L'ECLIPSE
PENSÉES D'UN LUNATIQUE
La France serait sauvée si tous les Français prenaient le
parti de n'en faire qu'un.
Le parti soi-disant des conservateurs est mal nommé ; on
devrait l'appeler le parti des conservés, car ceux qui le compo-
sent sont tels qu'ils ont toujours été. Ils n'ont rien appris ni
rien oublié.
Pour guérir un peuple de l'envie d'avoir un maître, il n'est
rien de meilleur qu'un tyran ; c'est un remède souverain.
L'Univers, la Gazette, en feuilles Obstinées,
Proposent à l'Espagne un monarque au bas cours.
L'Espagneleur répond: « Merci,gardez votre ours,
Nous avons bien assez de ceux des Pyrénées.
' Quand Saint-Genest, du Figaro ne parle pas politique, il rai-
sonne bien ; seulement il parle toujours politique.
Ce que l'on peut appeler viande creuse, ce sont les appas de
M"« X...
Pour dans son jeu mettre les as,
Mieux vaut (fû -il grand homme ou cuistre)
. Avoir l'oreille d'un ministre,
Quei'oreille du roi... Midas.
En supprimant la guillotine, la République a prouvé, en
1848, qua ce gouvernement est celui qui divise le moins.
Lorsque les tripières sont de mauvaise humeur, elles ne
cachent pas leur moue.
Ce qu'on noninie état d'arrestation, c'est le métier de sergent
de ville.
Je connais.un photographe qui a une singulière façon d'opé-
rer : il tire le diable par la queue.
Un billet à vue est encore plus agréable à toucher qu'à re-
garder.
Une assemblée de bavards, c'est une tour de babil.
Dernière nouvelle :
Malgr■'■ la coutume et les us,
Il paraîtrait, chères lectrices,
Que l'accès de nos omnibus
Est supprimé pour les nourrices.
Un docteur sérieusement
"Vient de constater tout à l'heure,
Qu'aux nourrices le mouvement
Pouvait changer le lait en beurre.
HlPPOLYïE BniOLLET.
GAZETTE A LA MAIN
Jeanne d'Arc.
M. Jules Barbier n'est pas le premier à qui l'idée soit venue
de superposer l'auréole des feux de la rampe au nimbe céleste
dos élues, des saintes et des martyes sur le front de ce « gar-
çonnet enjuponné » dont nous parlait, — dernièrement, — je
ne sais pius quel quidam voltairisateur dans j'ai oublié quelle
gazette :
En outre du nommé Schiller, — Allemand de quelque dis-
tinction, — et des sieurs Soumet et d'Avrigny, poètes classiques
non moins estimés d« la Restauration que de>;x mêmes, —
lesquels ont écrit sur Jeanne d'Arc, celui-là un drame fantai-
siste, qui renferme des scènes d'un poignant intérêt, ceux-ci,
deux tragédies, dont le mérite réel est d'avoir eu pour inter-
prètes Rachel et ta Ducliesnois...
Indépendamment, disons-nous, de ces auteurs connus, et du
« divin » Shuk-speare, qui l'a fait figurer dans Henri IV, — la
physionomie héroïque et touchante de la vierge de Domremy
a été iraduite au théâtre par une infinité de gens...
Les éditeurs du Mystère du siège d'Orléans en enumèrent déjà
plus de soixante...
Une chose aussi curieuse, au moins, que cette œuvre du
quinzième siècle, c'est de voir la Pucelie jouer un rôle dans une
pièce représentée à Rat.sbonne en 1430, — c'est-à-dire de son
vivant, — un an à peine avant sa mort. .
Le sujet de cette actualité était la guerre contre les Hussites.
C'est M. de Hormayr qui donne, — en courant, — ce fait dans
son Taschenbuch pour 1834. Nous n'en repondrions pas autre-
ment.
m
Particularités non moins originales :
Un journal de 1790 annonce la mise en répétition a la Comé-
die-Française d'une Jeanne d'Arc de Ronsin. OeRonsin fut, plus
tard, général de la République. 11 linit sur l'echafaud en 1795.
En cette même année, - 179i>, le public de Covent-Gar-
den, à Londres, accueillit par des sifflets et des huées le dénoue-
ment d'un ouvrage où l'héroïne d'Orléans était enlevée par des
'démons. Le lendemain, on changea ce dénouement, — et les
compatriotes de Talbot applaudirent à outrance Jeanne empor-
tée au .ciel par un chœur d anges et de séraphins.
Citons encore ce Litre : La fucelle de Vuucouleurs, tragédie en
prose selon la vérité de Vhisloire et les rigueurs du théâtre, par
l'abbé u'Aubignao. Le grand Coudé disait a ce propos :
— Je sais gré à l'abbé d'avoir suivi les règles dAristote;
mais du diable si je pardonnerai jamais à Anstote d'avoir fait
faire une si méchante pièce à l'abbé!
En ce moment, la Jeanne d'Arc, de M. Jules Barbier, obtient
un très-légitime succès à la Gaieté. Un souffle ardent do patrio-
tisme anime cette œuvre oii ]es passions ordinaires du drame
ne peuvent trouver do place chez le principal personnage.
Celui-ci est, du reste, tenu p!lP j^n» Lia Félix avec un talent
nerveux et frémiss mt qui mérite d'attirer tout Paris. Les scè-
nes qui terminent le quatrième acte ont surtout été dites par
elle avec une énergie et une vigueur sublimes : elle y est ful-
gurante d'inspiration et d'indignation.
La musique est conçue dans ce style sévère et magistral qui
accuse l s tendances de M. GoUnod au genre religieux et aux
formules anciennes. L instrumentation en contient des effets
habisements combinés et d'uIJe sonorité puissante.
L'ouvrage a été monté avec un luxe, un soin, un art, une in-
telligence qu'on ne saurait trop louer. Les décoratious sont des
merveilles. Les costumes ont été copiés sur les manuscrits ' de
la Bibliothèque u..tionate : jamais ou n'a rien admiré de plus
spleudide, de plus prestigieux et de plus vrai. Le ballet des
nbaudes est uu tableau aussi ingénieusement peint que possi-
ble, avec des figurantes pour couleurs.
Il s'agissait d'un monsieur dont le marque de propreté est
bien connu.
— Comment se fait-il que p... a toujours les mains si sales'?
demauda-t-on. ,
— C'est, répondit B...* qu'il a la très-mauvaise habitude de
les porter à sa figure.
On attribue à un fantaisisteà tous crins ce mot que je trouve,
quant à moi, fort original, pour le moins :
— Ce qui prouve que Balzac était un écrivain hors ligne,c'est
qu'il s'est soucié défaire un grand livre et pas un enfant.
Calino se trouvait dernièrement dans un château — de ses
amis — plein do chasseurs et de bruit.
Le lendemain de son arrivée — dès l'aube — les chiens fai-
saient grand tapage dans la cour : le départ pour la chasse était
imminent.
Le voisin de chambre de Calino vient l'avertir officieusement
qu'il est temps de se lever, s'il veut courir le lièvre Calino ré-
pond qu'il préfère rêver dans son lit « aux douces émana-
tions de la rosée matinale » que d'aller tremper ses pieds de-
dans.
— Alors je m'en vais, dit le voisin.
Il tournait déjà le bouton de la porte, lorsque faisant tout à
coup vol ti-face :
— Un conseil, mon cher Calino :'prenez bien garde de faire
du bruit en dormant — de peur de vous réveiller !
Calino chercha tellement à comprendre qu'il ne put jamais
se rendormir.
na femme d'un bibliomane. — Ah! mon ami ! il y a
des moments où je voudrais être un de tes livres, pour que tu
sois plus souvent près de moi.
le bibliomane. — Je ne m'y oppose pas, — âla condition
que tu sois un aimanach, alors !
la fiimme. — Pourquoi un aimanach?
le bibliomane. — On en a tous les ans un .autre.
Petite bibliographie.
M. Albert Mérat n'a fait le plaisir, — le très-grand plaisir,
— de m'euvoye: sa dernière plaquette de vers : {'Adieu,
Lès l'abord, j'avais pris la plume pour transcrire ici même
quelques-unes do ces strophes amoureuses et attendries.
Mais ,]e me suis tiouvé dans la position de cette Morgiane,
du conte arabe, qui, introduite dans la caverne d'Ali-Baba, ne
savait quoi emporter, des sequins ou des pierreries.
J'aime mieux vous renvoyer chez l'éditeur Lemerre. Son ma-
gasin, bourré de rimes d'or, est la caverne des quarante... par-
nassiens.
Je demandais un jour à Noriac pourquoi on disait toujours
« fin comme l'ambre. »
Je ne nie rendais pas bien compte de cette locution, et je
pensais — sans liel — que ce bois résineux et antédiluvien
jouissait d'une réputation usurpée. Noriac me répondit :
— je pense qu'on dit fin comme l'ambre, parce que l'ambre
a trouvé le moyen d être jaune sans faire rire de lui.
Cette explication aurait dû me satisfaire, mais, poussé par
la manie de discuter, je repris :
— Mais, pardpn, il y a de l'ambre gris.
Noriac me regarda avec pitié, et haussant les épaules, il
ajouta :
— Quand l'ambre est gris, il se moque pas mal de l'opinion.
A quoi je répondis :
— Et moi, donc!
L'historiette de la fin.
A l'Ambigu, pendant le troisième acte du Parricide, un
monsieur, plac • au milieu de l'orchestre, devient inquiet...
Son teint si livide...
Il se tord dans sa stalle...
Tout à coup, il se lève et veut sortir...
Ses voisins l'en empêchent...
Il proteste...
— Après l'acte ! lui répond-on.
Le malade se rassied, malgré lui...
Un insiant après, il se sent soulagé...
Ses couleurs reviennent...
Cette fois, ce sont les voisins qui deviennent inquiets...
Quelques dames respirent des sels...
On s'écarte...
— Sortez, monsieur! mais sortez donc ! s'écrie-t-on de toutes
parts...
L'autre riposte tranquillement :
— Après l'acte !
STAR.
BULLETIN FINANCIER
Les marchés étrangers ont un peu moins la fièvre. Naturellement, le
nôtiv ne Demande aus>i pas mieux que de se calmer. Le pouls de la
rente est meilleur, u'eni^ruut a des velléités de reprise. Si la Banque
d'Angleterre nouvait abaïa. er son es'Oniyte, ça «"ait tout seul.
Le:, valeur» tout assez triste contenance en comparaison des rentes.
Le» institutious de crédit ne battent que d'une ai e. Signalons cepen
d nt la boorn- tenue du Crédi' mobilier. (Jet établus-ment vientde taire
au gouvi-rn.-me.jt ottoman une avance de 76 millions, a valoir sur les
prochains versement» du dernier emprunt, moyennam 12 ti/u d'intérêt,
plus une .-ommis ion de banq .e. C'est une opération qui, tout en aidant
U Por e> va singulièrement grossir les bénences des actionnaires du
Mobilier
Pourquoi toutts les affaire» turques De sont-elles pa^ aussi prospère»!
Voilù le. lots turc», par exemple, qui baissent avec une insistance digne
d'un meilleur bu . Le pacha qui, de la rue d'A'tin, , ié»ide aux desti-
nées de l'enircprisa. aurait il ptndu. ie Noid?.Que Mahomet rende à sa
tert te imagination touie, kes iacultés, et jeS lots iurC3 muntçnt
Tel est le vœu d'un croyant.
SIKltS.
POUR PARAITRE TRÈS-PROCHAINEMENT
Prix du numéro : 30 centimes
LE SPECTATEUR
ARTISTIQUE et LITTÉRAIRE
publié avec la collaborattion
de l'elite des écrivains contemporains
Le Spectateur, imprimé avec le plus grand soin,''en
caractères elzéviriens, sur beau papier glacé, paraîtra chaque
semaine.
En vtet panXcmt IL M0 cU, ici
LANTERNE «kBOÇWILLON fj.a.^>a.int&
EAU DENTIFRICE
Dr TRIFET
18, ne Droaot, Paris
ItemMeur et témoins cher de tous les nèûufrtcet
LE RRDCOL THIAUCOURT
Se trouve partout, leRedcol-Thiaucourt est indispensable, le
reicol-Thiaucourt est très-solide. L'inventeur de ce bain-rn>rie
qui fait sa colle lui-même, est réparateur de curiosiotés, d'anti-
quités et en garantit la supériorité. La manière de s'en s rvir
est des plus commodes. Pour réparer soi-même et sans dépen-
ser tous objets : faïences, porcelaines, meubles, marbres, ver-
reries, etc., etc., employez le Redcol-Thiaucourt, 3G, rue de
Trévise.
Le Comité des Compagnies d'assurances sur la vie, qui ne
comprenait jusqu'à ce jour que six Compagnies : la Générale, la
Nationale, l'Union, le Phénix, la Caisse paternelle et l'Urbaine, en
compte sept aujourd'hui. La Compagnie l'Atlas, fondée et diri-
gée par M. Eugène Reboul, vient d'être admise à en faire.partie.
Cette décision que nous sommes heureux d enregistrer, a été
prise au scrutin secret, à l'unanimité des voix.
"L'Oncle Sam soulève un vio'ent débat ; tou'e la critique a dé-
claré q'ie la plus grande partie de la pièce est prise dans les
scènes de la vie aux états-unis. d'Alfred Assoyant,
dont une nouvelle édition a paru récemment à la Bibliothèque
Charpentier.
Pour juger le différend, il faut lire le livre de M. Assollant,
qui est assurément l'un des plus gais et des plus spirituels de
1 auteur de Marcomir.
Lire également: paris en Amérique, de M. Ed. Labou-
laye; I'amérique actuelle, de M. Emite Jouveaux : noirs
et blancs, do Kurke (Bibliothèque Charpentier). ,
La librairie de la Société des gens de lettres. 5, rue Geoffrov-
Marie, met en vente une édition in-8° de l'Histoire des deux
conspirations du général Malet, par Ernest Hami-1. Cette nouvelle
édition, revue, corrigée et augmentée d'une nouvelle préface et
du portrait. du général Malet, st imprimée avec beaucoup
de soin. C'est un livre dont la place est marquée dans 'outes
les bibliothèques et dont le succès est garanti par celui de l'édi-
tion in-12 de cet ouvrage, publiée antérieurement par la même
librairie.
La librairie Dentu publie sous le titre de : 1870, Bécits du
temps, un volume très intéressant de M. Paul de Jouvencel.
Par suite d'une mission dont il fut chargé pour le gouverne-
ment de Tours, l'auteur s'est trouvé mêlé aux grands événe-
ments de cette douloureuse époque. Ace titre, son livre contient
des documents qui le recommandent à 1 attention de tous ceux
qui étudient.
--*.-
Les valses, polkas, quadrilles de métra, arean et mari
sur la Fille de M™ Angot, viennent de paraître dans les Illustra-
tions musicales (Bernard Latte), ornés des portraits de mesdames
Paola-Mané, Desclauzas, Ra, haèl. Pour piano, prix : 50 centimes,
maison wolher, 12, boulevard Montmartre, galerie Orien-
tale.
La librairie A. Ghio, quai des Grands-Augustins, 41, met
en vente aujourd'hui la 4e livraison de la Guerre franco-alle-
mande de 1870-1871, publiée par la section historique du grand
état-major prussien, sous la direction du feld-maréchal comte
deMoltke, traduction française de M. Costa de Serda, de l'état-
major français (1).
Cette livraison comprend la marche de la troisième armée
allemande sur la Moselle, et les événements militaires jusqu'au
soir du 14 auut. u
(l) Un volume in-8», avec une grande carte tirée en couleur
et 7 croquis dans le texte. Prix : 4 fr. 60 c. - Emoi franco.
InsensibUisateur Ducnesne. — (iuerison, extraction et
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LA MIGNONNE est la meilleure et le meilleur marché
des machines à ooudre, à navette, point indécousable, pour
familles, lingères, couturières, prix: 150 francs. Machine
à main Silencieuse, garantie deux ans, 50 francs. —
ebcande, 3, rue Greneta, 3, paris, dépôt central des machines
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LE DIPLOME DE MÉRITE
a l'exposition universelle de vienne, a été décerné par le jury
a SARAH PEUX, pour sa merveilleuse
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et ses autres produits. Cette récompense prouve combien la concurrence
sera impuissante coutre ces remarquables produits qui viennent, par ce
seul fait, d'obtenir leu's dioiis fle franchises dans toutes 1rs vides de
l'Europe. — EAU des FEES, pommade des fées, eau de toilette des
fees. 43, rue Richer, Paris.
Le Gérant : le révérend.
P*rj* — tajprlmw,» f DOTIONS ,t C1", 16, ru» in Croie»»»»
PENSÉES D'UN LUNATIQUE
La France serait sauvée si tous les Français prenaient le
parti de n'en faire qu'un.
Le parti soi-disant des conservateurs est mal nommé ; on
devrait l'appeler le parti des conservés, car ceux qui le compo-
sent sont tels qu'ils ont toujours été. Ils n'ont rien appris ni
rien oublié.
Pour guérir un peuple de l'envie d'avoir un maître, il n'est
rien de meilleur qu'un tyran ; c'est un remède souverain.
L'Univers, la Gazette, en feuilles Obstinées,
Proposent à l'Espagne un monarque au bas cours.
L'Espagneleur répond: « Merci,gardez votre ours,
Nous avons bien assez de ceux des Pyrénées.
' Quand Saint-Genest, du Figaro ne parle pas politique, il rai-
sonne bien ; seulement il parle toujours politique.
Ce que l'on peut appeler viande creuse, ce sont les appas de
M"« X...
Pour dans son jeu mettre les as,
Mieux vaut (fû -il grand homme ou cuistre)
. Avoir l'oreille d'un ministre,
Quei'oreille du roi... Midas.
En supprimant la guillotine, la République a prouvé, en
1848, qua ce gouvernement est celui qui divise le moins.
Lorsque les tripières sont de mauvaise humeur, elles ne
cachent pas leur moue.
Ce qu'on noninie état d'arrestation, c'est le métier de sergent
de ville.
Je connais.un photographe qui a une singulière façon d'opé-
rer : il tire le diable par la queue.
Un billet à vue est encore plus agréable à toucher qu'à re-
garder.
Une assemblée de bavards, c'est une tour de babil.
Dernière nouvelle :
Malgr■'■ la coutume et les us,
Il paraîtrait, chères lectrices,
Que l'accès de nos omnibus
Est supprimé pour les nourrices.
Un docteur sérieusement
"Vient de constater tout à l'heure,
Qu'aux nourrices le mouvement
Pouvait changer le lait en beurre.
HlPPOLYïE BniOLLET.
GAZETTE A LA MAIN
Jeanne d'Arc.
M. Jules Barbier n'est pas le premier à qui l'idée soit venue
de superposer l'auréole des feux de la rampe au nimbe céleste
dos élues, des saintes et des martyes sur le front de ce « gar-
çonnet enjuponné » dont nous parlait, — dernièrement, — je
ne sais pius quel quidam voltairisateur dans j'ai oublié quelle
gazette :
En outre du nommé Schiller, — Allemand de quelque dis-
tinction, — et des sieurs Soumet et d'Avrigny, poètes classiques
non moins estimés d« la Restauration que de>;x mêmes, —
lesquels ont écrit sur Jeanne d'Arc, celui-là un drame fantai-
siste, qui renferme des scènes d'un poignant intérêt, ceux-ci,
deux tragédies, dont le mérite réel est d'avoir eu pour inter-
prètes Rachel et ta Ducliesnois...
Indépendamment, disons-nous, de ces auteurs connus, et du
« divin » Shuk-speare, qui l'a fait figurer dans Henri IV, — la
physionomie héroïque et touchante de la vierge de Domremy
a été iraduite au théâtre par une infinité de gens...
Les éditeurs du Mystère du siège d'Orléans en enumèrent déjà
plus de soixante...
Une chose aussi curieuse, au moins, que cette œuvre du
quinzième siècle, c'est de voir la Pucelie jouer un rôle dans une
pièce représentée à Rat.sbonne en 1430, — c'est-à-dire de son
vivant, — un an à peine avant sa mort. .
Le sujet de cette actualité était la guerre contre les Hussites.
C'est M. de Hormayr qui donne, — en courant, — ce fait dans
son Taschenbuch pour 1834. Nous n'en repondrions pas autre-
ment.
m
Particularités non moins originales :
Un journal de 1790 annonce la mise en répétition a la Comé-
die-Française d'une Jeanne d'Arc de Ronsin. OeRonsin fut, plus
tard, général de la République. 11 linit sur l'echafaud en 1795.
En cette même année, - 179i>, le public de Covent-Gar-
den, à Londres, accueillit par des sifflets et des huées le dénoue-
ment d'un ouvrage où l'héroïne d'Orléans était enlevée par des
'démons. Le lendemain, on changea ce dénouement, — et les
compatriotes de Talbot applaudirent à outrance Jeanne empor-
tée au .ciel par un chœur d anges et de séraphins.
Citons encore ce Litre : La fucelle de Vuucouleurs, tragédie en
prose selon la vérité de Vhisloire et les rigueurs du théâtre, par
l'abbé u'Aubignao. Le grand Coudé disait a ce propos :
— Je sais gré à l'abbé d'avoir suivi les règles dAristote;
mais du diable si je pardonnerai jamais à Anstote d'avoir fait
faire une si méchante pièce à l'abbé!
En ce moment, la Jeanne d'Arc, de M. Jules Barbier, obtient
un très-légitime succès à la Gaieté. Un souffle ardent do patrio-
tisme anime cette œuvre oii ]es passions ordinaires du drame
ne peuvent trouver do place chez le principal personnage.
Celui-ci est, du reste, tenu p!lP j^n» Lia Félix avec un talent
nerveux et frémiss mt qui mérite d'attirer tout Paris. Les scè-
nes qui terminent le quatrième acte ont surtout été dites par
elle avec une énergie et une vigueur sublimes : elle y est ful-
gurante d'inspiration et d'indignation.
La musique est conçue dans ce style sévère et magistral qui
accuse l s tendances de M. GoUnod au genre religieux et aux
formules anciennes. L instrumentation en contient des effets
habisements combinés et d'uIJe sonorité puissante.
L'ouvrage a été monté avec un luxe, un soin, un art, une in-
telligence qu'on ne saurait trop louer. Les décoratious sont des
merveilles. Les costumes ont été copiés sur les manuscrits ' de
la Bibliothèque u..tionate : jamais ou n'a rien admiré de plus
spleudide, de plus prestigieux et de plus vrai. Le ballet des
nbaudes est uu tableau aussi ingénieusement peint que possi-
ble, avec des figurantes pour couleurs.
Il s'agissait d'un monsieur dont le marque de propreté est
bien connu.
— Comment se fait-il que p... a toujours les mains si sales'?
demauda-t-on. ,
— C'est, répondit B...* qu'il a la très-mauvaise habitude de
les porter à sa figure.
On attribue à un fantaisisteà tous crins ce mot que je trouve,
quant à moi, fort original, pour le moins :
— Ce qui prouve que Balzac était un écrivain hors ligne,c'est
qu'il s'est soucié défaire un grand livre et pas un enfant.
Calino se trouvait dernièrement dans un château — de ses
amis — plein do chasseurs et de bruit.
Le lendemain de son arrivée — dès l'aube — les chiens fai-
saient grand tapage dans la cour : le départ pour la chasse était
imminent.
Le voisin de chambre de Calino vient l'avertir officieusement
qu'il est temps de se lever, s'il veut courir le lièvre Calino ré-
pond qu'il préfère rêver dans son lit « aux douces émana-
tions de la rosée matinale » que d'aller tremper ses pieds de-
dans.
— Alors je m'en vais, dit le voisin.
Il tournait déjà le bouton de la porte, lorsque faisant tout à
coup vol ti-face :
— Un conseil, mon cher Calino :'prenez bien garde de faire
du bruit en dormant — de peur de vous réveiller !
Calino chercha tellement à comprendre qu'il ne put jamais
se rendormir.
na femme d'un bibliomane. — Ah! mon ami ! il y a
des moments où je voudrais être un de tes livres, pour que tu
sois plus souvent près de moi.
le bibliomane. — Je ne m'y oppose pas, — âla condition
que tu sois un aimanach, alors !
la fiimme. — Pourquoi un aimanach?
le bibliomane. — On en a tous les ans un .autre.
Petite bibliographie.
M. Albert Mérat n'a fait le plaisir, — le très-grand plaisir,
— de m'euvoye: sa dernière plaquette de vers : {'Adieu,
Lès l'abord, j'avais pris la plume pour transcrire ici même
quelques-unes do ces strophes amoureuses et attendries.
Mais ,]e me suis tiouvé dans la position de cette Morgiane,
du conte arabe, qui, introduite dans la caverne d'Ali-Baba, ne
savait quoi emporter, des sequins ou des pierreries.
J'aime mieux vous renvoyer chez l'éditeur Lemerre. Son ma-
gasin, bourré de rimes d'or, est la caverne des quarante... par-
nassiens.
Je demandais un jour à Noriac pourquoi on disait toujours
« fin comme l'ambre. »
Je ne nie rendais pas bien compte de cette locution, et je
pensais — sans liel — que ce bois résineux et antédiluvien
jouissait d'une réputation usurpée. Noriac me répondit :
— je pense qu'on dit fin comme l'ambre, parce que l'ambre
a trouvé le moyen d être jaune sans faire rire de lui.
Cette explication aurait dû me satisfaire, mais, poussé par
la manie de discuter, je repris :
— Mais, pardpn, il y a de l'ambre gris.
Noriac me regarda avec pitié, et haussant les épaules, il
ajouta :
— Quand l'ambre est gris, il se moque pas mal de l'opinion.
A quoi je répondis :
— Et moi, donc!
L'historiette de la fin.
A l'Ambigu, pendant le troisième acte du Parricide, un
monsieur, plac • au milieu de l'orchestre, devient inquiet...
Son teint si livide...
Il se tord dans sa stalle...
Tout à coup, il se lève et veut sortir...
Ses voisins l'en empêchent...
Il proteste...
— Après l'acte ! lui répond-on.
Le malade se rassied, malgré lui...
Un insiant après, il se sent soulagé...
Ses couleurs reviennent...
Cette fois, ce sont les voisins qui deviennent inquiets...
Quelques dames respirent des sels...
On s'écarte...
— Sortez, monsieur! mais sortez donc ! s'écrie-t-on de toutes
parts...
L'autre riposte tranquillement :
— Après l'acte !
STAR.
BULLETIN FINANCIER
Les marchés étrangers ont un peu moins la fièvre. Naturellement, le
nôtiv ne Demande aus>i pas mieux que de se calmer. Le pouls de la
rente est meilleur, u'eni^ruut a des velléités de reprise. Si la Banque
d'Angleterre nouvait abaïa. er son es'Oniyte, ça «"ait tout seul.
Le:, valeur» tout assez triste contenance en comparaison des rentes.
Le» institutious de crédit ne battent que d'une ai e. Signalons cepen
d nt la boorn- tenue du Crédi' mobilier. (Jet établus-ment vientde taire
au gouvi-rn.-me.jt ottoman une avance de 76 millions, a valoir sur les
prochains versement» du dernier emprunt, moyennam 12 ti/u d'intérêt,
plus une .-ommis ion de banq .e. C'est une opération qui, tout en aidant
U Por e> va singulièrement grossir les bénences des actionnaires du
Mobilier
Pourquoi toutts les affaire» turques De sont-elles pa^ aussi prospère»!
Voilù le. lots turc», par exemple, qui baissent avec une insistance digne
d'un meilleur bu . Le pacha qui, de la rue d'A'tin, , ié»ide aux desti-
nées de l'enircprisa. aurait il ptndu. ie Noid?.Que Mahomet rende à sa
tert te imagination touie, kes iacultés, et jeS lots iurC3 muntçnt
Tel est le vœu d'un croyant.
SIKltS.
POUR PARAITRE TRÈS-PROCHAINEMENT
Prix du numéro : 30 centimes
LE SPECTATEUR
ARTISTIQUE et LITTÉRAIRE
publié avec la collaborattion
de l'elite des écrivains contemporains
Le Spectateur, imprimé avec le plus grand soin,''en
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semaine.
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EAU DENTIFRICE
Dr TRIFET
18, ne Droaot, Paris
ItemMeur et témoins cher de tous les nèûufrtcet
LE RRDCOL THIAUCOURT
Se trouve partout, leRedcol-Thiaucourt est indispensable, le
reicol-Thiaucourt est très-solide. L'inventeur de ce bain-rn>rie
qui fait sa colle lui-même, est réparateur de curiosiotés, d'anti-
quités et en garantit la supériorité. La manière de s'en s rvir
est des plus commodes. Pour réparer soi-même et sans dépen-
ser tous objets : faïences, porcelaines, meubles, marbres, ver-
reries, etc., etc., employez le Redcol-Thiaucourt, 3G, rue de
Trévise.
Le Comité des Compagnies d'assurances sur la vie, qui ne
comprenait jusqu'à ce jour que six Compagnies : la Générale, la
Nationale, l'Union, le Phénix, la Caisse paternelle et l'Urbaine, en
compte sept aujourd'hui. La Compagnie l'Atlas, fondée et diri-
gée par M. Eugène Reboul, vient d'être admise à en faire.partie.
Cette décision que nous sommes heureux d enregistrer, a été
prise au scrutin secret, à l'unanimité des voix.
"L'Oncle Sam soulève un vio'ent débat ; tou'e la critique a dé-
claré q'ie la plus grande partie de la pièce est prise dans les
scènes de la vie aux états-unis. d'Alfred Assoyant,
dont une nouvelle édition a paru récemment à la Bibliothèque
Charpentier.
Pour juger le différend, il faut lire le livre de M. Assollant,
qui est assurément l'un des plus gais et des plus spirituels de
1 auteur de Marcomir.
Lire également: paris en Amérique, de M. Ed. Labou-
laye; I'amérique actuelle, de M. Emite Jouveaux : noirs
et blancs, do Kurke (Bibliothèque Charpentier). ,
La librairie de la Société des gens de lettres. 5, rue Geoffrov-
Marie, met en vente une édition in-8° de l'Histoire des deux
conspirations du général Malet, par Ernest Hami-1. Cette nouvelle
édition, revue, corrigée et augmentée d'une nouvelle préface et
du portrait. du général Malet, st imprimée avec beaucoup
de soin. C'est un livre dont la place est marquée dans 'outes
les bibliothèques et dont le succès est garanti par celui de l'édi-
tion in-12 de cet ouvrage, publiée antérieurement par la même
librairie.
La librairie Dentu publie sous le titre de : 1870, Bécits du
temps, un volume très intéressant de M. Paul de Jouvencel.
Par suite d'une mission dont il fut chargé pour le gouverne-
ment de Tours, l'auteur s'est trouvé mêlé aux grands événe-
ments de cette douloureuse époque. Ace titre, son livre contient
des documents qui le recommandent à 1 attention de tous ceux
qui étudient.
--*.-
Les valses, polkas, quadrilles de métra, arean et mari
sur la Fille de M™ Angot, viennent de paraître dans les Illustra-
tions musicales (Bernard Latte), ornés des portraits de mesdames
Paola-Mané, Desclauzas, Ra, haèl. Pour piano, prix : 50 centimes,
maison wolher, 12, boulevard Montmartre, galerie Orien-
tale.
La librairie A. Ghio, quai des Grands-Augustins, 41, met
en vente aujourd'hui la 4e livraison de la Guerre franco-alle-
mande de 1870-1871, publiée par la section historique du grand
état-major prussien, sous la direction du feld-maréchal comte
deMoltke, traduction française de M. Costa de Serda, de l'état-
major français (1).
Cette livraison comprend la marche de la troisième armée
allemande sur la Moselle, et les événements militaires jusqu'au
soir du 14 auut. u
(l) Un volume in-8», avec une grande carte tirée en couleur
et 7 croquis dans le texte. Prix : 4 fr. 60 c. - Emoi franco.
InsensibUisateur Ducnesne. — (iuerison, extraction et
PV» de dents sans douleur, 45, , ue Lafayeote.
LA MIGNONNE est la meilleure et le meilleur marché
des machines à ooudre, à navette, point indécousable, pour
familles, lingères, couturières, prix: 150 francs. Machine
à main Silencieuse, garantie deux ans, 50 francs. —
ebcande, 3, rue Greneta, 3, paris, dépôt central des machines
bradbury, envoi prospectus, demande agents.
LE DIPLOME DE MÉRITE
a l'exposition universelle de vienne, a été décerné par le jury
a SARAH PEUX, pour sa merveilleuse
EAU I> ES S FÉES
et ses autres produits. Cette récompense prouve combien la concurrence
sera impuissante coutre ces remarquables produits qui viennent, par ce
seul fait, d'obtenir leu's dioiis fle franchises dans toutes 1rs vides de
l'Europe. — EAU des FEES, pommade des fées, eau de toilette des
fees. 43, rue Richer, Paris.
Le Gérant : le révérend.
P*rj* — tajprlmw,» f DOTIONS ,t C1", 16, ru» in Croie»»»»