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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0143
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L'ÉCLIPSÉ

PRIME GRATUITE DE L'ÉCLIPSÉ

Avoir tout Paris dans sa poche, et sous les yeux dans la per-
sonne de ses Physionomies les plus curieuses et les plus origi-
nales et sous forme de charmants petits volumes-bijoux, illus-
trés par le crayon hwmouristique de Morin, de Benassis, do
Vernier, de Coock, d'Hunibert, etc., etc., etc., et dus à la plume
de nos spirituels ot de nos plus fins observateurs :

Les Joueuses,

Les Artistes et Rapins,

Les Indusariels du Macadam,

Les Usuriers,

par Paul Perrcr, Louis Leroy, Adrien Paul, Élie Frébault,
etc., etc., etc., — tel est le privilège qu'offre l'Éclipsé :

A quiconque prendra un abonnement d'un au,

Ou, à quiconque, à dater de. eu jour, renouvellera son abonne-
ment,

Sans autre déboursé que le prix d'envoi: un franc.

Nous recommandons tout particulièrement au public ces
esquisses fidèles et pittoresques des types ,Jes ,plus singuliers
qui émaillent la capitale. Ils se rapprochent, par le faire et le
■genre, des anciennes PhysMogies si courues autrefois et si
■recherchées aujourd'hui. C'est le Paris moderne, animé et
vivant.

VUE A VOL D'OISEAU

DES RESTAURANTS DE PARIS

le 4 septembre 1873, à six heures du soir.

Nous sommes au 4 septembre, jour de l'anniversaire de la
proclamation de la République.
L'heure du dîner approche.

1 Les gens mariés rentrent, chez eux, les célibataires envahis-
sent les restaurants.

On remarque que les gardiens de la paix sont plus nom-
breux qu'à l'ordinaire et piétinent d'un air défiant.
De nombreuses patrouilles sillonnent les boulevards et les

rues.

Les troupes sont consignées depuis trois heures.

Le bruit court que les postes sont doublés.

Cependant tout semble tranquille. Aucun rassemblement,
aucune animation.

Les citoyens circulent avec.la rapidité de gens qui ont faim.
Ni l'ordre moral, ni l'autre, ne paraissent courir de danger.

Qu'est-ce qui a donc pu motiver . un tel déploiement de
forces?

Quelque chose de bien effrayant !...

Informé que quelques perturbateurs parisiens pourraient
bien avoir l'idée de ffttcr l'anniversaire de la proclamation de la

République, en se réunissant pour dîner, le gouvernement a
fait depuis plusieurs jours prévenir tous les restaurateurs qu'ils
aient à se refuser à toute organisation de banquet sous les
peines les plus sévères.

Mais, comme le Parisien est réputé pour un être excessive-
ment taquin et aimant à faire surtout ce qui ne lui est pas
permis, même ce à quoi il n'aurait jamais songé si ce n'eûtpas
été défendu, le' gouvernementa voulu prendre ses sûretés.

Et Voilà pourquoi les patrouilles circulent. ; voilà pourquoi
les gardiens de la paix sont ombrageux et surveillent l'entrée
dos restaurants.

Jetons maintenant un coup, d'ceil sur l'intérieur de quelques-
uns de ces établissements, de six à sept heures.

-•V- *«B..: v9T % $ ■

• '•■'■. ■". ' ■'- ^sP^I»» ;te

CHE2 brébant

Trois-journalistes; dînent ensemble dar.s la salle du rez-de-
chaussée. , _ •

premier journaliste, frappant au carreau. — Tiens!...

Scholl qui passe »...

(SclioH entre.)

deuxième journaliste. — Dînes-tu avec nous?

» (il s installe.)

Deux gardiens delà paix qui croisent, devant l'établissement
d'un air défiant se rapprochent en se consultant à. voix basse.
', troisième journaliste. — Tiens!... voilà Cpçjiinat !...
Garçon!... un cinquième couvert !...

Les gardiens de la paix froncent de plus en plusjl^sourcil.

Viennent succcssi.vemcn prendre plice à table, par hasard :
Monsclet, Armand Gouzicn, Léo Lespès, Alfred Dolilia.

Les gardiens de la paix n'y tiennent plus. Voyant huit
hommes dîner à la même table, ils se précipitent dans l'éta-
blissement.

Justement Cochinat tenait le Rappel à la main. Qu'était-il
besoin d'autres preuves ? C'est évidemment un banquet com-
mémoratif.

Les huit convives sont emmenés au poste.

Brébant aussi.

Monselet ne trouve que ce cri d'indignation :
— Comment!... à jeun!...

s ■ • ' > ***

chez gilleï, a la porte maillot

Le grand salon du premier est illuminé.
On entend un grand bruit de verres et de fourchettes.
Quatre agents se promènent sur le trottoir d'un air perplexe.
premier agent. — Entendez-vous?
deuxième agent. — Oui... Ils sont au moins soixante.
troisième agent. — Soixante!... Ils sont au moins trois
cents !.,..

quatrième agent. —- Moi je parie pour huit mille !...
premier agent. — Faisons notre devoir!...
Ils montent et font irruption dans la salle.
Tableau !... C'est une noce !...

premier agent, au deuxième agent. — Je Crois que rÎ0US

n'avons qu'à nous retirer,

deuxième agent. — C'est une frime. La mariée ressemble
à Gambetta, ce doit être lui !...

troisième agent. — J'allais le dire.
quatrième agent. — Faisons notre devoir.
Ils arrêtent toute la noce et la conduisent au poste.
Ainsi que le maître de l'établissement et les garçons qui ser-
vaient le dîner.

* *

au caeè anglais

Deux agents de police entrent et invitent tous les dîneurs qui
sont plus de deux.à la même table à se disperser.

Quatre Anglais, qui ne comprennent pas, continuent à man-
ger et sont emmenés cbez le commissaire de police.

Le maître de l'établissement et le sommelier aussi.

Les agents se font ouvrir aussi tous les cabinets particuliers
afin de s'assurer que les consommateurs qui y sont ne pensent
pas à la République.

Presque partout ils constatent que ceux-ci ne paraissent pas
y penser du tout.

au diner du commercé

Les dîneurs sont tellement nombreux que l'on- a dû mettre
toutes les petites plaques en zinc qui réunissent les tables.

De sorte que celles-ci forment trois rangées parallèles im-
menses et que tous les consommateurs ont l'air d'être ensem-
ble.

Les agents de polies envahissent l'établissement et, devant ce
tableau démocratique, ne doutent plus un seul instant qu'ils
soient devant un énorme banquet.

Ils arrêtent tout le monde, le patron, les garçons et la dame
de comptoir.

Le tout est dirigé sur le poste Bonne-Nouvelle.

*

* *

au diner de paris

M. et Mmc Moricet dînent en tète à tête, joyeusement.

M. Moricet a offert cette petite orgie à Madame, pour fêter
l'anniversaire de leur mariage.

Un agent de police entre dans l'établissement pour y jeter
son coup-d'œil.

Au moment où il passe devant la table des Moricet, M. Mo-
ricet dit tendrement :

— Ma chère Pauline !... Il y a aujourd'hui trois ans... t'en

souviens tu?...

A ces mots, l'agent se précipite sur le couple et l'appréhende
au corps, on s'écriant :

— Ah!... ah!... mes gaillards!... On fête donc son petit 4 sep-
tembre!... Au poste !...

Le patron de l'établissement intervient, il a le même sort.

au bouillon duval

— Garçon!... quatre aubergines au gratin!...
Un agent de police entendant cette commande dresse l'o-
reille.

le garçon. — Bien monsieur!... Faut-il les servir ensem-
ble ou séparément ?

le consommateur. — Ensemble!... Nous sommes de la
même société.

l'agent, bondissant. - Ah! ah!... ensemble!... je vous y
prends!... vous êtes quatre, ensemble... je m'en étais douté !...
vous banquetez mes camarades !... Au violon!...

Il emmène les quatre dîneurs et cueille en sortant, pour leur
tenir société, l'employé qui reçoit les cartes à la porte.

a un autre bouillon duval

Un dîneur solitaire reconnaît quelqu'un à une table voisine
et lui fait de la main un. bonjour amical.

un agent de police, se jetant sur lui. —Au nom de la loi,

je vous arrête !...

le dîneur. — Pourquoi ça?

l'agent. — Vous b nquetez pour fêter le 4 septembre!...

le dîneur. - Vous êtes fou !... Vous voyez bien que je
suis tout seul!...

l'agent. — Tout seul!... allons donc !... vous croyez donc
que je ne vous ai pas vu faire des signes avec votre verre a,u
monsieur qui est là-bas... C'était un toast que vous portiez...
En prison!...

Il emmène le dîneur, puis l'autre dîneur, plus les doux bon-
nes de service aux deux tables des accusés.

Enfin, dans tous les restaurants de la capitale, les mêmes
scènes sa renouvellent.

Et, à huit heure:? et demie, le préfet de police fait passer au
ministre de l'intérieur la dépêche suivante :
« Police à Intérieur.

« Journée chaude ; mais ordre maintenu par énergie admi-
« rable agents — à l'heure présente sont sous verroux 18,700
« banqueteurs dangereux, 328 garçons et 83 restaurateurs. —
« Manque encore renseignements de trois quartiers.—Le calme
« est assuré. — Vous enverrai demain liste agents se sont dis-
« tingués. — Vous signale dès aujourd'hui brillante conduite
« de brigadier Butordini, corse d'origine, qui a arrêté chez Bi-
« gnon, dîneur seul, comme banqueteur tout de même, parce
« que remarqué que mangeait comme quatre. »

LÉON BIENVENU.

L'USINE DES PRINCES

Pendant les trois jours de vacances que je viens de prendre,
j'ai eu l'occasion de visiter (est-ce un songe ?) une usine impor-
tante, et dont les produits ne laissent pas d'être fort curieux.

Cette usine (où diable est-elle située ?) emploie un nombre
considérable d'ouvriers, mais on y travaille beaucoup plus pré-
sentement pour l'étranger que pour la France. Ce qu'on y ma-
nufacture est spécialement destiné à l'usage des personnes qui
se croient le droit, de père en fils, de conduire les gens comme
de simples troupeaux de mou tons, leur prenant leur laine, et
les menant à l'abattoir quand cela leur plaît-

J'ai donc eu le plaisir (?) de visiter l'Usine des Princes.

C'est là que se font toutes les choses qu'un souverain qui se
respecte, s'il ne respecte pas les autres, doit portér sur lui, sa vie
durant.

On y fabrique, en un mot,les accessoires du trône, les «attri-
buts de la grandeur royale », les emblèmes « de la puissance
souveraine. »

*

C'est dans l'Usine des Princes, par exemple, que fut confec-
tionné le fameux diplôme de Père des Lettres, décerné à Fran-
çois Ier par ses plats courtisans. Excellent père des lettres, en
effet, mais à la façon de Saturne, qui dévorait ses enfants, car
cet admirable père laissa brûler à petit feu,et même à grand feu,
son savant ami Etienne Dolet. En fait de Renaissance, Fran-
çois I" se distingua également par la façon dont il protégea les
idées nouvelles. Il fit massacrer des milliers de Vaudois, qui
commettaient le crime d'être moins absurdes, moins hypocrites
et surtout moins débauchés que les catholique» d'alors.

'L'Usine des Princes a fourni à Louis XIV son titre de « protec-
teur des arts et des lettres. »

C'est, tout dire. _ ■

■ La, misère dejCoxneille, de Crébillon le père, de La Fontaine,
et de vingt autres, est là pour attester combien le protectorat dé
Louis, ce Joseph Prudhomme rayonnant, fut efficace et intelli-
gent.

*

Dans l'Usine des Princes on tisse, on taille et on coud les vê-
tements pour le deuil que prennent les rois et leur cour quand
meurt un potentat quelconque.

Dans la poche des vêtements, s'il s'agit de les porter pour dé-
plorer la perte d'un parent, il y a deux petites bouteilles de
larmes rectifiées.

L'eau bénite de cour se distille également dans l'Usine des Prin-
ces. On l'expédie par tonnes en Angleterre, en Italie, en Tur-
quie et en Chine. C'est l'Angleterre et la Chine qui en font la
plus grande consommation.

Un autre article fort demandé à l'usine, ce sont les promesses
des prétendants. Trois cents ouvriers, travaillant nuit et jour,
sont occupés à cette besogne. Les promesses sont des petits
gâteaux très-geatiment façonnés, peints do couleurs aimables
sentant bon, et saupoudrés de sucre candi. Mais c'est creux et
vide, et quand il prend fantaisie au peuple d'y goûter il lui
reste un arrière-goût des plus amers sur la langue.

C'est l'Espagne et la France qui mangeaient le plus de ces
petits gàteaux-là dans le temps. Maintenant le principal ache-
teur de promesses est don Carlos.

• ■ "i ,>. jfc " ■'. '■> ■

.;; ■■ _ ;-: , .

Les mensonges et les parjures sortent aussi do l'Usine 'des
Princes. On conserve dans le musée de cot établissement un
modèle du parjure d'Henri IV, qu'a servi le jour de son abju-
ration. On voit également dajas ce musée io duplicata de l'Edit

de Nantes.

. Les soumissions de Gaston d'Orléans, soumissions en carton
peint, avec des larmes de repentir sur le couvercle, figurent
encore dans le musée de l'Usine des, fVfoees,

Les faux serments se vendent à la grosse. C'a no coûte pas

très-cher. On voit par là que les prétendant^ gens de bourse
plate la plupart, peuvent se fournir à Y Usine des Princes sans
trop se ruiner, ni saos ruiner les excellentes dames qui les ai-
dent dans leurs malheurs,

Le serment du prince-président de la République française a
néanmoins été payé fort cher, vu sa taille ot sa forme inusi-
tée.

A l'usine des Princes on peut se procurer des assortiments
de saints affables, de poignées de main princières, d'airs qui n'ap-
partiennent qu'aux races royales, etc., etc., au plus juste prix.

Mais pour les amnisties accordées, on traite de gré à gré.

Les « marques d'amour pour le peuple, » les « amours du bien
public, » les « respects de la volonté nationale » se vendent à la
douzaine, enveloppés dans des discours du trône des meilleurs
faiseurs. On ne vend pas les discours du trône sans les « marques
de respect pour la volonté nationale, » et surtout un paquet au
moins de « grâce à la Providence qui protège la France. »
■ S , ■' • * - •

Enfin, l'usine des Princes renferme tout ce que peut désirer
un roi, ou un prince prêt à faire toutes les vilenies possibles
afin de le devenir. C'est donc avec une bien douce satisfaction
que j'ai parcouru cet utile établissement.

Pour la bonne bouche, on a bien voulu me montrer encore
les annexes de l'Usine. Dans ces annexes se fabriquent, avec une
rapidité vertigineuse, les principes des familles de Bourbon et
d'Orléans. Principes en caoutchouc ramolli, comme on sait.
Des légions de travailleurs brassent, étirent, assouplissent sans-
relâche le caoutchouc, depuis deux ans. On est arrivé à faire
pour les familles des principes qui peuvent tenir dans une noi-
sette, si l'on veut, ou qui, grâce à leur souplesse, peuvent aller
de Paris à Pé-King, et retour, sans se rompre.

C'est le triomphe de l'art, en vérité.

A l'usine des Princes on est très-content des résultats obtenus
jusqu'à ce jour. Il n'y a que les princes d'Orléans qui ne sont
pas très-satisfaits.

— Pas encore assez élastique! disent-ils toujours. — Pas
encore assez élastique!

E. D'HERVILLY.

LA CONSPIRATION DE BELFORT

ou

NOUS L'AVONS ÉCHAPPÉ BELLE !

Tout le monde sait à présent que l'arrêt prémédité de.
M. Thiers à Belfort devait être le signal du plus terrible mou-
vement internationaliste qu'on ait jamais vu.

Les journaux résolument conservateurs .jmt _faiL..de. vains
efforts pour cacher au public que le sinistre vieillard était l'âme
de cette conspiration gigantesque. Le bruit en a transpiré
malgré eux.

Heureusement les préposés de l'ordre moral étaient là qui
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