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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0027
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NOUVELLES

PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
ci-dessous annoncées et aux conditions suivantes :

1° ai.manach des travailleurs; illustré par Grill, texte
de E. Zola, J. Claretie, E. d'Hervilly, E. Siebeckt-r, e!c.

Offert gratuitement aux personnes qui le retireront au bu-
reau. — Ajouter 25 centimes au prix de l'abonnement pour le
recevoir franco de port dans les départements.

2° l'album des fleurs, fruits et légumes du jour,
dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Granville trente-deux charges des hommes célèbres de notre
époque. Ces caricatures, fort réussies, accompagnées de qua-
trains spirituels, sont coloriées avec soin.

L'Album, pris au bureau, i fr.
Ajouter 1 fr. pour le recevoir franco à domicile.

j u reçu mre honorée du...

PETIT ÎCOURRI EB

Monsieur Berlin et, à Gap.
ous me dites, cher monsieur, avoir lu,
dans le Rappel, un article qui vous a très-
fart intéressé à propos de l'opération-du
trépan, pratiquée avec un grand succès
sur un étudiant américain par le savant
docteur Wellonghby de Glenmore.

Les détails que vous me donnez me
font froid dans le dos.
Ce malheureux étudiant, me dites-vous, ressentait des dou-
leurs insupportables dans la tête, et il perdait souvent la raison
au point de ne plus distinguer un honnête homme d'un bona-
partiste.

Vous ajoutez que le docteur Wellonghby lui ayant enlevé les
os du crâne, lui a nettoyé la cervelle avec du grès et de l'eau
de cuivre, et que, lorsque le tout a été remis en place, l'étu-
diant, complètement guiri, avait recouvré toutes ses facultés
au point que l'on n'avait plus qu'a lui présenter un billet de
faveur de l'Ambigu pour qu'il se sauvât comme un voleur.

Je ne puis qu'applaudir avec vous, cher monsieur Berlinet, à
cette remarquable cure.

; Mais où ma sympathie pour votre personne se change en une-
admiration profonde, c'est quand vous me dites dans un post-
scriptum adorable :

« Ne pourrait-on pas trépaner un peu M. de Gavardie?»

Ça,c'est une vraie idée.

A propos,., quand le timbro sur les chapeaux d'hommes,
proposé par M. Lorgeril, sera adopté, ne faites pas comme 1 au-
teur de ce projet, qui a oublié, en faisant timbrer le sien, de
retirer sa tête de dedans. Ça lui a donné un coup...

Recevez, cher monsieur, etc.

♦%

Madame Tapon, à La Rochelle.
Vous m'envoyez, madame, un fragment de journal qui an-
nonce ainsi un roman :

histoire des petits chiens de ces dames
par

Henry de Kock (Paul de Kock fils),

Et dans un mouvement dp sages*?, peu commun à votre
sexe, vous me demandez ce qite p/vut ajouter au mérite d'une
œuvre d'être signée par le fils d'un homme qui avait du talent

Je suis absolument de votre avis.

Et je pense même, que lorsque 'le fils d'un homme célèbre se
croit obligé de dire en tête de Ses œuvres : Paul de Kock était
mon père !...

C'est qu'il craint fortement que l'on ne s'aperçoive pas qu'il
est son fils.

A propos... Quand le timbre sur leschapeaux d'hommes, pro
posé par M. Lorgeril, sera adopté, diles donc à votre mari de ne
pas faire comme l'auteur de ce projet, qui a oublié, en'faisint
timbrer le sien, de retirer sa tête de dedans... Ça lui a donné,
un coup...

Veuillez agréer, madame, etc., etc.

*%

M-nsieur Crétine au, à Dugny.

Vous trouvez très-ingénieuse — me dites-vous — l'idée du:
Figaro de faire payer iiO centimes, dans les gares, le droit d'ac-
compagner jusqu'au wagon l'épouse, le père ou l'ami que l'on
met en chemin de fer.

Et vous me demandez de donner à cette idée « généreuse» la
puissante publicité de YEclipse.

Attendez, mon r mi, je vais vous la lancer votre idée « géné-
reuse!... »

— Je ne pi. iro — dites-vous en empruntant les argu-
ments du jour' .! ;ui stion — aux obstacles que rencontre,
un père, un nv.i . u.staller les siens dans le wagon, au départ,!
ou à les aid- r , en sortir, à 'l'arrivée. Pourquoi ne créerail-on
pas un ticket d'entrée dans les gares, du prix de iJO centimes...

etc., etc. «

Oh! très-humanitaire et très-philànthropemonsieurCrétineau.
combien vous êtes bon, sensible, charitable !...et juste, surtout.

L'aspect d'un père, d'un ami, ne pouvant accompagner les
siens jusqu'au wagon, vous arrache des larmes. •'Alors vous ne
trouvez rien de mieux que d'épargner cette douleur à ce père, à
cet ami, moyennant linances.

Le père et L'ami à leur aise iront jusqu'au train.

Mais le père et 'ami qui n'auront pas dix sous resterontdans
la cour de la gar

Et vous n'en serez aucunement navré, cher monsieur Créti-
neau, parce qu'il est de règle, dans la sainte bourgeoisie, que
vous me semblez assez bien représenter, que le malheur des
pauvres gens ne touche pas le cœur de ceux qui n'ont besoin de
rioii.

J'espère que les compagnies du chemin de f«r mettront à exé-
cution le projet égolitaire que vous voulez bien appuyer de votre
bedonnante autorité, cher monsieur Crétineau.

Et qu'à l'avenir, elles prendront des mesures, pour que les
gens riches puiss-nt s'épargner les larmes de la séparation en
entrant sur les quais du départ pendant que les autres arrose-
ront des leurs la façade de la gare.

A propos... quand le timbre sur les chapraux d'homme3 pro-
posé par M. Lorgeril sera adopté, ne faites pas comme l'auteur
de ce projet qui a oublié, en faisant timbrer le sien, de retirer
sa tête de dedans. Ça lui a donné un coup...

J'ai l'honneur, etc., etc..

*

* *

Monsieur Marlindar, à Grenoble.

: Vous me demandez, monsieur, ce que je pense de ce juge-
ment du tribunal correctionnel de Versailles par lequel les té-,
moins d'un duel viennent d'être condamnés beaucoup plus sé-
vèrement f,ue les combattants, dont l'un d'eux môme a été
acquitté.

Vous n'attendez pas de moi, je suppose, que je porte un ju-
gement quelconque sur une décision quelconque de la justice.
Le respect que nous devons tous avoir pour la loi s'y oppose.

Mais, ce que je puis vous dire, monsieur Marlindar, c'est que
l'issue do c : procès ne me jette pas dans di s étonnements aussi
grands que semblent l'être les vôtres.

Je crois qu'en matière de duel, nous sommes appels à voir
les tribunaux rendre des sentences tout à fait inattendues.
Et je m'en réjouis sincèrement.

La responsabilité d'un combat singulier incombe bien sou-
vent à celui dont on ne s'occupe pas au premier abord.

Dans ci genre de délit, il y a beaucoup de sortes do cou-
pables :
Celui qui se bat.
Celui qui force à se battre.

Celui qui laisse se battre les autres quand il peut l'empê-
cher.

Celui qui provoque.
Celui qui force à provoquer.
Etc., etc..

Les apparences sont souvent trompeuses et s'il fallait remon-
ter à la vraie cause d'un duel, souvent, on excuserait celui qui
parait avoir tous les torts de son côté.

Voila pourquoi, cher monsieur Marlindar, la récente décision
du tribunal correctionnel de Versailles ne m'a point surpris.

La législation, en cette matière, me semble très-perfectible.
Etjecro>s que, dans l'avenir, le concierge ou le photographe
d'un homme qui se sera battu en duel ne sera jamais bien sûr
de ne pas être condamné.

Et,ce sera justice, si l'on veut tenir compte des causes qui
peuvent exaspérer un citoyen au point de lui faire chercherune
querelle d'allemand au premier venu.

A propos... quand le timbre sur les chapeaux d'hommes, pro-
posé par M. Lorgeril, sera adopté, ne faites pas comme l'auteur
de ce projet qui a oublié, en faisant timbrer le sien, de retirer
«a tête de'dedans. Ça lui a donné un coup!..
Recevez, monsieur, etc., etc.

Regardez-les !

Ont-elks assez bon air, ces chanoinesses de corridor, — un
air d.'cont, digne et cossu, â la fois plein de quiétude, de majesté
et de succulence, — avec leur robe de laine line, chaude et
moelleuse, leur pèlerine à la douairière, leur linge éblouissant
comme une neige et le bonnet de mousseline qui papillonne
au-dessus de leurs bandeaux glacés par la pommade?

Oh! ce bonnet!...

Il venterait une dernière bouffée de jeunesse, de caprice et
d'amour, que vous verriez ses ailes de ruban frémir, palpiter et
s'ouvrir pour s'envoler au-delà des moulins !

Pour devenir ouvreuse de loges, il faut assurément autant dd
protections que pour obtenir un bureau de tabac en province
ou un tour de faveur au Théâtre-Franç lis.

Il ne faut guère que cela, par exemple.

Beaucoup sont mariées à des employés subalternes des mi-
nistères, à des domestiques de haute, volée, à des sous-officiers
de police, à des gardiens de musées, de palai:- et de jardins pu-
blics, à des commerçants au détail, voire même à des rentiers
dans le calibre doux. J'en connais une dont l'époux occupe une
position supérieure dans l'administration ; une autre qui, tré-
sorière d'une congrégation importante, tient, pendant la jour-
née, (es chaises dans une paroisse du faubourg Saint-Germain ;
une troisième qu'on a pu voir à la Sorbonne^ passer delà façon
la plus brillant-) les examens exigés pour 1* nseignement. Plu-
sieurs sont propriétaires. Quelques-unes sont jolies et s'en con-
tentent. Il y en a qui jouent à la Bourse. A l'Ambigu, voici
tantôt deux mois, comme je me plaignais au contrôle de la
mauvaise humeur dei'uno de ces dames : i

— Excusez-la, me répondit un inspecteur en souriant. Nous
l'avons surnommée le Bulletin financier ; quand elle est monté*,
c'est quo l'Italien a descendu.

En prenant possession de son poste, — après un stage de
quelques jours, — l'ouvreuse dépose à la caisse de son théâtre
un cautionnement de cent francs, au minimum, dont la moitié
seulement lui est rendue si elle donne sa démission avant une
année d'exercice.

Elle apporte, en outre, sa part dans les accessoires du métier:
petits bancs, coussins et coussinets, programmes, numéros pour
le vestiaire, etc., etff;

Elle est introduite dans la salle une demi-heure avant l'ou-
verture des bureaux. Elle n'en sort qu'une demi-heure après la
fin du spectacle, et lorsqu'on compagnie d'un pompier, elle a eu
procédé à une ronde minutieuse dans le rayon affecté à son
service. Il est rare que cette perquisition, effectuée surtout en
vue de prévenir Wnçendie, n'amène pas la trou vaille de quelque
objet oublié par le spectateur : lorgnette, gants, mouchoir, ta-
batière, éventail, canne, parapluie, etc., etc. Il en est de plus
précieux et de plus étranges : les fonctionnaires qui nous occu-
pent ont souvent ramassé à terre et fidèlement remis à qui de
droit des bijoux d'un grand prix, des portefeuilles ou des
porte-monnaie renfermant des valeurs considérables, et, parfois
aussi, de faux chignons et des râteliers apocryphes. Ceux-ci no
sont généralement pas réclamés. Une marchande du Temple
me disait :

— Pour certains articles, je me fournis près des ouvreuses
d'avant-scène.

— Que diable peuvent-elles donc vous vendre?

— Des corsets.

*

* *

Monsieur Clafart, à Rcaune.

Vous venez de lire, me dites-vous, monsieur, dans votrejonr-
nal, un décret qui porte que l'examen préalable est rétabli pour
les œuvr's dramatiques.

"Et, comme Vous vous souvenez en même temps qu'il y a six
Semaines M.-le général i admirault a interdit les représentations
d'une féerie au rhéiiir.' des Menus-Plaisirs, vous demandez ce
que je pense du rôkfblissement officiel de la censure dramatique.

Je vous dirai, cher monsieur, qu'étant donné le régime de
l'état de siège, qui peut tout défendre, je ne puis guère considé-
rer comme une aggravation une loi qui peut ne rien permettre.

Si j'étais condamné à mort, une seconde sentence augmen-
tant ma peine de dix ans de travaux forcés me laisserait abso-
lument froid.

A propos... Quand le timbre sur les chapeaux d'hommes, pro-
posé pur M. Lorgeril, sera adopté, ne faites pas comme l'auteur
de ce projel, qui a oublié, en faisant timbrer le sien, de retirer
sa tête de dedans. Ça lui a donné un coup !...

Agréez, cher monsieur, etc., etc.

LÉON BIENVENU.

LES GENS DE THÉÂTRE

LES OUVREUSES DE LOGES

— Tu finiras ouvreuse de loges! ! !

Tel est le manb thécel phares dont, pendant tout Louis-,
Phi'ippe, la morale en crayon et en chanson — Gavarni et, Na-
daud — n'a c-ssé de foudroyer Amanda sablant, en bibi rose, j
les illusions d'Arthur ou croquant, en cachemire bleu do ciel,
les immeublés de Coquarde .u.

Comment a fini Amanda?

D'ancnnsprétendent que là-bas, là-bas, aux antipodes de Mn-
bîlîe et de Valentino, à Pont-de-l'Arehc ou à Ra-.jrl'Etape, elle
digère tranquillement ses illusions et ses immeubles, dans une
p ititemaison en're cour et jardin, en compagnie de sa gouver-
nrnte, de son perroquet et de son directeur...

D'autres affirment l'avoir rencontrée, le malin, dans le ruis-
seau, côte à côte avec .un balai, so-u .e-agne-vin, — ou sur la
route de la Conciergerie, de rilôtel-l)ieu,'de;lîicê(re, — oirhteiv
encore à la Morgue, uin cordon de sonnette au cou, comme une
femme qui, ayant vécu dans le velours, a voulu mourir dans
la soie...

Toutes ces hypothèses sont admissibles.

Mais combien jesôuhaiterais à Cocodète, — qui a.""épris la
suite des affaires d'Amanda, — do finir dans la peau de l'une
do nos surintendantes aux petits bancs contemporaines!...

***

Chaque soir, l'ouvreuse doit verser entre les mains de celle
de ses collègues désignée ad hoc, à tour de semaine, tous les pour-
boire recueillis par elle pendant le spectacle.

Ce dernier travail terminé, \\~tagnotte est également partagée
entre toutes les titulaires d'un même poste. Ce sont là leurs s«uls
■appointements officiels. H est vrai qu'on ne peut guère, au plus
bas mot, les estimer à moins de douze cents francs par an, et
que, dans la plupart des théâtres, ils dépassent de beaucoup ce
chiffre. Jo ne compte pas ici le casuel...

Une ancienne ouvreuse d'un thèdtricukt du boulevard fait ac-
tuellement au Bois une poussière impertinente dans son poney-
chaise attelé d'un quadrige de chevaux-mouches caparaçonnés
de grelots...

On,l'avait baptisée VAlmanach des vingt-cinq mille adresses...
Ses directeurs se soi.t ruinés...
Elle a des rentes !

*

A l'Opéra, aux Italiens, froide, polie, réservée, un peu hau-
taine, comme il convient aune personne habituée à coudoyer
tontes les aristocraties du blason si du million, du talent et de
la beauté, l'ouvreuse connaît son faubourg Saint-Germain aussi
bien quo d'Hozier, et son faubourg Saint-IIonoré mieux que
M. dePèuc.>Elle sait sur le bout de sa mitaine ses Metternich et
ses Montmorency, ses Garfounkel et ses Era/zu, ses Pourtalès
et ses Bisaccia. Au besoin, ello tournerait une robe comme la
vicomtesse de Ro:incville, et chiffonnerait une chronique comme
FervaGgues ou liachaumont.

Ecoulez plutôt le dialogue suivant entre deux introductrices
du bedeon :

— Que se passe-t-il? On a les yeux rouges chez vous...

— Vous no savez pastf On nous marie... Oui, au baron d'Es-
pinal — excellente noblesse de Lorraine - peu de fortune,
mais de sable à cinq chevrons d'argent, au chef échigueti d'argent
et de sakle...

— Attendez donc! attendez donc! Est-ce qu'il n'y a pas eu
un d'Espinal guidon aux bombar liers de Charles IV lors du
siège Ho la Molhc par le marée'..' de Créquy?... Et vous n'êtes
.pas contente?... Vous êtes bien difficile!

— Que voulez-vous? Notre cousin de Salbris r (,:..-, tenait au
cœur. Or, comme-il^pouse lui-môme M"* d'EsLazac...

— Peuh! ces d'Eslouzac! Le fils aîné a été lu i à Solférino.et
Te cadet est receveur général : gentilldtrerie île sable et de gjos

sous!... Moi qui votts^arle, je n'aurais pas voulu entrer dans
la famille... Vous'compreriez, mon père a fait la dernière Ven-
dée : il était dans ITTrouche de Madame... v

— A propos, ce n'est sans doute pas pour son mari que votre
belle duchesse de Vaugiron a arboré ce ravissant péplum brodé
do perles de corail et mélangé de boules de satin blanc?

— Méchante!... Non; c'est pour lui; et lui, en vérité, n'a pas.
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