié de mettre aussi ma cravate blanche !... Us
approchent... O mon cœur, contiens-toi!... Us vont sonner!...
Tiens, il passent la maison... Us se trompent de porte... Hé!...
(Mouvement aussitôt réprimé pour les avertir de leur erreur.) Par-
don, je ne peux pas... (// se penche à la fenêtre en criant de toutes
ses forces :)

Non, mes amis, non je ne veux rien être !...
(Pentrant la tête )Ah, oui! te t'enfiche! Une m'entendent pas!
Ils vont ailleurs... (avec explosion.) Les imbéciles! (se hissant
tomber brisé sur un siège.) C'était bien la peine de changer de
gouvernement!

PAUL PARFAIT.

PROGRÈS DE U TÉLÉGRAPHIE

U paraît qu'un inventeur vient d'imaginer un appareil au
moyen duquel on pourra envoyer son portrait par le télégra
pae.

U suffira de donner si photographie au bureau de Paris,
De suite, elle se reproduira exactement à New-York.

*

» *

Ce progrès a mis sens dessus dessous les imaginations des
ingénieurs.

Et l'un d'eux nous écrit pour nous prier de prêter l'appui de
notre publicité à une découverte nouvelle qu'il vient de faire.
Nous ne pouyons lui refuser cela.
Voici la chose :

*

* *

NOUVEAU SYSTÈME

s. a. d. g.

POUR DUELS TÉLÉGRAPHIQUES

Un journaliste de Paris est traité de gommeux par un de se
confrères de Mexico.
Un combat est résolu.

Un mannequin électrique armé d'une épée est placé dans
chacun des deux bureaux télégraphiques et mis en communi-
cation avec'.l'appareil de l'inventeur.

Les deux adversaires — munis aussi d'une épée — viennent
se mettre en garde chacun devaut son mannequin.

On fait jouer la pile. ' %

*** V.

Alors, tous les mouvements d'escrima exécutés par les com-
battants sont reproduits instantanément par le mannequin pla-
cé à L'autre extrémité du fil.

Passes, dégagements, coupés, froissements de fer, coups
de fer, coups droits, etc., etc., se répètent instantanément à
800 lieues de distance.

**»/7 • i

Tout à coup, le mannequin du bureau de Paria a la poitrine
traversée par l'épée de son adversaire !...

Et, au même instant, le folliculaire de Mexico atteintau même
endroit par l'épée du mannequin qui est en face de lui, tombe
baigné dacis son sang.

• M " i ' Mf. fi '■'■ V

* *

Alors, le journaliste de Paris s'approche du msnhequin vaincu,
lui tend la main en signe de réconciliation.

Ce mouvement est répété par le mannequin de Mexico; et si
lejournaliste de Mexico, qui râle,, juge à propos de serrer la
main que lui offre son mannequin vainqueur, cette douce
étreinte apportée par le câble transatlantique se transmet
au mannequin de Paris, qui prend la main que lui présente son
adversaire.

* *

L'inventeur nons promet des détails sur un nouveau modèle
applicable aux nuits de noces télégraphiques pour les mariages
à distance.

Nous ne prenons pas l'engagement d'insérer.
Nous verrons.

TURLUPIN.

LE RETOUR DE L'ORDRE MORAL

On nous avait annonce à grand renfort de trompettes le retour
prochain de l'ordre moral.

Aussi toutes les imaginations étaient elles vivement exci-
tées.

H n'était personne qui ne fut désireux d'assister au retour de
l'Ordre moral.

Et l'on se demandait :
Quand revient-il?
Avec qui?
Par où?
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