Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0019
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'ECLIPSE

NOUVELLES

PRIMES DE L'ECLIPSE

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
ci-dessous annoncées et aux conditions suivantes :

1° ALMANACH DES TRAVAILLEURS, illustré par GUI, texte

de E. Zola, J. Claretio, E. d'Hervilly, E. Siebecker, etc.

Offert gratuitement aux personnes qui le retireront au bu-
re;m. — Ajouter 2.'i centimes au prix de l'abonnement pour le
ecevoir frauco de port dans les départements.

2° l'album des fleurs, fruits et léq u me s du jour,
dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Granvillc trente-deux charges des hommes célèbres de notre
époque. Ces caricaturas, fort réussies, accompagnées de qua-
trains spirituels, sont coloriées avec soin.

L'Album, pris au bureau, 1 fr.

Ajouter 1 fr. pour le recevoir franco à domicile.

EUGÈNE PHILIPPON

ous arrivons bien tard pour payer no-
ire tribut de regrets à la mémoire d'un
do i os symp; thiques confrères que la
mort vient d'enlever inopinément.

Eugène Philippon, l'intelligent di
recteur du Journal Amusant, était aimé
de tous ceux qui le connaissaient. Sa

bonté et sa droiture étaient connues de tous.

Quant à son talent, nous aurons V ut dit en rappelant qu'il
sut conserver aux'publications drpéés par son père tout le suc
ces que le mérite et les haute captés de celui-ci leur avait
assuré à leur début.

Nous nous associons aux doulo':.rc 'x regrets de tous les amis
d'Eugène Philippin, et nous r.ln-i- bien respectueusement sa
famil^-si cruellement éprouvés. ' * •

La rédaction de l'Éclipsé.

L'AMENDEMENT GAVARDIE

l,n'y a plus à se le dissimuler : Jean
Brunet pâlit.

Je regrette d'être oblige de le cens
tater, parce que Jean Brunet m'était
tout à fait sympathique,
m'étais habitué à cette célébrité comme à celle de Gagne
et il Hamburger. '
Et je trouve ennuyeux d'être dérangé dans mes habitudes.
On.- n'aime pas à charger de grotesques tous les trois mois.
Quand on a une bonne série de grotesques bien établis, bien
casés, bien cotés, ça devrait vous faire au moins cinq ans.

Mais enfin, ça y est." Le diable n'y pourrait rien :
Jean Brunet pâlit.
Et c'est M. Gavardie, selon toute probabilité, qui va prendre

sa place..

*

* #

,11 y a trois semaines, M. Gavardie avait déjà porté un fameux
■ coup avec sa sortie contre les statues antiques qu'il voulait en-
voyer se 'faire habiller au Bon Pasteur.
De ce jour-là, les amateurs de franche gaîté se sont dit :
— Oh!... voilà un bonhomme qui, avant trois mois, va être
d'un désopilant na ional!

Lancé sur la pente du succès, M. Gavardie n'a pas voulu se
laiss; r refroidir.

Et iljiont de lancer un nouvel amendement à la loi sur la
presse qui va certainement mettre le comble à sa renommée de
cascadeur à froid.

11 s'agit d'interdire aux directeurs de théâtres et d'établisse
rrïerjts publics, sous les peines de mort les plus sévères, de rece
voir fiiez eux, à titre gratuit, aucune espèce de journaliste.

Tout billet de f iveur, convocation, lettre d'invitation, etc., etc.
adressé à un écrivain quelconque serait impitoyablement
saisi|

Le porteur serait traîné au poste entre quatre gendarmes et
embastillé jusqu'à ce qu'il fasse des aveux,

Et le donak'nr du billet de faveur poursuivi selon la rigueur
des lois.

To;*t ce que l'on paraît espérer dans les couloirs dèl'Assem
Idée de V.--S LiL.es, c'est d'obtenir que M. Gavardie se contente
centre les d.'linquan'ts, des peines édictées pour la fabrication
d$s billets de banque.

Et nous nous faisons un plaisir de lui offrir un projet plus
étendu qui, nous l'espérons, complétera son travail et
restera bien la véritable impression des sentiments dont il est
animé à l'égard des journalistes.

mendement à la loi sur la presse

Considérant que, pour arriver à un complet assainissement
du journalisme, il importe de rendre impossible le métier de
journaliste, e r faisant à ce dernier, dans la société, la situation
agréable d'un chien galeux que personne ne tolère dans les mai-
sons et que l'tutorité chasse de la voie publique;

Considérât t que, pour obtenir ce résultat, il convient de faire
autour du journaliste le vide le plus complet, en s'opposant,
par tous les noyons possibles, à ce qu'il soit l'objet d'aucune
manifestation amicale et désintéressée.

ART. ier.

Non-seulement un journaliste ne peut être reçu à titre gra-
cieux dans aucun théâtre, concert, etc., etc..

Non-seulement il doit payer sa place comme le premier
venu ;

Mais il doit encore prendre la queue et n'entrer que lorsque
tout 14 public est casé.

ART. ii.

Aucun libraire ou éditeur ne doit, sous peine de cinq mille
francs d'amende, et la déportation dans une enceinte fortifiée
en cas do récidive, donner à un journaliste, même avec la re-
mise de libraire, un exemplaire des volumes qu'il publie.

ART. m.

Tout particulier convaincu d'avoir offert à dîner à un jour-
naliste sera puni de trois mois de prison.

art. iv.

Il est expressément interdit aux buralistes de la régie de choi-
sir des cigares dans 1rs boîtes pour un journaliste, sous peine
de révocation.

art. v.

Enfin, et dans l'impossibilité de préciser tous "es cas qui peu-
vent se produire,

Sera puni d'une amende de 100 à 10,000 francs et d'un em-
prisonnement de doux à quinze ans, tout individu qui aura
offert quoi que ce soit à un journaliste, à titre gratuit et
amical;

Soit du feu pour allumer sa cigarette sur une impériale
d'omnibus;

Soit sa nièce en mariage;

Soit son bras pour descendre de cheval;

Soit un parapluie par une grosse averse ;

Soit l'assurance de sa « parfaite considération», au bas d'une
lettre;

Soit de lui jeter une lettre à la boîte, ponr lui éviter la peine
de descendre quatre étages ;
Etc., etc..

art. vi.
(Très-spécial )

Sera enfermée pour vingt-cinq ans à la prison Saint-Lazare
toute femme honnête ou non qui aura aimé un journaliste pour
rien.

Pour projet conforme,

LÉON BIENVENU.

* *

'Nous croyons que dans. sa précipitation à vouloir faire un
sort aux journalistes, qu'il a décidément l'air de chérir tendre-
ment, M. Gavardie n'a pas pris le temps de donner à son pro
jet de loi les développements qui devaient se dérouler naturel
lement et d'eux-mêmes avec un quart d'heure de méditation

REFLEXIONS D'UN LUNATIQUE

L'encre étant noire, tout ce que l'on écrit répand naturelle-
ment une certaine obscurité dans les phrases.

Le jour des Rois, on a crié vive La Galette ; il ne faut pas
que Henri IV prenne cela pour lui.

Le nouvi impôt sur le sel ne doit être que provisoire ; ne
vous y fiez rjas : le sel conserve.

Le Cirqu 3 a repris les Pilules du Diable.
Donc, le diable les avait déjà prises.
Le Cirqi e n'est pas dégoûté.

Le vendredi, 9 janvier, une messe basse eut lieu pour le re-
pos de l'àme de Napoléon III. Que les bonapartistes sont sim-
ples ! — Pour être entendus du très-haut, ils disent une messe
basse.

Un ex-sénateur vient de mourir ; ce claqueur a fait son mé-
tier jusqu'au bout.

M. le général du Barail défend aux offieiers d'écrire dans les
journaux. H faut maintenant qu'il leur défende de les lire. Car
les questions militaires n'y étant traitées désormais que par des
civils incompétents, fourmilleront d'erreurs.

La Liqueur d'Or a été trouvée un peu trop verte par son dé-
gustateur. — C'est dommage. — La Liqueur d'Or eût fait de
l'argent, * '

Pour répandre de saintes paroles sur les masses, les évêques
ont de gros appointements. — Ce n'était pas ainsi du temps
des premiers apôtres ; mais depuis... le verbe est devenu cher.

Nous tous, blancs, bleus, coquelicots,
Du mal mesurons l'étendue :
La France aux mains des cléricaux,
Avant un an sera perdue.

La crosse d'un archevêque est plus longue qu'un bâton de
maréchal.
A bon entendeur, salut !

Si les cardinaux sont rouges de fureur contre Victor Emma-
nuel, les évêques en sont violets.

La droite tremble devant l'expression du suffrage universel,
elle a peur de son nombre.

La Moselle se jette dans le Rhin. — C'est de désespoir.

HIPPOLYTE BRIOLLET.

LES MAITRESSES

QUI NE COUTENT RIEN

Au faubourg Saint-Germain

Le marquis et la marquise de Brionne font môdianoche.
Madame revient du bal; Monsieur revient du Cercle.
Monsieur a l'air soucieux ; Madame a la bonté de s'en aper-
cevoir.

— Vous paraissez préoccupé, mon ami. Gageons que vous
n'avez 'pas été heureux au Cercle ?

— Vous ne vous trompez pas, Léonie; jj'ai eu, ce soir, un
guignon...

— Et à combien se monte votre guignon ?

— A cinq cents louis, je crois, dont la moitié sur parole à
votre frère. Je suis même fort empêché de trouver cette somme
demain avant midi ; tous mes capitaux sont engagés. J'avais
pensé un instant à en grever votre budget particulier. Voulez-
vous de moi pour débiteur, marquise?

— Merci de la préférence, marquis, vous tombez nwl : mes
fournisseurs m'ont dévalisée ; c'est à peine s'il me reste pour
mes charités et mes bonbons... Que ne vous adressez-vous à
quelqu'un de vos amis, — à M. d'Abzac, par exemple? Il sera en-
chanté de vous rendre ce léger service.

— Y songez-vous, ma chère? D'Abzac a à peine quinze cents
livres de rente, et il se donne un mal pour figurer !...

— Eh bien ! il empruntera. Il est plus convenable qu'un gar-
çon emprunte qu'un homme marié... Si vous voulez un pré-
texte de visite, prenez celui de l'inviter à mes lundis.

— Vous avez raison; j'irai chez lui demain matin. Merci du
conseil, marquise, et bonne nuit.

Monsieur sorti, Madame écrit à M. d'Abzac :
« Mon Gaston,

» Mon mari ira chez vous demain vous emprunter cinq mille
francs.

» Il faut que vous les lui prêtiez.
» C'est notre liberté que i ous achetez.

» S'il sait quelque chose aujourd'hui, demain il n'aura plus
le droit de rien savoir.

» VOTRE LÉONIE. »

Chez Magny.

julia. — Je vous le répète, ce que je veux de vous, Georges,
c'est votre amour. Si vous saviez comme nous souffrons, nous
autres pauvres filles tombées, de devoir le luxe qui nous en-
toure à un vieillard dont les caresses ne nous inspirent qu'in-
différence et dégoût ! Si vous saviez combien nous nous sen-
tons bonnes, meilleures, régénérées, quand une vile question
d'intérêt ne se glisse pas dans nos baisers ! Oh ! il y a des mo-
ments où je voudrais que vous fussiez pauvre, bien pauvre,,
comme le Rodolphe de la Vie de Bohême, pour être votre petite-
Mimi et partager votre misère d'artiste !

georges. — Cher ange!... Tune bois pas?

julia. — Ce vin me fait mal...

georges. — Garçon, du beaune première!

le garçon. — Qu'est-ce que je servirai en légumes à Ma-
dame? Nous avons des asperges nouvelles...

julia. — Tiens! je n'en ai pas encore mangé. Il est vrai
que nous ne sommes guère qu'au mois de janvier...

georges. — Vous nous donnerez des asperges. — Et pour
dessert, mignonne ?

julia. — Tu m'embrasseras.

georges. — Ça n'est pas sur la carte.

julia. — Alors, un fruit, — une pêche, des fraises, un rai-
sin, la moindre des choses.

le garçon. — Avec du Champagne ?

georges. — Parbleu !

julia. — Georges, tu es bon... Comme l'on est bien ici!
Nous y reviendrons souvent, n'est-ce pas ? Mais nous ne ferons
plus de folies; il faut être rangé, sage, économe. D'abord, mon-
sieur, vous avez promis un chapeau à votre petite femme, — en
satin mauve, avec des brides bouillonnées ; et puis, j'ai mon
terme qui me chiffonne. (Embrassant Georges.) Oh ! je ne veux
plus rien lui demander, à l'autre 1

total de l'addition, non compris le garçon, le terme et le
chapeau........................................... f r. 92 75

Chez les bourgeoises

M. Beaubourg, ancien tanneur, est allé à la Halle aux Cuirs
pow se distraire.

Madame Elisa Beaubourg, — née Trudon, — achève de com-
menter un chapitre de la Femme de Feu en compagnie d'un jeune
collaborateur de YEcharpe d'Iris, qui vient parfois manger la
soupe à la maison.

La pendule jase.

— Quatre heures!Mon ours va revenir; il faut nous sépa-
rer, mon ange... A demain, n'est-ce pas ? Tu viendras dîner;
il ira t'inviter ce soir ; nous mettoas un gigot à la broche... Ah!
n'oublie pas de m'apporter une loge...

— Une loge?

— Oui, de six places, pour l'Opéra-Comique. Nous avons
tous les Ferrouillat. Qu'est-ce que j'en ferai toute la soirée ? H
faut absolumeut, absolument, absolument, entendez-vous,
monsieur, que ce soit une loge de balcon. Madame Ferrouillat
sera furieuse d'être si bien placée, elle qui n'a que des secondes
galeries à la Gaîté par son cousin le sergent de pompiers...
Vous tâcherez que le coupon soit ici avant midi, — que j'aie
le temps de m'habiller.
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen