LES NUITS D'UN FUSIONNARD
THÉODULE seul, calculant. Il a des listes nombreuses autour de lui.
Un et un font trois et quatre font neuf et six font vingt... Ah !
ah! je crois que nous la tenons pour le coup cette majorité plus
Un. (Un domestique entre.) Qu'eSt-Ce que C'est ?
Le domestique. — C'est le courrier du soir. (11 a un énorme
paquet dé lettres.)
Théodule. — Bien, mettez ça là. Laissez-moi... Dos adhé-
sions nouvelles, sans doute. <n décachette fébrifement.) Non, A. qui
se retire. Il ne trouve pas nos déclarations suffisamment caté-
goriques. Voyez-vous ce monsieur, pas catégoriques! il faudrait
peut-être lui faire savoir où nous allons. Plus que ça de pré-
tentions! Si je le savais, parbleu ! je commencerais par m'en
prévenir moi-même. Pas catégoriques!... Eh bien! quoi? c'est
une voix de moins, qui de vingt ôte un reste dix-neuf, (n dé-
cachette «ne autre I«*tre.)
A la bonne heure ! B... est enthousiasmé de notre plan, lui!
L'idée du drapeau réversible l'enchante. Une bonne recrue,
que B.! Qu'est-ce que je comptais? dix-neuf. J'ajoute un; c'est
donc cent quatre-vingt onze. Ah! ah! ça va bien. Quand je
disais que nous l'aurions cette majorité plus un! (u décachett^
une nouvelle lettre. — Mouvement.)
Qu'est-ce que C. m'apprend? Que D. vient de partir pour la
Suisse. Par cette saison! Et il compte faire l'ascension du Rigi.
A-t-on jamais vu ! 11 ne songe donc pas au danger des glaciers?
Une de nos vois les plus assurées. Si nos voix les plus assurées
ne sont pas plus assurées que cela, que sera-ce donc de celles
qui ne le sont pas. «Je vais lui écrire en toute hâte de rester
chez lui. Aller se promener en Suisse, il ferait beau voir! On
se doit à son parti! Mais où envoyer ma lettre. S'il est en route
déjà. Ah ! je me le représente roulant de précipice en précipice.
Horreur! Encore une voix bien aventurée ! Je vais le reporter de
la colonne des sûrs à la colonne des douteux. De cent quatre-
vingt-onze, si je retranche un, il me reste cent quatre-vingt-
dix. Cent quatre-vingt-dix sûrs, ça n'est déjà pas si mauvais.
Mais, j'y pense. Je devais écrire à M. R. Comprend-on, un
vote aussi précieux qui s'avise de courir la plaine du matin au
soir, avec un carnier au côté ! jVite, une feuille de papier à let-
tre, (il écrit.)
« Mon ami,
« La situation est trop tendue pour que nous vous permet-
tions de vous adonner àl'us:ige dangereux des armes à feu. Les
fusils sont très-peu soignés aujourd'hui. Il ne faudrait pas que
l'explosion d-une arme trop chargée ou mal fabriquée pût avoir
une influence décisive sur les destinées du pays.
« A vous de cœur. »
Là avant de cacheter, bourrons l'enveloppe de ces accidents
de chasse que j'ai découpés dans les faits divers des journaux
du malin. (Il brise un nouveau cachet.)
Une lettre de F. Il a été voir Gr. Très-biea ! [On lui avail
rapporté que F. avait des chevaux très-fringants ; il l'a sommé
de s'en défaire immédiatement... au nom du parti ! Il a bien
fait ; un accident est si vite arrivé. G. a fait le sacrifice de ses
chevaux. Ah! bravo! bravo ! Je me sens ému jusqu'aux lar-
mes. Je comptais G. dans les demi-sûrs, il faut le ranger parmi
les sûrs. A 190, j'ajoute 1 ; ça fait 191 sûrs, (n ouvre une nou-
velle lettre )
Allons, bon! voilà K. qui reprend sa vie de polichinelle. On
le rencontre tous les soirs sur le boulevard avec des petites
dames, ci toujours avec de nouvelles. Ça n'est pas une exis-
tence que celle-là!... Le malheureux va se tuer à ce jeu-là. (n
prend viven ent la plume.)
« SI Mi cher K.,
n iSoye; donc plus sage ! Lo cœur, sans doute, a ses droits ;
miiis la grande cause de Tordre moral a bien aussi les siens.
Clara est très-gentille ; que ne vous en tenez-vous à elle. Je ne
vous le demande pas seulement en mon nom, mais au nom de
tous nos amis politiques.
« Croyez*moi, etc. *
Encore un que j'ai peut-être eu tort de ranger parmi les sûrs,
avec un cœur aussi volîigo ! Bah ! si on s'écoutait, il ne reste-
rait plus personne à mettre dans, la colonne des sûrs. Je devrais
peut-être calculer ensemble les demi-sûrs et les douteux. Il y a
tant de douteux qui sont à domi-sùfs et tant de demi-sûrs qui
sont douteux. Deux etun quatre et deux sept... Mais, j'oubliais
cette lettre (n l'ouvre.)
Encore deux recrues. X. et Z. ! Bonne journée !... Ah ! diable.
Nous n'avons pas de chance avec nos recrues. X. a un duel
imminent et Z. se meurt. Nous nepouvons pas tolérer ce duel,
nous ne pouvons admettre cette mort. Je vais écrire... Mon
Dieu quelle correspondance active ! (Il prend une feuille de papier.)
« Mon brave X.,
« J'apprends à l'instant par S. que vous avez une affaire
d'honneur. J'ignore complètement les détails de cette affaire ;
mais, quels qu'ils soient, il n'y a pas à hésiter un instant :
' faites des excuses à votre adversaire. S'il les demande plates,
faites-les plates. Vous vous dqvez avant tout au salut de la
France !
« Bien' à vous. »
Et d'Ûnc! (il prend une seconde feuille.)
« Excellent Z,
« 11 paraît que vous êtes au lit. Quelle maladresse en un pa-
reil moment ! Je compte sur vous pour tenir tête quand même
à la maladie. Dites à votre médecin qu'il doit coûte que coûté
vous faire encore aller six semaines au moins.
« Ex in®?»
Là. (n cachette.) Pourvu qu'ils suivent bien mes recommanda-
tions, c'est encore deux voix à ajouter à la colonne des sûrs.
Si à 1901 j'ajoute 2, Cela me donne 19,012. (Après un moment de
réflexion.) Dix-neuf mille douze, j'ai dû' me tromper; nous ne
sommes pas sept cent cinquante en tout à la Chambre. Dieu !
quels calculs ! Ma tête en Saute! (Il prend sa tête dans ses mains.) Et
dire! .que c'est toujours à recommencer, (se remettant à compter.)
Deux et deux font cinq et trois font douze, et s'il faut vingt-
deux...
PAUL PARFA».
GAZETTE A LA MAIN
... Dites, vous rappelez-vous les vers tombés, — comme une
grappe de perles noires, — de la plume de philoxène Boyer sur
le vélin glacé d'un album :
Près de Varie-Antoinette, .
Dans le Petit-Tiianon,
Fùtes-vous pas bergerette ?
Vous a-t-on conté fleurette
Aux bords du nouveau Liguoii,
Près de Marie Antoinette ?
Des fleurs sur votre houlette,
Uu surnom sur votre nom,
Kùtes-vous pas bergerette ?
Eiiez-vous, noble soubrette,
Comme Iris avec Judod,
l'rùs de Marie-Antoinette ?
0 marquise fans aiyrett»,
Sans diamants, sauslition,
Filtes-vous pas bergerette V ■
Ah ! votre simple cornette
Aurait converti Néron.
Près de Marie-Antoinette,
Fûtes vous pas bergerette ?
Cette villanelk du bon vieux temps est intitulée : A Trianon,
Trianon!.,.
Ce buen-retiro des folies champêtres est devenu l'objectif des
lorgnettes du monde entier...
Qu'il nous soit permis, cependant, de ne pas vous entretenir
î drame lamentable et plein d'enseignements qui se déroule
du
entre ses colonnettes de marbre rose...
Nous aurons le loisir d'y revenir plus tard.
Aussi bien, nous n'en sommes encore qu'au prologue, et la
succession des actes et des tableaux menace de tenir le public
en suspens jusque vers le milieu de décembre.
Attendons dune, pour nous former une opinion, qu'il nous
soit donné de savoir qui nous devons siffler davantage, — du
héros principal ou de certains comparses, dont le rôle, — obscur
jusqu'alors, — demande impérieusement à être éclairci en face
des spectateurs émus et impatients !...
S'il vous plaît, faisons excursion à travers des théâtres et des
pièces plus gais...
Tenez, entrons, par exemple, aux
Variétés
où l'on vient de reprendre la Vie Parisienne, de Meilhac et d'Ha-
lévy, — les deux moralistes qui connaissent le mieux lo cœur
humain qui palpite entre le Moulin Ëoùge et la Maison-Dorée.
Certes, la Vie Parisienne est très-spirituellement ressuscitée
par Dupuis, par Grenier, par Léonce et par Mlle Zulma
Bouflar...
C'est égal, je regrette le nez d'Hyacinthe, — ce nez qui me
faisait venir à la bouche ces alexandrins maearoniques de nos
pauvres chers amis, — morts, ruais non oubliés, — Charles Ba-
taille et Amôdéc Rolland :
Vous possédez, baron, une chose nasale
D'un dessin fort correct, sonore et musicale.
Cet instrument, sans doute, auprès de ta Beauté
Peut, en des cas nombreux, offrir son bon côté ;
Pourtant, si l'on vous dit que c'est beau, l'on vous trompe :
C'est trop long pour un nez, trop court pour une trompe.
Vaudeville.
Tandis que l'on répète l'Oncle Sam à toute vapeur, on y a
remonté une vieille comédie, qui n'en est pas plus mauvaise
pour cela :
Avec Dianah et la Chambre bleue, les Exploits de César compo-
sent une affiche des plus ravigotantes.
A ce propos, l'on me raconte l'anecdote suivante :
Les gens qui sollicitent des auteurs et des acteurs des billets
de faveur ont souvent de bien bonnes naïvetés.
Un monsieur demande, il y a deux jours, une loge à
Thomasse, un excellent comique qui continue ses débuts dans
les Exploits de César. Le lendemain, il Vjent ie trouver au
théâtre pour le remercier.
— Eh bien ! vous êtes-vous amusé, demande l'artiste, qui ce
soir-là, avait été très-applaudi. '
— Certainement; ma femme a ri comme une folle ; ma fille
se roulait; les pièces sont charmantes.... Et puis, comment
pourrait-on s'ennuyer?...
Là, Thomasse flaire le compliment de rigueur et se rengorge
déjà.
Le monsieur continue :
— Ce Delannoy est si amusant !
Délassements-Comiques
Qu'on se le dise : ils viennent de renaître de leurs cendres, —
au faubourg Saint-Martin, — dans la salle des Nouveautés, —
au-dessus de plusieurs entresols!
Allons ! il est encore de beaux jours pour la France!
De beaux jours et des nuits d'écrevisses bordelaises I
Mais qui me rendra janftis l'agréable sans-gène des ancittns
Délassements du boulevard du Temple !
Un soir, — il y a longtemps, - c'était pendant l'été de 1859,
— j'y assistai, delà coulisse, à l'une de ces scènes qui peignent
une situation directoriale :
Il était sept heures dix. Les toits charriaient encore des rayons
de soleil, et le bitume clapotait sous les pieds, quand le rideau
se leva sur le vaudeville qui sert d'ordinaire à essuyer les plâ-
tres.
Mademoiselle Augusta,- - où sont les neiges d'Antan?—était en
scène, et elle avait déjà égrené sa première phrase, quand elle
s'aperçut qu'il n'y avait personne dans la salle.
Quand je dis personne, ce n'est pas un, deux, trois spectateurs.
C'est personne, pas un chat, pas l'ombre d'un chat.
— Dites donc, l'ouvreuse, fit mademoiselle Augusta en s'in-
terrompant tout à coup, on dirait qu'il n'y en a pas un.
— Non ; il faut croire qu'ils sont encore à dîner.
L'actrice prit une chaise, tira de sa poche une bourse au cro-
chet et se mit à travailler à ses petites affaires, tout en conti-
nuant de dialoguer avec l'ouvreuse par-dessus la rampe.
— Au fait, je serais bien bonne enfant de m'égosiller, puisque
nous sommes seules.
— C'est vrai. Voulez-vous que je vous jette un petit banc?
— Merci, je suis bien comme cela.
— Qu'est-ce que vous faites donc là, sans vous commander?
— Je finis une bourse au crochet pour un de mes amis.
— Ah ! je comprends. Avez-vous vu la Tireuse de Cartes ?
— Pas encore ; mais j'irai dès que nous ferons relâche.
— Quelle chaleur il a fait aujourd'hui, hein?
— Ah! ne m'en parlez pas, j'ai passé toute ma journée au
bain froid,
— Est-ce que voua nagez, vous ?
Au lieu de répondre, mademoiselle Augusta se leva subite-
ment, serra son crochet, et prenant une attitude :
— Ah ! les hommes, s'écria-t-elle d'un ton convaincu, ils
voient une jeune fille innocente, et ils se disent : Tiens ! elle
me plaît, cette petite, elle a du galbe, je lui offrirais bien une
voiture... à l'heure... et nous autres, pauvres folles, nous ac-
ceptons sans nous douter que
Air : J'en guette un petit de mon âge.
Consciencieuse comme une artiste des Délassements, made-
moiselle Augusta avait vu entrer un monsieur bien mis aux
fauteuils de balcon et continuait la pièce.
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THÉODULE seul, calculant. Il a des listes nombreuses autour de lui.
Un et un font trois et quatre font neuf et six font vingt... Ah !
ah! je crois que nous la tenons pour le coup cette majorité plus
Un. (Un domestique entre.) Qu'eSt-Ce que C'est ?
Le domestique. — C'est le courrier du soir. (11 a un énorme
paquet dé lettres.)
Théodule. — Bien, mettez ça là. Laissez-moi... Dos adhé-
sions nouvelles, sans doute. <n décachette fébrifement.) Non, A. qui
se retire. Il ne trouve pas nos déclarations suffisamment caté-
goriques. Voyez-vous ce monsieur, pas catégoriques! il faudrait
peut-être lui faire savoir où nous allons. Plus que ça de pré-
tentions! Si je le savais, parbleu ! je commencerais par m'en
prévenir moi-même. Pas catégoriques!... Eh bien! quoi? c'est
une voix de moins, qui de vingt ôte un reste dix-neuf, (n dé-
cachette «ne autre I«*tre.)
A la bonne heure ! B... est enthousiasmé de notre plan, lui!
L'idée du drapeau réversible l'enchante. Une bonne recrue,
que B.! Qu'est-ce que je comptais? dix-neuf. J'ajoute un; c'est
donc cent quatre-vingt onze. Ah! ah! ça va bien. Quand je
disais que nous l'aurions cette majorité plus un! (u décachett^
une nouvelle lettre. — Mouvement.)
Qu'est-ce que C. m'apprend? Que D. vient de partir pour la
Suisse. Par cette saison! Et il compte faire l'ascension du Rigi.
A-t-on jamais vu ! 11 ne songe donc pas au danger des glaciers?
Une de nos vois les plus assurées. Si nos voix les plus assurées
ne sont pas plus assurées que cela, que sera-ce donc de celles
qui ne le sont pas. «Je vais lui écrire en toute hâte de rester
chez lui. Aller se promener en Suisse, il ferait beau voir! On
se doit à son parti! Mais où envoyer ma lettre. S'il est en route
déjà. Ah ! je me le représente roulant de précipice en précipice.
Horreur! Encore une voix bien aventurée ! Je vais le reporter de
la colonne des sûrs à la colonne des douteux. De cent quatre-
vingt-onze, si je retranche un, il me reste cent quatre-vingt-
dix. Cent quatre-vingt-dix sûrs, ça n'est déjà pas si mauvais.
Mais, j'y pense. Je devais écrire à M. R. Comprend-on, un
vote aussi précieux qui s'avise de courir la plaine du matin au
soir, avec un carnier au côté ! jVite, une feuille de papier à let-
tre, (il écrit.)
« Mon ami,
« La situation est trop tendue pour que nous vous permet-
tions de vous adonner àl'us:ige dangereux des armes à feu. Les
fusils sont très-peu soignés aujourd'hui. Il ne faudrait pas que
l'explosion d-une arme trop chargée ou mal fabriquée pût avoir
une influence décisive sur les destinées du pays.
« A vous de cœur. »
Là avant de cacheter, bourrons l'enveloppe de ces accidents
de chasse que j'ai découpés dans les faits divers des journaux
du malin. (Il brise un nouveau cachet.)
Une lettre de F. Il a été voir Gr. Très-biea ! [On lui avail
rapporté que F. avait des chevaux très-fringants ; il l'a sommé
de s'en défaire immédiatement... au nom du parti ! Il a bien
fait ; un accident est si vite arrivé. G. a fait le sacrifice de ses
chevaux. Ah! bravo! bravo ! Je me sens ému jusqu'aux lar-
mes. Je comptais G. dans les demi-sûrs, il faut le ranger parmi
les sûrs. A 190, j'ajoute 1 ; ça fait 191 sûrs, (n ouvre une nou-
velle lettre )
Allons, bon! voilà K. qui reprend sa vie de polichinelle. On
le rencontre tous les soirs sur le boulevard avec des petites
dames, ci toujours avec de nouvelles. Ça n'est pas une exis-
tence que celle-là!... Le malheureux va se tuer à ce jeu-là. (n
prend viven ent la plume.)
« SI Mi cher K.,
n iSoye; donc plus sage ! Lo cœur, sans doute, a ses droits ;
miiis la grande cause de Tordre moral a bien aussi les siens.
Clara est très-gentille ; que ne vous en tenez-vous à elle. Je ne
vous le demande pas seulement en mon nom, mais au nom de
tous nos amis politiques.
« Croyez*moi, etc. *
Encore un que j'ai peut-être eu tort de ranger parmi les sûrs,
avec un cœur aussi volîigo ! Bah ! si on s'écoutait, il ne reste-
rait plus personne à mettre dans, la colonne des sûrs. Je devrais
peut-être calculer ensemble les demi-sûrs et les douteux. Il y a
tant de douteux qui sont à domi-sùfs et tant de demi-sûrs qui
sont douteux. Deux etun quatre et deux sept... Mais, j'oubliais
cette lettre (n l'ouvre.)
Encore deux recrues. X. et Z. ! Bonne journée !... Ah ! diable.
Nous n'avons pas de chance avec nos recrues. X. a un duel
imminent et Z. se meurt. Nous nepouvons pas tolérer ce duel,
nous ne pouvons admettre cette mort. Je vais écrire... Mon
Dieu quelle correspondance active ! (Il prend une feuille de papier.)
« Mon brave X.,
« J'apprends à l'instant par S. que vous avez une affaire
d'honneur. J'ignore complètement les détails de cette affaire ;
mais, quels qu'ils soient, il n'y a pas à hésiter un instant :
' faites des excuses à votre adversaire. S'il les demande plates,
faites-les plates. Vous vous dqvez avant tout au salut de la
France !
« Bien' à vous. »
Et d'Ûnc! (il prend une seconde feuille.)
« Excellent Z,
« 11 paraît que vous êtes au lit. Quelle maladresse en un pa-
reil moment ! Je compte sur vous pour tenir tête quand même
à la maladie. Dites à votre médecin qu'il doit coûte que coûté
vous faire encore aller six semaines au moins.
« Ex in®?»
Là. (n cachette.) Pourvu qu'ils suivent bien mes recommanda-
tions, c'est encore deux voix à ajouter à la colonne des sûrs.
Si à 1901 j'ajoute 2, Cela me donne 19,012. (Après un moment de
réflexion.) Dix-neuf mille douze, j'ai dû' me tromper; nous ne
sommes pas sept cent cinquante en tout à la Chambre. Dieu !
quels calculs ! Ma tête en Saute! (Il prend sa tête dans ses mains.) Et
dire! .que c'est toujours à recommencer, (se remettant à compter.)
Deux et deux font cinq et trois font douze, et s'il faut vingt-
deux...
PAUL PARFA».
GAZETTE A LA MAIN
... Dites, vous rappelez-vous les vers tombés, — comme une
grappe de perles noires, — de la plume de philoxène Boyer sur
le vélin glacé d'un album :
Près de Varie-Antoinette, .
Dans le Petit-Tiianon,
Fùtes-vous pas bergerette ?
Vous a-t-on conté fleurette
Aux bords du nouveau Liguoii,
Près de Marie Antoinette ?
Des fleurs sur votre houlette,
Uu surnom sur votre nom,
Kùtes-vous pas bergerette ?
Eiiez-vous, noble soubrette,
Comme Iris avec Judod,
l'rùs de Marie-Antoinette ?
0 marquise fans aiyrett»,
Sans diamants, sauslition,
Filtes-vous pas bergerette V ■
Ah ! votre simple cornette
Aurait converti Néron.
Près de Marie-Antoinette,
Fûtes vous pas bergerette ?
Cette villanelk du bon vieux temps est intitulée : A Trianon,
Trianon!.,.
Ce buen-retiro des folies champêtres est devenu l'objectif des
lorgnettes du monde entier...
Qu'il nous soit permis, cependant, de ne pas vous entretenir
î drame lamentable et plein d'enseignements qui se déroule
du
entre ses colonnettes de marbre rose...
Nous aurons le loisir d'y revenir plus tard.
Aussi bien, nous n'en sommes encore qu'au prologue, et la
succession des actes et des tableaux menace de tenir le public
en suspens jusque vers le milieu de décembre.
Attendons dune, pour nous former une opinion, qu'il nous
soit donné de savoir qui nous devons siffler davantage, — du
héros principal ou de certains comparses, dont le rôle, — obscur
jusqu'alors, — demande impérieusement à être éclairci en face
des spectateurs émus et impatients !...
S'il vous plaît, faisons excursion à travers des théâtres et des
pièces plus gais...
Tenez, entrons, par exemple, aux
Variétés
où l'on vient de reprendre la Vie Parisienne, de Meilhac et d'Ha-
lévy, — les deux moralistes qui connaissent le mieux lo cœur
humain qui palpite entre le Moulin Ëoùge et la Maison-Dorée.
Certes, la Vie Parisienne est très-spirituellement ressuscitée
par Dupuis, par Grenier, par Léonce et par Mlle Zulma
Bouflar...
C'est égal, je regrette le nez d'Hyacinthe, — ce nez qui me
faisait venir à la bouche ces alexandrins maearoniques de nos
pauvres chers amis, — morts, ruais non oubliés, — Charles Ba-
taille et Amôdéc Rolland :
Vous possédez, baron, une chose nasale
D'un dessin fort correct, sonore et musicale.
Cet instrument, sans doute, auprès de ta Beauté
Peut, en des cas nombreux, offrir son bon côté ;
Pourtant, si l'on vous dit que c'est beau, l'on vous trompe :
C'est trop long pour un nez, trop court pour une trompe.
Vaudeville.
Tandis que l'on répète l'Oncle Sam à toute vapeur, on y a
remonté une vieille comédie, qui n'en est pas plus mauvaise
pour cela :
Avec Dianah et la Chambre bleue, les Exploits de César compo-
sent une affiche des plus ravigotantes.
A ce propos, l'on me raconte l'anecdote suivante :
Les gens qui sollicitent des auteurs et des acteurs des billets
de faveur ont souvent de bien bonnes naïvetés.
Un monsieur demande, il y a deux jours, une loge à
Thomasse, un excellent comique qui continue ses débuts dans
les Exploits de César. Le lendemain, il Vjent ie trouver au
théâtre pour le remercier.
— Eh bien ! vous êtes-vous amusé, demande l'artiste, qui ce
soir-là, avait été très-applaudi. '
— Certainement; ma femme a ri comme une folle ; ma fille
se roulait; les pièces sont charmantes.... Et puis, comment
pourrait-on s'ennuyer?...
Là, Thomasse flaire le compliment de rigueur et se rengorge
déjà.
Le monsieur continue :
— Ce Delannoy est si amusant !
Délassements-Comiques
Qu'on se le dise : ils viennent de renaître de leurs cendres, —
au faubourg Saint-Martin, — dans la salle des Nouveautés, —
au-dessus de plusieurs entresols!
Allons ! il est encore de beaux jours pour la France!
De beaux jours et des nuits d'écrevisses bordelaises I
Mais qui me rendra janftis l'agréable sans-gène des ancittns
Délassements du boulevard du Temple !
Un soir, — il y a longtemps, - c'était pendant l'été de 1859,
— j'y assistai, delà coulisse, à l'une de ces scènes qui peignent
une situation directoriale :
Il était sept heures dix. Les toits charriaient encore des rayons
de soleil, et le bitume clapotait sous les pieds, quand le rideau
se leva sur le vaudeville qui sert d'ordinaire à essuyer les plâ-
tres.
Mademoiselle Augusta,- - où sont les neiges d'Antan?—était en
scène, et elle avait déjà égrené sa première phrase, quand elle
s'aperçut qu'il n'y avait personne dans la salle.
Quand je dis personne, ce n'est pas un, deux, trois spectateurs.
C'est personne, pas un chat, pas l'ombre d'un chat.
— Dites donc, l'ouvreuse, fit mademoiselle Augusta en s'in-
terrompant tout à coup, on dirait qu'il n'y en a pas un.
— Non ; il faut croire qu'ils sont encore à dîner.
L'actrice prit une chaise, tira de sa poche une bourse au cro-
chet et se mit à travailler à ses petites affaires, tout en conti-
nuant de dialoguer avec l'ouvreuse par-dessus la rampe.
— Au fait, je serais bien bonne enfant de m'égosiller, puisque
nous sommes seules.
— C'est vrai. Voulez-vous que je vous jette un petit banc?
— Merci, je suis bien comme cela.
— Qu'est-ce que vous faites donc là, sans vous commander?
— Je finis une bourse au crochet pour un de mes amis.
— Ah ! je comprends. Avez-vous vu la Tireuse de Cartes ?
— Pas encore ; mais j'irai dès que nous ferons relâche.
— Quelle chaleur il a fait aujourd'hui, hein?
— Ah! ne m'en parlez pas, j'ai passé toute ma journée au
bain froid,
— Est-ce que voua nagez, vous ?
Au lieu de répondre, mademoiselle Augusta se leva subite-
ment, serra son crochet, et prenant une attitude :
— Ah ! les hommes, s'écria-t-elle d'un ton convaincu, ils
voient une jeune fille innocente, et ils se disent : Tiens ! elle
me plaît, cette petite, elle a du galbe, je lui offrirais bien une
voiture... à l'heure... et nous autres, pauvres folles, nous ac-
ceptons sans nous douter que
Air : J'en guette un petit de mon âge.
Consciencieuse comme une artiste des Délassements, made-
moiselle Augusta avait vu entrer un monsieur bien mis aux
fauteuils de balcon et continuait la pièce.
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