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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0079
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L ' É G Li IP § E

AVIS IMPORTANT. — I-.es souscrip-
teurs à l'Éellpse dont l'abonnement ex-
pire le 31 mai, sont priés de le
renouveler sans retard., s'ils ne veulent
point subir d'interruption dans la ré-
ception du journal.

NOUVELLES

PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
cl-dessous annoncées et aux conditions suivantes :

1° almanach des travailleurs; illustré par (Mil, texte
de E. Zola, J. Claretie, E. d'Hervilly, E. Siebecker, etc.

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reau, — Ajouter 25 centimes au prix de l'abonnement pour le
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dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Granville trente-deux chargea des hommes célèbres de notre
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Titre et table de Tanné» 1873 du journal l'Éclipsé. 0 f. 30 c.
(franco 40 c.)

Couverture de l'année 1873 du journal l'Éclipsé. 0 f. 20 c.
( franco 30 c. )

LE SEPTENNAT RETAME

es nombreuses polémiques qu'a fait naître
depuis un mois l'interprétation du septen-
nat, ont démontré la nécessité impérieuse
d'en finir, dès la rentrée de la Chambre,
avec tous les malentendus qui paraissent
s'être produits au sujet de cette forme de
gouvernement transitoire.
* *

Lorsque le septennat a été voté par l'As-
semblée; il semblait que l'accord ne pût jamais être rompu.

Chacun des contractants avait parfaitement l'air de trop bien
savoir ce qu'il signait.

Puis, au bout de quatre mois à peine, voilà que l'on s'aper-
çoit que l'on né s'était pas compris du tout, et que, pendant que
les uns fcroyaient conclure un bail de sept années consécutives,
les autres entendaient, au contraire, pouvoir toujours donner
congé au septennat, en le prévenant trois minutes avant, ou
peut-être bien même après.

Comme entre |rens d'honneur, il ne peut pas y avoir de sur-
prise, ce qu'il y il de mieux à faire, c'est de s'expliquer franche-
ment et de rédiger ur.e nouvelle convention, cette fois bien
établie ët n'offrant aucune ambiguïté.

C'est, du moins, ce qu'a pensé un membre de l'extrême
droite qui va, nous dit-on, déposer aujourd'hui ou demain, sur
le bureau de l'Assemblée, un projet rectificatif sur la création
; du septennat.

Nous avons pu nous procurer une copie de cet'.e proposition,
et nous nous empressons de l'offrir à nos lecteurs :

i i \ 'tf* V M- ! !f 'jj^T+i. lit ■(

I/À3SEMBLi:e nationale,

Considérant qu'il y a maldonne dans sa décision du 1!» no-
vembre dernier, relativement à l'organisation du septennat,

Et désirant qu'il ne subsiste désormais aucune obscurité dans
la rédaction de 'cette convention,

Rectifieainsi son décret primitif :

il Art. '!«n -

L'es monarchistes se sentant, pour le moment, aussi inca-
pables de rétablir la royauté que d'escamo'er ce qui reste de la
République, confient le pouvoir et leurs espérances au maréchal
Mae-Mahon.

Art. 2,

L'apçellation trop précise de Septennat n'est pas conser-
vée à cause des obstacles qu'elle plâtrait susciter aux royalistes
si, par suite d'un événement impfévu, ils se trouvaient prêts
dans une quinzaine de jours à restaurer leur Roy.

Ârt. X

Cette définition de Septennat est remplacée par celle de
Intriguennat, qui exprime beaucoup mieux l'usage que les
monarchistes comptent en faire.

Art. 4.

Le Chef du Pouvoir exécutif a pour mission de ne laisser
approcher du pouvoir aucun parti.
Sa consigne est de répondre aux républicains :
« J'y suis, j'y reste l...
Et aux monarchistes :
« Quand vous voudrez. »,

Art S.

Pendant foute la durée de I'Intriguennat, les partis pour-
ront conserver leurs espérances. :

Mais, seuls, les monarchistes auront le droit de manifester
les leurs.

Sur celles des autres qui dépasseraient les limites d'un sage
recueillement, on devra immédiatement appliquer de copieuses
compresses de baume d'État-de-siége saupoudré de sulfate de
bon vouloir.

Art. (i.

Tant que durera I'Intriguennat, aucun nouvea.ii journal
républicain ne pourra se créer sans l'autorisation du gouver-
nement.

Celui-ci devra toujours la refuser.

ï I fl I M G A ' J A 2 V, f AftTA T/iAJ03fl Tï 3 ! M 3
Pour les journaux républicains existants, la vente sur la
voie publique leur sera retirée.

Art. 8.

Enfin, pour assurer l'inviolabilité de I'Intriguennat, il
sera enfermé soigneusement et mis sous trois serrures diffé-
rentes.

Art . 9.

Les royalistes auront une clef de la première serrure.
Les républicains une clef de la seconde.
Et le gouvernement une clef de la troisième.
De façon naturellement à ce que I'Intriguennat ne puisse
être ouvert que par les trois intéressés présents et d'accord.

Art. 10 et dernier.

Cependant!... trois doubles clefs décrois serrures seront
remises aux royalistes afin qu'ilspuisse^?uvrir I'Intriguen-
nat à eux tout seuls et à toute heure de la journée et de la

nuit. ''/^''Hp''

Fait double et de bonne foi, à Versailles, le 15 mai 1874.

Voilà, si nous sommes bien informés, le projei qui va être
soumis — qui l'est peut-être à l'heure où nous paraissons — à
l'examen do l'Assemblée.

Nous ne garantissons pas qu'il sera adopté. Cependant, il lè-
verait toute équivoque ; et s'il passait, on saurait au moins où
l'on va.

LÉON BIENVENU.

DISPARU

es révérends membres qui siègent à .Vxtrême
droite de l'Assemblée, dans la situation des
élus nu côté du Signeur, sont plongés dans
un torrent d'inqui tudes.

M. Dahirel erre chaque nuit dans les cam-
pagnes désertes et l'on entend sa voix plain-
tive envoyer de minute en minute aux échos
solitaires ce touchant appel : Hoi», hou, ta ta,
hou! Ainsi crient les bergers pour faire rentrer su bercail la
brebis égarée.

M. de Belcastel parcourt, du lever du soleil à so i coucher, le
parc de Versailles, et «'adressant aux naïades, aux nymphes,
aux dieux en marbre et aux fontaines jaillissantes, il s'écrie :
Dites-nous, dites-nous en quels lieux il se cache, tous en avons
besoin.

De la Rochette sur la montagne, le sire deCumont à Vienne,
Lucien à Dampierre arrêtent les paysans et leur demandent :
L'avez-vous vu?

Il s'ejt organisé dans le camp des gentilshommes de vieille
roche Une souscription, afin de poser des affiches et de donner
une récompense honnête à qui le rapportera.

Les nobles et gentes dames du faubourg St-Germain adres-
sent au ciel de ferventes prières et ont fait vœu d'aller pieds
nus en pèlerinage à Lourdes, M on le retrouve.
f. Mais qui donc?

Eh ! parbleu 1 le Roy !

En vérité, nous n'avons pas de chance ; il faut avouer que ce
peuple joue de malheur.

— Il n'y en a qu'un, qu'un seul? il n'existe que cet homme
au monde capable de nous sauver, d'apîiser les haines des par-
tis, et de nous rendre notre gloire passée, et voilà que nous l'é-
lirons comme on égare un pkrapluie !

Fatale mésaventure, incroyable disparition au sujet de la-
quelle les reporters petits et grands se perdent en conjectures.

A-t-il été empoisonné?

A-t-il avalé une fourchette?

Nul na le saura jamais peut-être.

Prions et pleurons, pleurons et prions.

Non, séchons nos larmes.

Au moment de mettre sous presse, nous apprenons par l'a-
gence Havas que notre prince, le vrai, l'unique, le bon, le
beau, le fier, est eu conférence avec don Carlos.

Ces bons frères élaborent un projet de constitution et causent
du bonheur des peuples.

Ils achèt nt ensemble des terrains afin d'y faire bâtir pro-
chainement des châteaux.

C'est en Espagne sans nul doute que,*6" donneront les fêtes
du couronnement.

Il y aura des courses. •.;

Gloire au Seigneur !

BRÉVANNES.

LE VIEUX

OJO1!
LINGE

...............aoitoPAtl

Ptre amiCorbineau (dans l'intimité

Corbinemuche) avait bien voulu nous

faire le plaisir de déjeuner avec nous,

dimanche.

| Nous déjeunions donc, et de grand
âppétit, ma femme, Corbinemuche et
jnoi. Corbineau est un homme déjà
fencé sur la pente extrêmement savon-
née de l'âge mûr. C'est vous dire que
« il n'y a plus beaucoup de mouron sur la
cage » de notre ami Corbineau, selon
le langage des classes dirigeantes. Oui, notre ami Corbine-
muche est légèrement chauve, et le brave garçon n'a pas gardé
plus de prétentions que de cheveux. C'est un homme tout rond
ou carré, comme vous voudrez. Il en conte de bonnes, à l'occa-
sion, au dessert. Et nous de rire, comme dit J. Janin. Nous
aimons fort notre ami Corbinemuche. Aussi n'est-il ni guindé,
ni cachotier avec nous. Souvent il nous découvre un coin de
son âme II nous fait part d'une de ses déceptions. Et nous de
le plaindre, toujours comme écrit J. Jaain.

Dimanche, Corbineau venait de décapiter une asperge, et
après avoir essuyé sur sa moustache un reste de cette sauce
qu'on appelle blanche parce qu'elle est toujours jaune (mystère
de la cuisine !), il nous dit

— Oh ! que c'est bon d'avoir une serviette souple, douce, et
sentant l'iris ! Vive le vieux linge !

— Corbinemuche, ne bêchez pas notre service de table ; res-
pectez les invalides ! répondis-je.

— Invalides !... Non pas, reprit Corbineau. Je n'aime que le
vieux linge. Je suis payé pour cela, d'ailleurs, ajouta-t-il avec
un gros soupir.

Et nous de l'interroger de l'œil. Pourquoi notre ami Corbi-
neau soupirait-il en parlant de serviettes ? Pourquoi ses paroles
témoignaient-elles d'une certaine amertume à l'Égard du linge
neuf et tout frais sorti du cylindre ?

A nos regards questionneurs, le bon Corbinemuche répondit
ce qui suit en s'adressaut à ma femme :

— Ma chère enfant, je vous demande bien pardon d'avance.
Je vais dévoiler un coin de mon âme. L'explication que je vais
vous donner de mon peu d'amour pour les serviettes empesées à
outrance contient un point scabreux. Ce point, je ne le dissi-
mulerai pas. Voici le fait.

Notre ami Corbineau, après avoir pris cette petite précau-
tion oratoire, se versa un jdli verre de vin, le but, et commença
son récit en ces termes : ?~ • . .

— Comme beaucoup de célibataires de mon âge, j'ai eu natu-
rellement plusieurs fois l'occasion de me marier. Je vous dirai
même que ces occasions, je les ai cherchées, et, à ma prière, des
amis les firent naître. Trois fois je fus mis en présence de per-
sonnes aimables et dont le caractère me plaisait infiniment. Je
no fis pas sur elles, malheureusement, l'impression qu'elles
produisaient sur mol. Pourquoi? Je nesaurais vous le dire.

— Et nous ne saurions le dire non plus, mon cher Corbineau,'
glissâmes-nous poliment.

— Je vous remercie, poursuivit Corbineau. A ma quatrième
tentative de mariage, je crus arriver eniin au comble de mes
va.'iix. Des amis communs m'avaient mis en rapport avec une
famille peu gracieuse, mais qui renfermait — (telle unèxhâtai-
gnc savoureuse dans son écorco hérissée de pointes) —'une de-
moiselle âgée de quelques années de moins que moi (iï y a
quinze ans de cela) et qui me semblait avoir toutes les qualités
requises pour faire une excellente épouse et une mère de fa-
mille des plus enviables. La famille d'Aglaé ne se hérissait pas
trop à l'idée de me voir devenir l'un de ses proches parents.
Un jour, on m invita même à un grand dîner donné en l'hon-
neur de je ne sais quel anniversaire. Je hais les grands dîners,
surtout ceux qui ont lieu dans les fam-ili^'h'érissées do pointes
comme l'enveloppa des châ'aignes. ' Les petits piafs dans les
grands^,:!» solennité, la tenue irréprochable,,rhabit noir, les
quatre Verres devant l'asàette,-tout ceia est hiên fait pour pa-
ralyser, pour glacer, pour anéantir les facultés d'un homme ti-
mide, déjà sur le retour, et qui soupire pour une jeune per-
sonne. A sa crainte de commettre une bévue, à son éffroi de se
sentir examiné par les yeux de toute une famille de critiques,
se joint la pensée de ne pas charmer l'idole, et de lui paraître,
au contraire, triste, peu galant, ennuyeux, en un mot, absolu-
ment démodé.

Ce fut, donc le cœur chargé de ce bagage de réflexions .désa-
gréables et décourageantes que je m'assis à côté d'Aglaé, quand
l'heure eut sonné de ce dîner redoutable.

Là table était couverte de tout ce que le luxe bourgeois peut
invenler, linge magnifique, porcelaines décorées, cristaux pe-
sants, fleurs artificielles, enfin argenterie que l'œil d'un-gendre
peut contempler avec plaisir, mais que l'œil d'un artiste exa-
mine avec ennui.

Devant moi, dressée comme un volcan, était une serviette
damassée, reluisante, empesée de'stéarine et de gomme, cylin-
drée à l'excès, pareille à une planche de marbre roulée.

Dans le cratère de ce volcan reposait un petit pain doré.

J'ôtaice petit pain. Et je voulus étendre ensuite ma serviette
sur mes genoux. Elle s'y refusa d'abord avec obstination. Mais
peu à peu je vainquis son inflexibilité et elle consentit à s'éta-
ler, roide et luisante, sur le drap noir et luisant de ma culotte
de cérémonie. ^***nîï>^

Oh ! le linge neuf!

Au bout do trois secondes, et comme je me penchais vers
Aglaé pour lui offrir des radis; je sentis ma luisante serviette
glisser tranquillement sur mes genoux. Je voulus la retenir,
tout en souriant à Aglaé, et pour cela je crispais les muscles de
mes jambes. Soins inutiles 1 La serviette tomba. Je me baissai.
Quand je me relevai, pourpre de rage, je senti que l'épingle de
mon faux col — l'épingle de salut ! — s'était dérangée. Sa
pointe se mit à m'aiguillonner le cou sans cesse. Je continuai
à sourire, en regardant Aglaé, mais comme l'empereur Monté-
zuma, je ne me trouvais pas sur un lit de rose. Abominabl0
épingle! Elle se conduisait a"éc la peau de mon cou, comme Ie
petit renard classique avec la peau de l'estomac du jeune Spai"
tiate. Quelles morsures continuelles ! Je souriais toujours *
Aglaé. Cependant, mon sourire devint affreux lorsque je conS'
tatai qu'il était absolument impossible d'essuyer mes moust»'
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