tant les regards des adultes peu fortunés qui, surtout entre la
Poire et le fromage, la criblent de clins-d'œil.
Tout en buvant avec précaution pour ne pas altérer le rouge
ses ièvres, tout en mastiquant avec prudence afin de ne pa:
ta-ire se craqueler l'image de son teint, elle reçoit et compte les
Œillades qu'on lui lance par-dessus un journal, et elle se dit :
— Je suis réussie, ce soir.
Les œillades, en tant qu'œillades, ne lui font éprouver au-
cune satisfaction ; sa cocotterie, pardon! sa coquetterie les cons-
tate comme le joailler constate, à l'aide de la pierre de touche,
1ue le métal qu'il tient est bien de l'or, avec indifférence.
Quand la cocotte a bien rempli ses viscères ; quand un vin
"tanc de choix a mis sa flamme dans ses veines et soa brio dans
Ses yeux déjà avivés par le brun polonais; quand enfin son
*®ur, non, son estomac s'ébat heureux sous son corset de soie,
a,orsla cocotte, oubliant les fitigues passées, les inquiétudes
^e l'attente, le souci du lendemain, s'élance, légère comme une
fauvette, hors de la mangeoire où elle a puisé" une nouvelle vie.
Elle s'élance, et c'est l'heure où sur les boulevards des. mes-
sieurs très-bien, un peu chauves, en pantalon ventre de biche,
Se Promènent un cure-dents aux lèvres, ou savourant le Mar-
tinique et Bourbon à la terrasse des cafés.
Sons messieurs très-bien ! Leur reste de cœur va palpiter,
leurs yeux VOnt retrouver un éclair de jeunesse, en voyant filer,
à tire bottines, la cocotte qui sort de sa mangeoire.
toJSt s'ils ont des illusions de reste, libre à eux de croire à l'a-
jûour ingénu, de celle qui soit à leur bras, soit dans une voiture
^couverte, digérera, en récitant des paroles de tendresse, les
C yes à la bordelaise et le filet de chevreuil de la mangeoire aux
bottes- ■
ERNEST D'HERVILLY.
GAZETTE EN VOYAGE
-v m. paul féval1, romancier français.
Mon cher maître,
arti, l'autre matin, de la gare de
l'Est eu mordant à grands yeux dans
votre Loup blanc, — un des' récits les
plus jeunes, les plus courts, les plus
palpitants qui aient commencé votre
réputation, — j'arrivais juste à point,
le soir, sans avoir dormi un instant,
à Neufchâteau, au fond des Vosges,
pour voir représenter votre Bossu^ —
un des drames les mieux réussis qui
aient achevé de rendre européenne
cette même réputation àjamais consa-
r6e Par près de trente ans de succès I
ij.r~ Quoi! me direz-vous, le Bossu à deux ou trois cents kilo-
doLiI'6s de la Porte-Saint-Martin revenue au Pied de Mouton et
ci «t Ghrité devenue une succursale agrandie des Bouffes-Pari-
ieig i , . ■ ' .
p !ÇRe!p«». vu j°uer un Peu Partout, — à New-York, à
;j0l)t-à-Mousson, à la foire des Mirlitons à Saint-Cloud, et au
tt*i<toA de Sain te-Anne d'Auray en Bretagne?..,
-Et puis, dame, on. chante bien h,MUe de madame Angot àBa-
llSuolles et à Montmartre !...
.* '«.«•<Jn. "tfHLiT;-'^ ''■ ■** •!•'• H" " ••• ■'..
A peine entré dans le local où les Ragotins de la troupe des
sieurs Pouët et Dumonthier procédaient à leurs exercices j'ai
rencontré Paul Mahalin, — un mien compagnon de fredaines
qui vous admire et qui vous aime presque autant que je vous
admire et que je vous aime moi-même.
, Après les exclamations de rigueur et les poignées de main
échangées, je me suis accroché à ce bagatellier en vacances avec
toute l'énergie de Cynôgire à son vaisseau, — mais, je dois l'a-
vouer ici, avec des conséquences beaucoup moins désastreuses.
Et nous nous sommes livrés tous deux, moi, à l'audition de
la pièce comme si j'étais Sarcey, du Temps, — lui, à l'examen
de la salle, comme s'il était Froufrou, du Figaro...
Mais ce diable de Mahalin se ressentira toute sa vie d'avoir
collaboré à YEclipse sous le faux nez d'Emile Blondet.
Je lui disais :
— Pour une ville de province, une assez jolie salle, n'est-ce
pas?
— Mon cher, tu prononces mal Je mot : c'est par un h et
non par un s qu'il s'écrit.
M "~ |
Dans l'un des premiers actes du Bossu, à la scène où Blanche
de Nevers est enlevée par les ordres du féroce Gouzague, on
doit entendre à la cantonade le roulement du véhicule qui est
Ctinsé emporter la pauvrette.
i A-u théâtre de Neufchâteau, ce bruit est à la fois si anodin,
?i Maigrelet et si cocasse, que je n'ai pu m'empêcher de dé-
nuder :
Avec quoi diable imitent-ils cette voiture ?
, ~- Monsieur, m'a répondu obligeamment un naturel de l'en-
droit, c'est avec une chaise que i;on traîne — dans la coulisse
~~ sur le plancher.
— Bon I a fait Mahalin, une chaise de poste, alors !
Eh bien, là, franchement, mon cher maître, vous ne vous se-
riez pas montré trop mécontent de l'interprétation de votre
œuvre.
Si certains décors affectaient une naïveté shakespearienne,
les costumes étaient propres et décents ; les coupures rendues
nécessaires par le défaut du personnel, avaient été pratiquées
avec infiniment d'intelligence, et les artistes, — oui, les artistes,
— mettaient à incarner vos héros un zèle, une conviction, un
talent véritables.
Lagardère imitait Mélingue à s'y méprendre : on aurait cru
entendre Christian. Gouzague ne forçait jipint le rô e,et Blanche
de Nevers me rappelait Defodon — avec plus de naturel et
moins de poudre de riz.
Ah ! Defodon ! Defodon !....
Qù'est-elle devenue cette mignonne sur laquelle je rimais
jadis cette guimbarde :
J'aime la belle Defodon,
Son œil bleu, ses épaules rondes,
Ses cheveux d'or, riche toison...
J'aimo la belle Defodon.
Elle commande un escadron
Au charmant Régiment des Mondes
Dont/ns colonelle est Piersnn,,.
J'aime la belle Defodon !
A c ■ propos, dites, ô Féval, vous souvenez-vous de ce carna-
val de 1865, que Marc-Fournier enterra d'une façon si joyeuse ?
La nuit du mardi gras, il y eut bal travesti, souper, parodie,
guignol sur la scène ue la rorte-Saiut-Martin.
Ce pauvre Scholl,qui vient de se faire transpercer le br;.s par
le zouave Mitchel , était en domino chinois ; Raphaël Félix, en
ronlier ; Lambert Thiboust, en pierrot noir...
Moi, j'étais en paysan russe, — un costume que Berton père
venait de rapporter'de Saint-Pétersbourg...
Vous, vous étiez en pèlerin de fantaisie, et de quelle fantai-
sie, Seigneur Dieu !...
Après souper, sur le théâtre de marionnettes d'Amédée Rol-
land, on représenta le Bossu, parodie en dix tableaux, avec bal-
let et apothéose. Cette folie avait été écrite et fut jouée par
Lemercier de Neuville et Dénia sy, l'élégant Chaverny de la
vraie pièce. On y remarqua le couplet suivant BïïTïïïTS par la
poupée, qui reproduisait les traits de Blanche DeLdun :
Vous nrdernandez, en ce moment,
Monsieur de Lagardère,
Si je préfère mon amant
a l'amour de ma mère.
Moi, fm'appelie Defodon,
i a f iridondaine, la faridondoo.
.l'aime mieux la poudre de riz,
Biribi,
a la façon de Barbari,
Mon ami !
Hélas I Anicet Bourgeois, votre ingénieux collaborateur, est
mort; Raphaël Félix est mort; Thiboust est mort; Rolland
est mort; Demarsy est mort!...
Seuls, Marc-Fournier et Mariquita sont éternels !
Mais revenons au Bossa de Neufchâteau.
Pourquoi faut-il qu'il y ait des taches au soleil ?
Le comédien chargé du rôle du Régent détonnait d'une façon
bizarre sur l'ensemble harmonieux formé par le reste de ses
camarades
Comme défunt Bourbeau, ce Philippe d'Orléans manquait
absolument de prestige.
Vous auriez juré de ce Richelieu des Funambules qui disait,
si gaillardement dans je ne sais quelle pièce historique de ce
Spectacle cher aux titis :
— Entrez, mais entrez donc, monsieur de Bassompierrc.
Nous sommes tous ici de bons zigs.
Mahalin a soupiré en rex!>iuinunt :
— Ce n'est pas encore celui-là qui nous réconciliera avec h
branche cadette !
Dans les entr'actes, je me suis attaché à converser avec les
indigènes. Ils m'ont paru d'un commerce doux, facile, agréable,
bien veillants pour les étrangers et fort accessibles aux bienfaits
de la civilisation. L'un d'eux a répondu à l'une do mes ques
tions :
— Neufchâteau compte un sous-préfet, six compagnies d'in-
fanterie, quatre-vingt-seize pianos, huit gendarmes, deux pho-
tographes, deux libraires, plusieurs agents du Use, — dont un
très-gai, très-aimable et très-spirituel, -_ trois églises, un jour-
nal, nombre de demoiselles affectées aux menus plaisirs de la
garnison, un hôpital, un tribunal, une prison, une belle statue
de Jeanne d'Arc et une petite rivière qu'on appelle le Muuzon...
— Est-elle navigable ?
— Si navigable que, la semaine dernière, en la traversant en
canot, avec ma famille, il nous est advenu de sombrer...
— Et vous n'avez perdu personne en ce naufrage?
— Ma foi, non : ma belle-mère, qui s'est noyée, a étéretrou-
vée le lendemain.
Pendant ce temps, mon compagnon avait braqué sa jumelle
sur une ou deux Jeanne d'Arc du crû, qui, heureusement, n'é-
taient pas, elles, passées à l'état de statues...
Oui, mais Neufchâteau a son mob comme Londres et ses Ga-
vroche comme Paris...
Trois ou quatre gamins ont erié :
— A bas le lorgnon !
Mahalin, — qui finira dans le chemin de ronde de la Ro-
quette, — les a salués en disant :
— J'avais déjà entendu parler de la souveraineté du peuple ;
mais je n'avais pas encore eu l'honneur d'être présenté aux
jeunes princes qu'elle fait élever en province.
m.
Au café de la Comédie, un journal nous a appris la mort de
Blanche d'Antigny.
Vous, mon cher maître, qui rêvez l'utopie d'un théâtre moral,
connaisiiez-vous seulement cette superbe fille, celte excellente
fille, qui a passé sa vie à faire des heureux, en répétant ce mot
d'une courtisane célèbre :
— C'est si bon et ça coûte si peu !
— Oui, a murmuré Mahalin, cela coûte si peu, à elles, —
COMPAGNIE FMNCOALGÉRIENNE
SOCIÉTÉ A.NONTMB
Du Ciemin de fer d'Arzew a Saïda (200 kilom.) et prolongements
Concessionnaire du droit exclusif d'exploiter l'alfa sur
300,000 hectares en Algérie,
Propriétaire des domaines de l'Habra et de la Hacta
(province d'Oran, 25,000 hectares irrigués)
Capital Social : VINGT MILLIONS
Siège social à Paris, rue Baste-du-Rempart, 62.
EMISSION
AUTORISÉE PAR ARRÊTÉ MINISTÉRIEL
du 22 juin 1874, de
100,000 OBLIGATIONS
Rapportant un intérêt annuel de 15 fr. payables les
1er janvier et 1er juillet.
Remboursement à 500 francs en 90 ans.
PRIX D'ÉMISSION : 220 FR.
{Jouissance du Ie* juillet 1874)
PAYABLES COMME SUIT :
Fr. 35 en souscrivant. . Fr. 40 le ln janvier 1871, tous dé-
65 à la répartition. ductim du coupon échéant
r le 1" janvier.
40 le 1er octobre 1874. ' 40 le avril 1875.
Les versements anticipés seront escomptés à 6 OpO l'an. Par suite, les
souscripteurs qui libéreront leurs titres à la répartition n'auront & payer
que 21? francs. Ën tenant compte de la jouissance acquise, l'obligation
donne
UN REVENU DE <9 OiO
sans compter la prime de remboursement à 500 francs qui, ajoutée au
revenu, assure un placement de 1 5© OiO.
GARANTIE DES TITRES
1° Capital - actions : 30,000,000 de francs, dont plus de la
moitié a déjà été dépensée, conformément aux termes du décret de con-
cession du chemin de fer d'Arzew à Saïda et prolongements, rendu suivant
avis du Conseil d'état. Justification de ces dépenses a été faite au ministère
pour obtenir du Gouvernement l'autorisation d'émettre les obligations.
2° Revenus du chemin de fer. — D'après les évaluations basées
sur les relevés officiels, sur les tarifs approuvés par le conseil des ponts et
chaussées, et sur les recettes des chemins de fer similaires en Algérie, le
trafic donnera, tous frais d'exploitation payés, 20,000 francs par kilomètre
soit pour la ligne entière........... 4,200,000
3° Bénéfices de f 'exploitation de l'alfa (ou Sparte)
sur :iOO,OOU hectares de terres à alfa des Hants-Pla-
teaux concédés à litre de subvention. Les bénéfices sur la
vente de ce textile, si recherché pour la fabrication du papier
et d'autres numbreux usages, atteindront a'après les calculs
les plus modérés au minimum......... 3,000,000
Ensemble..... 7,200,000
Pour assurer le service des obligations, h suffit de . . 1,611,800
4° Propriétés foncières de la Compagnie : les fertiles domaines de
l'Habra et de la Mactà, d'une superficie de S5,000 hectares irrigués
au moyen des ernix retenues ps.- le barrage-réservoir de l'Habra, d'une
contenance de 30,000,UOO de mètres cubes, construit par la Compagnie, et
dont la réception déllnitive par l'_,tat a eu lieu le 29 avril 1873. La valeur
de ces domaines, établie suivant le prix des terres analogues en Algérie,
est supérieure a celle du capital emprunté.
LA SOUSCRIPTION SERA OUVERTE
Les 14, 15 et 16 juillet 1814
A la Société générale de Crédit industriel et Commercial?
72, rue de la Victoire, et dans ses bureaux-succursales ;
Af la Société de Dépôts et de Comptes épurants, *i place de
l'Opéra, à Paris.
MAISON DU PONT-NEUF-PARIS
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Envoi gratuit du Catalogue illustré.
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La carte instantanée des provinces basques et de la Navarre
espagnoles, pour suivre snns aucune hésitation et sans perte de
temps, les opérations de l'armée espagnole contre les carlistes,
est on vente chez M. Ghio, éditeur, quai des Grands-Augus-
tins, 41, à Paris.
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p.jwe de dents sans douleur, 45, rm Laiiyette.
mais a eux
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à. l'exposition universelle de vienne, a été décerné par le jurj
à SARAH FELIX, pour sa merveilleuse
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et ses antres prf iuits; Cette récompense prouve combien la concurrence
sera impuissante eontre ces remarquables produits qui viennent, par ce
seul f-it, d'obtenir leurs droits de franchises dans toutes les villes de
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environ.
12 livraisons et 2 séries sont en vente.
Poire et le fromage, la criblent de clins-d'œil.
Tout en buvant avec précaution pour ne pas altérer le rouge
ses ièvres, tout en mastiquant avec prudence afin de ne pa:
ta-ire se craqueler l'image de son teint, elle reçoit et compte les
Œillades qu'on lui lance par-dessus un journal, et elle se dit :
— Je suis réussie, ce soir.
Les œillades, en tant qu'œillades, ne lui font éprouver au-
cune satisfaction ; sa cocotterie, pardon! sa coquetterie les cons-
tate comme le joailler constate, à l'aide de la pierre de touche,
1ue le métal qu'il tient est bien de l'or, avec indifférence.
Quand la cocotte a bien rempli ses viscères ; quand un vin
"tanc de choix a mis sa flamme dans ses veines et soa brio dans
Ses yeux déjà avivés par le brun polonais; quand enfin son
*®ur, non, son estomac s'ébat heureux sous son corset de soie,
a,orsla cocotte, oubliant les fitigues passées, les inquiétudes
^e l'attente, le souci du lendemain, s'élance, légère comme une
fauvette, hors de la mangeoire où elle a puisé" une nouvelle vie.
Elle s'élance, et c'est l'heure où sur les boulevards des. mes-
sieurs très-bien, un peu chauves, en pantalon ventre de biche,
Se Promènent un cure-dents aux lèvres, ou savourant le Mar-
tinique et Bourbon à la terrasse des cafés.
Sons messieurs très-bien ! Leur reste de cœur va palpiter,
leurs yeux VOnt retrouver un éclair de jeunesse, en voyant filer,
à tire bottines, la cocotte qui sort de sa mangeoire.
toJSt s'ils ont des illusions de reste, libre à eux de croire à l'a-
jûour ingénu, de celle qui soit à leur bras, soit dans une voiture
^couverte, digérera, en récitant des paroles de tendresse, les
C yes à la bordelaise et le filet de chevreuil de la mangeoire aux
bottes- ■
ERNEST D'HERVILLY.
GAZETTE EN VOYAGE
-v m. paul féval1, romancier français.
Mon cher maître,
arti, l'autre matin, de la gare de
l'Est eu mordant à grands yeux dans
votre Loup blanc, — un des' récits les
plus jeunes, les plus courts, les plus
palpitants qui aient commencé votre
réputation, — j'arrivais juste à point,
le soir, sans avoir dormi un instant,
à Neufchâteau, au fond des Vosges,
pour voir représenter votre Bossu^ —
un des drames les mieux réussis qui
aient achevé de rendre européenne
cette même réputation àjamais consa-
r6e Par près de trente ans de succès I
ij.r~ Quoi! me direz-vous, le Bossu à deux ou trois cents kilo-
doLiI'6s de la Porte-Saint-Martin revenue au Pied de Mouton et
ci «t Ghrité devenue une succursale agrandie des Bouffes-Pari-
ieig i , . ■ ' .
p !ÇRe!p«». vu j°uer un Peu Partout, — à New-York, à
;j0l)t-à-Mousson, à la foire des Mirlitons à Saint-Cloud, et au
tt*i<toA de Sain te-Anne d'Auray en Bretagne?..,
-Et puis, dame, on. chante bien h,MUe de madame Angot àBa-
llSuolles et à Montmartre !...
.* '«.«•<Jn. "tfHLiT;-'^ ''■ ■** •!•'• H" " ••• ■'..
A peine entré dans le local où les Ragotins de la troupe des
sieurs Pouët et Dumonthier procédaient à leurs exercices j'ai
rencontré Paul Mahalin, — un mien compagnon de fredaines
qui vous admire et qui vous aime presque autant que je vous
admire et que je vous aime moi-même.
, Après les exclamations de rigueur et les poignées de main
échangées, je me suis accroché à ce bagatellier en vacances avec
toute l'énergie de Cynôgire à son vaisseau, — mais, je dois l'a-
vouer ici, avec des conséquences beaucoup moins désastreuses.
Et nous nous sommes livrés tous deux, moi, à l'audition de
la pièce comme si j'étais Sarcey, du Temps, — lui, à l'examen
de la salle, comme s'il était Froufrou, du Figaro...
Mais ce diable de Mahalin se ressentira toute sa vie d'avoir
collaboré à YEclipse sous le faux nez d'Emile Blondet.
Je lui disais :
— Pour une ville de province, une assez jolie salle, n'est-ce
pas?
— Mon cher, tu prononces mal Je mot : c'est par un h et
non par un s qu'il s'écrit.
M "~ |
Dans l'un des premiers actes du Bossu, à la scène où Blanche
de Nevers est enlevée par les ordres du féroce Gouzague, on
doit entendre à la cantonade le roulement du véhicule qui est
Ctinsé emporter la pauvrette.
i A-u théâtre de Neufchâteau, ce bruit est à la fois si anodin,
?i Maigrelet et si cocasse, que je n'ai pu m'empêcher de dé-
nuder :
Avec quoi diable imitent-ils cette voiture ?
, ~- Monsieur, m'a répondu obligeamment un naturel de l'en-
droit, c'est avec une chaise que i;on traîne — dans la coulisse
~~ sur le plancher.
— Bon I a fait Mahalin, une chaise de poste, alors !
Eh bien, là, franchement, mon cher maître, vous ne vous se-
riez pas montré trop mécontent de l'interprétation de votre
œuvre.
Si certains décors affectaient une naïveté shakespearienne,
les costumes étaient propres et décents ; les coupures rendues
nécessaires par le défaut du personnel, avaient été pratiquées
avec infiniment d'intelligence, et les artistes, — oui, les artistes,
— mettaient à incarner vos héros un zèle, une conviction, un
talent véritables.
Lagardère imitait Mélingue à s'y méprendre : on aurait cru
entendre Christian. Gouzague ne forçait jipint le rô e,et Blanche
de Nevers me rappelait Defodon — avec plus de naturel et
moins de poudre de riz.
Ah ! Defodon ! Defodon !....
Qù'est-elle devenue cette mignonne sur laquelle je rimais
jadis cette guimbarde :
J'aime la belle Defodon,
Son œil bleu, ses épaules rondes,
Ses cheveux d'or, riche toison...
J'aimo la belle Defodon.
Elle commande un escadron
Au charmant Régiment des Mondes
Dont/ns colonelle est Piersnn,,.
J'aime la belle Defodon !
A c ■ propos, dites, ô Féval, vous souvenez-vous de ce carna-
val de 1865, que Marc-Fournier enterra d'une façon si joyeuse ?
La nuit du mardi gras, il y eut bal travesti, souper, parodie,
guignol sur la scène ue la rorte-Saiut-Martin.
Ce pauvre Scholl,qui vient de se faire transpercer le br;.s par
le zouave Mitchel , était en domino chinois ; Raphaël Félix, en
ronlier ; Lambert Thiboust, en pierrot noir...
Moi, j'étais en paysan russe, — un costume que Berton père
venait de rapporter'de Saint-Pétersbourg...
Vous, vous étiez en pèlerin de fantaisie, et de quelle fantai-
sie, Seigneur Dieu !...
Après souper, sur le théâtre de marionnettes d'Amédée Rol-
land, on représenta le Bossu, parodie en dix tableaux, avec bal-
let et apothéose. Cette folie avait été écrite et fut jouée par
Lemercier de Neuville et Dénia sy, l'élégant Chaverny de la
vraie pièce. On y remarqua le couplet suivant BïïTïïïTS par la
poupée, qui reproduisait les traits de Blanche DeLdun :
Vous nrdernandez, en ce moment,
Monsieur de Lagardère,
Si je préfère mon amant
a l'amour de ma mère.
Moi, fm'appelie Defodon,
i a f iridondaine, la faridondoo.
.l'aime mieux la poudre de riz,
Biribi,
a la façon de Barbari,
Mon ami !
Hélas I Anicet Bourgeois, votre ingénieux collaborateur, est
mort; Raphaël Félix est mort; Thiboust est mort; Rolland
est mort; Demarsy est mort!...
Seuls, Marc-Fournier et Mariquita sont éternels !
Mais revenons au Bossa de Neufchâteau.
Pourquoi faut-il qu'il y ait des taches au soleil ?
Le comédien chargé du rôle du Régent détonnait d'une façon
bizarre sur l'ensemble harmonieux formé par le reste de ses
camarades
Comme défunt Bourbeau, ce Philippe d'Orléans manquait
absolument de prestige.
Vous auriez juré de ce Richelieu des Funambules qui disait,
si gaillardement dans je ne sais quelle pièce historique de ce
Spectacle cher aux titis :
— Entrez, mais entrez donc, monsieur de Bassompierrc.
Nous sommes tous ici de bons zigs.
Mahalin a soupiré en rex!>iuinunt :
— Ce n'est pas encore celui-là qui nous réconciliera avec h
branche cadette !
Dans les entr'actes, je me suis attaché à converser avec les
indigènes. Ils m'ont paru d'un commerce doux, facile, agréable,
bien veillants pour les étrangers et fort accessibles aux bienfaits
de la civilisation. L'un d'eux a répondu à l'une do mes ques
tions :
— Neufchâteau compte un sous-préfet, six compagnies d'in-
fanterie, quatre-vingt-seize pianos, huit gendarmes, deux pho-
tographes, deux libraires, plusieurs agents du Use, — dont un
très-gai, très-aimable et très-spirituel, -_ trois églises, un jour-
nal, nombre de demoiselles affectées aux menus plaisirs de la
garnison, un hôpital, un tribunal, une prison, une belle statue
de Jeanne d'Arc et une petite rivière qu'on appelle le Muuzon...
— Est-elle navigable ?
— Si navigable que, la semaine dernière, en la traversant en
canot, avec ma famille, il nous est advenu de sombrer...
— Et vous n'avez perdu personne en ce naufrage?
— Ma foi, non : ma belle-mère, qui s'est noyée, a étéretrou-
vée le lendemain.
Pendant ce temps, mon compagnon avait braqué sa jumelle
sur une ou deux Jeanne d'Arc du crû, qui, heureusement, n'é-
taient pas, elles, passées à l'état de statues...
Oui, mais Neufchâteau a son mob comme Londres et ses Ga-
vroche comme Paris...
Trois ou quatre gamins ont erié :
— A bas le lorgnon !
Mahalin, — qui finira dans le chemin de ronde de la Ro-
quette, — les a salués en disant :
— J'avais déjà entendu parler de la souveraineté du peuple ;
mais je n'avais pas encore eu l'honneur d'être présenté aux
jeunes princes qu'elle fait élever en province.
m.
Au café de la Comédie, un journal nous a appris la mort de
Blanche d'Antigny.
Vous, mon cher maître, qui rêvez l'utopie d'un théâtre moral,
connaisiiez-vous seulement cette superbe fille, celte excellente
fille, qui a passé sa vie à faire des heureux, en répétant ce mot
d'une courtisane célèbre :
— C'est si bon et ça coûte si peu !
— Oui, a murmuré Mahalin, cela coûte si peu, à elles, —
COMPAGNIE FMNCOALGÉRIENNE
SOCIÉTÉ A.NONTMB
Du Ciemin de fer d'Arzew a Saïda (200 kilom.) et prolongements
Concessionnaire du droit exclusif d'exploiter l'alfa sur
300,000 hectares en Algérie,
Propriétaire des domaines de l'Habra et de la Hacta
(province d'Oran, 25,000 hectares irrigués)
Capital Social : VINGT MILLIONS
Siège social à Paris, rue Baste-du-Rempart, 62.
EMISSION
AUTORISÉE PAR ARRÊTÉ MINISTÉRIEL
du 22 juin 1874, de
100,000 OBLIGATIONS
Rapportant un intérêt annuel de 15 fr. payables les
1er janvier et 1er juillet.
Remboursement à 500 francs en 90 ans.
PRIX D'ÉMISSION : 220 FR.
{Jouissance du Ie* juillet 1874)
PAYABLES COMME SUIT :
Fr. 35 en souscrivant. . Fr. 40 le ln janvier 1871, tous dé-
65 à la répartition. ductim du coupon échéant
r le 1" janvier.
40 le 1er octobre 1874. ' 40 le avril 1875.
Les versements anticipés seront escomptés à 6 OpO l'an. Par suite, les
souscripteurs qui libéreront leurs titres à la répartition n'auront & payer
que 21? francs. Ën tenant compte de la jouissance acquise, l'obligation
donne
UN REVENU DE <9 OiO
sans compter la prime de remboursement à 500 francs qui, ajoutée au
revenu, assure un placement de 1 5© OiO.
GARANTIE DES TITRES
1° Capital - actions : 30,000,000 de francs, dont plus de la
moitié a déjà été dépensée, conformément aux termes du décret de con-
cession du chemin de fer d'Arzew à Saïda et prolongements, rendu suivant
avis du Conseil d'état. Justification de ces dépenses a été faite au ministère
pour obtenir du Gouvernement l'autorisation d'émettre les obligations.
2° Revenus du chemin de fer. — D'après les évaluations basées
sur les relevés officiels, sur les tarifs approuvés par le conseil des ponts et
chaussées, et sur les recettes des chemins de fer similaires en Algérie, le
trafic donnera, tous frais d'exploitation payés, 20,000 francs par kilomètre
soit pour la ligne entière........... 4,200,000
3° Bénéfices de f 'exploitation de l'alfa (ou Sparte)
sur :iOO,OOU hectares de terres à alfa des Hants-Pla-
teaux concédés à litre de subvention. Les bénéfices sur la
vente de ce textile, si recherché pour la fabrication du papier
et d'autres numbreux usages, atteindront a'après les calculs
les plus modérés au minimum......... 3,000,000
Ensemble..... 7,200,000
Pour assurer le service des obligations, h suffit de . . 1,611,800
4° Propriétés foncières de la Compagnie : les fertiles domaines de
l'Habra et de la Mactà, d'une superficie de S5,000 hectares irrigués
au moyen des ernix retenues ps.- le barrage-réservoir de l'Habra, d'une
contenance de 30,000,UOO de mètres cubes, construit par la Compagnie, et
dont la réception déllnitive par l'_,tat a eu lieu le 29 avril 1873. La valeur
de ces domaines, établie suivant le prix des terres analogues en Algérie,
est supérieure a celle du capital emprunté.
LA SOUSCRIPTION SERA OUVERTE
Les 14, 15 et 16 juillet 1814
A la Société générale de Crédit industriel et Commercial?
72, rue de la Victoire, et dans ses bureaux-succursales ;
Af la Société de Dépôts et de Comptes épurants, *i place de
l'Opéra, à Paris.
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